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Chapitre V : Caractérisation zootechnique et formule barymétrique de la race zébu Azawak à

II. A NALYSE DES RESSOURCES ZOOGENETIQUES BOVINES

II.3. Usage de la barymétrie sur la croissance des bovins zébu Azawak

La détermination rapide et précise du poids vif des bovins s’est souvent heurtée chez la majorité des éleveurs au problème de l’acquisition d’une bascule et à la difficulté de contention des animaux. Cette donnée devient pourtant de plus en plus importante devant les impératifs techniques modernes de l’élevage. Le zébu Azawak suscite un intérêt croissant dans la périphérie de Bamako aussi bien pour l’embouche bovine que pour la production laitière. Il constitue aussi un patrimoine public à préserver et à exploiter. Le gain quotidien moyen observé chez les jeunes entre 3 et 9 mois a été respectivement, pour les mâles et femelles, de 219 ± 42 g/j et de 199 ± 53 g/j. Entre 32 mois et 40 mois d’âge, ces valeurs ont été de 245 ± 77 g/j pour les mâles contre 214 ± 83 g/j pour les femelles. Ces résultats sont inférieurs à ceux obtenus par Alkoret et al. (2011) chez la race zébu Borgou avec un GQM de 236 ± 6,1g/j. Les valeurs

122 ont été de 151 ± 35 et de 145 ± 326 pour les âges compris entre 2 à 3 ans chez le zébu Borgou au Benin (Youssao et al., 2013). Sur la période allant d’un mois à 6 mois, le GQM enregistré chez le zébu Arabe au Tchad a été de 252 ± 53 g/j chez les mâles et 232 ± 51 g/j chez les femelles (Koussou et al., 2017). Par classe d’âge et par sexe, les modèles de prédiction ont été développés avec des coefficients de détermination de 0,84 chez les mâles adultes et de 0,55 chez les vaches. Les modèles de prédiction obtenus dans la présente étude ont été plus précis chez les mâles adultes que chez les vaches. Par contre, chez les veaux et les taurillons, il n’y a presque pas de différence de prédictibilité entre les équations. De manière générale, dans la présente étude le périmètre thoracique est la meilleure mensuration qui estime le mieux le poids des animaux chez les mâles et les femelles. Ces résultats confirment ceux de nombreux auteurs qui rapportent que le périmètre thoracique est la mensuration qui apporte le plus de précision sur la valeur du poids vif (Dineur et Thys, 1986; Symoens et Houssou-vê, 1991; Youssao et al., 2000). Après le périmètre thoracique, la hauteur au garrot ou la longueur scapulo-ischiale peuvent être utilisés dans le modèle de prédiction. Le coefficient de corrélation d’une régression multiple du poids sur plusieurs mensurations corporelles (périmètre thoracique, la hauteur au garrot, la hauteur au sacrum, la longueur scapulo-ischiale) est supérieur ou égal à celui de la régression simple sur une des variables (Gréma et al., 2018). L’information apportée par deux ou plusieurs variables est en effet plus riche que celle fournie par une seule d’entre elles (Landais, 1996).

L’évolution de la courbe de croissance chez les bovins Azawak a montré que le poids asymptotique des mâles était supérieur à celui des femelles (Alassane et al., 2018). Les équations de Gompertz déterminées sur le zébu Azawak ont montré que les femelles parviennent les premières à leur point d’inflexion de croissance: 134 kg au 17ème mois d’âge, les taurillons atteignant une croissance maximale deux mois après les femelles, à 161 kg. L’âge au point d’inflexion est plus précoce que celui obtenu par Youssao et al. (2013) chez le zébu Borgou, avec des valeurs respectives de 22,9 mois et 23,4 mois pour les mâles et les femelles. Par contre, chez les zébus Girlando, cet âge a été de 9,2 mois pour les mâles et 7,9 mois pour les femelles (Alassane et al., 2018).

L'étude de la courbe de croissance chez les bovins a principalement utilisé des modèles non linéaires associant le poids et l'âge des animaux. Pour ce faire, diverses fonctions peuvent être utilisées telles que celles de Richards, de Gompertz, ou la fonction logistique (Bahashwan, 2015).

Le model de Gompertz a été retenu au regard de sa simplicité et son degré de précision avec un coefficient de détermination (R2) élevé pour certains auteurs (Budimulyati et al., 2012 ; Singh et al., 2015). D’autres

auteurs tels que Perotto et al. (1992) et Tutkun (2019) ont rapporté le modèle de Richards comme étant le plus approprié en raison de sa capacité à prédire avec précision le poids bovin à maturité.

Ainsi, parmi les mensurations effectuées, il apparaît opportun de garder la mesure du périmètre thoracique qui nécessite un ruban métrique. La forte corrélation entre le poids vif et le périmètre thoracique constitue un outil de mesure simple et efficace dans le choix des animaux pour le suivi de la croissance (Adanléhoussi et al., 2003; Touré et al., 2017). Les présents résultats soulignent l'importance de tenir

123 compte du sexe et de l'âge dans la détermination des équations de prédiction de poids vif, comme recommandé par Poivey et al. (1980).

Cette étude est d’un intérêt essentiel pour l’appréciation des performances pondérales du zébu Azawak en divers lieux et pour diverses raisons :

- Une contention simple des animaux et une mesure facile ;

- Une évaluation des animaux les plus lourds aux jeunes âges (1 à 3 ans) d'une population, qui peuvent ensuite entrer dans un programme de sélection ;

- Une diminution des coûts liés à la gestion de l’animal en écartant ceux qui ne présentent pas un grand intérêt pour les évaluations génétiques, comme rapporté par Siddo et al. (2018). Cet auteur a démontré une forte corrélation positive entre le poids des bovins à un an et le poids adulte. Les résultats obtenus ont montré une performance de croissance faible des bovins Azawaks en comparaison avec ceux rapportés dans la station de Toukounous au Niger, prise comme référence (Chartier et al., 1989; Achard et Chanono, 2005).

Une des limites de cette étude est que les mesures ont été réalisées sur des animaux dans leur berceau à Menaka. Bien que certaines fermes possèdent la race Azawak en élevage en zone périurbaine, cet effectif demeure encore faible.

Comme décrit plus haut, la race Azawak n’a pas à proprement parler de rôle de spécialisation viandeuse dans les exploitations. Celle-ci intervient occasionnellement soit par achat d’animaux de réformes ou d’animaux de faibles poids corporel. Toutefois, on note le développement de l’embouche bovine où les animaux sont alimentés de façon intensive et vendus quand ils atteignent le poids requis par le marché.