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1.2.3- Une nouvelle échelle de « Centralité »:

QUARTIER SIDI MABROUKQUARTIER SIDI MABROUK

VI.1.1.4- Aspects négatifs des surélévations :

VI. 1.2.3- Une nouvelle échelle de « Centralité »:

VI.1.2.3- Une nouvelle échelle de « Centralité »:

Dans le quartier Sidi Mabrouk, « le commerce est devenu l’instrument et l’élément de la centralité où elle évolue dans le sens de la spécialisation et de la qualité »4.

De ce slogan, on comprend que la mutation fonctionnelle du quartier Sidi Mabrouk, évaluée par l’intermédiaire des caractéristiques spatiales des structures commerciales et par l’auréole de chalandise qui précisent le contenant, le contenu et la zone d’influence des commerces, replace ce quartier dans une nouvelle échelle de centralité hiérarchisée.

Sur le plan spatial, les densités linéaires où apparaissent des sections à forte concentrations dessinent les principales rues à vocation commercial. L’axe hyper-central de Oued El Had, les rues qui quadrillent le marché « Remâche » par les continuités de leurs linéaires commerciaux, révèlent une mutation spatiale caractéristique des espaces commerciaux centraux5.Cette centralité du quartier Sidi Mabrouk se traduit par deux niveaux distincts :

 Une centralité de quartier qui justifie la forte présence de commerces banaux indispensables à la population résidente.

 Une centralité plus large qui s’affirme au niveau de la ville par la forte présence des commerces anomaux et qui étend son aire d’influence jusqu'à concurrencer le centre-ville pour certaines branches (habillements, produits pharmaceutique et para-pharmaceutique…etc.)

Source : Auteur. Août 2009.

Photo n°34 : Des vitrines qui montrent la spécialisation des produits.

Source : Auteur. Août 2009.

Photo n°33 : Des vitrines qui montrent la diversification des produits.

Chapitre VI: L’impact de la mutation sur l’environnement urbain du quartier Sidi Mabrouk

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L’affirmation de l’identité commerciale centrale du quartier soutenue par les comportements d’achats nouveaux des habitants induit une requalification du schéma de localisation de la hiérarchie commerciale qui ne se fonde plus sur la prééminence de la centralité primaire du centre-ville. En conséquence, la nature des rapports entre centre-ville et périphéries, en matière commerciale, ne se définit plus forcement par des oppositions et des rapports de dépendance : centre-ville suréquipé/périphérie sous-équipé, commerce central anomal/commerce périphérique banal.

Sans doute, la mutation spatio-fonctionnelle du quartier Sidi Mabrouk soutenue par des activités commerciales « qui présentent le rare privilège géographique d’être à la fois attractives et interactives, cette double propriété variant en fonction de leur importance, de leur nature et de leur mode de répartition dans l’espace urbain »6 a introduit de nouveaux rapports hiérarchisés dans l’espace urbain de Constantine.

Lieu d’achat :

Type d’achat :

Centre ville : Sidi Mabrouk : Quartiers voisins :

Alimentation 16% 65% 19%

Habillement 68% 32% 0%

Meuble 35% 54% 11%

Pièces détachées 15% 52% 33%

Achats occasionnels 68% 25% 7%

VI.2- Quel devenir pour le quartier Sidi Mabrouk face à la mutation ?

Avec sa mutation qu’elle soit endogène ou exogène, le quartier Sidi Mabrouk exprime quelques parts, une certaine dynamique urbaine marquée par une évolution qui tente d’accompagner celle de la ville. Il exprime également à travers toutes les reconstructions du cadre bâti, les transformations d’usage et la multiplication des immeubles commerciaux, sa réappropriation par la population qui l’occupe actuellement (habitants et migrants) et qui tente de l’adapter à ses besoins socio-économiques tant sur le plan spatial que fonctionnel.

Vue sous cet angle, la mutation du quartier lui semble être favorable, cependant, sur le plan esthétique, elle est peu qualitative et non harmonieuse. Car tant qu’aucune réflexion d’ensemble

Source : Enquête in situ; Mai 2009.

Tableau n°7 : Moyenne des fréquentations des commerces par les habitants du quartier Sidi Mabrouk entre : lieu de résidence, Centre Ville et les quartiers voisins.  

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n’a été engagée, le quartier est abandonné à son évolution spontanée. Les opérations de transformation du cadre bâti restent marquées par la diversité et le manque d’organisation et elles tendent à effacer progressivement les empreintes de son héritage colonial qui faisaient jusque là, sa distinction par rapport aux autres quartiers de la ville.

Si cela, est l’impact de la mutation sur l’aspect spatial du quartier Sidi Mabrouk, sur le plan fonctionnel, ce quartier est mené d’une fonction résidentielle initiale vers une fonction commerciale nouvelle soutenue par la diversification et la spécialisation des activités, ce qui soulève une autre inquiétude quant au dysfonctionnement provoqué par les bouleversements fonctionnels dus à des créations commerciales spontanées qui doivent normalement obéir à certaines exigences, qu’elles soient d’ordre juridique ou fonctionnel, qui se trouvent dans la plupart de temps non respectées.

Cette prépondérance de l’économie sur l’environnement et sur le cadre bâti, a permis à une nouvelle forme d’urbanisation de se frayer un chemin dans le façonnage du paysage urbain quartier. C’est ainsi que de nombreuses maisons se transforment en immeubles commerciaux, au gré des sollicitations du marché, engendrant parfois un anachronisme architectural béant.

Cet état de fait est le résultat du changement du système politique et économique du pays à partir des années 1980, qui a eu une influence sur la vie sociale du pays. Ce phénomène a joué également sur la modification radicale des processus de création de l’espace urbain, sur la promotion de nouveaux acteurs, sur une nouvelle idéologie de la ville, ainsi que sur la naissance de nouvelles formes spatiales qui dominent encore aujourd’hui.

Avant cette période, l’instrument principal de la réalisation des projets spatiaux était le Plan, devenu omniprésent, il imposait la limitation ou même l’élimination des phénomènes et des processus spontanés qui n’étaient pas régulés par le plan. Cette directive exprimait également, mais de façon implicite, la conviction selon laquelle le développement et donc aussi la création de l’espace urbain, devait s’effectuer en respectant les principes d’une planification rationnelle. Or que les documents accompagnants les projets spatiaux ne reflètent aucunement la réalité urbaine.

Cette situation révèle alors deux temporalités distinctes, l’une est correspond à un temps long pour l’administrateur qui œuvre à faire respecter les lois et à appliquer les décisions politiques souvent inadaptées à la situation actuelle, et l’autre correspond plutôt à un temps court de l’investisseur qui cherche à tirer profit tant qu’il peut, parfois au risque de contourner les lois.

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Compte tenu du rôle qu’il joue, ce dernier est considéré comme étant l’acteur réel dans l’organisation de la ville et de sa gestion.

Face à ces constats et ces conclusions, beaucoup d’interrogations surgissent quant à son devenir. Qu’adviendra t-il-, de l’image du quartier Sidi Mabrouk et du rôle qu’il est appelé à jouer dans la ville ? Ne s’git-il pas d’un résultat passager, gouverné par l’économie de marché? En l’absence de textes réglementaires régissant l’intégration des commerces dans l’espace d’habitation, les structures politiques et administratives propres à un état historique, ne sont-elles pas en cause ? Toutes ces questions sont des préoccupations que soulève la mutation du quartier et auxquelles, les réponses ne sont pas évidentes sans une préalable investigation. Elles méritent d’être abordées avec plus de profondeur et de méthode, néanmoins, et dans l’absence d’une certitude, nous ne pouvons qu’émettre des scénarios bâtis sur les résultats, jusque là, observés et vérifiés. Ces derniers, laissent avancer que tant qu’une tentative de maitrise de la tendance actuelle n’a été engagée, la mutation risque d’une part de donner au quartier une image désolante et un paysage urbain marqué par le désordre et qui risque d’autre part, de l’encombrer d’un surplus d’activités qui peuvent mener à sa saturation.