CHAPITRE I. ETAT DE LART
I. 3.1.2.4. Usure corrosion
Ce type dusure intervient dans les situationsoù le contact fonctionne en environnement
corrosif. Lénergie dissipée dans le contact peut alors activer les phénomènes de corrosion et accélérer la dégradation des surfaces. Ce phénomène sera détaillé par la suite. Il nest pas évident de trouver une bonne illustration des faciès caractéristiques de ce phénomène, mais dune manière générale, il faut chercher sur les faciès lindice dune activité de la corrosion.
En 1976, Eyre [39] a estimé les pourcentages pour les différents types d'usure dans l'industrie : l'usure par abrasion (+ usure par érosion) 58%, lusure adhésive (+ usure par petits débattements) 23%, lusure par fatigue de surface 14%, lusure-corrosion 4%. Il semble que les usures dorigine adhésive ou abrasive soient les plus fréquentes. En pratique, il convient
toutefois de noter ici que les faciès dusure observés expérimentalement présentent souvent des caractéristiques mixtes et quil nest pas toujours évident de définir quelle forme dusure prédomine.
I.3.2. Corrosion des alliages Ni Cr
La corrosion quant à elle est le résultat d'un processus physico-chimique (oxydo -
réduction) dont l'étude permet, au travers des variations du potentiel et du courant, d'apprécier la réactivité des surfaces vis à vis de lenvironnement et son évolution dans le temps. La corrosion est toujours la conséquence dune réaction due à une hétérogénéité, au sens large, du matériau ou de son environnement. Elle génère des modifications de composition de la surface, entraînant souvent une dégradation fonctionnelle du métal lui-même, et une modification de l'environnement.
Les réactions caractéristiques du processus mixte doxydo réduction sont souvent écrites sous une forme très simplifie :
Oxydation du métal : M Mn+ + ne- (8)
Réactions de réduction : H+ + e- ½ H2 (9)
2H2O +O2 + 4e- 4OH- (10)
De même que pour le frottement, la résistance à la corrosion nest pas intrinsèque au matériau. Elle dépend étroitement de lenvironnement physico chimique de celui ci (pH, potentiel doxydo réduction, etc.), qui nest pas nécessairement connu, en particulier lorsque la corrosion se produit en milieu confiné.
I.3.2.1. Passivité des alliages Ni Cr
La passivité peut être définie comme la perte de réactivité de certains matériaux, dans certaines conditions, liée à la présence dun film très fin (10 - 100 Å) qui abaisse le taux de corrosion à une très faible valeur.
Quand un métal est soumis à un milieu oxydant (aqueux ou gazeux), il a tendance à évoluer vers sa forme la plus stable thermodynamiquement : la forme oxydée. En milieu aqueux, loxydation se traduit par la réaction anodique décrite ci dessus, équation (8).
Le transfert délectrons entre le métal et les oxydants est caractérisé par un courant
potentiel auquel se situe le métal est alors celle de la Figure 6. Cette figure présente une courbe intensité potentiel typique pour les matériaux métalliques passivables qui est divisée en plusieurs domaines.
Figure 6: Allure de courbe intensité potentielle pour les métaux passivables [40].
Dans la zone anodique, la corrosion est active à une vitesse élevée. On tentera toujours à éviter dutiliser les matériaux dans ce domaine. La valeur maximale du courant, ip, appelée courant de passivation, augmente avec lagressivité du milieu.
Lorsque la tension dépasse le pic anodique, la vitesse de corrosion diminue très nettement : le matériau a formé une couche doxydes ou dhydroxydes très minces (quelques nm dépaisseur) : cest le film passif, qui le protège de toute oxydation ultérieure, en agissant comme une barrière de diffusion (soit aux ions métalliques, soit aux ions oxygène). La densité de courant (courant de passivité) est quasiment constante et faible (quelques dizaines de nA / cm² à quelques dizaines de µA / cm²). Le film passif a souvent tendance à se reformer spontanément lorsquil est endommagé. Ce nest cependant pas toujours le cas.
Lorsque le potentiel est supérieur à une valeur critique, le matériau se corrode de nouveau rapidement, soit uniformément (E > Etr: zone de transpassivité), soit localement (E > Etr: piqûration). Le courant augmente de nouveau et le matériau nest pas utilisable dans ce domaine.
Dune manière générale, on cherche à abaisser le potentiel de passivation Epp pour rendre
le matériau plus facile à passiver. On cherche également à repousser Etr et Er vers les valeurs
plus élevées, si possible supérieures au potentiel doxydation de leau, pour augmenter la tolérance du matériau aux milieux oxydants.
Les matériaux dits « inoxydables » sont en fait utilisés dans leur domaine de passivation. Cest notamment le cas des alliages Ni Cr grâce à une teneur en chrome suffisamment élevée. Comme tous les matériaux passivés, ils sont cependant sensibles à une détérioration locale sévère du film passif, par exemple une détérioration mécanique.
Figure 7: Quelques paramètres influents sur la passivité dun matériau dans le milieu primaire à eau pressurisée [19].
Dans son travail, Deforge [19], présente la résistance à la corrosion, généralisée ou localisée, des aciers inoxydables étant dépendante de la structure, la composition et lépaisseur des couches passives. Ces propriétés dépendent dun grand nombre des paramètres propres au matériau, au milieu corrosif et à la thermohydraulique. Une liste non exhaustive des ces paramètres est proposée dans la Figure 7.
Selon Machet [41], une couche passive est protectrice si elle répond aux caractéristiques et propriétés suivantes:
· elle doit être une barrière effective entre le métal et lenvironnement oxydant,
· elle doit être dune composition la plus proche possible de la stchiométrie pour que
la diffusion de loxygène et des cations à travers le réseau soit la plus lente,
· elle ne doit pas être fissurée, elle ne doit pas contenir des pores ou des défauts qui pourraient faciliter le transport rapide des éléments à travers la couche,
· elle doit présenter une bonne résistance à lécaillage pour ne pas se détacher de lalliage,
· elle doit être le moins possible soumise à des contraintes résiduelles,
· loxyde qui la compose ne doit pas réagir avec lenvironnement oxydant pour former
· elle doit avoir une bonne résistance aux contraintes engendrées lors de cycles thermiques.