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II.1. Races locales

L’ensemble des aides et interventions publiques depuis l’indépendance ont rapidement créé un intérêt particulier pour l’élevage laitier qui s’est fait ressentir non seulement dans les zones du sud, au travers de programmes et projets, mais également au centre et au nord du Mali. Toutefois, le désengagement de l’Etat à partir des années 1990 a régressé cet élan vers la spéculation bovine. Dans sa politique de l’augmentation de la production laitière, l’Etat malien, à travers l’Institut d’Economie Rurale, a lancé et soutenu des programmes d’amélioration génétique du zébu Maure et du zébu Peul s’appuyant sur un schéma de sélection à noyau fermé. Des résultats positifs ont été observés en termes de performance laitière et de gain de poids (Tamboura et al., 1982). La diffusion du progrès génétique a été opérée suite à la cession des taurillons sélectionnés aux éleveurs. Toutefois, ces programmes n’ont pas été suivis faute de mesures d’accompagnement. Le programme du Ranch de Madina Diassa pour la conservation de la race N’Dama, avec un schéma à noyau ouvert, souffre lui aussi, des difficultés de maintenance et de transfert du troupeau dans les élevages des villages environnants. Un programme similaire au bovin N’Dama a aussi concerné le zébu Azawak. Il a été développé dans le cadre du Projet d’Appui à la Sélection et à la Multiplication du Zébu Azawak « PASMZAM» à Ménaka. Cette nouvelle tentative d’amélioration génétique a été abandonnée à la suite des récentes crises sécuritaires au Nord du Mali.

II.2. Races croisées

La volonté de développer les systèmes d’élevage s’est appuyée aussi sur les importations des animaux sur pieds en provenance de l’Europe entre les années 1927 et 1979. Ces animaux ont connu des problèmes d’adaptation, surtout d’ordre sanitaire. Le plus grand programme d’IA a été mis en place avec le démarrage en 1989 du Projet de Développement de la Production Laitière couvrant les grandes régions comme Sikasso, Ségou et Koulikoro (Ouattara et al.,2001). Ces transferts ont donné lieu à la pratique incontrôlée du croisement améliorateur et au remplacement progressif des races locales par absorption (FAO, 2012). Au cours des dernières décennies, une diminution de la diversité des animaux de production a été amplifiée par l’évolution des exigences du marché et l’intensification de l’agriculture qui est aussi observée au Mali mais dans d’autres pays en développement (Köhler-Rollefson et al., 2004 ; Mara et al., 2013). La mise en œuvre des programmes d’amélioration génétique était repartie entre plusieurs acteurs dont les actions institutionnelles et techniques souffraient d’un manque véritable de coordination nationale. Sur la base des contraintes énumérées plus haut, une loi d’orientation agricole (LOA) a été adoptée ayant pour objectif de développer une vision globale pour appréhender les enjeux complexes de l’élevage bovins laitiers.

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II.3. Cadre de l’insémination artificielle bovine au Mali

Les stratégies d’amélioration génétique animale ont progressé rapidement avec le développement de nouvelles technologies de reproduction. Parmi celles-ci, l’insémination artificielle (IA), le transfert d’embryons et les techniques de génétique moléculaire. L'insémination artificielle (IA), est définie comme l'introduction de spermatozoïdes dans l'appareil reproducteur féminin au moyen d'un instrument, est sans aucun doute la technique la plus ancienne du spectre de la procréation assistée (Peter et al., 2010). Cette méthode offre donc un double avantage: celui d’apporter un appui pour multiplier la capacité de reproduction des mâles et donc, contribuer à l’amélioration génétique et d’autre part à constituer un moyen préventif de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles.

Les premières campagnes d'insémination artificielle ont été effectuées auprès des éleveurs de l'Office du Niger au Mali entre 1949 et 1952 et à partir de 1964 chez les éleveurs de la périphérie de Bamako. Ces essais n’ont pas donné de bons résultats en matière de production laitière à cause du manque de mesures d’accompagnement dans le temps (alimentation, et disponibilité de semence fiable et à temps).

Cette activité a été organisée sur plusieurs phases à savoir :

- 1ère Phase (1964-1988) : c’est la phase expérimentale où le programme d’IA était essentiellement limité

en station;

- 2ème Phase (1989-1999) : c’est la phase de vulgarisation de l’insémination artificielle par les projets tel

que le Projet du Développement de l’Agriculture Périurbaine (PDAP);

- 3ème Phase (de 2000 à 2009) : transfert des semences aux acteurs privés et création d’un Groupement d’Intérêt Economique (GIE) d’inséminateurs;

- 4ème Phase (de 2009 à 2013) : c’est la phase de la relance de l’IA avec la mise en œuvre de la stratégie de développement et de valorisation de la production laitière au Mali et création des centres privés d’IA : Centre d’Insémination Artificielle et de Transplantation Embryonnaire (CIATE) et « K.I. SAMEN SAHEL » SA. Cette dernière est une société Hollandaise faisant des prestations de service d’insémination artificielle.

A partir de l’année 2015, c’est la poursuite de l’intensification du programme de développement de l’IA avec la création du Centre National de l’Insémination Artificielle Animale (CNIA). Ce centre est la seule structure étatique impliquée dans la production de semence bovine. Il a pour objectifs, d’une part de contribuer à une large diffusion la semence des taureaux exotiques de spécialisation laitière (Montbéliard, Holstein, Tarentaise) et viandeuse (Charolais, limousin, Blanc Bleu Belge) pour améliorer la production des races locales, et d’autre part pour intensifier les productions afin de répondre à la demande croissante de la population. Les opérations d’insémination artificielle (IA) réalisées par le centre entre 2015 à 2018 ont concerné 37840 femelles, toutes races confondues (zébu Peul, Azawak, Maure) dans les élevages privés de la zone périurbaine des grandes villes du Mali. Le taux de réussite de l’IA a été de 45,30%. L’éleveur paye pour inséminer un bovin, 20 992 FCFA (32 Euros) ou 30 832 FCFA soit (47 Euros), selon la qualité de la semence et le choix du taureau (Kouamo et al., 2009). Ces prix ne sont pas à la portée des éleveurs ayant un système d’élevage traditionnel. Outre le coût financier de l’acte, la pratique de l’IA est

16 sujette à de nombreux problèmes notamment la dispersion des animaux, l’insuffisance du personnel technique (Inséminateur) et les équipements appropriés.