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DEUXIEME PARTIE : METHODOLOGIE

2.1 O BJECTIFS DE LA THESE

2.1.2 O BJECTIFS ET HYPOTHESES

2.2.4.2 Traumatismes de l’enfance 

L’évaluation des maltraitances ou traumatismes de l’enfance a été faite avec la version courte de 28 items du Childhood Trauma Questionnaire (CTQ) de Bernstein et Fink (1998) (Annexes 5 et 6). C’est l’un des outils les plus utilisés pour évaluer les traumatismes de l’enfance de façon rétrospective chez les adultes. Il s’agit d’une échelle de type Likert avec cinq choix de réponse qui vont de 1 = « jamais vrai » à 5 = « très souvent vrai ». Les 5 types d’abus évalués par le CTQ sont : l’abus émotionnel, l’abus physique, l’abus sexuel, la négligence émotionnelle et la négligence physique. Chaque type d’abus est composé de 5 items. Le score de chaque catégorie d’abus peut varier de 5 à 25. Le score d’abus total est la somme des 5 types d’abus et négligence, varie de 25 à 125 et constitue le reflet du fardeau traumatique de l’enfance. Un score élevé indique la sévérité des traumatismes de l’enfance.

La version courte de 28 items comporte une échelle de minimisation/déni constituée de 3 items. Cette échelle indique une sous-estimation de la maltraitance d’enfance ou une idéalisation de la famille d’origine. Bernstein et Fink (1998) ont validé la version courte (28 items) auprès de 378 sujets abuseurs de drogues, 396 patients adolescents psychiatrisés et 899 membres d’une assurance médicale collective.

A l’origine, le CTQ est un questionnaire qui comprend 70 items et il est développé par Bernstein et al. (1994). Il a été conçu à partir d’une revue détaillée de la documentation sur la maltraitance et à partir de l’expérience d’une revue structurée, le Childhood Trauma Interview, développée par les mêmes auteurs. Les analyses de Bernstein et al. (1994) auprès d’un échantillon de 286 patients ayant un problème de dépendance à l’alcool ou à la drogue ont dégagé quatre facteurs : l’abus physique et émotionnel, la négligence émotionnelle, la négligence physique et l’abus sexuel. Par la suite, Bernstein et al. (1994) ont validé le CTQ avec une population de 398 patients adolescents psychiatrisés âgés de 12 à 17 ans. Ce faisant, ils ont pu séparer l’abus émotionnel de l’abus physique et mettre ainsi en évidence la présence de cinq facteurs.

Le CTQ a été traduit et validé dans plusieurs langues dont le Français. La validité et la fiabilité de la version française du CTQ, utilisée dans cette recherche, ont été démontrées par Paquette et al. (2004). La version courte du CTQ validée par Paquette et al. (2004), a une bonne fiabilité test-retest variant entre 0,73 à 0,94. La consistance interne des échelles, évaluée par les alphas de Cronbach est excellente. Elle est de 0,68 pour la négligence

physique ; 0,82 pour l’abus physique ; 0,87 pour l’abus sexuel ; 0,88 pour l’abus émotionnel et de 0,91 pour la négligence émotionnelle. Dans notre population d’étude, le coefficient alpha de l’ensemble des sous-échelles du CTQ est 0,79. De façon spécifique, les coefficients des alphas de Cronbach sont de : 0,70 pour l’abus émotionnel, 0,74 pour l’abus physique, 0,76 pour l’abus sexuel et la négligence physique et de 0,77 pour la négligence émotionnelle. Il est aussi possible d’évaluer la sévérité de chaque type d’abus/négligence et celle de l’abus total en se référant aux normes du CTQ établies par Bernstein et al. (2003). Ainsi pour chaque participant, en nous basant sur le manuel du CTQ, sur les travaux de Carr et Francis (2009) et de Tyrka et al. (2009), nous avons donc décidé de vérifier s’il a connu un abus d’enfance faible (absence d’abus ou abus faible jusqu’à modéré pour tous les types d’abus et négligence) ou un abus d’enfance sévère (abus sévère à extrême à au moins un type d’abus ou négligence).

Les scores pour apprécier la sévérité de chaque type de traumatisme de l’enfance selon le manuel du CTQ sont les suivants :

Pour l’abus émotionnel :

- Score jusqu’à 8 : aucun ou abus minimal - De 9 à 12 : faible à modéré

- De 13 à 15 : modéré à sévère - Plus de 15 : sévère à extrême Abus physique :

- Score jusqu’à 7 : aucun ou abus minimal - De 8 à 9 : faible à modéré

- De 10 à 12 : modéré à sévère - Plus de 12 : sévère

Abus sexuel :

- Jusqu’à 5 : aucun ou minimal - De 6 à 7 : faible à modéré - De 8 à 12 : modéré à sévère - Plus de 12 : sévère à extrême

Négligence émotionnelle :

- Jusqu’à 9 : aucun ou minimal - De 10 à 14 : faible à modéré - De 15 à 17 : modéré à sévère - Plus de 17 : sévère à extrême

Négligence physique :

- Jusqu’à 7 : aucun ou minimal - De 8 à 9 : faible à modéré - De 10 à 12 : modéré à sévère - Plus de 12 : sévère à extrême

Sévérité des traumatismes de l’enfance selon le CTQ

En fonction du score de chaque participant aux cinq dimensions du CTQ, on peut décider de l’existence d’abus sévère ou non. Ainsi, pour qu’il y ait l’abus émotionnel sévère, le score doit être supérieur ou égal à 13. L’abus physique est considéré comme sévère lorsque le score est supérieur ou égal à 10. Pour l’abus sexuel, le score doit être supérieur ou égal à 8. Quant à

la négligence émotionnelle sévère, le score doit être d’au moins 15 alors que pour la négligence physique sévère il faut un score minimal de 10 au CTQ.

En prenant chaque participant et selon ses scores à toutes les 5 dimensions du CTQ, on peut procéder à une dichotomisation en absence ou présence d’abus / négligence sévère. Pour faire partie du groupe d’absence d’abus ou d’abus faible, le participant ne doit avoir rapporté aucun type d’abus, allant de modéré à sévère à l’extrême, pour les 5 formes d’abus/négligence. Dans tous les autres cas, il s’agit d’abus sévère.

Le fait d’utiliser les cut-off nous a permis de spécifier, chez chaque participant, l’existence ou non d’abus/négligence sévère. L’absence d’abus ou de négligence quelconque est notée 0 et la présence d’abus/négligence est notée 1. Pour chaque type d’abus ou négligence et pour chaque participant, la dichotomisation entraîne la présence ou l’absence d’abus/négligence sévère.

Au Togo, nous avons adapté certains items dans l’utilisation du CTQ. Par exemple, pour l’item 11, nous avons changé l’expression « bleus » par «traces » au Laboratoire de Psychologie de l’Institut National des Sciences de l’Education (INSE) à l’Université de Lomé. Ainsi l’item qui au départ était : « J’ai été battu(e) par les membres de ma famille au point d’en avoir des bleus ou des marques » devient : « J’ai été battu(e) par les membres de ma famille au point d’en avoir des traces ou des marques ». A l’item 26, nous avons ajouté quelques expressions pour refléter les réalités du Togo et de l’Afrique Subsaharienne en général. Ainsi l’item qui était « Il y avait quelqu’un pour m’amener consulter un médecin lorsque nécessaire » est devenu « Il y avait quelqu’un pour m’amener consulter un médecin, un homme religieux, un guérisseur traditionnel ou un marabout lorsque nécessaire ». Nous avons jugé indispensable d’ajouter ces expressions, car dans certains milieux africains en cas de maladie de l’enfant, les parents ne recourent pas immédiatement à l’hôpital. Pour prendre soin de l’enfant, on l’amène consulter un guérisseur traditionnel, un marabout ou un homme d’église. Ce qui témoigne aussi qu’on aime l’enfant et qu’on se préoccupe de sa santé. Donc dans la sous rubrique de négligence physique, il s’avère indispensable de tenir compte de cet aspect.