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Comme nous l’avons vu dans [Lecomte, 1995], l’acte créatif comporte quatre étapes :

• La préparation, c’est-à-dire l’analyse préliminaire du problème ainsi que le recueil d’informations et-ou de matériel.

• L’incubation, pendant laquelle l’activité est essentiellement inconsciente. Le problème « mûrit » dans l’esprit du créateur.

• L’inspiration, qui constitue évidemment l’acte majeur du processus. C’est le fameux « Eureka ! » d’Archimède.

• L’évaluation est la phase de vérification pendant laquelle la personne teste la solution ou examine la valeur du produit. Cela implique la faculté de se remettre en cause.

Nous pouvons transposer ceci aux différents rôles du pédagogue en situation d’enseignement. Ces activités sont multiples [Pierre et al., 1992] :

• organiser et enrichir le milieu.

• observer les activités et analyser les situations. Ceci consiste alors à reconnaître les situations « mathématisables » à l’intérieur d’une activité pluridisciplinaire et à faire un choix parmi les notions pouvant être dégagées.

• évaluer le niveau de développement des enfants, c’est-à-dire observer l’enfant dans une activité pour déceler ses possibilités d’action et de raisonnement, les stratégies qu’il met en œuvre, puis adapter les situations aux besoins et aux possibilités.

• définir des objectifs éducatifs et susciter des activités intégrant ces objectifs. Il convient alors de proposer des activités interdisciplinaires s’appuyant sur un vécu et une activité réelle de l’enfant.

• contrôler et apprécier les acquis afin de pouvoir adapter de nouvelles procédures, mettre en place des actions de « réajustement » et offrir de nouvelles motivations.

Le travail du maître se déroule donc en trois temps en interaction : avant, pendant et après la classe. Toutefois, l’émergence des nouvelles technologies recentre les tâches de l’enseignant traditionnelles (préparation, régulation et évaluation) selon les trois pôles correspondant (anticipation, évaluation et réévaluation). D’où le tableau suivant :

Conception traditionnelle Apport des nouvelles technologies

Avant la classe Préparer Anticiper

Pendant la classe Réguler Evaluer et évoluer

Après la classe Evaluer Réévaluer

2.1. Avant la classe : anticiper

Cette phase consiste à prendre en compte l’observation des comportements, des intérêts des enfants, et à tirer parti de l’expérience, des représentations, des connaissances et du savoir-faire acquis. Cela permet alors d’anticiper sur les problèmes que vont rencontrer les apprenants. Il convient par conséquent pour le maître de déterminer ce qu’il est plausible d’espérer en précisant ses intentions puis en ajustant sa démarche.

Pour chaque étape de la scolarité (cycle, année, trimestre, mois, semaine et jour), le maître se charge de définir différents programmes d’activités afin de respecter une progression qu’il se fixe. Ainsi, il est important de :

• déterminer les objectifs particuliers en relation avec l’objectif général, c’est-à-dire prévoir les capacités que l’on veut faire acquérir en fonction de la compétence à construire (ne pas travailler dans l’éphémère) ;

• déterminer les domaines de son travail (activités physiques, activités de communication et d’expression orales ou écrites, activités esthétiques, activités scientifiques et techniques) ;

• articuler les objectifs disciplinaires à l’objectif général pour permettre la mobilisation, la construction des différents modes de représentation, l’appropriation de différents langages et outils de la culture.

Pour assurer la cohésion de son travail, le pédagogue doit prévoir l’organisation matérielle du milieu et des situations afin d’obtenir, de la part de l’élève, l’engagement dans l’activité, l’identification de la tâche et la compréhension de sa portée.

Le maître doit donc mettre à la disposition des enfants des moyens de découvrir, d’échanger, de réinvestir. Il doit alors prévoir :

• la durée et l’alternance des activités,

• les formes de travail (collectif, individuel ou de groupes).

• les procédures d’évaluation adaptées à l’âge de l’apprenant et à la capacité d’appréciation objective de ses propres actes afin de tirer un parti positif des évaluations du maître et des évaluations ébauchées parmi les camarades.

En résumé, durant cette phase préliminaire d’anticipation, il s’agit pour le maître d’élaborer un projet qui implique de :

• bien poser le problème,

• prévoir les activités en terme de tâches, ressources, outils, techniques et matériaux nécessaires, introduits à bon escient et suffisamment riches sans être pléthoriques.

• aménager le temps : programmation et organisation (planification) de la séance, • donner des consignes ou contraintes,

• émettre des hypothèses de solutions. 2.2. Pendant la classe : évaluer et évoluer

Le rôle et l’attitude du maître sont multiples durant cette phase car il doit être en mesure de proposer les enseignements préparés tout en veillant à une remise en cause permanente en fonction de l’évolution des apprenants face aux situations anticipées. Il se retrouve donc en situation perpétuelle de gestion dynamique des connaissances.

Tout d’abord, il doit veiller à la qualité de sa présence, de sa voix et de son élocution. Durant cette évaluation, il convient non seulement de laisser à l’apprenant la plus grande initiative possible (respecter la recherche), mais aussi de lui donner le temps de tâtonner, d’expérimenter, et d’ébaucher des procédures de résolution. Pendant ce temps, le pédagogue doit également observer les essais, les erreurs, et les variations personnelles.

Ensuite, une évaluation de l’ensemble de ces actions permet au maître d’identifier les acquis et besoins individuels. Le pédagogue doit alors organiser le travail de façon à favoriser les interactions et inciter l’apprenant. Ceci consiste à lui offrir de multiples sollicitations pour entreprendre, fournir un effort efficace, tirer parti de ses échecs et de ses réussites afin de mener l’activité à son terme et de résoudre les problèmes posés au départ et-ou découvert durant l’enseignement.

Pour ce, le maître aide en :

• donnant une consigne au bon moment et en s’assurant de sa compréhension, • rappelant des acquis antérieurs,

• suggérant des situations analogues déjà rencontrées montrant parfois (ni prématurément, ni complètement, ni systématiquement) comment s’y prendre,

• évaluant les résultats des activités avec les enfants. 2.3. Après la classe : réévaluer

Dans un troisième temps, le pédagogue doit s’interroger : « L’objectif visé a-t-il été atteint ? par qui ? dans quelles conditions ? Les projets pédagogiques et d’activités étaient-ils bien adaptés ? ».

Cette réévaluation s’effectue ici à deux niveaux relatifs aux acquis antérieurs des apprenants et aux résultats obtenus suite à l’action pédagogique.

Pour parvenir à une juste appréciation de l’état réel du développement de chaque enfant, le pédagogue doit à la fois évaluer ses attitudes et ses acquis.

En ce qui concerne l’évaluation des attitudes, il convient de prendre en compte les observations faites pendant le déroulement des activités :

• l’attitude de l’enfant face aux données de la situation, c’est-à-dire son engagement dans la tâche (en qualité et en durée) et sa façon de s’organiser pour résoudre la situation.

• la nature des difficultés rencontrées et des erreurs résolues.

• l’attitude face à ces difficultés, face à l’aide qui lui a été apportée et l’assistance demandée. • l’attitude face aux évaluations des camarades.

Pour l’évaluation des acquis, le pédagogue se charge d’ :

• examiner la production de l’enfant et de la situer par rapport aux travaux antérieurs,

• apprécier en quoi elle témoigne de la consolidation de certaines capacités et en quoi la performance attendue a été ou non atteinte (noter les progrès, les stagnations, etc…),

• vérifier que des situations permettant de s’approprier les compétences nécessaires pour construire la nouvelle capacité ont été offertes.

Il convient aussi, pour le pédagogue, d’examiner les variables de la situation mise en place et de remettre éventuellement en question l’activité, le moment de la journée et-ou le dispositif de la situation (proximité avec les intérêts des enfants, supports offerts à l’activité).

La réévaluation permet donc d’avoir des retours d’informations (mécanisme de rétroaction) et, le cas

échéant, de modifier la stratégie 4 utilisée. En effet, le pédagogue peut prévoir, en fonction des

informations ainsi recueillies :

• soit d’intervenir sur une ou des variables de la situation, • soit des situations voisines pour consolider les acquis, • soit des situations de transfert,

• soit des situations de remédiation pour aider à l’acquisition (réajustement de l’objectif).

Nous avons vu quels sont les rôles du pédagogue dans son travail d’aide à l’acquisition de connaissances par les apprenants. Nous allons maintenant étudier dans quelles mesures une approche transdisciplinaire de l’enseignement permet de faciliter cette tâche.

4 Rappelons qu’une stratégie est une manière dont l’enseignant ou les élèves vont agencer les ressources, utiliser les contraintes ou y résister. Donc, en définitive, la manière d’organiser les différents composants définit la stratégie pédagogique.