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Introduction

Comme nous l’avons vu, un certain nombre d’éléments sont déjà en place dans les différents domaines pour manipuler les textes dans des conditions satisfaisantes.

Ainsi, les bases techniques sont maintenant données, avec XML et toutes les tech-nologies qui l’accompagnent, même s’il y a une réelle tendance générale de fond à placer les applications et les volumes de données au centre des débats et des réalisa-tions comme nous pouvons le voir avec le développement de HTML5 et du big data. Il n’en reste pas moins que toute une partie de l’activité, en particulier celle que nous avons décrite plus haut, a besoin de centrer son attention sur la qualité des contenus manipulés et sur la manière dont ces contenus sont décrits et indéxés.

De plus, les vocabulaires de description métiers sont aussi bien identifiés. Il est donc maintenant nécessaire de trouver un mode d’organisation approprié ainsi que les objets les plus adaptés à manipuler. Comme nous le verrons, sur ce point, le réseau fait vaciller les bases sur lesquelles nous avions tous pris l’habitude de nous appuyer.

Ainsi, la notion centrale du document, document qui est aujourd’hui pourtant tellement variable qu’on est en droit de s’interroger sur ce qu’il désigne exactement. En effet, si tout est toujours un document, il devient assez difficile de savoir de quoi il est question exactement. . .

En définitive, dans le domaine de l’édition en particulier, mais peut-être aussi plus généralement, nous nous trompons tout simplement d’objet. Avec l’omniprésence du réseau, c’est sans doute sur le texte en tant que tel qu’il faut travailler et sur lequel se concentrer, mais plus vraiment sur les documents qui les portent.

Pour être en mesure de repenser le document, lui redonner sa juste place, nous proposons de repenser les concepts qui président à sa production et les systèmes qui les mettent en œuvre. Si l’on arrive bien, en bout de chaîne, à la création d’un document, ou d’un néo-document, pour reprendre le vocabulaire de Jean-Michel Sa-laün [Salaün, 2012], hyper-connecté à un grand nombre de ressources (banques

d’images, de sons, de textes, etc.), il s’agit de comprendre en détail les processus de création à l’œuvre aujourd’hui afin, soyons clairs, de permettre aux acteurs des domaines concernés d’en prendre la maîtrise. Car effectivement, qui mieux qu’un archiviste ou un bibliothécaire peut décrire ses collections ? Ou qui mieux qu’un his-torien peut éditer et expliciter les sources dont il est spécialiste en explicitant les typologies textuelles qui les constituent ?

Nous proposons dans les prochains chapitres des solutions d’organisation des flux de données et des flux de travail en replaçant la qualité des données au centre de nos réflexions. Si cette notion de flux dépasse très largement la question du texte — on pense en particulier aux flux radiophoniques par exemple — elle s’y applique néanmoins parfaitement. Il s’agit tout autant de proposer des grilles de lecture d’une situation déjà en partie établie que des solutions pour donner aux acteurs le contrôle et la compréhension des techniques mises en œuvre.

L’enjeu est de contrôler la finesse d’annotation des textes dans tous les sens du terme : aussi bien sur le versant technique, c’est-à-dire quelles étiquettes et quelles méthodes pour désigner les typologies textuelles rencontrées, qu’intellectuel, autre-ment dit, comautre-ment tenir un discours historique, philologique, etc. sur ces ensembles de données richement annotés ?

Comme nous l’avons vu, le domaine de l’édition de sources primaires concerne et mobilise plusieurs acteurs qui interviennent à divers degré d’un projet. Les objets manipulés se recoupent et changent parfois en fonction du point de vue et des ob-jectifs de chacun de ces acteurs.

Chacune des disciplines concernées dispose d’un modèle plus ou moins formel qui encadre et organise son activité. L’archivistique dispose ainsi d’un cadre de référence parfaitement établi avec ses objets et ses solutions de manipulation. Les communau-tés de recherche et d’édition mettent en place des solutions d’organisation de leur travaux et de manipulations de leurs objets, avec des solutions partagées de plus en plus robustes.

La convergence numérique impacte l’ensemble des activités concernées par l’édi-tion de sources primaires à divers niveaux et pousse à organiser la multiplicité des pratiques et des modèles en un tout cohérent.

Notre modèle doit donc articuler l’ensemble des modèles et des pratiques exis-tants. Autrement dit, il s’agit pour nous d’identifier les zones de recouvrement pour être en mesure de les organiser entre elles. Certains objets sont les mêmes, mais chaque acteur les considère dans des dimensions différentes qu’il s’agit de

systéma-tiser au sein d’un même continuum d’informations, de l’inventaire à l’édition. Cela revient alors en partie, sur ce point précis, à prévoir des ponts entre les formats et les modèles de l’archive et ceux de la recherche et donc, de l’EAD vers la TEI et réciproquement par exemple.

Nous proposons donc ici des solutions d’articulation des modélisations existantes dans chacun des domaines concernés. Les archivistes travaillent sur des documents matériels, les chercheurs (nous nous situons plus précisément dans le contexte des éditions de sources) sur des textes portés en tout ou en partie par plusieurs de ces documents et les éditeurs matériels produisent de nouveaux documents à partir des textes. Il ne s’agit pas de remplacer les modèles existants dans chacun des domaines concernés par une sorte de méta-modèle, mais bien de proposer un nouveau modèle qui articule les modèles des domaines pour permettre de faire circuler les informations dans les meilleures conditions possibles.

Du point de vue méthodologique, précisons que la modélisation proposée dans cette étude a été réalisée de manière incrémentale depuis une quinzaine d’années. Toutes les expérimentations réalisées, dont seulement certaines sont présentées plus loin91, ont permis de régler un certain nombre de problèmes, et parfois d’en dévoi-ler de nouveaux. Chaque expérimentation s’accompagne d’objectifs spécifiques et de solutions pour les atteindre. Toutes les solutions trouvées et développées permettent d’améliorer le modèle sous-jacent et de le rendre explicite. Ainsi chaque expérimen-tation permet d’enrichir le modèle.

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Du modèle de document