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Les traités de théologien

PARTIE 2 : LE CONTENU DE LA PRODUCTION

F. Traités de théologie et des Pères de l'Église

1. Les traités de théologien

Commençons par les œuvres d'Alexandre de Halès, également connu sous le nom d'Alexander Halensis. Cet Anglais, né vers 1185 à Hayles, dans le comté de Gloucester, et décédé en 1245, est un membre de l'ordre des franciscains, fondateur de la plus ancienne école de l'ordre en 1231, maître ès- arts et en théologie qui devint recteur de la faculté de théologie de Paris181.

Sacon imprima les quatre parties de sa Summa theologica en 1515-1516182 pour

le compte d'Anton II Koberger et de Lucantonio Giunta, et dans laquelle l'auteur utilisa pour la première fois l'ensemble de la philosophie aristotélicienne. Cette œuvre est en réalité une compilation et réédition de ses élèves, notamment Jean de la Rochelle, à partir du plan des Sentences de Petrus Lombardus183, qu'il fut

le premier à commenter. La Prima pars summe theologice contient une épître dédicatoire de Jakob Locher, surnommé Philomusus, né en 1470 à Ehingen, en Sonabe, et qui fut professeur de poésie et de rhétorique dans les universités de Fribourg, Bâle et Ingolstadt, après avoir fait des études en Italie184. Koberger

avait déjà imprimé cet ouvrage en 1481-1482, sur ses propres presses.

Sacon imprima également en 1510 et 1515 pour les cousins Anton II et Johann Koberger l'une des œuvres de Giovanni Fidanza, plus connu sous le nom de saint Bonaventure, théologien né à Banoregio, près d'Orvieto en Italie en 1217, et qui mourut à Lyon en 1274, avant d'être canonisé en 1482185. Ce

181 D'après le catalogue des autorités de la B.n.F.

182 Alexander Halensis, Prima pars summe theologice, Lugduni, impensa Antonii Koburger, impressa per Jacobum

Sacon, 15 janvier 1515. ; Id., Pars secunda summa theologice..., Lugduni, Antonii Koburger, impressa per Jacobum Sacon, 17 mai 1516. ; Id., Pars tertia summa theologice..., Lugduni, Antonii Koburger, impressa per Jacobum Sacon, 2 juillet 1516. ; Id., Pars quarta summa theologice..., Lugduni, Antonii Koburger, impressa per Jacobum Sacon, 22 juin 1516. Encadrements de Jacques Sacon aux titres et marque de Lucantonio Giunta sur tous les volumes.

183 D'après l'Encyclopaedia Universalis, voir l'article sur Alexandre de Halès.

184 L.-G. Michaud (dir.), Biographie universelle ancienne et moderne…, tome 24, p. 606.

185 D'après le catalogue des autorités de la B.N.F.

Docteur de l'Église surnommé « le Docteur séraphique », étudia à la faculté des arts de Paris, entra dans l'ordre des franciscains en 1248 et poursuivit ses études sous la direction d'Alexandre de Halès. Il devint maître régent de l'école de théologie des Franciscains en 1253 et fut l'auteur de nombreuses œuvres186.

L'édition sortie de l'atelier de Jacques Sacon en 1510187 et rééditée en 1515 et

1520, porte le titre de Sententiarum. Les quatre parties qui composent cette édition et le cinquième volume de tables188 correspondent aux commentaires que

fit saint Bonaventure, entre 1250 et 1252, des quatre livres des Sentences de Petrus Lombardus. Ce dernier, théologien et exégète scolastique italien, serait né à Novare, en Lombardie, vers 1100 et fit ses études à Bologne. Il se rendit ensuite à Paris vers 1136, où il occupa une chaire de théologie à l'école épiscopale de Notre-Dame, fut élu évêque de Paris en 1159 et y mourut l'année suivante. Il fut surnommé le Maître des Sentences en raison de son œuvre la plus importante, les Libri quatuor Sententiarum, rédigée entre 1148 et 1152, et qui resta pendant plusieurs siècles l'un des textes à la base de l'enseignement scolastique, séparant l'Écriture de la Théologie. Le travail de commentaire des

Sentences fut pendant longtemps un exercice très répandu chez les bacheliers

débutants, plusieurs genres de commentaires différents étant possibles. Saint Bonaventure contribua avec saint Thomas d'Aquin à fixer plus durablement un de ces genre : la quaestio commença à l'emporter sur des commentaires plus littéraires189. S'ajoute à ces quatre parties un volume de tables de Johannes

Bekenhaub, un théologien allemand de la seconde moitié du XVIe siècle, qui

signe l'épître dédicatoire présente au début de la première partie et datée de Bamberg le 2 mars 1491, qu'il adresse à Nicolas Tinctor Guntzenhausen. La présente édition de l'œuvre de saint Bonaventure a été établie par Nikolaus Tinctoris, prédicateur allemand de la fin du XVIe siècle, Jakob Wimpfeling

Sletstensis, humaniste, théologien et philologue allemand né en 1450 et mort en 1528, et le frère francicain Stephanus Brulefer, mort vers 1502.

On trouve aussi dans la production de Sacon une édition du Divi

Hoerronumi in vitas patrum percelebre opus du pseudo-Jérôme qui, comme son

186 D'après l'Encyclopaedia Universalis, voir l'article sur saint Bonaventure.

187 Saint Bonaventure, Prima pars huius operis videlicet disputata sancti Bonaventure, Lugduni, Antonii Koberger,

impressa per Jacobum Sacon, 1510. ; Id., Secunda pars huius operis…, Lugduni, Antonii Koberger, impressa per Jacobum Sacon, 1510. ; Id., Tertia pars huius operis videlicet tertius sententia…, Lugduni, Antonii Koberger, impressa per Jacobum Sacon, 1510. ; Id., Quarta pars huius operis…, Lugduni, Antonii Koberger, impressa per Jacobum Sacon, 20 août 1510.

188 Saint Bonaventure, Tabule super textũ smarum cuz Bonuentura finis…, Lugduni, impressa par Jacobum Sacon,

1510.

189 Ibid. Voir l'article sur Pierre Lombard.

nom l'indique, n'est pas le véritable saint Jérôme mais en a simplement emprunté le nom pour diffuser ses écrits plus facilement. Sa véritable identité reste mystérieuse. Cette édition datée du 20 octobre 1512 fut imprimée pour le compte de Jacques Huguetan. Le titre de ce livre est suivi d'une vignette représentant saint Jérôme entrain d'écrire devant son pupitre, tout en lisant un livre posé sur une roue à livres, un lion couché à ses pieds. On peut lire de chaque côté de la vignette les vers suivants :

« Scandere celsa volens supremi sydera caeli Me planum lecto quisquis habebit iter Hic cernet magno caelum subijsse labore

Antiquos: levior ad datur astra via. »190

On trouve au verso une lettre dédicatoire de Jean de Poupet de La Chaux, évêque de Chalon-sur-Saône de 1503 à 1531, adressée à Celse-Hugues Descousu (1480-1540?), un juriste originaire de Chalon-sur-Saône qui fut professeur de droit canon à Montpellier et qui vécu aussi en Italie, à Bruges et en Espagne191.

Jacques Sacon acheva d'imprimer le 12 octobre 1507 un ouvrage signé par Guillaume Briçonnet (1472-1534)192, qui fut successivement évêque de

Lodève en 1504, puis abbé de Saint-Germain-des-Prés en 1507, avant de devenir évêque de Meaux en 1516. Il joua par la suite un grand rôle dans les querelles de religion entre la papauté et la couronne française. Médiateur auprès du pape pour François Ier et conseiller spirituel de Marguerite de Navarre, il

œuvra avec Lefèvre d'Étaples pour la traduction de la Bible en français. La présente édition est vraisemblablement la toute première impression du discours qu'il prononça en 1507 devant le Sacré Collège et le pape Jules II afin de soutenir le roi Louis XII et d’affirmer la fidélité sans faille du royaume de France à l’Église de Rome, contrairement aux accusations portées par la faction

190 « En voulant escalader les astres si hauts du suprême ciel / Quiconque empruntera le chemin plat que j'ai choisi /

Comprendra alors que les Anciens se sont rapprochés des cieux au prix d'un grand labeur/de bien des peines: / Mais la voie qui mène aux astres s'offre comme la plus lisse. »

191 D'après le catalogue des autorités de la B.n.F.

192 Coram Julio secundo : Maxime pontifice : Sacroque Cardineo collegio : Pro christianissimo Francorum rege

Ludovico .XII. adversus impudentem & parum consultum calumniatorem appologia : Per Reverendissimum d.d. Gulielmum Briconnetum : Lodoviensem meritissimum Antistitem : Romae habita. M.CCCCCVII., Lugduni impensis

Vincentii de Portonariis, 1507.

germanique193. L'attribution de l'impression de cette édition à Jacques Sacon a

été confirmée, d'après William Kemp, par David J. Shaw.

On trouve également une étrange édition portant le titre suivant :

Tropologiarum mysticarumque enarrationum in vtruque diuine legis testamentum : libri trigintaquatuor venerabilis patris Petri Bertorij Pictauiensis sacrarum literarum et Benedictine religionis laudatissimi professoris opus iuxta bibliorum ordinem digestum et miscellanea expositione concinnatum omnibus sacram scriptura[m] vel interpretari cupientibus imprimis co[m]modum : nuperrimeque Campestri censura : erroribus repurgatum innumeris de Pierre Bersuire, ou

Bercheur, un moine bénédictin français né à Saint-Pierre-du-Chemin, en Vendée, vers 1290 et mort à Paris en 1362, à la fois traducteur, auteur (la Gesta

romanum lui est parfois attribuée) et encyclopédiste. Il fut chambrier de l'Abbaye

de Coulombs, avant de se retirer au prieuré de Saint-Éloi à Paris194. Cette

œuvre, imprimée en 1520 et commentée par le théologien dominicain allemand Lambert Campester, semble, d'après le titre, être une miscellanée de passages du livre des Écritures et de textes de Pères de l’Église. S'agit-il d'une œuvre théologique à part entière ou d'un des livres du Reductiorum morale de Bersuire, sorte d'encyclopédie composée de quatorze livres et de trois suppléments ? N'ayant eu à disposition que le titre lors de cette étude, il fut assez difficile de déterminer la nature exacte de cette édition.

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