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2. Les maladies inflammatoires de l’intestin

2.1.4. Traitements

L‘objectif principal visé par les traitements médicaux chez les patients MIIs est de contrôler l’inflammation et réduire les symptômes, permettre une rémission clinique sans utilisation de stéroïdes et si possible favoriser la réparation des muqueuses (79).

Pour la colite ulcéreuse (CU), les différentes thérapies et leur mode d’administration dépendent de la sévérité de la maladie (23, 79). Les patients ayant des manifestations légères sont souvent traités avec des aminosalicylates alors que les corticostéroïdes sont utilisés chez les patients ayant des manifestations modérées à sévères. Ces derniers causent des effets

secondaires importants. Pour les patients démontrant des symptômes plus sévères, les cyclosporines sont favorisées. Toutefois, ils peuvent causer de très sérieux effets secondaires et ne sont donc pas recommandées sur de longue durée. Plus récemment, les médicaments dits biologiques tels que les anti-TNF ont fait leur apparition et peuvent être utilisés seuls ou en combinaison avec les thérapies conventionnelles.

Le choix de la thérapie pour la maladie de Crohn (MC) dépend aussi de la localisation anatomique des lésions et de leur sévérité (79). Les aminosalicylates et les antibiotiques sont généralement favorisés lorsque la maladie se présente avec des manifestations légères touchant la muqueuse. On les emploie principalement pour les iléites, iléocolites et colites de Crohn malgré une efficacité moindre que chez les sujets atteints de la CU. Les antibiotiques sont utilisés comme traitement adjuvant dans les cas de colite de Crohn luminale, de la MC avec fistules péri-anales, d’une iléocolite post-opération, de la CU et de la pouchite. Les glucocorticoïdes sont, quant à eux, utilisés pour des traitements courts et avec des doses décroissantes, sous forme orale ou intraveineuse. Ils sont essentiellement utilisés chez des patients MC modérés ou sévères qui débutent des symptômes ou qui ont une augmentation subite des symptômes. Un traitement stéroïdien est souvent utilisé en combinaison avec un traitement non-stéroïdien. Les glucocorticoïdes non-systémiques peuvent être efficaces pour la maintenance à court terme (6 mois-1 an) de la rémission, dans les cas d’iléites et iléocolites modérées. Les immunomodulateurs sont utilisés dans les cas où les patients MC sévères ne répondent pas aux autres traitements ou chez lesquels les symptômes recommencent malgré les traitements. Ils peuvent amener une rémission et la maintenir. Les thérapies biologiques par anti-TNF sont efficaces pour induire et maintenir la rémission chez la MC actives luminales et dans les maladies à pénétrance (fistules). Pour les maladies péri-anales incluant les abcès et les fistules, des combinaisons de traitements sont utilisées (79). Des associations de médicaments peuvent être utilisées pour des thérapies de maintenance (23).

Les antibiotiques altèrent la composition microbienne. L’homéostasie microbienne est souvent affectée par une perte de la complexité des espèces, surtout les bactéries ayant des fonctions de protection, ce qui augmente les risques d’infection ou de dysbiose. De plus, les antibiotiques causent la réduction de l’épaisseur de la couche de mucus, réduisant sa fonction de barrière (78). Plutôt que de traiter les patients MIIs avec des antibiotiques, le repeuplement

de l’habitat de l’intestin par un microbiome sain (probiotiques) gagne en popularité depuis quelques années (23). Des études préliminaires ont démontré l’importance de la complexité et de la composition utilisées pour différents sous-types de la maladie. Certaines études démontrent l’efficacité de la transplantation du microbiome fécal (fecal microbiota transplantation (FMT)), particulièrement certaines communautés, contre les infections à Clostridium difficile (78). Il y a déjà quelques études faites chez les patients MIIs mais plus d’études sont nécessaires afin de conclure (87).

Une colectomie complète est considérée dans les cas où un patient avec une maladie modérée à sévère subit plusieurs rechutes et ne répond pas aux différents traitements. Il est courant que les patients ayant été opérés développent une pouchite et les anti-TNF aident les patients MC à éviter une rechute post-opérationnelle (79).

Les thérapies biologiques pour le traitement des MIIs visent des cytokines présentes dans la lamina propria des patients et qui sont responsables de la maintenance de l’inflammation chronique de la muqueuse intestinale. Parmi ces thérapies, il y a les anti-TNFα monoclonales. Elles permettent de maintenir la rémission chez des patients MC, même ceux ayant des formes sévères de la maladie. Elles permettent aussi la réparation mucosale, la rémission clinique et réduit les cas d’hospitalisation et les procédures chirurgicales. Ces traitements sont spécifiques et leurs mécanismes d’action sont directs mais les coûts sont très grands. Il s’agit donc, pour l’instant seulement d’une alternative utilisée chez les patients qui ne répondent pas aux traitements de corticostéroïdes et aminosalicylates (23). Aussi, certains traitements inhibent l’adhésion et la migration leucocytaires aux niveaux des tissus inflammés par l’utilisation d’anticorps contre des molécules d’adhésion (88). Parmi ces molécules, on retrouve les intégrines à la surface des leucocytes qui sont impliquées dans leur adhésion, leur migration de la circulation vers les tissus et leur permet d’activer les cellules immunitaires (89). Bien que ces thérapies se montrent intéressantes pour le traitement des patients qui ne répondent pas ou qui sont intolérants aux autres thérapies plus traditionnelles, des recherches plus approfondies seront nécessaires afin d’augmenter leur efficacité (90).