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PARTIE III : problématique et place de l’alimentation dans la gestion du sevrage

II- Les différents types de sevrage pratiqués dans les élevages équins

La méthode traditionnelle est encore assez employée par les éleveurs car elle est simple à réaliser et leur apparaît comme adaptée à la mère comme au poulain. Cependant, c’est une méthode stressante pour le poulain. Si possible elle doit être réalisée dans le calme, sans énervement et agitation de la part de l’éleveur (Ellis, D.R. 1987; Lewis, L.D. 1995; Davies- Morel, M.C.G. 1999).

Cette méthode consiste à rentrer la mère et le poulain dans leur box habituel, à l’heure habituelle si possible puis à leur donner à manger. Une fois que le poulain mange, on emmène sa mère suffisamment loin pour éviter que celui-ci l’entende hennir. On enferme alors le poulain seul ou avec un autre poulain dans un box bien fermé pour éviter les tentatives de fuite. Cette méthode est stressante et dangereuse, le poulain cherchant par tous les moyens à rejoindre sa mère, le risque de blessures est important.

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Le poulain est laissé pendant quelques jours enfermé dans le box, selon l’appréciation de l’éleveur. En effet, les sorties au paddock sont autorisées une fois que le poulain est calme et capable de rester tout seul sinon on s’expose de nouveau à des risques importants de fuite et de blessures. Quand le poulain est calme, il est alors ressorti petit à petit parfois d’abord en main puis le temps de sortie est augmenté progressivement si celui-ci est calme dehors.

Cette méthode reste très brutale pour le poulain qui du jour au lendemain est séparé de sa mère (Lewis, L.D. 1995; Paul McGreevy 2004). Les répercussions décrites sont une diminution marquée d’appétit et du temps de repos des poulains. De plus, dans le système des courses, les poulains sevrés sont encore jeunes, l’effet « âge » est un facteur supplémentaire favorisant le stress. Il est possible, cependant, de diminuer le stress avec cette méthode de sevrage en sevrant les poulains par paires (Hoffman et al. 1995) pour qu’ils ne soient pas seuls et qu’ils continuent à entretenir des liens sociaux.

2- Le sevrage collectif.

Le sevrage collectif est souvent employé par les éleveurs qui ont un effectif important de chevaux. Elle consiste à sevrer plusieurs poulains en même temps mais les uns après les autres.

D’abord, il faut au préalable constituer un groupe de couples mère-poulain stable donc ensemble dès le plus jeune âge des poulains ce qui permet qu’une hiérarchie s’établisse ainsi dans le groupe. Le but de cette préparation est que les poulains se connaissent entre eux et qu’ils tissent des liens avec les autres poulinières (Davies-Morel, M.C.G. 1999).

Le sevrage consiste à retirer chaque jour du groupe une ou deux juments qui seront emmenées loin pour ne pas qu’elles communiquent avec leur poulain. Avec cette méthode, les poulains s’agitent et appellent mais sont rassurés par la présence des autres poulains et poulinières. Puis quelques jours plus tard, on retire de nouveau deux autres juments et, ainsi de suite, jusqu’à que tous les poulains soient sevrés (Ellis, D.R. 1987; Lewis, L.D. 1995; Davies- Morel, M.C.G. 1999).

Cette méthode de sevrage collectif est moins traumatisante que la précédente pour le poulain, car celui-ci est intégré dans un groupe de chevaux qu’il connait et, de ce fait, il ne se retrouve pas seul et isolé du jour au lendemain. Cette méthode permet aussi de garder le plus longtemps possible les plus jeunes poulains avec leur mère ; effectivement on essaie de retirer en premier lieu les mères des poulains les plus âgés. L’intérêt de cette méthode est la diminution du stress occasionnée au poulain et, de ce fait, le risque de blessures (Ellis, D.R. 1987; Lewis, L.D. 1995).

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3- Le sevrage progressif.

Le sevrage progressif est déclaré « le plus éthologique » et la moins brutale pour le poulain, comme pour la jument.

De même que la méthode précédente, cette méthode nécessite une préparation avant le sevrage. Cette préparation prend du temps, car on cherche à habituer la jument et le poulain à être l’un sans l’autre pendant des périodes de plus en plus longues. Cet apprentissage peut se faire dès le jeune âge du poulain. Il faut commencer par des séparations, de l’ordre de 10 minutes puis augmenter progressivement ce temps de séparation jusqu’à atteindre 1 à 2 heures à l’âge de 2 mois. Puis, on continue à les habituer jusqu’à que le poulain puisse rester une journée seul voire ensuite plusieurs jours. Durant les longues séparations, il est préférable de laisser le poulain avec une compagnie, avec d’autres adultes ou poulains (Fraser , A. 1992; Paul McGreevy 2004; McDonnell S., Mills, D. 2005).

Enfin le jour du sevrage, on ne ramène pas la mère et, comme dans les autres méthodes, on éloigne le poulain de sa mère le plus possible pour qu’ils ne puissent ni se voir, ni s’entendre. En général, le poulain attend sa mère et s’impatiente mais la présence d’autres compagnons l’occupe et il passe vite à autre chose.

Cette méthode est la plus proche de ce qui se passe lors le sevrage naturel. Le stress est peu important car le poulain a été habitué à être séparé de sa mère. Il a été décrit qu’avec cette méthode on n’observe quasiment pas de dépression en post sevrage (Paul McGreevy 2004).

4- Le sevrage naturel.

Dans les conditions naturelles, la jument s’éloigne de son poulain peu de temps avant la naissance du prochain poulain, soit environ 15 semaines avant la mise-bas. A ce moment, le poulain est déjà indépendant affectivement et sevré sur le plan alimentaire sa mère. Lorsque le moment de la mise bas suivante approche, la mère empêche le poulain de téter et s’éloigne de plus en plus de lui. Au moment de la nouvelle mise-bas, elle porte toute son attention sur le nouveau poulain et c’est ce qui signe le sevrage, dans les conditions naturelles. Ainsi, le poulain est sevré vers l’âge de 10-12 mois.

Dans le cas où la jument n’attend pas un autre poulain le détachement peut être beaucoup plus tardif, par exemple vers 15 mois chez certains chevaux de selle, on peut avoir des poulains de 2 ou 3 ans qui tètent encore leur mère (Fraser , A. 1992; Paul McGreevy 2004) .

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III- Le sevrage et l’altération du bien-être du poulain.