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Pour les mesures de PFNS, les chambres à fission doivent permettre de repérer l’ins- tant de la fission mais également de discriminer ces événements des désintégrations α. Il faut donc extraire du signal obtenu en sortie du préamplificateur une information temps ainsi qu’une information énergie.

Usuellement, ceci est réalisé en divisant le signal puis en le mettant en forme dans un amplificateur linéaire rapide à grande bande passante pour la composante temporelle, et dans un amplificateur de spectroscopie pour la composante énergie. Les systèmes d’acquisition numérique maintenant disponibles permettent de numériser le signal di- rectement en sortie du préamplificateur et, via des algorithmes de traitement, de coupler les propriétés de ces deux types d’amplificateurs sans avoir à diviser le signal.

La fonction première de ces amplificateurs est de mettre en forme le signal de ma- nière à optimiser le rapport signal/bruit. Pour cela, le signal est tout d’abord intégré, ce qui permet d’éliminer les bruits haute fréquence. Il est ensuite différencié, de manière à éliminer les bruits basse fréquence.

64 II Chambres à fission la constante de mise en forme choisie. Le temps de descente est, en revanche, beaucoup plus rapide que celui en sortie du préamplificateur. Ce point est essentiel afin d’éviter les problèmes d’empilement, ainsi qu’illustré en figure B.10. La durée totale du signal est d’environ 3 fois la valeur de la constante de mise en forme.

V am pl ifi c at eu r Temps V pr éa mpli fi c a teu r Temps Empilement Fission Préamplificateur Amplificateur Chambre à fission Discrimination -fission Codage de l'amplitude du signal

Figure B.10 – Principe de traitement du signal en sortie d’une chambre à fission. La charge induite est transformée en différence de potentiel dans le circuit préamplificateur, avant que le signal ne soit mis en forme dans l’amplificateur et que son amplitude ne soit codée pour réaliser une discrimination α-fission.

Cette constante est choisie en fonction du temps de montée du signal. Elle doit être la plus faible possible afin d’assurer un signal en sortie de l’amplificateur rapide. Cepen- dant, elle doit être suffisamment grande pour s’assurer que l’ensemble des électrons soit collecté et que l’amplitude du signal soit bien représentative de la charge Q.

Reprenons l’exemple de plateaux espacés de 2,5 mm et du gaz CF4 avec un champ

réduit de 1400 V/cm.bar. Le temps de collecte des électrons est alors de 23 ns. L’idéal pour conserver cette excellente réponse temporelle est d’utiliser une mise en forme sur 25 ns. L’utilisation de cette constante de temps très courte est rendue possible par l’uti- lisation des systèmes numériques(4). L’excellente réponse temporelle du détecteur est

ainsi conservée. Par ailleurs, cette constante étant très courte, une unique mise en forme du signal permet d’obtenir les deux informations, temps et énergie.

(4). Pour une acquisition analogique, la mise en forme est réalisée à l’aide de composants électroniques. Les limitations technologiques empêchent d’atteindre des constantes de temps très courtes.

2 - Signal électrique en sortie d’une chambre à fission 65 La référence temporelle est obtenue lors du déclenchement de l’acquisition. L’information énergie est obtenue en enregistrant l’amplitude du signal déclencheur. Elle est utilisée pour la discrimination α-fission.

Lors de la caractérisation des propriétés de discriminations α-fission des nouvelles chambres à fission (cf. section 3), le marquage en temps n’est pas nécessaire. Nous avons donc pu mettre proprement en forme le signal et coder son amplitude.

Malheureusement, au moment où ces travaux de thèse ont été menés, le système d’ac- quisition utilisé (cf. chapitre IV) ne permettait pas à la fois de mettre en forme le signal et de le marquer en temps avec une grande précision. Lors des mesures de PFNS ou pour caractériser la résolution temporelle des nouvelles chambres, ce marquage précis des signaux est nécessaire (inférieur à la nanosecondes). Nous avons donc eu recours à un module numérique (QDC), qui sera présenté plus en détail dans le chapitre IV. L’information énergie a été récupérée en intégrant le signal sur son front de montée. Celui-ci n’étant pas mis en forme, il était alors nécessaire d’avoir un signal décroissant rapidement en sortie du préamplificateur et donc une constante RC la plus faible pos- sible (cf. figure B.8), afin d’éviter les problèmes d’empilement. Ceci devait être couplé à une grande sensibilité afin de pouvoir optimiser la discrimination entre désintégrations

α et fissions.

De tels préamplificateurs n’étant pas disponibles dans le commerce, nous en avons donc développé de nouveaux. Ils sont décrits en détails dans la section suivante.

66 II Chambres à fission

3 Développement et étude de la réponse de nou-

velles chambres à fission multi-plateaux

Les chambres à fission précédemment disponibles ont été construites dans les années 1970-1980 [33]. Elles sont constituées d’une enceinte cylindrique, en acier inoxydable, qui contient une centaine d’électrodes circulaires, également en acier inoxydable, sur lesquelles les dépôts d’actinides ont été réalisés. L’enceinte est remplie d’un mélange gazeux de type argon-méthane (P10(5) ou P20(6)) et maintenue à une pression de 5 bar.

En particulier, la chambre 238U (cf. figure B.11) a un diamètre de 10 cm pour 22 cm de

longueur et 5 mm d’épaisseur. Les électrodes ( 7 cm × 20 µm) sont espacées de 1 mm et comportent des dépôts d’épaisseur 1,7 mg/cm2, pour une masse totale de 14 g d’238U.

Sortie 1 Sortie 2

Figure B.11 – Photographie (à gauche) et schéma (à droite) de l’ancienne chambre

238U.

Après plus de 30 ans d’utilisation, les propriétés de ces chambres se sont détériorées (ex : défauts de la connexion de masse, perte d’intégrité des dépôts, etc.). Par ailleurs, les dépôts de 252Cf qu’elles contenaient ont une activité résiduelle très faible et ne sont

pas utilisables. Elles ne permettent plus de réaliser des mesures de PFNS précises. Afin de les remplacer, de nouvelles chambres à fission multi-plateaux ont été développées pour la thèse [34].

(5). 10% méthane et 90% argon (6). 20% méthane et 80% argon

3 - Développement et étude de la réponse de nouvelles chambres à fission multi-plateaux 67 Trois axes d’amélioration ont été étudiés :

1. La résolution temporelle : la résolution en énergie du spectre final étant gouvernée par la résolution en temps de la mesure, cette dernière doit être optimisée afin d’atteindre une résolution de l’ordre de la nanoseconde.

2. La discrimination α-fission : les actinides étant également émetteurs α, la chambre doit permettre de distinguer les signaux issus d’une ionisation du gaz par une particule α de ceux issus de l’ionisation par un fragment de fission.

3. La distorsion du spectre mesuré : les neutrons (incidents ou de fission) sont sus- ceptibles d’interagir avec les matériaux constitutifs du corps de la chambre. Ces réactions parasites sont à l’origine de distorsion sur le spectre en énergie des neu- trons prompts mesuré.

La suite de ce chapitre est consacrée à la description de ces nouvelles chambres à fission. Nous présentons ensuite les résultats de l’évaluation de leurs performances quant aux trois critères sus-cités.