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D'autres, à leur naissance, sont affectés de tumeurs souvent très volumineuses, désignées sous le nom de tératomes ou tu¬

meurs tératoïdes, à cause de leurstructure. Ellespeuvent conte¬

nir des poils, ongles, dents et même des organes plus ou moins développés, membres, viscères, etc. Ces tumeurs peuvent siéger

sur différents points de la face; nous nenous occuperons que de

celles qui affectent le tube digestif, c'est-à-dire celles qui sont implantées surle maxillaire inférieur ou supérieuret le voile du

palais ou le pharynx. I. Geoffroy Saint-Hilaire a divisé ces

tumeurs en deux groupes : celles qui s'implantent sur le maxil¬

laire inférieur, il les appelle hypognathes, donnantaux autres lenom d'épignathes.

Dans la plupart des observations que nous avonspu recueillir, l'accouchement avait eu lieu avant terme et le fœtus, porteur de

la malformation, était mort soit dans le sein de sa mère, soit

par suite desdifficultés de l'accouchement. Dans certains cas, la

tumeur est peuvolumineuse, l'enfant vientà terme et le chirur¬

gien n'a pas àintervenir, le néoplasme n'apportant aucuntrou¬

ble fonctionnel capable de menacer la vie de l'enfant.

Enfin, dans d'autres cas, aucontraire, le nouveau-né est venu à terme, mais il est porteur d'une tumeur telle que, par son volume ou son lieu d'implantation, elle entraînera à bref délai la mort de l'enfant si le chirurgien n'intervient pas pour l'en débarrasser. Nous en citeronsquelques cas àpeu près typiques.

Observation III

Clérault, Bull.soc. cinat., 1874, p.380.

Mme X..., de Lignères (Cher), âgée de 28 ans, rachitique, contre¬

faite, accoucha à terme dans la nuit du 7 au 8 mars 1874. Travail

long. Application de forceps; après 20 minutes de traction environ, la tète parut à la vulve, et l'accouchement se termina alors rapide¬

ment; mais l'enfant vint asphyxié; il fut placé dans un bain de moutarde, et après demi-heure d'insufflation, de flagellation et de respiration artificielle,ilcommençaàrespirer,maisavec une certaine

difficulté, due probablement à la présence, dans la bouche, d'une

tumeurprise au premier abord pour la langue dont elle avait lacou¬

leuretla consistance.Elle étaitcependant plus épaisse,etl'extrémité

antérieure faisait saillieentre les lèvres qu'elle écartait.

En examinantplusattentivement, je pus meconvaincre quec'était

non pas la langue, mais une véritable production pathologique

adhérant àla partie moyenne de la voûte palatine par un pédicule obliquede haut en bas,et tranchéenavant.En soulevant latumeur,

on aperçoit le voile du palais, divisé danssapartiepostérieure,surla ligne médiane, mais il faut remarquer que la division n'arrivepas jusqu'au pédicule delatumeur; iln'y avaitpasde tracesdecommuni¬

cation avec les fosses nasales, ni de division des lèvres ou de l'os

incisif.

Au-dessous de cette tumeur, la langue estadhérente, par toute sa face inférieure, au plancher de la bouche; à la face supérieure de la langue, était une sorte de tubercule arrondi, de la grosseur d'une

petite noisette, etvenant s'appliquer enarrière de la tumeur.

Les deuxlèvres sont également adhérentes à la muqueusegingi¬

vale, etd'une façon assezintime pour que leur décollementet celui

de lalangue exige une véritable dissection avec le bistouri. A part

cesdifformités du côté de labouche, l'enfant est parfaitement cons¬

titué. Depuis quelques mois, le père est atteint de tumeur blanche

du genou, c'est le seul antécédent fâcheux quej'aie pu trouver dans

lafamille.

Cet enfant ne pouvant ni prendre le sein ni boire, il était urgent

de le débarrasser de cette tumeur qui obstruaitla bouche, etde pro¬

céder au décollement delalangueetdes lèvres.J'ai cherché àsaisir

le pédicule avec une anse métallique, mais l'obliquité même de ce pédicule fit glisser le fil à plusieurs reprises. Je me

décidai alors

à

faire la section avecle bistouri. La tumeursaisie avec uneérigne, le

pédicule fut sectionné assez facilement sans

hémorrhagie. Après

l'ablation de la tumeur, on remarqua une dépression assez légère;

cicatrisationrapide. Aujourd'huil'enfantprend

bien le sein, la langue

et les lèvres sont mobiles.

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Observation IV

Legroux, Bull.Soc.anal., 1867, p.10.

Hétérotopie fœtale.

Dans une autre observation publiée par M. leD1'Legroux (Bulletin

de la Soc. d'anal., 1867), il s'agit d'un enfant qui présente une tu¬

meur dupilier antérieur droitdu voile du palais, tumeur du volume d'une pelite pomme d'api. Elle gênela respiration del'enfant. Extir¬

pation. On ne ditpas s'il y a eu guérison.

« Cette pièce est remarquable,dit M. Legroux, par son siège rare, et cependant très important à connaître à cause des indications qu'il fournit.En effetl'asphyxie étaitimminente, etsi l'ablationn'eût pas été faite immédiatement, la vie de l'enfant était menacée ».

Observation V Illera,TheLancet, 1887.

Il s'agit d'un enfantnouveau-né, qui ne peutpastéter, présenté à dom Illera, praticien espagnol :

« A l'inspection, on trouve le milieu de la langue ainsi que la pointe,reliésfortementaupalaisparde fortesadhérencesempêchant de déprimer lalangue. Outre ces adhérences, on voyait deux petites tumeurssurle palais, tumeurs qui obstruaient le pharynx au point de rendre àpeuprès impossible' le passage des liquides. Il était de toute évidenceque,si l'on n'intervenaitpaschirurgicalement,l'enfant succomberait très rapidement d'inanition. Malgré cela, les parents refusèrent la permission d'opérer, jusqu'au cinquième ou sixième jour, ils se décidèrent enfin.

Dom Illerasaisit les tumeurs entre des pinces, et les coupa au ras de leurbase, puis, toucha au thermo-cautère lessurfaces saignantes.

Aprèsquoi, il rompit les adhérences de lalangue, faisant à la suite de fréquentes applications d'eau froide. L'enfant put, au bout de peu de temps, avaler du lait assez facilement, et, plustard, faire un

complet usage de sa langue.

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