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1. Définition et généralités

Le terme de ‘dyslexie’ est utilisé pour la première fois en 1917, par Hinshelwood.

La dyslexie développementale est un trouble spécifique de l’apprentissage du langage écrit. Elle concerne en moyenne 5 à 8% des enfants scolarisés, avec une prédominance masculine (sex ratio 4/1). Il n’existe pas de consensus sur la définition des troubles du langage écrit chez l’enfant, cette absence étant expliqué par l’existence de diverses théories et modèles concernant l’apprentissage et par une approche plurifactorielle et pluridisciplinaire de ces troubles. Toutefois, les déficits définis de la dyslexie sont limités au domaine de la lecture et surviennent en l’absence de tout trouble sensoriel, neurologique, psychiatrique ou de déficience intellectuelle (QI>90) ainsi qu’en l’absence

de carences socioculturelles et d’une scolarité non-favorable au bon déroulement de l’apprentissage de la lecture (critères d’exclusion définis par le CIM-10 et le DSM-V). La dyslexie traitée dans ce travail est un trouble développemental et diffère de la dyslexie acquise de l’enfant ou de l’adulte, consécutive à une lésion cérébrale. Par ailleurs, il s’agit d’un trouble spécifique, c’est-à-dire un « trouble par nature durable dans le temps, résistant en partie aux remédiations, divers dans ses formes et dans les signes associés, variable par sa gravité et par les incapacités générées » (Veber & Ringard). Ce trouble se distingue d’un simple retard de lecture par la persistance des comportements défaillants malgré une prise en charge orthophonique adaptée.

Le diagnostic est posé à partir d’un retard significatif de lecture d’au moins 18 mois par rapport à l’âge réel de l’individu (CIM-10) et est mesuré à l’aide de tests étalonnés et standardisés. Cet écart est jugé significatif pour les enfants entre 8 et 12 ans. Enfin, ce déficit doit interférer de façon significative sur la réussite scolaire ou sur les activités de vie courante faisant appel à la lecture (DSM-IV).

Une dysorthographie lui est souvent associée et il est fréquemment observé en clinique des difficultés de langage oral dans la petite enfance.

2. Typologies

Les classifications de la dyslexie permettent de préciser le diagnostic et d’affiner la prise en charge (Plaza, 2002). Trois types de dyslexie (se référant au modèle à double voie de Coltheart) sont classiquement retenus dans la littérature ; la prévalence de chacun de ces types de dyslexie variant suivant les études.

2.1. La dyslexie phonologique

La dyslexie phonologique met en évidence des difficultés, voire une incapacité, à utiliser la voie par assemblage. Le sujet présente des difficultés de lecture pour les pseudo-mots et les mots inconnus. Il produit des paralexies phonémiques (omissions, substitutions, inversions, simplifications) signant une conscience phonologique altérée, ainsi que des erreurs sur les graphies contextuelles, corrélées à une utilisation de la procédure analytique défaillante. Des erreurs de lexicalisation sont également possibles (transformation de pseudo-mots en mots connus), qui traduisent l’utilisation des connaissances lexicales (mots connus) pour traiter la séquence à lire. Ce trouble se caractérise par un défaut dans la représentation, le stockage ou la récupération des segments phonologiques. C’est pourquoi les enfants dyslexiques dont la voie phonologique est déficiente présentent des difficultés de segmentation phonémique et échouent dans la conversion graphème-phonème. Ils ne sont pas en mesure d’effectuer un apprentissage explicite du décodage puisque les habilités phonologiques nécessaires sont indisponibles (Gombert, 2003). Le sujet utilise préférentiellement la voie d’adressage.

Le degré de sévérité du trouble peut varier assez considérablement d’un enfant à l’autre et les formes pures sont relativement rares en clinique. En effet, un enfant dyslexique phonologique présente souvent un faible niveau de performance en lecture ou écriture de mots irréguliers. Le trouble étant alors jugé secondaire à l’inefficacité de la procédure analytique.

2.2. La dyslexie de surface

Les formes pures de dyslexies de surface sont dites relativement rares en clinique. La dyslexie de surface est caractérisée par une voie d’adressage défaillante. Le sujet rencontre des difficultés pour élaborer une image visuelle stable des mots ne permettant pas l’acquisition d’un stock orthographique nécessaire à la lecture automatique. Le stock de connaissance orthographique du lexique mental est faible car les images mentales ne sont pas stabilisées. Le sujet commet des erreurs visuelles, en confondant des lettres ou des séquences graphiquement proches (ex : « cadeau » lu /kodo/) et en régularisant les mots irréguliers (« chaos » lu /Sao/), sans effet de fréquence ou de régularité. Il présente des difficultés de traitement visuel qui se manifestent fréquemment par des difficultés à comparer des séquences de lettres ou à identifier des cibles parmi des distracteurs (qu’il s’agisse de matériel verbal ou non-verbal). Les difficultés sont prépondérantes en lecture de mots irréguliers, tandis que la lecture des mots réguliers et des pseudo-mots est relativement préservée mais très ralentie (Martinet & Valdois, 1999). L’effet positionnel est important et lié à une mauvaise focalisation attentionnelle. En effet, les graphèmes sont plus ou moins bien lus en fonction de leur position dans le mot (Bosse, Tainturier & Valdois, 2004). C’est le plus souvent l’absence de trouble des compétences métaphonologiques, la présence de difficultés de traitement visuel et l’existence d’une dysorthographie massive touchant l’orthographe d’usage des mots qui amènent alors à poser un diagnostic de dyslexie de surface. La lecture est ânonnée et lente, l’accès au sens peut être perturbé. La voie de lecture préférentielle est la voie d’assemblage avec une lecture analytique.

2.3. La dyslexie mixte

La dyslexie mixte est l’altération des deux voies de lecture. Elle associe des difficultés de déchiffrages de graphèmes et un lexique interne pauvre, des difficultés de lecture de pseudo-mots ainsi que de mots réguliers et irréguliers. La compréhension en lecture est compromise.

Ces distinctions entre dyslexie phonologique, dyslexie de surface et dyslexie mixte sont efficientes d’un point de vue clinique, notamment en vue de la mise en place de stratégies de rééducation adaptées aux difficultés du patient. Toutefois, la différenciation des trois formes de dyslexie n’est pas évidente dans la mesure où les troubles sont imbriqués. Ainsi, une altération de la voie phonologique entraîne une moindre efficacité de la voie d’adressage puisque le manque d’expérience de lecture empêche la formation d’un lexique orthographique stable suffisant. La difficulté de reconnaissance globale des mots prive le patient d’une lecture fluide et non coûteuse d’un point de vue attentionnel.

Chapitre II

PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES