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CHAPITRE 4. QUELLES SONT LES CONDITIONS FAVORABLES A LA

3.1 Une différenciation par le cheptel et les actifs

Contrairement à la situation rencontrée dans les zones à potentiel agroécologique élevé telles que l’Alaotra ou Farafangana, la dotation en capital naturel ne différencie pas significativement les trois groupes de ménages d’Ambovombe. Par contre, si les ménages du Groupe 1 (diversifiés) se différencient par une composition de ménage favorable (ratio de dépendance démographique faible notamment malgré une taille plus réduite du ménage), ceux du Groupe 2 (décapitalisation) ont une composition de ménage moins favorable mais ont en début de période le cheptel ovin et bovin les plus conséquents. Les dotations des ménages du Groupe 3 (capitalisation) sont moyennes.

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3.1.1 Une composition de ménages favorable pour le Groupe 1 (diversifiés)

Le ratio de dépendance démographique est un élément central de différenciation : le ratio de dépendance élevé avec un nombre élevé d’enfants scolarisés en début de période a pénalisé les ménages du groupe 2 (décapitalisation). L’âge moyen du chef y est également plus élevé – 60 ans en moyenne. Dans le cas d’une zone à plus faible potentiel agricole, une taille de ménages élevée est ainsi handicapante pour un ménage.

En revanche, les ménages du Groupe 1 (diversifiés) ont une composition plus légère avec une taille moyenne de 5 individus, moins d’enfants scolarisés et un ratio de dépendance beaucoup plus faible. Cette composition, bien que restreignant le déploiement d’actifs dans le développement des activités agricoles, leur permettent une diversification plus forte des sources de revenus : la faible occupation dans les activités agricoles permet à chacun des membres du ménages d’être plus pluriactif au cours de l’année.

Tableau 20 : Dotations initiales en capital humain et social

Les ménages du Groupe 3 (capitalisation) se retrouvent dans une situation moyenne. La cession de transferts est significativement plus élevée chez ces ménages. Par ces transferts, ils créent une forme de lien social plus fort notamment avec les membres de ménages migrants.

En effet, 18% de ces ménages ont au moins un membre ayant émigré30 et le nombre moyen de

migrants par ménages est le plus élevé des trois groupes (0,22 contre 0,18 pour les ménages du Groupe 1 (diversifiés) et 0,13 pour ceux du Groupe 2 (décapitalisation)).

3.1.2 Les ménages du groupe 2 (en décapitalisation) initialement bien dotés en capital financier

Les ménages du Groupe 2 (décapitalisation) sont parmi les nombreux à pouvoir épargner en début de période (58% contre moins de 40% pour les autres groupes). De même, ils recourent également plus au crédit, contrairement aux ménages du Groupe 1 (diversifiés).

30 18% et 12,5% respectivement pour les ménages du Groupe 1 et 2.

Groupe 1 (faiblement dotés) Groupe 2 (décapitalisation) Groupe 3 (capitalisation) Capital humain Taille du ménage 5,0 7,0 7,1

Nombre d'enfants scolarisés 2,3 3,6 3,4

Niveau d'instruction du chef de ménage 4,2 4,5 4,7

Age du chef de ménage 54 60 51

Ratio de dépendance 1,23 1,88 1,50

Capital social

Montant des cessions de transferts 1 093 3 598 13 277

Montant des transferts reçus 89 244 118 931 103 062

Montant des dépenses en entraide en riziculture - -

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La taille de leur cheptel est également largement plus importante. Leur capital matériel ne se restreint pas au capital agricole productif, puisqu’ils jouissent de niveaux de conforts plus élevés (sol de l’habitat, sanitaires, possession de bicyclette).

En revanche, l’exercice d’activités extra-agricoles pour les ménages du Groupe 1 peut être facilité par une plus grande fréquence de ménages accédant à l’électricité (73%).

Les ménages du Groupe 3 ont, comme pour le capital intangible, des dotations initiales moyennes.

Tableau 21 : Dotations initiales en capital financier, matériel et naturel

3.1.3 Affectation des ressources issues des transferts et de l’accumulation dans les activités agricoles

Les ménages diversifiés se caractérisent par une accumulation significative partant d’une très faible dotation initiale sur leur cheptel. De même, ils développement leur agriculture en diversifiant les cultures. Dans la même lignée que pour les ménages agricoles grevés par le choc de 2006, ils ont aussi réussi à capter des transferts importants à partir des subventions publiques et parapubliques. Ils enregistrent en conséquence également la hausse la plus notable de cession de transferts entre les deux périodes. Leurs capacités d’épargne s’élèvent jusqu’à atteindre les niveaux des ménages éleveurs. Ils sont également de plus en plus enclins à contracter des crédits. Ces ménages ont connu la plus grande évolution sur la période, avec un développement des activités agricoles (voir Tableau 22).

Groupe 1 (faiblement dotés) Groupe 2 (décapitalisation) Groupe 3 (capitalisation) Capital financier % ménages épargnants 31% 58% 39%

% ménages recourant au crédit 36% 54% 48%

Capital matériel

Cheptel bovin 0,7 8,9 3,0

Cheptel caprin 0,8 4,4 3,1

% ménages accédant à l'eau potable 18% 15% 16%

% ménages avec habitat au mur propre 0% 4% 1%

% ménages avec habitat au sol propre 25% 58% 44%

% ménages avec toit robuste 22% 42% 44%

% ménages accédant à des sanitaires améliorées 2% 19% 7%

% ménages accédant à l'électricité 73% 46% 45%

% ménages possédant un poste radio 2% 4% 1%

% ménages possédant un poste télé 2% 4% 1%

% ménages possédant un poste téléphonique 0% 0% 0%

% ménages possédant une bicyclette 5% 15% 7%

Capital naturel

Nombre de cultures 4,8 5,3 5,2

% ménages exerçant une activité d'ERN 11% 4% 2%

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Sans surprise, malgré des niveaux de transferts reçus proches de ceux des autres groupes au cours de la seconde période, les ménages en décapitalisation ont vu leur cheptel réduit de moitié sans reprise immédiate. Hormis la baisse de pourcentage de ménages en possession de bicyclettes et de poste radio, ils n’ont cependant pas décapitalisé de manière significative sur d’autres éléments de leur capital.

Tableau 22 : Evolution des dotations par rapport au choc de la crise de 2006

Enfin, les ménages en capitalisation ont pu profiter de la période post-crise de 2006 pour accumuler du cheptel bovin, mais en même temps pour épargner. Dans la foulée des ménages du Groupe 1 (diversifiés), ils ont diversifié leurs cultures à hauteur de 5,6 cultures dans la seconde période. Ils ont reçu environ 10% plus d’appuis en transferts (publics et privés) que les autres groupes.

Les deux groupes de ménages en évolution accumulent ainsi dans le cheptel et réalisent une diversification culturale en période post-crise.