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Une forte hétérogénéité entre les pays de l’Afrique Sub-Saharienne : analyse des

1. L’Afrique Sub-Saharienne : perspectives de croissance équivoques dans

1.1. Une croissance économique forte mais irrégulière et très hétérogène

1.1.2. Une forte hétérogénéité entre les pays de l’Afrique Sub-Saharienne : analyse des

D’un point de vue statistique général, les chiffres de la croissance économique agrégés empêchent de saisir les fortes disparités qui demeurent entre les pays, a fortiori à l’échelle continentale. C’est le cas de l’Afrique Sub-Saharienne9. Il en va de même des écarts de niveaux

de revenus, de la dépendance à l’égard des exportations de produits de base, de la stabilité politique et sociale et des politiques macroéconomiques et structurelles menées.

D’une manière générale, les pays pauvres en ressources, portés par une production agricole, une demande de consommation et des investissements publics, connaissent des taux de croissance bien supérieurs au reste des autres pays de l’Afrique Sub-Saharienne (ce fut le cas du Sénégal : 7 % ; du Rwanda : 7,2 % ; et de la Côte d’Ivoire : 7,4 %). Les pays exportateurs de produits de base ont quant à eux connu des performances économiques en demi-teinte, voir négatives (dont l’Angola : 0,7 %). Les deux principales économies de l’Afrique Sub- Saharienne que sont le Nigéria et l’Afrique du Sud ont tiré, par ailleurs la croissance moyenne de la zone vers le bas.

Si l’on compare les zones géographiques de l’Afrique Sub-Saharienne entre elles, on constate que l’Afrique de l’Est réalise la plus forte croissance. Ce grand ensemble devrait connaître une croissance économique avoisinant les 5,9 % en 2019, et 6,1 % en 2020 (Banque

8 En Asie et en Amérique latine, un important transfert de main d’œuvre a eu lieu de l’agriculture vers les services

entre les années 1990 et 2005.

9 Entre 1995 et 2013, huit pays enregistrèrent des taux de croissance annuels moyens négatifs (Zimbabwe,

Africaine de Développement, 2019). Entre 2010 et 2018, la croissance économique s’est établie en moyenne à 6 %10. Portée par d’importants flux d’investissements directs à l’étranger

(IDE), les dynamiques de croissance économique observées au sein des pays de l’Afrique de l’Est s’expliquent en grande partie par l’émergence du secteur des services et de la construction, mais aussi dans certains pays (Tanzanie) par l’agriculture, cette dernière y réalisant de bonnes performances.

L’Afrique de l’Ouest a enregistré une forte croissance jusqu’en 2014. Mais des causes externes liées au virus Ebola ou à la chute des produits de base ont considérablement freiné le rythme de celle-ci. Le Nigeria, principale économie de l’Afrique de l’Ouest et plus gros exportateur de pétrole du continent, a connu une récession d’ampleur en 2016. La production pétrolière est restée relativement modeste et la croissance du secteur non pétrolier a même ralenti, même si une reprise y est annoncée. La croissance économique du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Ghana, de la Guinée et du Sénégal de 5 % ces deux dernières années, devrait se maintenir à l’horizon 2019-2020.

La croissance en Afrique centrale se rétablit graduellement, mais elle reste inférieure à la moyenne de l’Afrique dans son ensemble. Elle demeure supportée par la reprise des prix des produits de base et une meilleure production agricole. En matière de choix de politiques macroéconomiques, plusieurs pays en Afrique Centrale ont opté pour des plans de réduction des dépenses publiques, y compris en matière d’investissement, afin de restaurer la soutenabilité de la dette. En termes d’évaluation de l’exploitation des ressources, le cas de la Guinée équatoriale est particulièrement représentatif de la non diversification des économies africaines. Après une croissance rapide, l’économie de la Guinée équatoriale se resserre depuis 2013 car la production de pétrole diminue et le secteur non pétrolier est trop faible pour compenser cette situation. En 2018, le PIB réel y était inférieur d’environ un tiers à ce qu’il était six ans auparavant.

En Afrique australe, la croissance économique devrait rester modérée en 2019 et 2020, et ce après une légère reprise en 2017 et 2018. Cette croissance modeste de la région est

10 Alors qu’un groupe de pays composé de Djibouti, de l’Éthiopie, du Kenya, de l’Ouganda, du Rwanda et de la

Tanzanie affiche des taux de croissance économique nettement supérieurs à la moyenne, de nombreux pays parmi lesquels le Burundi, les Comores, ou le Soudan du Sud demeurent durablement impactés par des incertitudes au niveau politique.

principalement due aux performances économiques en demi-teinte enregistrées par l’Afrique du Sud, pesant durablement sur ces voisins. La faiblesse des investissements publics et privés, associée aux risques de dégradation de la notation de son crédit souverain, sont autant de causes expliquant le ralentissement de la principale économie de l’Afrique Sub-Saharienne. Néanmoins, quelques pays en Afrique Australe maintiennent de bonnes performances économiques. C’est le cas du Botswana, dont la croissance économique s’est considérablement accélérée sous l’impulsion du commerce des diamants, du secteur des services et de l’investissement, mais aussi grâce à un secteur agricole performant (dont l’activité économique fut considérablement entravée par des épisodes de sécheresse successifs). Cette activité économique accrue a notamment été favorisée par une politique fiscale expansionniste mêlée à une politique monétaire accommandante, en raison d’une inflation modérée. L’ile Maurice poursuit également une croissance effrenée, principalement due à une forte consommation et de meilleures exportations, notamment le tourisme.

Malgré une reprise économique annoncée11, les frémissements de la croissance

économique et ses fluctuations erratiques méritent de poser dans des termes urgents, mais sans doute aussi originaux, les questions relatives aux contraintes structurelles encadrant depuis de nombreuses années le rythme de la croissance économique en Afrique Sub- Saharienne. En effet, au constat de performances économiques très hétérogènes au sein de la zone Sub-Saharienne s’ajoute un paradoxe en matière énergétique, résultant d’une inadéquation profonde entre les ressources énergétiques disponibles et le manque d’accès à l’électricité.

1.2. L’énergie, une contrainte structurelle de la croissance de l’Afrique

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