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Troisième chapitre : Métaphysique 3.1 Définition de la philosophie spéculative

Jusqu'ici, Whitehead employa plusieurs termes synonymes pour désigner la partie la plus générale de la philosophie, qu'il nomme indifféremment « métaphysique », « cosmologie », ou encore « philosophie spéculative ». Or, définir la métaphysique est une chose bien difficile, d'autant plus que chaque philosophe possède sa propre définition, qui détermine à son tour l'objet de la recherche et la méthode employée. Son objet est-il l'être en tant qu'être, la substance, l'être suprême, les premiers principes? Sa méthode est-elle inductive ou deductive, expérimentale ou purement spéculative? De manière assez traditionnelle, Whitehead considère la métaphysique comme l'investigation systématique de la structure fondamentale de la réalité202. Elle cherche à dégager les catégories générales

permettant d'exprimer les aspects les plus universels de ce qui existe, comme l'actualité, la possibilité, la causalité, l'identité, etc.

Mais derrière cette entreprise apparemment abstraite se cache une tentative pour comprendre l'expérience dans sa globalité. Le but de la philosophie spéculative n'est nul autre que la construction d'un scheme conceptuel dans lequel la totalité de notre expérience peut être élucidée. Au début de son principal ouvrage de métaphysique, Process and Reality, Whitehead définit son projet général de la manière suivante :

Speculative philosophy is the endeavour to frame a coherent, logical, necessary system of general ideas of which every element of our experience can be interpreted. By this notion of "interpretation" I mean that everything of which we our conscious, as enjoyed, perceived, willed or thought, shall have the character of a particular instance of the general scheme203.

202 J'emprunte cette définition à E.J. Lowe, Introduction to Philosophy of Mind, Cambridge University Press,

Cambridge, 2004, p.4

Le système métaphysique doit donc permettre d'interpréter tout ce qui est perçu, pensé, senti et vécu. Chaque élément de l'expérience humaine doit pouvoir recevoir sa signification ultime dans un scheme général, qui ne peut rien exclure a priori. La métaphysique ne peut donc se limiter à l'observation de faits naturels (expérience sensible), mais doit inclure des éléments aussi divers que l'action, l'émotion, la liberté, l'espace, le temps, etc., soit tout ce qui appartient à l'expérience en général. Cet ambitieux programme théorique est évidemment optimiste, bien que Whitehead souligne l'origine de sa confiance en l'intelligibilité de la réalité. «That we fail to find in experience any elements intrinsically incapable of exhibition as examples of general theory is the hope of rationalism. This hope is not a metaphysical premise. It is the faith which forms the motive fort the pursuit of all sciences alike, including metaphysics204. »

À la manière de l'entreprise scientifique qui suppose la foi en l'ordre de la nature, cherchant à rendre compte des faits têtus par le biais de lois universelles (section 1.2), le rationalisme est animé par une confiance similaire. Il suppose que l'expérience peut être pensée conceptuellement, c'est-à-dire qu'elle peut être éclairée par des idées générales qui permettent de dégager les caractéristiques communes de tout ce qui est. L'attitude rationaliste caractérise donc la recherche des métaphysiciens, qui espèrent dépasser l'observation des phénomènes naturels pour embrasser l'ensemble de la réalité. « Philosophers are rationalists. They are seeking to go behind stubborn and irréductible facts : they wish to explain in the light of universal principles the mutual reference between the various details entering into the flux of things205. » Cette foi ne fait pas partie du

scheme conceptuel comme tel, mais représente une nécessité pratique de toute pensée se voulant pleinement systématique et désirant arriver à une plus grande universalité.

Étrangement, le rationalisme whiteheadien n'est pas incompatible avec un certain empirisme. Or, il ne s'agit pas de l'empirisme classique des philosophes anglais comme Locke et Hume, qui s'oppose généralement à toute spéculation métaphysique. Whitehead

90*r

fait plutôt référence à William James, dont il se réclame explicitement . Pour ce dernier,

204 Ibid., p.42

205 Alfred North Whitehead, Modes of Thought, The Free Press, New York, 1968, p.142 206 Process and Reality, p.xii

l'empirisme doit être radical, c'est-à-dire qu'il doit prendre en compte non seulement les termes de l'expérience, comme les perceptions et les objets physiques, mais les relations entre ces termes, qui incluent des valeurs, des significations, des relations causales, etc. Nous faisons l'expérience des relations, et nous ne pouvons pas les exclure de notre vision du monde. « Pour être radical, un empirisme ne doit admettre dans ses constructions aucun élément dont nous ne faisons pas l'expérience, ni exclure aucun élément dont nous faisons directement l'expérience 7. »

La philosophie spéculative ne cherche pas à embrasser un monde nouménal ou inconnaissable, mais à trouver les facteurs qui s'appliquent à tous les domaines de la connaissance et de la vie ordinaire. Elle ne part donc pas d'idées abstraites qu'elles postuleraient d'abord, mais s'enracine dans l'expérience qui demeure en amont et en aval du scheme métaphysique. « The elucidation of immediate experience is the sole justification for any thought ; and the starting point for thought is the analytic observation

of components of this experience208. » Cela signifie que la philosophie spéculative est

soumise à des critères à la fois rationnels (cohérence, logique) et empiriques (applicabilité, adéquation). Ces deux aspects de la métaphysique, l'un étant relatif à la systématisation intellectuelle et l'autre allant dans le sens de l'éclaircissement de notre vie concrète, forment deux tendances irréductibles et inséparables qui seront progressivement analysées.

Par cohérence, Whitehead souligne que les idées fondamentales du système doivent se présupposer mutuellement. Autrement dit, les principaux concepts ne peuvent avoir une signification s'ils sont isolés les uns des autres. Le scheme conceptuel forme une « totalité organique » qui ne peut admettre de séparation arbitraire des premiers principes. Ceci représente un idéal méthodologique qui, couplé au critère logique de non-contradiction, permet de donner une consistance interne au système philosophique. Chaque catégorie entretient des relations logiques avec les autres, qui soutiennent ensemble l'échafaudage du scheme métaphysique.

207 William James, Essays in Radical Empiricism, University of Nebraska, Nebraska, 1996, p.42 208 Process and Reality, p.4

Ce caractère holistique découle de la conception whiteheadienne du langage, et plus précisément de sa théorie des propositions. Chaque énoncé réfère à certains états de choses qui supposent un environnement sous-jacent, conférant à l'énoncé une pleine détermination. Si le fait désigné par une proposition est isolé de son arrière-plan, celle-ci ne peut aspirer qu'à une vérité partielle. « Every proposition refers to the universe exhibiting some general systematic character. Apart from this background, (...) the proposition is without determinate character. (...) Thus every proposition must, in its complete analysis, propose the general character of the universe required for that fact209. » Cette forme de

holisme sémantique mène donc, du point de vue de l'élaboration du scheme conceptuel, à des catégories qui présupposent l'ensemble du système. Si cela semble entraîner l'idée d'un ensemble d'abstractions tournant en vase clos, Whitehead souligne que la métaphysique doit se référer à l'expérience, sans quoi elle demeure stérile ou inapplicable.

L'aspect empirique de la philosophie spéculative permet d'accrocher les idées générales au monde des faits. Par exemple, un système métaphysique peut être élégant et logiquement impeccable, tout en étant d'une portée très limitée. Le critère d'adéquation signifie que tout élément de notre expérience doit pouvoir être interprété par le scheme conceptuel, sans quoi celui-ci demeure incomplet ou erroné. « Whatever is found in "practice" must lie within the scope of the metaphysical description. When the description fails to include the "practice", the metaphysics is inadequate and requires revision. (...) Metaphysics is nothing but the description of the generalities which apply to all the details of practice210. » Cette conception de la métaphysique fait écho à celle de Robin George

Collingwood, qui la définit comme la science des présuppositions absolues211. Mais à la

différence de celui-ci, Whitehead n'entend pas seulement les conditions ultimes de la pensée, mais les présuppositions même de notre vie pratique.

Le scheme métaphysique n'est pas un système clos, mais un ensemble d'hypothèses révisables. Whitehead propose une métaphysique expérimentale, qui se réfère constamment à la pratique qu'elle tente d'éclairer par voie de généralité. Ses idées ne sont pas données

209 Ibid, p.ll 210/««/., p.13

une fois pour toutes, mais peuvent être limitées, adaptées, étendues et inversées, de manière à donner un portrait plus fidèle de notre expérience de la réalité. La philosophie spéculative est donc soumise au tribunal des faits. « The proper satisfaction to be derived from speculative thought is elucidation. It is for this reason that fact is supreme over thought. This supremacy is the basis of authority. We scan the world to find evidence for this elucidatory power212. » Ce curieux mélange de rationalisme et d'empirisme amène une

conception originale de l'entreprise métaphysique, qui pourrait être qualifiée d' « empirisme spéculatif213. » L'expérience demeure l'alpha et l'oméga de la recherche,

tout en étant accompagnée d'une activité intellectuelle visant à dépasser les limites des connaissances spécialisées. Ce processus de rationalisation constitue le cœur de la méthode spéculative.

3.2. Méthode de la philosophie spéculative

La spéculation peut être entendue dans un double sens. D'une part, c'est une activité imaginative et anticipatrice, qui cherche à apporter de nouvelles connaissances par le biais de la rationalisation. Ceci se manifeste dans la plupart des activités humaines qui prennent appui sur des états futurs ou hypothétiques, comme l'activité économique. D'autre part, le terme speculum (miroir) exprime que la réflexion permet de voir, avec une plus grande clarté et profondeur, l'ensemble de notre expérience. Par voie de généralisation, la pensée peut ainsi parvenir à une « vision synoptique » de la réalité. Whitehead illustre cette idée en comparant la méthode philosophique à un vol d'avion. « The true method of discovery is like the flight of an aeroplane. It starts from the ground of particular observation; its makes a flight in the thin air of imaginative generalization; and it again lands for renewed observation rendered acute by rational interpretation214. »

La source première des réflexions métaphysiques réside donc dans les divers domaines de l'expérience et de la connaissance humaine, notamment la physique, la psychologie, la sociologie, l'esthétique, l'éthique, etc. Mais loin de se limiter à ceux-ci, la

212 Function of Reason., p.80

213 Didier Debaise, Un empirisme spéculatif. Lecture de Procès et Réalité de Whitehead, Vrin, Paris, 2006 214 Process and Reality, p.5

méthode de la généralisation descriptive élargit l'application des idées qu'elle tire de ces sciences particulières. « The partially successful philosophie generalization will, if derived from physics, find applications in fields of experience beyond physics215. » Le terme méta-

physique ne doit pas être entendu comme l'étude d'un monde supra-empirique, mais comme l'élargissement des notions prélevées sur des sciences régionales. Les expressions de panphysique216, panlogisme et panpsychisme217, indiquent la forte tendance à

l'universalisation caractérisant cette entreprise d'unification théorique.

La spéculation, empruntant la voie de la rationalisation imaginative, correspond grosso modo au raisonnement abductif décrit par Charles Sanders Peirce. L'abduction est une inference logique par laquelle on tire une hypothèse plausible permettant d'expliquer un événement surprenant de manière économique218. Par exemple, il est possible d'inférer

de la situation « un cycliste est couché au milieu de la rue », le fait qu'il a été frappé par une voiture. Contrairement à la déduction qui infère des conclusions nécessaires à partir de certaines prémisses, ou à l'induction qui établit une règle à partir de cas particuliers, l'abduction consiste à deviner. Elle cherche à obtenir la meilleure hypothèse explicative par le biais de l'approximation, à la manière d'un détective. La rationalisation imaginative consiste à inventer des hypothèses qui pourront former mie matrice de déductions, lesquelles pourront ensuite être vérifiées par l'observation inductive. Autrement dit, la systématisation des idées générales (cohérence logique) et sa corroboration par l'expérience (applicabilité, adéquation), viennent compléter un aperçu créatif219, consistant à approcher

les présuppositions absolues de l'existence. « In this description of philosophie method, the term "philosophie generalization" has meant the utilization of specific notions, applying to a restricted group of facts, for the divination of the generic notions which apply to all facts220. »

215 Ibid, p.5

216 Georges Hélai, La philosophie comme panphysique. La philosophie des sciences de A. N. Whitehead,

Editions Bellarmin, Montréal, 1979

217 Jean-Claude Dumoncel, La tradition de la 'Mathesis Universalis'. Platon, Leibniz, Russell, Cahiers de

TUnebévue, 2002, p. 38.

218 Charles Hartshorne, Paul Weiss (ed.), Collected Papers of Charles Sanders Peirce, Harvard University

Press, Cambridge, 1965, vol. 7, paragraphe 219

219 Ibid., vol. 5, paragraphe 171-2 220 Process and Reality, p.5

Whitehead ne cesse de répéter que la philosophie spéculative est d'abord une tentative visant à formuler des généralisations ultimes, et non une démonstration dogmatique et deductive découlant de principes évidents. Bien qu'il ait participé au projet logiciste consistant à déduire l'ensemble des mathématiques à partir d'énoncés logiques fondamentaux dans ses Principia Mathematica, il ne croit pas que la méthode mathématique doive servir de modèle à la recherche métaphysique. À l'inverse de la méthode géométrique employée par Spinoza dans son Ethique, Whitehead considère que la déduction est un mode de vérification essentiel mais auxiliaire permettant de tester la généralité des hypothèses221. La validité du scheme conceptuel devrait être recherchée dans

son succès général, c'est-à-dire dans sa capacité à interpréter tous les éléments de notre expérience, et non dans la clarté initiale de ses prémisses. Autrement dit, l'expression correcte des idées générales n'est pas à l'origine de l'enquête spéculative, mais son but. C'est pourquoi Whitehead adopte une posture ouvertement faillibiliste, la généralisation descriptive n'étant pas une méthode certaine et exacte. Son efficacité n'est dévoilée qu'en aval du processus de rationalisation, lorsqu'elle permet de former une vision synoptique satisfaisante, qui demeure un idéal théorique.

3.3. Philosophie et langage

Whitehead demeure sceptique quant à la possibilité d'arriver à une parfaite compréhension du monde, car nous sommes des êtres finis et limités par le langage. Nous ne pouvons pas saisir l'univers dans sa totalité, et nos modes d'expression n'ont pas d'abord été conçus pour exprimer les généralités qui gouvernent notre expérience. À l'origine, le langage fut utilisé pour exprimer des objets de la vie quotidienne, des activités, et des situations sociales, et non pour investiguer les structures fondamentales de la réalité. Un effort d'abstraction considérable et un long progrès furent nécessaires pour élaborer des généralisations décrivant des caractéristiques comme le temps, l'espace, la causalité. « Thus hunting scenes had been depicted on the wall of caves for thousands of years before the more permanent spatial relations had become a topic for conscious analysis. When the

Greek required terms for the ultimate characters of the actualities of nature, they had to use terms such as water, air, fire, wood222. »

Autrement dit, la philosophie spéculative luttre contre les limites de nos appareils cognitifs, car elle étire les significations des idées au-delà de leurs limites habituelles. Elle utilise le langage comme son principal outil, qu'elle modifie afin d'exprimer des vérités plus générales. « Every science must devise its own instruments. The tool required for philosophy is language. Thus philosophy redesigns language in the same way that, in a physical science, pre-existing appliances are redesigned223. » Cela confère à l'entreprise

whiteheadienne le statut de métaphysique révisionniste, à l'opposé d'une métaphysique purement descriptive préconisée par P.F. Strawson. Alors que la deuxième se contente de décrire les traits de notre scheme conceptuel nous permettant d'appréhender la réalité, la première vise à réviser nos modes de pensées afin d'arriver à une meilleure vision du monde. « Descriptive metaphysics is content to describe the actual structure of our thought about the world, revisionary metaphysics is concerned to produce a better structure224. »

Mais la métaphysique ne peut prétendre pour autant parvenir à une description parfaite de la réalité. Tout comme le dogme constitue une tentative pour formuler précisément une vérité générale, une catégorie est une approximation de quelque chose qui ne peut être saisie que par l'expérience immédiate. « Weakness of insight and defiencies of language stand in the way inexorably. Words and phrases must be stretched towards a generality foreign to their ordinary usage; and however such elements of language be stabilized as technicalities, they remain metaphors mutely appealing for an imaginative leap . » La révision du langage ne peut donc se faire sans le recours à l'intuition, car les idées générales produites par la rationalisation imaginative ne restent que des approximations de ce qui peut être directement éprouvé. La difficulté particulière que rencontre la philosophie lorsqu'elle tente d'exprimer quelque chose qui dépasse le sens habituel des mots l'apparente à une tentative pour exprimer l'indicible.

222 Modes of Thought, p.49 223 Process and Reality, p.l 1

2 P.F. Strawson, Individuals: An Essay in Descriptive Metaphysics, Methuen, London, 1959 225 Process and Reality, p.4

Cela contredit évidemment l'interdit wittgensteinien selon lequel « ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence226. » Mais si Whitehead demeure conscient des limites

du langage, il ne considère pas que celui-ci fournisse des barrières infranchissables à l'enquête philosophique. C'est pourquoi il rapproche la philosophie du mysticisme. « For mysticism is direct insight into depths as yet unspoken. But the purpose of philosophy is to rationalize mysticism : not by explaining it away, but by the introduction of novel verbal characterizations, rationally coordinated227. » Évidemment, il ne faut pas entendre par là

que la métaphysique doit être fondée sur des expériences extraordinaires, à la manière de la religion qui repose sur des témoignages exceptionnels. Whitehead souligne plutôt que la spéculation se situe à la limite de la connaissance, car elle s'aventure dans les profondeurs inexplorées de la réalité. La rationalisation demeure une entreprise incertaine, cherchant à atteindre le plus haut degré de généralité que notre scheme conceptuel soit capable. « Rationalism is an adventure in the clarification of thought, progressive and never final. But it is an adventure in which even partial success has importance228. »

La philosophie spéculative est donc une perspective qui se distingue autant du rationalisme dogmatique, de l'empirisme sceptique, et du criticisme kantien. Elle représente une quatrième voie, que Whitehead nomme « l'École Spéculative ». Celle-ci s'oppose principalement à « l'École Critique », notamment sur la question du rapport entre le langage et la réalité. L'école critique estime que toute recherche philosophique dépend de l'analyse du langage. La clarification des structures linguistiques et des expressions verbales bien définies permettrait de refléter adéquatement la réalité. L'analyse conceptuelle ou linguistique serait donc l'antidote aux problèmes philosophiques, qui se réduiraient ultimement à des confusions langagières. Cette théorie « picturale » de la signification peut être résumée comme suit : « The core idea is that the character of reality can be "read off our linguistic representations of reality - or our suitably regimented linguistic representations of reality229. » Mais qu'est-ce qui garantit que le langage peut

déterminer parfaitement ce qui existe dans le monde? La supposition que la critique

226 Ludwig Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus, §7, Gallimard, Paris, 1993, p.l 12 227 Modes of Thought, p.74

228 Process and Reality, p.9

linguistique permet de démystifier complètement ce qui peut être dit à propos de la réalité est pour Whitehead une grave erreur, qu'il nomme sophisme du parfait dictionnaire. « It is the belief, the very natural belief that mankind has consciously entertained all fundamental ideas which are applicable to its experience. Further it is held that human language, in

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