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Des trajectoires de développement équivoques en Afrique Sub-Saharienne : les

1. L’Afrique Sub-Saharienne : perspectives de croissance équivoques dans

1.1. Une croissance économique forte mais irrégulière et très hétérogène

1.1.1. Des trajectoires de développement équivoques en Afrique Sub-Saharienne : les

Durant toute la décennie 1960-1970, de nombreux pays ont choisi d’accélérer leur processus d’industrialisation via l’adoption de politiques de substitution aux importations, le but étant de faciliter l’essor d’un secteur manufacturier national, garantissant à celui-ci un accès privilégié au marché domestique, et ce grâce à des restrictions significatives sur les importations. 4 Ces régimes de croissance, à bien des égards, sont assimilables à ceux

pratiqués dans les pays de l’Asie de l’Est (Kim & Lau, 1994 ; Young, 1995 ; Krugman, 1994). Toutefois, ces politiques appliquées aux pays de l’Afrique Sub-Saharienne n’ont pas eu les effets escomptés. Les taux de croissance du PIB par habitant sont, en effet, restés à des niveaux relativement modérés et l’Asie de l’Est, qui a connu un décollage plus précoce, continue à l’heure actuelle à croître à des taux beaucoup plus élevés que ceux des pays de l’Afrique Sub-Saharienne. Outre l’importance des facteurs non économiques (instabilité politique et sociale de la zone), certains auteurs mettent en exergue le rôle des différences de spécialisation entre les pays de l’Afrique Sub-Saharienne, les politiques de substitution aux importations et de promotion des exportations n’ayant pas permis de faire émerger des entreprises suffisamment compétitives pour exporter sur les marchés mondiaux (Bigsten &

4 Ces restrictions en usage excluent l’ensemble des biens intermédiaires et d’équipement. Les politiques de

substitution s’appuient, par ailleurs, sur un système financier très administré (avec notamment le plafonnement des taux d’intérêts ou l’allocation des crédits) (Agence Française de Développement, 2015).

Söderbom, 2010). Les pays de l’Afrique Sub-Saharienne restent, en effet, extrêmement dépendants de leurs exportations de produits de base, les structures économiques étant extrêmement concentrées 5

Cette concentration a donc pesé lourdement sur les problématiques liées au processus de

transformation structurelle des pays de l’Afrique Sub-Saharienne. 6Ces derniers étaient, en

effet, plus concentrés que les économies asiatiques avant leur décollage (en référence année 1990). L’explication centrale réside dans les différences de situations initiales, notamment du point de vue de la dotation en ressources naturelles des pays de l’Afrique Sub-Saharienne. Par ailleurs, les pays asiatiques ont eu tendance, en moyenne, à se diversifier bien plus rapidement que la majeure partie des pays de l’Afrique Sub-Saharienne, suggérant une transformation structurelle de ces économies plus lentes (Rodrik & McMillan, 2011) 7.

D’ailleurs, les pays de l’Afrique Sub-Saharienne ayant connus des taux de croissance les plus significatives sont ceux qui ont des degrés de diversification relativement plus faibles (citons les cas des principaux pays exportateurs de pétrole comme la Guinée équatoriale, l’Angola, ou le Nigéria).

Le peu de diversification dans les pays de l’Afrique Sub-Saharienne s’est traduit par de faibles transferts de main d’œuvre des secteurs dans lesquels la productivité est faible vers les secteurs à productivité élevée, l’augmentation de la productivité constatés dans les années

5 Les économies de l’Afrique Sub-Saharienne demeurent sujettes aux brusques retournements observés dans les

termes de l’échange. Ainsi, une hausse des cours des matières premières est généralement interprétée comme l’élément déclencheur de périodes de très forte croissance pour les pays exportateurs (provoquant une hausse de l’investissement, de l’épargne et une rentabilité accrue du capital dans le secteur primaire). Il s’ensuit une concentration des activités économiques des pays concernés beaucoup plus forte. Dans un pays en voie de développement, en effet, où le niveau des exportations reste généralement faible, la production et l’exportation d’un bien primaire conduit à une concentration du panier dit « à la marge intensive ». Ces pays demeurent toutefois fortement exposés aux fluctuations erratiques observées sur les cours mondiaux (comme ce fut le cas notamment à partir des années 1980 en Afrique Sub-Saharienne).

6 Plusieurs études centrées sur la composition sectorielle du PIB de chaque pays de l’Afrique Sub-Saharienne

montrent que la structure de production des économies de ces pays a été constante entre les années 2000 et 2016 (Banque Africaine de Développement, 2018). La part du secteur manufacturier extractif dans la richesse produite a augmenté entre les années 2000 et 2008, pour décliner en 2009, et enfin remonter à partir de 2012 et jusqu’en 2015 (l’amorce de ce déclin reflétant davantage les ajustements à moyen terme aux prix des matières premières). Néanmoins, ces fluctuations erratiques mettent en exergue les bouleversements intervenus au niveau de la demande et des prix à l’échelle mondiale, plutôt que les changements structurels. Le secteur agricole représentait 18,9 % de la production dans les années 2000 et 19,2 % en 2016. En seize an, les services n’ont gagné que l’équivalent de deux points de pourcentage sur l’industrie manufacturière.

7 Très peu de pays de l’Afrique Sub-Saharienne ont atteint des niveaux de diversification comparables à ceux des

2000 (+ 2,2 % entre 2000 et 2013) étant essentiellement due à la croissance intersectorielle. Cette caractéristique est spécifique à l’échelle des pays de l’Afrique Sub-Saharienne8.

Les dynamiques de croissance économique n’ont pas permis de placer l’Afrique Sub- Saharienne sur une trajectoire globale de convergence par rapport à la moyenne mondiale. De considérables écarts en termes de développement économique et de niveaux de vie subsistent. A présent, que se passe-t-il au niveau des économies africaines ? Peut-on identifier certains facteurs d’homogénéité entre les zones géographiques de l’Afrique Sub-Saharienne ?

1.1.2. Une forte hétérogénéité entre les pays de l’Afrique Sub-Saharienne : analyse des

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