CHAPITRE I. SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
I. Notions et processus hydrologiques
I.4. Les transferts de l'eau au sein des bassins versants
De manière générale, le devenir de l'eau dans un bassin versant après une précipitation peut être
schématisée sous deux cheminements principaux : d’une part le ruissellement et d’autre part les
écoulements souterrains alimentés par l’infiltration (percolation et écoulement de nappe). Les
différents processus d’écoulement et de transferts au sein des hydrosystèmes sont synthétisés dans la
(Figure I.11).
Figure I.11 : Les principaux écoulements d’eau au sein des bassins versants.
I.4.1. Les précipitations et l'évapotranspiration
On appelle précipitation l'eau qui tombe de l'atmosphère sous forme liquide ou solide. Elle résulte de
la condensation de l'humidité dans l'atmosphère en raison du refroidissement d'un volume d'air. Les
précipitations constituent la composante fondamentale de l’hydrologie et la connaissance de cet
apport d’eau au sol est essentielle pour comprendre l’état des réserves en eau de sol, la recharge des
nappes et le régime des cours d’eau. La précipitation se produit sous diverses formes. La pluie est une
précipitation qui est à l'état liquide lorsqu'elle atteint le sol. Les précipitations qui tombent sur le sol à
l'état solide ne peuvent pas faire partie du ruissellement jusqu'à ce que la fusion se produise. Le temps
entre la chute et la fonte, qui induit un stockage et surtout une accumulation de cette eau sous forme
solide, conditionne profondément le régime du cours d’eau. Après la chute, la pluie subit des
prélèvements successifs (Cosandey et al., 2012) qui permettent de qualifier une pluie en terme de :
• Pluie nette, pour la pluie qui arrive au sol après les prélèvements de l’interception.
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• Pluie efficace, terme utilisé par les hydrogéologues, est celle qui participe aux écoulements (la
partie qui attient la nappe et recharge la réserves hydrologique et la partie qui ruisselle
jusqu’au cours d’eau.).
L'évaporation est le processus par lequel l'eau de la surface des terres et de l'eau est transformée en
vapeur d'eau et retourne dans l'atmosphère. Il se produit continuellement lorsque l'air est saturé et les
températures sont suffisamment élevées. L'évaporation à partir des océans est le principal mécanisme
qui supporte la partie du cycle de l'eau de la surface vers l'atmosphère. La grande surface des océans
(plus de 70 pour cent de la surface de la Terre est recouverte par les océans) offre la possibilité que
l'évaporation se produise à grande échelle. À l'échelle mondiale, la quantité d’eau évaporée est
environ la même que la quantité d'eau rendue à la Terre sous forme de précipitations. Mais
l'évaporation est plus répandue dans les océans que les précipitations, tandis que sur la terre, les
précipitations dépassent régulièrement l'évaporation. La plus grande partie de l'eau qui s'évapore des
océans retombe dans les océans sous forme de précipitations. Seulement environ 10 pour cent de
l'eau évaporée des océans est transporté sur la terre et tombe sous forme de précipitations. Dans un
bassin versant, l'évaporation se produit de plusieurs façons : l'évaporation de la pluie et de la neige
interceptée, l'évaporation du sol nu et plans d'eau, tels que les étangs, les lacs et les cours d'eau, et la
transpiration des feuilles (Redding et Devito, 2008). L’évapotranspiration regroupe à la fois les flux
d'évaporation physique et de transpiration biologique. La transpiration est l'élimination physique de
l'eau du bassin versant par les actes de la vie liés à la croissance de la végétation. Dans le processus
de la respiration, les plantes au sens large consomment l'eau du sol et de la vapeur d’eau dans l'air par
leur feuillage. Ce processus n'est significatif que lorsqu'il est considéré sur une longue période de
temps, et a un effet minime sur les eaux de ruissellement résultant d'un seul orage pour un bassin
versant.
I.4.2. L’infiltration
L'infiltration est l'écoulement d'eau dans le sol par percolation à travers celui-ci. C’est un processus
très complexe qui dépend de nombreux facteurs tels que le type de sol, la couverture végétale, les
conditions d'humidité ou la durée de temps sec depuis la dernière précipitation, l'intensité des
précipitations et de la température. L'infiltration est souvent le phénomène d’abstraction le plus
important dans la détermination de la réponse hydrologique d'un bassin versant après des
précipitations. C'est pourquoi on trouve plusieurs modèles pour estimer l'infiltration dans un bassin
versant. Parmi ceux-ci, nous pouvons retenir deux grandes approches :
• Une approche basée sur des relations empiriques, à 2, 3 ou 4 paramètres (par exemple,
la formule de Horton et la formule de l'Institut d'Aménagement des Terres et des Eaux
de l'EPFL) (Bennis, 2007).
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• Une approche à base physique (par exemple, le modèle de Philip et le modèle de Green
et Ampt) (Hingray et al., 2009).
I.4.3. Le ruissellement
L'eau qui ne s’est pas infiltrée quitte le bassin versant par le ruissellement de surface. La vitesse
d'écoulement ou ruissellement à un instant donné, en termes de volume par unité de temps, est appelé
décharge. Quelques caractéristiques de ruissellement qui sont importantes pour la compréhension du
phénomène sont: (1) le débit maximal ou pic du taux d'écoulement; (2) la variation de décharge en
fonction du temps ; (3) la relation hauteur-débit; (4) le volume total de l'écoulement; et (5) la
fréquence de décharge d’amplitude spécifiée susceptibles d'être égale ou supérieure à une certaine
valeur (probabilité de dépassement) (Musy et Higy, 2004 ; Cosandey, 2012).
Les variations spatiales et temporelles des précipitations et les variations simultanées des processus
d'abstraction individuels déterminent les caractéristiques du ruissellement d'un évènement donné.
Quelques-uns des nombreux facteurs qui déterminent le caractère hydraulique du ruissellement
naturel sont la surface de ruissellement, la pente, la rugosité hydraulique, les conditions d'humidité
antécédentes, l'urbanisation et d'autres facteurs. L'effet que chacun de ces facteurs a sur le
ruissellement est souvent difficile à quantifier.
Normalement nous distinguons deux types de ruissellement :
• L’écoulement par dépassement de la capacité d’infiltration (écoulement hortonien). Ce type
d’écoulement se produit sur des sols très faiblement perméables, comme des argiles ou des marnes. Il
peut également se produire lorsque le sol est tassé en surface, notamment sur les chemins, les zones
de forte concentration en troupeaux, les portions de champs subissant le passage répété d’engins
agricoles. Le ruissellement hortonien survient lorsque l’intensité de la pluie (IP en mm/h) est
supérieure à la capacité d’infiltration du sol (CI en mm/h).
- Si IP <CI : il n’y a pas de ruissellement
- Si IP>CI : il y a ruissellement R avec R=P-CI.
• L’écoulement sur surfaces saturées. Il se produit lorsque la capacité du sol à stocker l'eau est
épuisée et lorsque la capacité à transmettre latéralement le flux d'eau est dépassée. Par conséquent,
l'eau ne pourra plus s'infiltrer et va s'écouler en surface. Dans ce type de ruissellement, les pluies (P)
qui tombent sur un bassin versant ne peuvent pas s’infiltrer et ruissellent vers la rivière : dans ce cas
R=P et I=0 (avec I, infiltration). Contrairement au ruissellement hortonien, les quantités ruisselées
ne dépendent pas de l’intensité des pluies.
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I.4.4. Les écoulements de subsurface et souterrains: percolation et écoulements de nappe
I.4.4.1. Les écoulements dans le sol
a) Alimentation et stockage d’eau
La teneur en eau est fonction de la porosité et de la perméabilité du sol. Le volume maximal d’eau
qu’un sol peut contenir correspond à la capacité de rétention du sol qui dépend essentiellement de la
texture du sol. Elle diminue des argiles vers les limons et les sables. Lorsque la capacité de rétention
est atteinte, l’eau se situe dans les porosités gravitaires où elle va percoler ou rejoindre la nappe
(Cosandey et al., 2012).
b) Déplacement de l’eau dans le sol : processus de percolation
La percolation désigne l’écoulement de l’eau dans le sol (milieu poreux proche de la saturation) en
direction de la nappe phréatique, sous l’influence majeure de la gravité. Ce processus succède à
l’infiltration et participe majoritairement à l’alimentation en eau des nappes souterraines.
L’augmentation de la teneur en eau en surface sous l’effet des précipitations ne détermine pas
automatiquement un transfert en profondeur : l'eau peut rester retenue dans le sol par les forces
d’attraction exercées par le sol sur l’eau (force de capillarité). Dans le sol, l’eau s’écoule
essentiellement verticalement, sous l’effet de la gravité. Des écoulements horizontaux peuvent se
développer localement dans le cas où un horizon de sol peu perméable est présent à faible
profondeur, par exemple au niveau d’une semelle de labour.
I.4.4.2. Les écoulements dans la nappe
a) Alimentation et stockage d'eau dans la nappe
La nappe est alimentée par l’eau de la recharge. La capacité de stockage des nappes dépend de la
porosité de la roche mère (volume des fissures). Seule une fraction du volume d’eau contenu dans les
nappes, l’eau gravitaire, est mobile. L’autre fraction, l’eau de rétention, n’est pas mobilisable, car elle
est retenue dans les vides, à la surface des grains ou des parois des fissures, par des forces supérieures
à celle de la gravité. Le volume d’eau mobile est caractérisé par la porosité efficace, correspondant au
rapport du volume d'eau gravitaire au volume total de la roche saturée en eau (Magnan, 1999).
b) Déplacement de l’eau dans la nappe
Dans la nappe, la gravité et la pression font migrer l’eau du point haut du bassin versant vers la
rivière ou point bas. Les écoulements de nappe sont essentiellement latéraux : la circulation de l’eau
au sein de la nappe suit le champ de potentiel et se fait selon des boucles qui peuvent s’approfondir si
elles ne sont pas limitées par une barrière imperméable.
La vitesse de transfert de l’eau dans la nappe dépend :
-De la conductivité des milieux : celle-ci est liée à la nature des milieux traversés (nature de la
roche mère, degré d’altération). Les propriétés physiques des milieux vont conférer aux « réservoirs
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hydrologiques » des propriétés différentes. La conductivité des milieux est constante dans le temps
mais très variable dans l’espace au sein d’un même bassin versant, et d’un bassin à l’autre.
- Des gradients hydrauliques : les écoulements de nappe sont déterminés par la différence de
charge hydraulique entre deux points. Le gradient hydraulique correspond à la pente de la surface de
la nappe. Plus ce gradient est fort, plus la vitesse de transfert est élevée. Le gradient hydraulique est
variable au cours du temps : les pluies hivernales contribuent à l’augmentation du gradient par la
mise en charge de la nappe (Musy et Higy, 2004).
Dans le document
Pollution anthropique de cours d'eau : caractérisation spatio-temporelle et estimation des flux
(Page 36-40)