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Comme nous avons déjà pu l’évoquer, la villa représente une pe-

tite ville à l’intérieur de la métropole. Néanmoins, à l’inverse de toutes les communes de l’AMBA, elle ne se base pas sur un système de gouvernance classique c’est-à-dire par l’élection d’un maire, qui servira ensuite d’inter- locuteur avec le gouverneur de la province. Les décisions sont prises à une échelle beaucoup plus locale, en relation avec les habitants.

La villa 31 est la mieux organisée politiquement. Elle servira donc

d’exemple, même si l’on ne retrouve pas une tel force politique dans toutes

les villas et asentamientos de Buenos Aires.

Sous l’impulsion d’associations, notamment la Corriente, qui est

la plus représentée, les habitants qui se sentent concernés se regroupent pour des discussions qui concernent leurs îlots. Les discussions se dé- roulent dans les lieux clés de chaque îlot. Pour l’exemple de la manzana

27, que nous avons déjà évoqué, de telles réunion se déroulent dans le comedor de Tapia, pour la manzana 104, c’est dans la casa de la mujeres.

C’est un événement qui contribue encore plus à la notoriété du lieu. On parle principalement du territoire, ce qui se passe sur la manzana, son

évolution, les problèmes qui apparaissent, les conflits de voisinage, etc. Cette réunion permet de soulever des problématiques, des questions ou encore des objectifs. La participation à ces réunions est totalement libre et leur organisation est totalement publique. On remarque néanmoins ce que l’on à déjà pu évoquer une majorité de participation des femmes qui se sentent beaucoup plus légitimées à participer à l’organisation de la vie de voisinage, alors que l’homme possède toujours plus une place économique dans le foyer.

Ces réunions sont organisées sans réelle contrainte temporelle, c’est principalement un accord entre habitants, mais généralement on en trouve une par mois pour chaque manzana de la villa. Ces rassemblements

n’ont rien de solennel, ils ressemblent plus à une fête, où la réunion se termine avec de la musique en échangeant autour d’une bière et en faisant danser les enfants sur un petit morceau de cumbia.

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« C’est une culture festive qui définit une manière d’être ensemble, de construire en commun. »39

Durant la réunion, on élit un représentant de manzana. Il s’agit

d’un délégué qui aura pour mission de traduire toutes les décisions, les doutes, auprès des associations et avec les autres représentant de man- zana. Il est très souvent désigné d’un commun accord, bien qu’il puisse

être élu s’ il y a plusieurs candidats au poste de représentant. Il se recrée alors un système démocratique à plus petite échelle. À la différence que la personne élue, ne propose rien pour les habitants de sa manzana, il sert de

porte-parole, de représentant d‘un système de politique au sens propre du terme, où c’est la parole des habitants qui induit la décision collective.

Le tableau pourrait paraître parfait et exemplaire. Il existe néan- moins au sein de la villa des manzanas qui réussissent mieux que d’autre.

En effet on retrouve des lobbys de la part de certains habitants qui in- duisent des objectifs de domination au sein de ces réunions. Nous parlions des vendeurs de paco ou bien des organisations à tendance mafieuse.

Ils ne vont pas venir assister à ce genre de réunions, mais ils possèdent une force de pression auprès des habitants soit par moyen économique, soit par violence dans certain cas. Ils possèdent donc toujours un pouvoir exercé de manière informelle dans la politique qui se met en place dans la

manzana.

Les représentants vont donc se réunir avec les associations lo- cales pour aborder les sujets qui concernent la grande échelle, celle de la

villa. Il va s’agir de mettre en commun les thèmes abordés avec les habi-

tants, pour voir ce qui ressort, s’il y a des sujets communs entre différentes

manzanas, ou des conflits. Ces réunions produisent donc un document

final qui servira de résumé de tous les problèmes que rencontrent les ha- bitants de la villa. C’est ce genre de document qui fait la force politique de

la villa.

En effet, après avoir rigoureusement constitué ce dossier qui ex- plique d’une certaine manière la vision des habitants sur l’avenir de la villa,

les représentant de manzana, accompagnés des associations d’habitants

vont rentrer en contact avec les autorités de la ville pour négocier.

«Aceptamos quitar las 12 casillas armadas con lonas porque queremos sentarnos a negociar»40

39 Beatriz H.Pedro, 26/04/2015

40 « Nous avons accepter de quitter les 12 cabanes construites avec des bâches, parce que nous voulions nous asseoir pour négocier. » Mónica Zárate, villa 31, mundovilla. com

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il s’agit d’une revendication de leur existence comme citoyen, et comme force politique.Bien souvent les négociations sont acceptées, car comme nous l’avons évoqué, la villa représente un potentiel électoral très impor-

tant. Dans certains cas ces négociations sont refusées ce qui donne place à des manifestations, ce dont nous allons parler par la suite.

Le sujet principal de ces négociations est l’urbanisation, ainsi que toutes les modifications urbaines qui sont en relation. Entre moyens éco- nomiques, précarités et revendication d’un droit à la terre, ils évoquent d’un côté comme de l’autre que ces discussions sont très compliquées, les deux camps ne possédant pas les mêmes objectifs. De plus le jeu d’acteur se complique bien souvent, dans le cas de la villa 31, l’interlocuteur est la

municipalité, la PRO, mais le terrain est à l’état, les Kirchner. On en arrive donc à des impasses dans les négociations, qui bien souvent aboutissent à la lutte dans la rue.