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Revue de littérature

V. Épidémiologie, habitat et transmission 1. Niche écologique

2. Transmission de l’infection

Les caractéristiques exactes de contamination sont encore mal comprises. Toutefois ; les études épidémiologiques reconnaissent certains modes de transmission, le principal étant la contamination interhumaine par contact direct selon des modalités variables : oro-orale, féco-orale (21). La contamination indirecte par des sources d’eau et les aliments est aussi évoquée ainsi que plus rarement une voie iatrogénique durant les endoscopies.

2.1.Transmission interhumaine

La Transmission de personne à personne survient surtout durant la petite enfance. Elle est facilitée par l’immaturité de la muqueuse gastrique qui favorise l’implantation de la bactérie et par certains facteurs influençant la contamination notamment l’hygiène, les gastro-entérites, les contacts rapprochés et les logements surpeuplés (21). La voie intrafamiliale est prédominante: des parents aux enfants, au sein des fratries et entre conjoints (20). Elle a d’ailleurs été démontrée par des études moléculaires mettant en évidence une empreinte génétique identique pour les souches retrouvées chez les enfants et les parents (22). Néanmoins, le rôle de la mère semble prédominant dans la transmission : le risque d’infection chez l’enfant est plus élevé si elle est porteuse de la bactérie plutôt que le père (22).

2.2.Transmission oro-orale et gastro-orale

Elles représentent les voies de contamination interhumaine prédominantes et nécessitent un contact étroit entre individus ; la survie de la bactérie étant très brève en dehors de l’estomac .elles se font par le biais de la salive ou du liquide gastrique contaminés, lors de vomissement ou de reflux gastro-œsophagien (RGO) (20,22). Elles concernent aussi bien les pays industrialisés que les pays en développement mais avec des taux d’incidence différents selon le statut socio-économique du pays.

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Dans les pays en développement, la surpopulation, la vie en communauté, le manque d’hygiène, les vomissements fréquents favorisent fortement la contamination (23). Certaines pratiques culturelles peuvent également faciliter la transmission oro-orale. Par exemple, dans certains pays africains, le taux d’incidence chez les enfants en bas âge est plus élevé dans les familles pratiquant la pré-mastication des aliments que dans celles n’ayant pas recours (21,6).

Dans les pays développés, les contaminations oro-orale et gastro-orale sont aussi majoritaires notamment au sein d’une même famille, par la salive et/ou liquide gastrique, des parents aux enfants. L’acquisition est aussi possible au sein des couples si l’un des conjoints est porteur (20).

2.3.Transmission féco-orale

H.pylori ne survit que très rarement au passage intestinal en raison du changement de ph et de la présence de sels biliaires (7). Cependant, à l’occasion d’une diarrhée, les selles peuvent renfermer des bactéries vivantes mais de manière inconstante, ce qui suggère une contamination féco-orale possible par l'intermédiaire des mains.

Cette voie est préférentielle dans les pays les moins avancés en regard des diarrhées fréquentes, de l’hygiène fécale sommaire et de l’absence d’assainissement des eaux usées (24). Dans les pays développés où les familles sont plus petites, les diarrhées moins fréquentes, l’hygiène adaptée et le traitement de l’eau efficace, la probabilité d’une telle transmission semble relativement faible.

2.4.Transmission par les sources d’eau et les aliments

Cette transmission concerne les pays en développement ou la prévalence de l’infection est élevée et l’accès à l’eau potable est limité. La consommation de légumes crus a aussi été incriminée en raison d’une probable pollution par de l’eau contaminée (25). Dans les zones rurales des études ont montré que les enfants nageant dans les rivières et consommant l’eau ont un risque plus élevé d’infection (24,25) toutefois ces données sur la relation entre l’eau et l’infection par H.pylori nécessitent d’être confirmées.

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Cette voie concerne essentiellement les gastro-entérologues qui ont un risque plus élevé d’infection à H pylori lors des endoscopies (25), ainsi que les infirmiers manipulant les sondes gastriques. La transmission peut aussi avoir lieu chez les patients par le biais des appareillages médicaux (endoscopes, instruments d’hygiène dentaire) mal désinfectés. Cependant, les procédures de désinfection minimisent fortement ce mode contamination.

3. Prévalence de l’infection à H.pylori

L'infection à H.pylori est l'infection bactérienne chronique la plus fréquente puisqu'elle touche 50% de la population mondiale. Cette forte prévalence est très inégalement répartie dans la population (Figure 4). La prévalence dans les pays en développement est très élevée pouvant atteindre 90% (26, 27, 28) alors qu'elle est plus faible dans les pays industrialisés(29,30). Ainsi en Amérique du Sud, Bangladesh, et Pakistan la prévalence est de 80%, alors que elle est de 26% en Suisse, 11% en Suède et 20% à 50% en France (30).Les populations les plus touchées dans les pays industrialisés sont les personnes de bas niveau socio-économique et celles originaires de pays en développement. La prévalence dans les pays industrialisés diminue fortement depuis plusieurs décades, vraisemblablement du fait de l'augmentation du niveau de vie, des conditions d’hygiène et de l'utilisation importante des antibiotiques (31). Dans les pays industrialisés, la prévalence s'élève progressivement avec l'âge. Le taux d'infection est de 5 à 10% chez l'enfant et atteint 20 à 50% chez l'adulte. Cette augmentation progressive est due à un effet cohorte. L'infection est acquise dans l'enfance, d’autant plus précocement que le niveau socio-économique est bas et persiste toute la vie de l'individu en absence de traitement efficace. Il y a très peu d'acquisition à l'âge adulte (22). La prévalence pour une tranche d'âge donnée est donc le reflet de la prévalence de l'infection à l'époque de la petite enfance de la population de cette tranche d'âge. Chez l’adulte, le taux d’infection est inférieur à 1% par année. On considère que l’incidence chez l’enfant dans les pays industrialisés est de 1% par an contre 3 à 10% dans les pays en voie de développement (30).

En Afrique, la prévalence globale se situe entre 70 et 98% de la population (26,27,28). Au Maroc l’infection à H.pylori concerne 70% de la population (32,33). Une cohorte rétrospective formée de 3619 cas présentant tous des signes d'appel gastroduodénaux (33), colligés sur une période de 5 ans, a retrouvé une prévalence globale autours de 67.4%. Cette prévalence a connu une régression progressive depuis 1996.

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Figure 4 : Prévalence de l’infection à H.pylori dans le monde (Azevedo et al. 2009)(34)

VI. Aspects cliniques des pathologies associées à H. pylori