• Aucun résultat trouvé

3 Diagnostic technique et juridique

3.3 Les autres usages des voies

3.3.1 Le plan de Défense de la Forêt Contre les Incendies

Afin de connaître l’impact de ce plan sur le massif forestier étudié, les infrastructures dédiées à la lutte contre les feux de forêts présentes dans l’atlas départemental ont été saisies afin d’être utilisées dans un SIG* (cartographie en annexe 7). On constate que seules trois pistes sont de catégorie 2 sur le territoire étudié. Le manque d’infrastructures pour la Défense des Forêts Contre les Incendies est alors bien visible et a entrainé en 2001 et 2003 des feux sur les communes respectives Villevocance – Bourg-Argental et de Lafarre – Pailharès, selon le capitaine de la caserne d’Annonay.

Concernant l’utilisation et l’entretien de ces pistes, le capitaine a indiqué que les pompiers n’effectuaient pas d’entretien régulier mais que les citernes faisaient l’objet d’une vérification

41

annuelle. En effet, seules les collectivités peuvent placer et entretenir de tels équipements. Des normes d’entretien contraignantes existent selon la catégorie de voies (parmi elles, le débroussaillement aux abords sur plusieurs mètres). Les pompiers ont aussi mentionné que l’élagage non effectué des arbres en bordure de route forestière représentait plus qu’une gêne, un danger. En matière de feu de forêt, les routes, forestières ou non, servent également de barrières naturelles (par la non communication d’éléments aériens et terrestres). L’élagage est dans ce cas aussi un enjeu important.

3.3.2 Le Plan Départemental des Itinéraires de Promenades et de Randonnées

3.3.2.1 Définition

Les chemins de randonnée sont établis par le département26. Ils peuvent emprunter des voies publiques (voirie communale et chemins ruraux) mais aussi des voies privées (chemins d’exploitation et chemins de desserte). Par conséquent les chemins de randonnée prennent le statut de la voie qu’ils empruntent (Rondeau, 2013 & Roucous, 2010). Afin d’instaurer ces chemins, l’accord des propriétaires (privés ou publics) est nécessaire. Cette approbation orale (tolérance) ou écrite (convention) ne constitue pas une servitude de passage et peut être levée à tout moment par le propriétaire en vertu de l’article 544 du Code civil (Roucous, 2010). L’instauration d’une servitude de passage serait une contrainte mal perçue par les propriétaires privés. De plus, cette mesure serait coûteuse. En outre, l’accord oral est souvent plus efficace sur le long terme.

Les conventions, dont les termes sont libres, sont signées par le département de l’Ardèche, les collectivités territoriales, la commune et le propriétaire privé. Elles peuvent fixer les dépenses d’entretien et de signalisation à la charge des collectivités.

Le PDIPR ne concerne que les chemins exclusivement réservés à la « fréquentation piétonne, équestre ou cycliste non motorisée » (Convention du département de l’Ardèche, en annexe 8). 3.3.2.2 Responsabilité civile

L’établissement d’une convention a plusieurs conséquences quant aux responsabilités en cas d’accidents.

Lorsqu’un chemin est ouvert à la circulation du public (chemin public ou privé), le maire de la commune peut utiliser ses pouvoirs afin de « prévenir par des précautions convenables les accidents ».

Cette convention oblige le département à prendre à ses frais l’assurance responsabilité civile ainsi que sa franchise pour l’accès du public. De plus, « le maître d’ouvrage est responsable civilement et pénalement des dommages causés aux usagers, au propriétaire ou aux tiers, du fait […] de la surveillance, de l’utilisation par le public et de l’entretien du chemin et de ses abords » (Convention du département de l’Ardèche). Mais ce document ne dédouane pas complètement les utilisateurs de leur responsabilité en cas d’accident. Les dommages résultant de comportements inadaptés au milieu naturel et des dangers prévisibles sur ces sentiers leur seront imputés. De plus, l’article L. 365-1 du code de l’environnement prévoit que la responsabilité des propriétaires privés est appréciée selon les risques présents dans les milieux naturels. Leur culpabilité n’est pas exonérée par la convention.

26 C. env., Art. L. 361-1.

42

Lorsqu’un responsable ne peut être désigné, il est possible de se retourner contre l’association ayant balisé ou entretenu, celle des randonneurs, ou contre le département si le chemin inscrit au PDIPR a fait l’objet d’une convention (Roucous, 2010).

3.3.2.3 Entretien

L’établissement de la convention oblige le maître d’ouvrage (la collectivité) à effectuer les travaux d’entretien et de maintien en état de praticabilité, ainsi que le débroussaillement (obligation règlementaire résultant de l’ouverture au public).

Dans le Pays Ardèche verte, l’entretien est assumé par les communautés de communes via l’emploi d’une personne, d’une entreprise extérieure, ou encore l’intervention d’une brigade verte27. Un plan de gestion est défini dans chaque intercommunalité et divise les chemins en tronçons. Un tronçon correspond au parcours entre deux balises ou lors d’un changement de balisage. Une fiche (en annexe 8) est établie pour chaque tronçon afin de commander l’entretien en fonction des saisons et d’évaluer la longueur de fauche sur la chaussée et sur les abords ainsi que les besoins en élagage. Y figurent aussi les observations du terrain des personnes effectuant l’entretien (balisage à effectuer, équipements à entretenir, …). Le but de ces fiches est de réajuster les marchés d’entretien en fonction des besoins de chaque tronçon.

3.3.3 Le Plan Départemental des Itinéraires de Randonnée Motorisée

Ce dispositif a été étudié dans quatre départements français mais aucun n’en est pourvu. En effet, ce plan prévoit lorsqu’il est mis en place que les coûts d’entretien des chemins soient assumés par le conseil général du département, ces derniers ne peuvent financer de tels frais.

Par ailleurs, de la concertation mise en place en Ardèche pour l’élaboration de ce plan, découle un sentiment selon lequel les utilisateurs d’engins motorisés ne souhaitent pas être « cantonnés » à certains itinéraires. La conséquence n’en serait que dommageable : en obligeant ces utilisateurs à rester sur des itinéraires définis, des enjeux de vitesse se créent et les chemins deviendraient des circuits.

L’objectif du conseil général ardéchois est de construire un dispositif inversant les mesures du plan départemental des itinéraires de randonnée motorisée. En effet, il serait plus intéressant d’interdire certains itinéraires à ces pratiques et cela serait plus facilement acceptable par les adeptes de loisirs motorisés. Une concertation à ce sujet est actuellement en cours afin de tenir compte des routes forestières structurantes.

3.3.4 Les chasseurs et agriculteurs

Une rencontre avec l’ Association Communale de Chasse Autorisée (ACCA) d’Annonay a permis de connaître le travail effectué par ces personnes sur les chemins. Les chasseurs s’entendent oralement avec les propriétaires forestiers et les communes afin de débroussailler les chemins étroits. En effet, seuls ces chemins sont utiles pour la pratique de la chasse, le but étant de pénétrer le milieu. Par conséquent, cet entretien partagé des chemins ne peut être utilisé dans le cas des routes forestières structurantes, bien trop larges.

43