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CHAPITRE II: LE PREMIER MANUSCRIT

4.5 LE TRAITEMENT AVEC LA SILIBININE

Le chardon-Marie (Silybum marianum) est la plante médicinale la plus

largement utilisée à travers le monde pour ses effets bénéfiques sur le foie (Choksi, 2000). L’extrait standardisé du chardon-Marie le plus investigué est la silymarine dont le composant actif majeur est la silibinine. Les propriétés hépatoprotectrices de ces molécules ont été démontrées dans plusieurs études in vitro [190-192] et in vivo [105, 193-196], de même qu’en clinique [106, 108]. Dans notre modèle expérimental, l’administration d’une dose quotidienne de 200 mg/kg de silibinine (associée avec la phosphatidylcholine) pendant 5 semaines s’est avérée très efficace pour renverser la progression du NASH, malgré la consommation incessante de la diète riche en lipides.

En effet, notre étude démontre que la silibinine diminue grandement la stéatose hépatique telle qu’observée dans le coupes histologiques et cette amélioration est accompagnée par une normalisation du poids du foie, de l’indice hépatique et du niveau des lipides plasmatiques, notamment les LDL et les HDL. Cependant, le traitement avec la silibinine n’a pas réussi à rétablir l’expression hépatique du PPAR- ni à régulariser l’expression du CYP 2E1 des fractions microsomales du foie. À cet égard, une étude parue en 1994 confirme que le mécanisme hépatoprotecteur de la silibinine n’implique pas l’inhibition du CYP 2E1 [197]. Par ailleurs, deux autres études rapportent une faible inhibition du CYP 2E1 in vitro, mais avec des doses très élevées de silymarine [187, 198].

De surcroît, la sensibilité à l’insuline est rétablie par le traitement avec la silibinine tel que suggéré par la normalisation de l’insulinémie et du HOMA-IR et ce, malgré la consommation ininterrompue de la diète grasse. Lors d’une étude clinique portant sur 60 patients cirrhotiques et diabétiques, Velussi et ses collaborateurs ont démontré qu’un traitement quotidien avec 600 mg de silymarine réduisait l’insulinémie chez ces patients en plus de diminuer la nécessité de l’administration exogène d’insuline [106]. De plus, une étude plus récente a montré que le traitement de patients atteints de NAFLD avec la silibinine (complexée avec la vitamine E et des phospholipides) diminuait significativement l’hyperinsulinémie présente chez ces

patients [199]. Par ailleurs, dans notre modèle la silibinine a montré une tendance à corriger la diminution du niveau d’adiponectine sérique et la production mitochondriale d’ATP; fait concordant avec le rétablissement de la sensibilité à l’insuline. La correction de la production mitochondriale d’ATP par la silibinine était significative dans notre précédente étude sur un modèle d’ischémie froide/reperfusion chaude d’un foie de rat [200]. De plus, deux études portant sur la toxicité hépatique du fer démontrent le potentiel bénéfique de la silibinine sur la fonction mitochondriale [201, 202].

D’un autre côté, les propriétés antioxydantes de la silibinine sont reflétées dans notre étude par le retour à la normale de tous les paramètres du stress oxydatif. De la même façon, l’effet hépatoprotecteur de la silibinine est confirmé par la normalisation du niveau circulant de LDH. Or, l’effet cytoprotecteur de la silibinine est attribuable à son pouvoir antioxydant et chélateur des radicaux libres et des produits lipidiques peroxydés. Effectivement, la silibinine supprime la production de radicaux libres, particulièrement celle de l’anion superoxyde [203]. De plus elle inhibe la peroxydation lipidique dans divers modèles de toxicité hépatique chez le rat [195, 204-206]. En fait, la silibinine peut directement interagir avec les composantes de la membrane cellulaire afin de prévenir les anormalités dans la fraction lipidique responsable du maintien de la fluidité normale des membranes et ainsi prévenir la peroxydation de ces lipides [196]. Nos résultats concordent aussi avec ceux d’une récente étude de Ramakrishnan et ses collaborateurs qui ont démontré que le traitement avec la silymarine réduit la peroxydation des lipides et normalise le niveau de GSH en rétablissant la défense antioxydante dans le foie des rats souffrant d’hépatocarcinogénèse [207]. De plus, la silymarine semble offrir une bonne protection hépatique et un potentiel antioxydant contre le dommage hépatocellulaire induit par la diéthylnitrosamine chez le rat [105]. Finalement, notre étude précédente appuie aussi nos résultats en montrant que la silibinine diminue la production de MDA et la génération de ROS en plus de régulariser le niveau de GSH dans un modèle d’ischémie-reperfusion du foie chez le rat [200].

Par ailleurs, le traitement avec la silibinine a amélioré significativement tous les marqueurs de l’inflammation induits par l’ingestion d’une diète riche en lipides chez les rats. Les propriétés anti-inflammatoires et immunomodulatrices de la silibinine ont été confirmées par des études démontrant que la silymarine supprime l’activité et l’expression du TNF- [208-212] et stimule la sécrétion de cytokines anti- inflammatoires par les lymphocytes. Min et ses collaborateurs ont nouvellement démontré que la silibinine supprime la de façon non spécifique la sécrétion des cytokines proinflammatoires par les cellules Th-1 et stimule la production de cytokines anti-inflammatoires par les cellules Th-2 in vitro et ex vivo [213]. Cette observation a aussi été constatée par Deak et collègues chez des patients souffrant de maladies hépatiques chroniques reliées à l’alcool [190]. Par ailleurs, l’effet anti-fibrotique de la silymarine a été cité par plusieurs études [100, 111, 112, 211, 214].

En somme, nos résultats démontrent que la silibinine possède un effet antioxydant, insulino-sensibilisateur, anti-inflammatoire et anti-fibrotique dans un modèle expérimental de NASH chez le rat. D’autres études sont requises pour établir un profil dose-réponse in vivo de cette molécule dans le contexte du NASH expérimental.

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