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Revue de littérature

V. Épidémiologie, habitat et transmission 1. Niche écologique

2. Pathologies extra-digestives :

Depuis la découverte de H.pylori, de nombreuses études ont été publiées concernant son rôle dans des maladies extra-digestives. L’inflammation chronique de la muqueuse gastrique aurait des conséquences à distance. Certaines publications (49, 50,51) ont d’ailleurs confirmé son implication dans quelques pathologies. Le lien avec le Purpura Thrombopénique Idiopathique (PTI) est aujourd’hui bien établi. Des preuves existent également pour les anémies ferriprives inexpliquées, la carence en vitamine B12 et l’urticaire chronique idiopathique.

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D’autres associations sont encore hypothétiques. De nombreuses recherches sont faites à ce sujet mais les résultats restent souvent contradictoires .les hypothèses physiopathologiques restent fragiles.

2.1.Anémie ferriprive :

cette anémie est relativement répandue à travers le monde, secondaire le plus souvent à une carence martiale ou une inflammation. L’implication de H. pylori dans la survenue d’une anémie ferriprive, a été évoquée après que des études aient montré que, lorsqu’aucune cause n’était retrouvée, notamment chez la femme jeune et l’enfant, l’éradication de la bactérie permettait la résolution de l’anémie avec ou sans supplémentation en fer (49, 50). Plusieurs hypothèses ont été évoquées : interférence de H. pylori via une hémorragie digestive occulte ou la séquestration du fer sans que l’on ait de réelle preuve (51). En revanche, Annibale et al. en 2003, ont montré que les sujets avec une infection à H. pylori et une anémie ferriprive, avaient une augmentation du pH gastrique (pH médian 7) et une diminution de la concentration d’acide ascorbique. Or, le pH optimal pour l’absorption du fer est de 3, et l’acide ascorbique permet la réduction du fer non héminique (Fe3+) que l’on retrouve dans les céréales, produits laitiers et légumineuses en fer héminique (Fe2+), préalable à son utilisation par l’organisme (52). Ciacci et al, ont montré que les sujets infectés, avaient une ferritinémie significativement plus basse que les non infectés et que l’éradication d’H. pylori, permettait une absorption du fer normalisée par rapport à la population témoin et donc, une augmentation de la ferritinémie (53). Ces arguments plaident en faveur d’un rôle de H. pylori dans la survenue de ces anémies ferriprives réfractaires, même s’ils ne donnent qu’une explication parcellaire puisque, par exemple, la prise d’IPP n’engendre pas d’anémie de ce type alors que le pH gastrique est là aussi augmenté.

2.2.Purpura Thrombopénique Idiopathique (PTI) :

Cette affection hématologique se caractérise par une thrombopénie secondaire à une destruction plaquettaire médiée par des auto-anticorps. Elle peut être secondaire à des maladies auto-immunes, infectieuses (hépatite C, VIH), lymphoprolifératives, ou bien être primitive. On parle de PTI lorsqu’aucune cause n’est retrouvée à une thrombopénie < 100 000 Pl/mm3, de plus de 6 mois, que l’on est en présence d’anticorps anti-plaquettes. En 1998, Gasbarrini et al ont montré que le traitement d’éradication d’H. pylori seul, chez des patients avec un PTI et

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une infection à H. pylori, permet une réascension des plaquettes post-éradication de la bactérie et parfois la disparition des anticorps (54). Franchini et al, en 2005, dans une étude portant sur 524 patients ayant un PTI dont 306 infectés par H. pylori, ont montré une efficacité de l’éradication dans 83% des cas, avec dans 50% des cas, une réponse partielle ou complète plaquettaire (55). Enfin, en 2007, Emilia et al, ont rapporté,au cours d’un suivi de 60 mois post-éradication d’H. pylorichez 38 des 75 patients souffrant de PTI, qu’après l’post-éradication de l’infection à H.pylori, une augmentation des Pl a été observée dans 68% des cas. Quand ils s’intéressent au profil des souches de H. pylori chez les patients infectés avec PTI versus une population témoin infectée sans PTI, ils trouvent une proportion significativement plus importante de souches CagA, VacAs1 et iceA dans la population ayant un PTI (56). Ainsi, de plus en plus d’études, particulièrement japonaises et italiennes, ont montré un lien entre l’infection à H. pylori et la survenue d’un PTI. La physiopathologie est encore peu connue. La compilation des 1500 patients étudiés dans la littérature montre un taux de 53 % de réascension plaquettaire suite à l’éradication d’H. pyloridans les 3 mois, avec un maintien dans le temps jusqu’à 5 ans pour l’étude d’Emilia et al(56, 57).

2.3.Carence en vitamine B12 :

La vitamine B12 est apportée chez l’homme exclusivement par l’alimentation. Elle est liée aux protéines animales dont elle est libérée sous l’action de la pepsine et de l’acide gastrique. Lors de l’infection par H. pylori, la gastrite engendrée s’accompagne d’une diminution de la sécrétion acide et de la pepsine. La conséquence est la diminution de la vitamine B12 et une hyperhomocystéinémie. Il a été démontré chez les sujets âgés plus de 60 ans, en dosant l’homocystéinémie et la vitamine B12 dans leur sang avant et après éradication de H. pylori, que l’éradication de la bactérie permettait une augmentation significative du taux de vitamine B12 dans le sang à 6 et 12 mois et une diminution de l’homocystéinémie (58).

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2.4.Pathologies dermatologiques :

Il n’existe pas de données probantes sur un rôle de H. pylori dans les dermatoses. Les études menées le sont souvent sur de petits effectifs. Il semble toutefois que, seul pour l’urticaire chronique, il y ait quelques données qui orientent vers un intérêt à l’éradication de la bactérie, bien qu’elles ne soient pas statistiquement significatives (59), là encore, les études se contredisent (60). En revanche, concernant la rosacée, le psoriasis et la dermatite atopique, on ne retrouve pas d’association avec H. pylori(61).

2.5.Pathologies cardiovasculaires :

Il en est de même, à l’heure actuelle on ne retrouve qu’une faible association entre pathologie athéromateuse et H. pylori. Peu d’arguments sont en faveur d’une association au phénomène de Raynaud (57).

2.6.Pathologies broncho-pulmonaires :

Des études cas-témoins basées sur des explorations sérologiques de l’infection à H. pylori semblent montrer qu’il existe un lien entre celle-ci et la bronchite chronique, les bronchectasies, la tuberculose pulmonaire et le cancer broncho-pulmonaire (62). Cependant, des études plus approfondies doivent être menées afin d’apporter de réelles preuves de ce lien.

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H. pylori possède une multitude de facteurs de virulence codés par des gènes dont le polymorphisme est à la base d’une pathologie plus ou moins sévère. Ces facteurs de pathogénicité peuvent déclencher et moduler la nature de la réponse inflammatoire et altérer l’intégrité de la muqueuse gastrique conférant à cette bactérie un caractère carcinogène et pro-inflammatoire.

H. pylori colonise très efficacement la muqueuse grâce à sa motilité, son chimiotactisme, sa résistance à l’acidité gastrique et son adhésion aux cellules épithéliales. La persistance de l’infection à H. pylori est rendue possible par des stratégies d’échappement aux défenses immunitaires via des mécanismes enzymatiques, des capacités à faire varier les motifs antigéniques présents à sa surface et le relargage d’antigènes immunodominants servant d’appâts aux anticorps (63).