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• l’interview, utile au tout début du processus, elle s’avère pratiquement inappropriée à un transfert de connaissances complexes. Elle doit être structurée et le plus souvent associée à d’autres techniques d’acquisition.

L’interview structurée est un moyen pour le cogniticien de garder le contrôle du transfert et de son orientation dans la direction appropriée en évitant les effets de digression. Il ne s’agit cependant pas de contraindre l’expert en lui imposant notre compréhension du domaine mais de lui apporter une aide pour la structuration de l’énonciation de connaissances.

Dans cette technique, le cogniticien se doit de posséder, au moins en partie, le vocabulaire et certaines connaissances et concepts de base du domaine.

L’interview permet de faire ressortir une taxonomie des entités constitutives du domaine. Elle sert donc à élaborer un réseau informel de connaissances.

• l’analyse de protocoles consiste à regarder l’expert en situation de résolution réelle. Son inconvénient majeur réside dans le coût important et l’incomplétude dus à la verbalisation qui s’avère parfois impossible, incomplète et-ou inexacte.

• le questionnaire est peu coûteux et complémentaire de l’interview. Il nécessite toutefois une formulation non ambiguë des questions mais offre la possibilité de travail avec plusieurs experts.

• les tests de mémorisation, …

La technique la plus répandue pour l’acquisition des connaissances est l’interview qui, comme son nom l’indique, nécessite qu’un cogniticien interviewe un expert.

L’approche normale consiste à enregistrer la conversation en entier, puis à la transcrire et l’analyser afin d’identifier et d’extraire les éléments pertinents de connaissance. L’analyse des transcriptions doit fournir des connaissances pratiques et la transcription forme un bon enregistrement de la source de ces connaissances. Cependant, l’analyse des transcriptions est coûteuse en temps, génère beaucoup d’informations non pertinentes, et ne fournit aucune garantie sur la complétude des connaissances acquises.

Des techniques alternatives pour obtenir une transcription, comme le traitement d’interviews soigneusement structurées, ou l’interrogation d’un expert avec un historique de cas (analyse de

protocole), ont été développées pour fournir des transcriptions plus structurées. Cependant, de telles

transcriptions allègent les problèmes associés à l’analyse de ces transcriptions, mais elles ne les effacent pas.

Nous avons présenté différentes techniques destinées à l’acquisition des connaissances. Toutefois, pour [Goguen, 1996], les techniques usuelles d’élicitation des informations tacites, telles que les questionnaires, les interviews, les groupes de concertation s’avèrent inadéquats et il convient alors

d’utiliser « l’ethnométhodologie ». Dans cette approche, l’analyste regroupe les informations selon des situations naturelles où les participants sont engagés dans des activités usuelles. De plus, l’analyste n’impose pas d’objectif, c’est-à-dire des catégories préconçues permettant d’expliquer ce qui se produit. L’analyste utilise plutôt les catégories que les participants utilisent eux-mêmes implicitement pour communiquer.

Cette définition demeure toutefois confuse et afin de surmonter certains de ces problèmes, les cogniticiens se sont donc penchés dans le domaine de la psychologie pour produire des techniques comme le tri de cartes (« card sort »), les grilles de répertoires (« repertory grid ») et les grilles

émaillées (« laddered grid »).

Les grilles émaillées sont des questions prédéfinies visant à persuader un expert de développer entièrement une hiérarchie taxonomique [Burton et al., 1988]. A partir d’un simple terme du domaine, des questions permettent d’éliciter les super-classes, les sous-classes ou les membres des classes, qui sont liées à l’objet existant dans la grille hiérarchique. Des questions typiques incluent « Quel est le

terme et un exemple ? », ou « Quels sont les autres exemples de terme-1 autres que terme-2 ? ». En

appliquant de façon répétitive cette même procédure aux objets nouvellement élicités, une taxonomie approfondie peut être construite.

Le tri de cartes [Burton et al., 1988] est une technique simple mais étonnamment efficace dans laquelle un expert catégorise les cartes qui représentent des termes à partir du domaine des connaissances. Les noms des différents termes du domaine sont écrits sur des cartes d’index individuelles, puis on présente à l’expert cette pile de cartes et on l’interroge pour qu’il les classe en piles selon un de ses propres critères. Ensuite, la classification de chaque carte est notée, les cartes sont mélangées et on demande à nouveau à l’expert de répéter cette procédure en utilisant un critère de tri différent. Cette procédure est répétée jusqu’à ce que l’expert ne trouve plus de critères de différenciation des cartes. La sortie du tri des cartes est un ensemble de classifications de termes du domaine selon une ou plusieurs catégories sur plusieurs dimensions différentes.

Les grilles de répertoires sont une technique avec laquelle un expert fait des distinctions entre les termes du domaine sur des dimensions choisies. Les dimensions sont similaires aux catégories générées par le tri de cartes, mis à part qu’elles sont censées être des variables continues. Les dimensions sont générées de façon courante par la technique dite « triadic » [Boose, 1989] : en sélectionnant trois termes du domaine au hasard et en demandant à l’expert de qualifier une façon de différencier deux termes par rapport au troisième. Tous les termes du domaine de la grille sont ensuite classés selon chaque dimension. Il en résulte une grille dans laquelle chaque terme est catégorisé sur chaque dimension.

Une des fonctionnalités des grilles de répertoires, qui les met à part des autres techniques d’acquisition des connaissances est que les classifications dans une grille peuvent être analysées avec des statistiques, en utilisant une analyse par groupe (« cluster analysis »), afin de voir si l’expert a implicitement catégorisé les termes d’une certain façon. Le regroupement des concepts produits par l’analyse statistique de la grille de répertoires est représenté de façon usuelle par un « dendogrammme » (c’est-à-dire un diagramme en forme d’arbre), dans lequel chaque terme du domaine est une feuille, et la proximité dans l’arbre représente une similarité statistique. Il est possible de représenter le regroupement statistique avec une grille émaillée (c’est-à-dire une taxonomie), dans laquelle les termes du domaine forment les feuilles, et les classes indiquent le niveau de similarité entre les termes du domaine en utilisant une valeur en pourcentage (100% indique que deux objets sont identiques en tous points de vue, 0% indique qu’ils sont à l’opposé du spectre selon toutes les dimensions). L’expert et/ou le cogniticien est (sont) ensuite autorisé(s) à rationaliser cette taxonomie en affectant des noms significatifs à certaines classes et en en supprimant certaines autres.

Les bénéfices de ces trois techniques sont qu’elles fournissent en sortie des catégorisations et des relations ; qu’elles assurent un couverture complète des connaissances en nécessitant la catégorisation de tous les éléments ; et qu’elles sont relativement simples à administrer.