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Une coordination des associations de quartiers :Voluntary action Kirklees

Grande Bretagne : l'action du secteur volontaire

3) Une coordination des associations de quartiers :Voluntary action Kirklees

La rencontre avec un responsable de l'organisation voluntary action kirklees nous offre un autre regard sur le monde associatif qui par bien des aspects nous rapproche plus du cas français. L'organisme a une fonction d'animation de réseau et de formation des membres du secteur volontaire. Il sert de centre de ressources pour ses membres (conseil juridique, aide à la demande de financements, comptabilité, aide pour trouver des volontaires,… ). Il contribue à enrichir les projets et à y intégrer des visées de cohésion communautaire. Il sert aussi de centre de défense de la place du secteur associatif dans l'action publique. L'organisme est aussi le point de passage obligé pour l'inscription du secteur associatif dans le partenariat stratégique local.

L'organisation met en relation un certain nombre d'organismes de taille limitée qui interviennent plus sur l'aide sociale et l'action communautaire dans les quartiers. Parmi les plus importantes qui ont un représentant dans le "partenariat stratégique local" (cf. encadré) on trouve des interventions qui vont du travail social à destinations de populations en besoin fort (usagers de drogues, adultes handicapés, …) à des actions qui abordent sous un angle particulier (environnement, art, …) l'activation de la vie sociale et la constitution de la cohésion sociale sur un quartier. Les deux thèmes les plus présents dans les petites associations sont l'action en direction de la jeunesse suivi des questions de santé.

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Ces activités d'associations constituées sont complétées par des micro actions intégrées dans le programme "community chest" qui permet de financer des actions ne dépassant pas 5000 livres.

Les associations membres du bureau du partenariat de Kirklees

Beaumont street studios huddersfield, à partir d'un studio d'enregistrement offre des actions de formation dans le domaine des nouvelles technologies artistique et encourage la création d'auto emploi dans ce secteur.

CHAS Kirklees est une organisation catholique intervenant en particuliers auprès des sans domiciles fixes.

Children fund's Kirklees agit auprès de l'enfance en danger.

Education 2000 organise des activités para scolaires dans les domaines artistiques animées par un petit groupe de bénévoles.

Environment concern mèle sensibilisation à l'environnement et mobilisation de la population, par exemple autour de l'entretien des parcs.

Indian muslim welfare society promeut l'image des musulmans lutte contre le racisme et offre des services aux jeunes aux personnes âgées et aux femmes.

Lifeline kirklees offre accueil et services aux usagers de drogues.

Milen day centre est un espace de socialisation de la population asiatique (repas, voyages, …)

United response, offre des services aux adultes handicapés.

Ces organisations comprennent parmi leurs bénévoles des personnes elles-mêmes en difficulté sociale. De ce fait les formations offertes aux bénévoles mêlent action au service de leur communauté et projet personnel de retour à l'emploi. Une des questions d'ailleurs de ces personnes est de savoir si l'engagement dans l'action volontaire ne va pas les priver des aides sociales dont ils bénéficient. Ainsi, même si on ne trouve pas l’équivalent des politiques française d’emplois aidés, des solutions comparables émergent de manière plus limitée.

Conclusion

Derrière l'implication du mouvement volontaire dans la politique de la ville britannique, il y a à la fois des éléments proches et des éléments éloignés de ce que l’on peut observer en France. Dans l'exemple de Kirklees, mais aussi dans une bonne part de l'intervention publique à Sheffield, les associations se constituent en prestataires d'action sociales, voire monopolisent un certain type d'interventions collectives et territorialisées. On observe alors le même mouvement qui va d'une auto-prise en charge soutenue par la collectivité vers un mécanisme de sous-traitance d'une série de tâches. Dans le cas de Manor and Castle et de

South Yorshire community foundation, ces organismes sont directement délégataires de fonds issus de l'Etat et ce pour des sommes tout à fait conséquentes. L'importance des fonds peut conduire dans une certaine mesure à faire de ces organisme à l'origine "volontaires" des agences publiques plus classiques, ce qui est sûrement le cas dans la passage de l'association qui a demandé les fonds pour Burngreave à l'organisme actuel de gestion de ces fonds qui n'a plus qu'un lien ténu avec l'association initiale. C'est moins le cas avec les deux organismes évoqués, en particulier avec South Yorkshire Community Foundation, qui disposent d'une part de ressource propres issues de la charité. Dans ce cas ces organismes contribuent à renforcer la balkanisation de l'intervention publique.

Par ailleurs, il semble que l'originalité du secteur associatif britannique ne soit pas nécessairement là où on l'attendait. Le débat en France sur ce sujet a été posé il y a quelque temps par l'ouvrage de Jacques Donzelot (Donzelot et alii, 2003). Celui-ci opposait (pour simplifier) le modèle américain des CDC (Community Development Corporation) dans lesquelles la population se prenait en charge elle-même, au mode de financement de la politique de la ville en France dans lequel l'Etat distribuait des subventions à des associations qui devenaient des prestataires de services sociaux. Les anglais ont souhaité importer le modèle américain des CDC et en ont repris le terme. Cependant dans tous les cas la présence de l'Etat est restée très présente. On retrouve de fait dans les exemples les plus impressionnants d'activisme associatif, une tendance ancienne du tiers secteur : son caractère instable entre les deux pôles du public et du privé. Même si à l'origine une association comme Manor and Castle a bien trouvé son fondement dans une dynamique associative locale et si elle a toujours un conseil d'administration qui reflète cette origine, progressivement l'effet de professionnalisation de ses cadres et les contraintes de la course aux financements présente le risque de noyer l'accroche originelle à une "community", ce contre quoi les associations essaient de se prémunir.

L'originalité se trouverait alors plutôt du côté de la "charité" plutôt que du self help. Cette dimension explique une partie de l'engagement de certains leader économiques dans des comités de partenariats non directement liés aux intérêts de leur organisation, cela se retrouve dans l'activité de collecte de fonds south yorkshire community foundation, mais aussi dans l'engagement de personnes qui se trouvent au bas de l'échelle sociale dans des activités bénévoles de soutien à leur entourage.

Chapitre 4