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Chapitre 1 : Introduction

1.4 Transfert des connaissances

« Entre le moment où Lancaster a démontré que le jus de citron pouvait prévenir le scorbut et le moment où la marine marchande britannique a intégré les agrumes dans le régime alimentaire de ses équipages, il s’est écoulé 263 ans. » (Lomas, 2000) (p.142). Cette citation illustre bien le rôle crucial du transfert des connaissances. La prochaine section abordera justement le transfert des connaissances, la pertinence de l’évaluer ainsi que les liens pouvant être établis entre celui-ci et la détresse psychologique chez les étudiants universitaires.

Selon le Fonds de recherche en santé du Québec (2011), le transfert des connaissances se définit ainsi : « ensemble des efforts consentis pour contribuer à faire connaître et reconnaître les activités et les résultats de recherche en sciences sociales et humaines, en arts et en lettres en vue de leur utilisation par les milieux de pratique, les décideurs et le grand public, que la démarche soit interactive ou non ». Malheureusement, malgré la quantité importante d’articles scientifiques produits chaque année dans le monde, peu de chercheurs transmettent les connaissances acquises à la population étudiée (Lemire, Souffez, & Laurendeau, 2009). En effet, seul le tiers des organisations canadiennes de recherche appliquée (p.ex. Institute for Work & Health, Canadian Cochrane Network and Centre) ont développé des documents transmettant un message ou des pistes de

solution à un auditoire plus large que celui faisant la lecture des rapports de recherche (Lavis, Robertson, Woodside, McLeod, & Abelson, 2003).

1.4.1 Avantages du transfert des connaissances

Comme indiqué précédemment, peu d’organisations de recherche transmettent à un large public les connaissances acquises dans le cadre de leurs études (Lavis et al., 2003; Lemire et al., 2009). Pourtant, ce type d’activité est associé à plusieurs avantages. Sur le plan éthique, la transmission des connaissances permet une sensibilisation de la communauté auprès de laquelle la recherche fut menée (Fonds de recherche en santé du Québec, 2011; Lemire et al., 2009). La transmission du savoir peut aussi favoriser la mobilisation de la communauté et la mise en place d’interventions (Lapointe, 2008). Ainsi, dans le cadre de cette thèse, le fait de sensibiliser la communauté universitaire à la détresse psychologique des étudiants pourrait favoriser l’identification des étudiants à risque et la mise en place d’interventions appropriées.

Selon la littérature, un autre avantage de la transmission des connaissances est l’augmentation du sentiment d’efficacité personnelle des participants visés par l’activité de transfert (Schuck, Otten, Kleinjan, Bricker, & Engels, 2014). Plus précisément, le sentiment d’efficacité personnelle fait référence aux croyances d’un individu en ses capacités à adopter un comportement (Bandura, 2006; Schuck et al., 2014). L’étude de Schuck et ses collaborateurs (2014) illustre l’effet d’une activité de transfert des connaissances sur l’efficacité personnelle. Ces auteurs ont transmis des brochures d’information portant sur la cigarette et ont offert des ateliers sur le sujet. Ils constatent que ces interventions ont augmenté le sentiment d’efficacité personnelle des participants quant à l’arrêt de la consommation de cigarettes. Des parallèles peuvent être réalisés entre les résultats de Shuck et al. (2014) et le transfert des connaissances relatives au phénomène de la détresse psychologique chez les étudiants universitaires. En effet, le fait de transmettre certaines des connaissances acquises dans le cadre de ce projet de thèse à la communauté universitaire pourrait augmenter le sentiment

d’efficacité personnelle à effectuer certaines actions telles qu’identifier la détresse psychologique chez un étudiant et le référer vers les ressources appropriées.

En plus d’être efficace pour augmenter le sentiment d’efficacité personnelle, il a été démontré que la transmission des connaissances permet de moduler la perception des connaissances sur certains risques concernant la santé (Lipkus, Eissenberg, Schwartz-Bloom, Prokhorov, & Levy, 2011). La perception des connaissances se distingue des connaissances factuelles, car elle constitue l’évaluation subjective de l’individu quant à ses connaissances (Likpus et al., 2011). Les auteurs Morin, Potin, Perrin, Thiercelin & Perrotin (2011), ont étudié l’effet d’un dépliant d’information, portant sur les risques d’infection au VIH durant la grossesse, sur la perception des connaissances et sur les comportements de femmes enceintes. En se fiant à leurs résultats, il est possible de croire qu’une activité de transfert des connaissances relatives au phénomène de la détresse psychologique chez les étudiants universitaires puisse augmenter la perception des connaissances face à cette problématique, et ce, chez les membres de la communauté universitaire ayant participé à l’activité de transfert. Le transfert des connaissances permet également de changer les perceptions de professionnels de la santé. En effet, selon les résultats d’une étude, des professionnels peuvent modifier les conseils donnés à la suite d’une campagne d’éducation (Waddell, O'Connor, Boorman, & Torsney, 2007).

1.4.2 Évaluation d’une activité de transfert

Les avantages du transfert des connaissances sont multiples (p.ex. Lapointe, 2008; Lemire et al., 2009; Lipkus et al., 2011; Lipkus, Eissenberg, Schwartz- Bloom, Prokhorov, & Levy, 2014). Cependant, afin de déterminer l’envergure de ces avantages, il est primordial d’évaluer l’efficacité des activités de transfert (Mitton, Adair, McKenzie, Patten, & Perry, 2007). Mitton et al. (2007) ont réalisé une revue de littérature sur le transfert et l’échange des connaissances. Selon les résultats de ces auteurs, seulement la moitié des études recensées évaluait l’efficacité de leur activité de transfert et uniquement le tiers le faisait avec des

outils de mesure clairement définis. Selon les résultats de la revue de littérature de Mitton et al. (2007), les études dans ce domaine mettent l’accent sur la description de l’activité de transfert plutôt que son évaluation (Mitton et al., 2007). Cependant, en l'absence d'évaluation rigoureuse, il y a peu de fondement à généraliser les résultats de ces études à d’autres contextes (Mitton et al., 2007). Ainsi, en plus de transférer les connaissances relatives à la détresse psychologique chez les étudiants universitaires, il serait pertinent d’évaluer l’efficacité de ces activités de transfert. Dans cette optique, une évaluation d’une activité de transfert des connaissances sera réalisée dans le cadre de cette thèse. Jusqu’à maintenant, selon nos recherches, aucune étude n’a évalué de façon rigoureuse une activité de transfert des connaissances relatives à la détresse psychologique des étudiants universitaires.

1.4.3 Transfert des connaissances par l’intermédiaire d’un dépliant

Dans le cadre de ce projet de thèse, un dépliant numérique sera envoyé aux représentants universitaires et aux membres du personnel de l’Université Laval afin de les sensibiliser à la problématique de la détresse étudiante. Par la suite, l’efficacité de cette activité de transfert sera évaluée par l’intermédiaire de questionnaires. Ce dépliant visera le transfert de certaines connaissances acquises grâce au projet de thèse. La transmission d’informations par l’intermédiaire d’un dépliant nécessite peu de ressources (Lowry, 1995). Certaines études, comme celle de Hsiung (1997), ont démontré les bienfaits de l’utilisation de dépliant disponible sur internet pour informer les étudiants de certaines composantes de la détresse psychologique, telles que les symptômes anxieux et dépressifs. De plus, d’autres études démontrent que des intervenants et le grand public peuvent être sensibilisés à une problématique par l’entremise de dépliants (Waddell et al., 2007).