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Dans cette thèse, j’explore les effets de la taille de groupe sur le comportement, la démographie et la dynamique sociale d’un grand herbivore, le zèbre des plaines Equus quagga. Pour ce faire, j’utilise les données issues de deux populations sauvages, collectées dans le Parc National de Hwange (HNP) au Zimbabwe et dans le Parc de Hluhluwe-iMfolozi (HiP) en Afrique du Sud, qui sont deux sites où le risque de prédation pour les zèbres est élevé.

Le zèbre des plaines est un modèle d’étude idéal pour ces recherches pour plusieurs raisons : (i) les zèbres des plaines sont des animaux sociaux qui vivent dans des harems (groupes familiaux composés d’un mâle, d’une ou plusieurs femelles adultes, de subadultes des deux sexes et de jeunes dépendants de leur mère) dont la taille et la composition sont stables au cours du temps, (ii) la reproduction des zèbres n’est ni communautaire, ni coopérative, (iii) leurs patrons de rayures uniques permettent de suivre sur le long terme chaque individu de manière non invasive et d’estimer leur survie et leur succès reproducteur sans avoir besoin de marquer les animaux, (iv) les mâles célibataires se retrouvent dans des groupes de bachelors et tentent parfois de prendre possession d’un harem ce qui peut conduire à des changements d’étalon et potentiellement à des

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comportements d’infanticide, et (v) les zèbres des plaines vivent dans des sociétés multi-niveaux où l’agrégation temporaire de plusieurs groupes sociaux (harems et/ou groupes de bachelors) est fréquente.

Dans le chapitre 1 intitulé « Plains zebras bring evidence that dilution and detection effects may not always matter behaviorally and demographically», j’explore l’effet de la taille de groupe sur l’un des paramètres démographiques des individus, et les mécanismes sous-jacents impliqués.

En effet, peu d’études ont été capables de tester le lien direct entre la taille de groupe et la survie des individus chez les espèces dont la reproduction n’est ni communautaire, ni coopérative, et le lien entre les effets de dilution et de détection et la survie des individus en contexte de prédation reste essentiellement théorique. Pour ce faire, j’utilise des données comportementales et démographiques collectées dans la population de zèbre des plaines de HNP pour tester l’effet de la taille de groupe sur la vigilance anti-prédateur (individuelle et collective), l’acquisition des ressources, les interactions agonistiques et la survie des poulains et des adultes afin de répondre aux questions suivantes :

§ La vigilance individuelle diminue-t-elle lorsque la taille de groupe augmente ?

§ La vigilance collective augmente-t-elle lorsque la taille de groupe augmente ?

§ L’acquisition des ressources augmente-t-elle lorsque la taille de groupe augmente ?

§ La fréquence des interactions agonistiques entre individus d’un même groupe augmente-t-elle lorsque la taille de groupe augmente ?

§ Le taux de survie des individus est-il positivement corrélé à la taille des harems ?

Dans le chapitre 2 intitulé « Do infanticides occur in harem-forming equids? A test with long-term socio-demographic data in wild plains zebras », j’explore l’effet de la taille de groupe, et plus particulièrement l’effet du nombre de femelles reproductrices dans les harems sur la fréquence des changements d’étalon dans ces harems, un effet montré chez quelques espèces mais encore jamais testé chez les équidés. L’effet de ces changements d’étalon sur la survie des poulains est aussi exploré afin de mettre en évidence ou non l’existence des comportements d’infanticides par les mâles chez le zèbre des plaines en milieu sauvage. En effet, chez les équidés, plusieurs études ont reporté des infanticides à la suite de changements d’étalon, mais la majorité de ces études ont été conduites sur des populations captives ou réintroduites. Chez les équidés sauvages, l’existence de ce comportement et son impact potentiel sur la dynamique des populations reste donc à démontrer. Pour ce faire, j’utilise des données démographiques et des données hormonales collectées dans la population de zèbre des plaines de HNP. Les données hormonales permettent de déterminer le statut de gestation des femelles et d’avoir connaissance

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de la naissance de poulains qui auraient pu ne jamais être observés sur le terrain. Dans ce chapitre, l’objectif est de répondre aux questions suivantes :

§ Les changements d’étalon au sein des harems sont-ils plus fréquents dans les grands harems comprenant davantage de femelles reproductrices que dans les petits harems ?

§ La survie des poulains diminue-t-elle lorsqu’un nouvel étalon s’est établi dans le harem peu de temps avant ou après leur naissance (infanticide) ?

Dans le chapitre 3 intitulé « Vegetation cover facilitates the avoidance of bachelors by larger harems in plains zebras, with consequences for stallion turnovers », j’explore l’effet de la taille de groupe sur la dynamique sociale des zèbres. Plus particulièrement, j’étudie l’effet du nombre de femelles reproductrices dans les harems sur la probabilité de ces derniers à s’associer avec d’autres groupes (harems et/ou groupes de bachelors). En effet, les zèbres des plaines forment fréquemment des troupeaux ce qui peut avoir d’importants effets sur la dynamique de leurs populations, mais l’effet de la taille de groupe sur la dynamique de formation des troupeaux reste peu documenté. Pour ce faire, j’utilise des données démographiques collectées dans les populations de zèbre des plaines de HNP et HiP. Dans ce chapitre, je teste aussi l’effet du nombre de femelles reproductrices sur la fréquence des changements d’étalon dans les harems dans la population de HiP, de manière similaire à l’analyse qui a été conduite dans le chapitre 2 pour la population de HNP. Dans ce chapitre, je cherche à répondre aux questions suivantes :

§ Les grands harems comprenant un grand nombre de femelles reproductrices, qui devraient bénéficier d’une meilleure protection contre les prédateurs, sont-ils plus souvent observés seuls que les petits harems ?

§ Les grands harems comprenant un grand nombre de femelles reproductrices, qui devraient être davantage exposés à des risques de harcèlement des femelles par les bachelors et à des risques de changement d’étalon, s’associent-ils plus avec d’autres harems et moins avec les groupes de bachelors que les petits harems ?

Enfin, dans l’analyse complémentaire et préliminaire intitulé « Herd formations between pairs of harems in the multilevel society of plains zebra: how long do they last, and how often, when and where do they occur? », j’utilise des données GPS collectées dans la population de HNP pour documenter la fréquence, la durée et la distribution temporelle et spatiale des formations de troupeaux (évènements de fusion) entre dyades (paires de harems), puisque cela a été peu documenté jusqu’à présent. Dans cette analyse, je tente de répondre aux questions suivantes :

§ Combien de temps les dyades restent-elles ensemble ?

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§ La fréquence des associations entre dyades et la proportion de temps que ces dernières passent ensemble sont-elles liées au chevauchement de leurs domaines vitaux ?

§ Les dyades voyagent-elles sur de longues distances ensemble ?

§ Restent-elles à proximité de leur point de rencontre ?

§ Lorsque l’eau se fait rare, les localisations où les dyades sont ensemble sont-elles enregistrées davantage à proximité des points d’eau que les localisations où les dyades ne sont pas ensemble ?

§ Les dyades s’associent-elles davantage pendant les périodes où le risque de prédation est élevé (c.-à-d. la nuit, à l’aube et au crépuscule) ?

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