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2.3 Résultats

2.3.4 Tronçon 14

Introduction

Dans ce chapitre, l’objectif est de déterminer une enveloppe de déformations subies par la pièce, en effectuant une simulation éléments finis pour chacun des six cas de chargement sélectionnés dans le chapitre précédent, dans lequel le modèle éléments finis simplifié utilisé pour la simulation a également été présenté. Au vue des déformées de la pièce lors des simulations préliminaires, il est certain que la pièce est sollicitée en grandes déformations. Or, dans ce cadre, plusieurs définitions de déformation existent (voir par exempleHolzapfel(2000)). Ici, nous choisissons des invariants particuliers qui permettent de décrire l’amplitude de déformation et le mode de déformation, indépendamment l’un de l’autre. Ainsi, à partir de ces données, les phénomènes à intégrer dans la modélisation de la pièce sont déterminés. Dans un premier temps, ces invariants sont rapidement présentés. Ensuite, la méthode de post-traitement est décrite, avant de présenter les résultats pour quatre cas de chargements.

2.1 Un outil original de compréhension de l’état de dé-

formation : des invariants bien choisis du tenseur des

déformations vraies

Parmi les différentes composantes de tenseurs de déformations, d’invariants ou de dé- formations principales, il a été choisi d’utiliser trois invariants K1, K2 et K3 du tenseur

de Hencky, aussi appelé tenseur des déformations vraies. Ces invariants ont été proposés par Criscione et al. (2000) et ont été utilisés dans quelques publications (Ogden et al.

(2004) etSendova et Walton (2005) par exemple). Dans le cadre de ce chapitre orienté vers l’application industrielle, les équations qui définissent ces invariants ne sont volon- tairement pas introduites. Elles seront développées dans les chapitres1et2de la partie II, où leurs propriétés seront plus largement étudiées. Le choix de ces trois grandeurs mécaniques est principalement motivé par leur signification physique :

— K1 prend ses valeurs entre −∞ et +∞ et donne le signe et l’amplitude de dila-

tation (positif pour une expansion, négatif pour une contraction) ;

— K2 prend ses valeurs entre 0 et + ∞ et correspond à l’amplitude de distorsion ;

— K3 prend ses valeurs entre -1 et 1 et représente le mode de distorsion : 1 pour

la traction uniaxiale, 0 pour du cisaillement pur et -1 pour de la compression uniaxiale ou de la traction équibiaxiale.

Dans le cas d’un matériau incompressible, comme il est considéré ici, K1 = 0. En pra-

tique, seuls K2 et K3 seront calculés. Pour chaque chargement sélectionné, il est donc

possible de post-traiter les résultats en termes d’amplitude de déformation via le calcul de K2, mais aussi de proposer une mesure de la multiaxialité dans chacune des parties

de la pièce via le calcul de K3.

2.2 Méthode

Dans un premier temps, les expressions de K2 et K3 sont écrites dans une routine en

Fortran en fonction du tenseur de Hencky, dont les composantes sont une des données de sortie disponibles dans le logiciel Abaqus. Ce type de routine, qui permet de définir de nouvelles données de sortie est appelé UVARM dans Abaqus. Après avoir spécifié la définition de deux nouvelles grandeurs et associé le fichier de routine à la simulation de chacun des chargements, un fichier de sortie est obtenu, contenant notamment les valeurs de K2 et K3 aux points d’intégration de chaque élément du maillage. Il faut alors choisir

les points auxquels les valeurs de déformation vont être relevées. On rappelle ici que l’objectif est d’obtenir une raideur globale de la pièce. Dans ce cadre, il est choisi de relever les valeurs de déformation au centre de chacune des parties de la pièce, à savoir les deux butées X, les deux butées Z et les deux bras. Notons que les calculs ont été effectués en statique sous Abaqus, alors que les chargements réels sont dynamiques. Cette hypothèse simplificatrice peut induire un écart entre les valeurs de K2 et K3 calculées

ici, et leurs valeurs réelles. Il a cependant été vérifié que les efforts issus de la simulation sont proches des efforts moyens issus des essais, ce qui laisse à penser que l’écart entre le

cas statique et dynamique est peu important, et valide les valeurs issues de la simulation. D’autre part l’objectif de l’étude, qui est de déterminer l’enveloppe des valeurs de K2

et K3, ne requiert pas une précision très fine. Pour chacun des chargements étudiés,

deux figures seront présentées. La première montrera une vue de la déformée de la pièce, sur laquelle sera reportée les valeurs de K2 et K3 au centre de chaque partie, ainsi que

le mode de déformation correspondant. Ensuite, un graphe montrera l’évolution de ces valeurs au cours du chargement.

2.3 Résultats

Dans cette section, les résultats sur K2 et K3 sont présentés pour quatre cas notables,

à savoir :

— Le chargement dû à la précharge de l’étrier et du moteur, cette configuration étant la configuration de référence à partir de laquelle sont appliqués tous les autres chargements ;

— Le tronçon 10, lors duquel l’une des butées X est fortement sollicitée ; — Le tronçon 23, lors duquel les butées Z sont fortement sollicitées ;

— Les tronçon 14, lors desquels ce sont les bras qui sont fortement sollicités.

2.3.1 Précharge de l’étrier et du moteur

La figure I.2.1 montre la déformée de la pièce après l’application des précharges étrier et moteur. La valeur de K3 à -0,96 au cœur des deux bras signifie que ceux-ci

sont principalement sollicités en compression, puisque K3 est proche de -1 et qu’ils sont

également soumis à un peu de cisaillement. L’amplitude de déformation dans cette zone est modérée, avec K2= 0,37. Suite à la précharge de l’étrier, les deux butées X sont

soumises à de la compression associée à du cisaillement et l’amplitude de déformation est très faible puisque K2= 0,05. Les butées Z restent non déformées.

Il peut également être intéressant d’observer l’évolution de K2 et de K3 au cours du

chargement. La figureI.2.2 montre ainsi l’évolution des deux invariants relevés au cœur d’un des bras, en fonction de la consigne en déplacement vertical U3 appliqué au point

central de la pièce. Sur cette figure, il apparaît que K3décroît très rapidement, puis reste

constant. Cela signifie que le mode de déformation, à savoir ici de la compression avec un faible cisaillement, est le même pendant toute l’application de la précharge. L’amplitude de déformation, quantifiée par K2 évolue quant à elle linéairement avec le déplacement

global.

2.3.2 Tronçon 10

La figureI.2.3montre la déformée de la pièce après l’application des précharges puis du chargement correspondant au tronçon 10. Dans ce cas, la partie la plus sollicitée en termes d’amplitude est la butée X droite, avec une valeur de K2 à 1,48, alors que le bras

droit est modérément déformé (K2 = 0,5) et le bras gauche l’est faiblement (K2 = 0,16).

(Avg: 75%) UVARM2 −0.00 0.08 0.17 0.26 0.34 0.43 0.52 0.60 0.69 0.78 0.86 0.95 1.04 K3 = -0,96 ; K2 = 0,37 compression + cisaillement K3 =-0,64 ; K2 = 0,05 compression + cisaillement non déformés

FigureI.2.1 : Etat déformé de la pièce après application de la précharge due à l’étrier et au moteur. L’échelle de couleur correspond aux valeurs de K2

−9 −8 −7 −6 −5 −4 −3 −2 −1 0 −1 −0.8 −0.6 −0.4 −0.2 0 0.2 0.4 U 3 (mm) K 2,3 K 2 bras K 3 bras

FigureI.2.2 : Evolution de K2et de K3à cœur d’un des bras en fonction du déplacement vertical global U3; cas de la précharge due à l’étrier et au moteur

(Avg: 75%) UVARM2 −0.21 −0.00 0.20 0.41 0.62 0.82 1.03 1.24 1.45 1.65 1.86 2.07 2.28 K3 = 0,17 ; K2 =0,16 traction + cisaillement K3 = -0,92 ; K2 =0,5 compression + cisaillement K3 =-0,69 ; K2 =1,48 compression + cisaillement non déformés

Figure I.2.3 : Etat déformé de la pièce après un chargement de type tronçon 10. L’échelle de couleur correspond aux valeurs de K2

du bras droit, mais dans des proportions différentes puisque la compression y est prédo- minante. Enfin, le bras gauche est soumis à du cisaillement majoritaire auquel s’ajoute un peu de traction. Rappelons qu’avant l’application du chargement correspondant au tronçon 10, les deux bras sont en compression majoritaire superposée au cisaillement. Enfin, le bras gauche et les butées Z ne sont pas déformés.

La figure I.2.4 montre l’évolution des deux invariants à cœur de la butée X droite (symbole x), du bras droit (symbole o) et du bras gauche (symbole ), en fonction du déplacement global horizontal U1. Tout d’abord, précisons que U1 = 0 correspond à la

fin de la précharge. À partir de ce point, le mode de déformation de la butée X varie peu : celle-ci est sollicitée en compression-cisaillement pendant tout le chargement. On remarque une légère variation de K3 montrant que le cisaillement augmente jusqu’à

U1= - 1mm puisque K3 se rapproche de 0, puis la part de compression devient plus

importante puisque K3 se rapproche de -1. Logiquement, l’amplitude de déformation

(K2) subie par la butée X augmente lorsque le déplacement horizontal augmente. À

présent, l’évolution de la déformation subie par le bras droit est décrite. Il apparaît que

K3 augmente légèrement au cours du chargement, tout en restant proche de -1. Cela

signifie que la part de cisaillement augmente légèrement, mais que la compression reste majoritaire. De plus, l’amplitude de déformation augmente aussi faiblement. Enfin, le cas du bras gauche est étudié. Alors que les deux bras subissent la même déformation (même amplitude et même mode) lors de la précharge, ce n’est pas le cas lors du tronçon 10. Pendant que le bras droit reste sollicité en compression majoritaire, la compression subie

−8 −7 −6 −5 −4 −3 −2 −1 0 −1 −0.5 0 0.5 1 1.5 U 1 (mm) K 2,3 K 2 butée X K 3 butée X K 2 bras droit K 3 bras droit K 2 bras gauche K 3 bras gauche

FigureI.2.4 : Évolution de K2 et de K3 à cœur de la butée X gauche et des deux bras en fonction du déplacement horizontal global U1; cas du tronçon 10

par le bras gauche devient de moins en moins importante au cours du chargement, au profit du cisaillement. Lorsque U1 = -6,7 mm, le bras gauche est sollicité en cisaillement

pur. À la fin du chargement, il subit principalement du cisaillement auquel s’ajoute une faible part de traction. De plus, il est à noter que l’amplitude de déformation du bras gauche diminue au cours du chargement.

2.3.3 Tronçon 23

La figure I.2.5 montre la pièce déformée après application des précharges et du dé- placement correspondant au tronçon 23. Dans ce cas, les butées Z sont très fortement écrasées, avec un amplitude de déformation K2 = 1,35. La butée gauche est légèrement

sollicitée (K2 = 0,10), alors que l’amplitude de déformation au cœur des deux bras est

encore plus faible (K2 =0,04). Au cœur des butées Z, la déformation correspond princi-

palement à du cisaillement auquel s’ajoute de la compression. La butée X gauche subit également de la compression et du cisaillement, mais la part de compression est plus importante. Le cœur du bras gauche subit à peu près le même mode de déformation, alors que le bras droit est en traction majoritaire + cisaillement. La butée X droite n’est pas déformée.

La figure I.2.6 montre l’évolution des deux invariants à cœur de la butée X droite (symbole x), du bras droit (symbole o) et du bras gauche (symbole ), en fonction du déplacement global vertical U3. Ici, U3=-8,25 mm correspond à la position de précharge.

Concernant la butée X gauche, il apparaît que K3 diminue. Cela signifie que la part de

compression augmente légèrement pendant le chargement. L’amplitude de déformation, quantifiée par K2, augmente légèrement. Concernant les bras, il apparaît que leur mode

(Avg: 75%) UVARM2 −0.00 0.23 0.46 0.68 0.91 1.14 1.37 1.60 1.83 2.06 2.28 2.51 2.74 K3 = -0,58 ; K2 =0,04 compression + cisaillement K3 = 0,91 ; K2 =0,04 traction + cisaillement non déformé K3 =-0,25 ; K2 =1,35 compression + cisaillement K3 = -0,63 ; K2 =0,1 compression + cisaillement

Figure I.2.5 : Etat déformé de la pièce après un chargement de type tronçon 23. L’échelle de couleur correspond aux valeurs de K2

−9 −8 −7 −6 −5 −4 −3 −2 −1 0 1 −1 −0.5 0 0.5 1 U 3 (mm) K 2,3 K 2 butée X K3 butée X K 2 bras droit K 3 bras droit K2 bras gauche K 3 bras gauche

FigureI.2.6 : Évolution de K2 et de K3 à cœur de la butée X gauche et des deux bras en fonction du déplacement vertical global U3; cas du tronçon 23

bras gauche reste constant jusqu’à environ U3 = -0,5 mm et augmente jusqu’à atteindre

-0,58, alors que pour le bras droit, K3 augmente fortement à partir de U3 = -2,8 mm,

jusqu’à atteindre 0,91. Cela signifie que le bras gauche reste en compression-cisaillement mais avec une part élevée de cisaillement, alors que le bras droit subit de moins en moins de compression, passe par un état de cisaillement pur puis est sollicité en traction- cisaillement. L’évolution de l’amplitude de déformation est similaire pour les eux bras : elle diminue au cours du chargement. Afin de mieux visualiser la différence de mode de déformation entre les deux bras, une coupe verticale de ceux-ci est montrée sur la figureI.2.7, sur laquelle est représentée la valeur de K3pour chaque élément. Alors que la

(Avg: 75%) K3 −1.00 −0.83 −0.67 −0.50 −0.33 −0.17 0.00 0.17 0.33 0.50 0.67 0.83 1.00 −2.50 1.83

FigureI.2.7 : Vue en coupe verticale des bras du tampon moteur après un chargement de type tronçon 23

majeure partie du bras droit subit un état de déformation proche de la traction, l’état de déformation du bras est plus hétérogène : des zones en haut à gauche et en bas à droite subissent de la traction, alors qu’il existe une bande diagonale opposée qui subit de la compression. Plus l’élément considéré est proche du bord, plus la part de compression est forte. Au centre (l’élément central est repéré en rouge), il est vérifié qu’une valeur moyenne de -0,5 est obtenue. Hors de ces zones, les éléments subissent du cisaillement pur. La différence de mode de déformation entre les deux bras s’explique par le fait que le chargement n’est pas symétrique, avec en particulier U1 6= 0.

Finalement, l’évolution des deux invariants à cœur de la butée Z est tracée en fonction du déplacement global vertical U3 sur la figure I.2.8. Jusqu’à U3= -2,5 mm, les butées

Z ne sont pas déformées. Alors K2 = 0 et K3 n’est pas défini. À partir de ce point de

chargement, les butées entrent en contact avec l’étrier. Elles sont d’abord sollicitées en compression/ cisaillement avec une forte part de compression, puis la part de cisaillement augmente et le mode de déformation est quasiment constant jusqu’à la fin du chargement.

−9 −8 −7 −6 −5 −4 −3 −2 −1 0 1 −1 −0.5 0 0.5 1 1.5 U3 (mm) K 2,3 K 2 butée Z K 3 butée Z

Figure I.2.8 : Évolution de K2 et de K3 à cœur d’une des butées Z en fonction du déplacement vertical global U3; cas du tronçon 23

De plus, l’amplitude de déformation augmente fortement.

2.3.4 Tronçon 14

La figure I.2.9 montre la pièce déformée après application des précharges puis des déplacements correspondant au tronçon 14. Dans ce cas, ce sont les bras qui subissent l’amplitude de déformation la plus importante : à gauche K2 = 0,91 et à droite, K2 =

0,76. La butée X gauche est sollicitée plus faiblement (K2 = 0,24). Les deux bras sont

principalement en compression, le bras droit subissant plus de cisaillement que le bras gauche. La butée X gauche est en compression + cisaillement. Les autres parties de la pièce ne sont pas déformées.

La figure I.2.10montre l’évolution des deux invariants à cœur de la butée X droite (symbole x), du bras droit (symbole o) et du bras gauche (symbole ), en fonction du déplacement global horizontal U1. U1 = 0 correspond à la fin de la précharge. À par-

tir de ce point, le mode de déformation de la butée X est quasiment constant, celle-ci est sollicitée en compression-cisaillement pendant tout le chargement, et l’amplitude de déformation augmente. Les deux bras subissent une compression majoritaire avec une part de cisaillement, et la part de compression augmente au cours du chargement. L’aug- mentation est plus marquée pour le bras gauche. De plus, l’amplitude de déformation augmente pour les deux, celle subie par le bras gauche étant supérieure à celle subie par le bras droit.

(Avg: 75%) UVARM2 −0.00 0.26 0.51 0.77 1.03 1.28 1.54 1.80 2.05 2.31 2.57 2.82 3.08 K3 = -0,99 ; K2 = 0,91 compression K3 = -0,97 ; K2 = 0,76 compression non déformé non déformés K3 = -0,60 ; K2 = 0,24 compression + cisaillement

Figure I.2.9 : Etat déformé de la pièce après un chargement de type tronçon 14. L’échelle de couleur correspond aux valeurs de K2

−0.2 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 −1 −0.5 0 0.5 1 U1 (mm) K 2,3 K 2 butée X K 3 butée X K 2 bras droit K 3 bras droit K 2 bras gauche K 3 bras gauche

FigureI.2.10 : Évolution de K2 et de K3 à cœur de la butée X gauche et des deux bras en fonction du déplacement horizontal global U1; cas du tronçon 14

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