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pour l’application de la traçabilité

3.3 Traçabilité et TIC : insertion différenciée des outils

L’histoire individuelle des caves coopératives révèle une adoption de l’outillage informatique propre à chacune d’elles résultant de données des contextes particuliers et des décisions prises par les responsables de ces structures. Aussi différenciés soient-ils, ces parcours d’ap- propriation se définissent par plusieurs caractéristiques :

• Pour les caves pionnières en la matière, les premiers outils informatiques utilisés en traça- bilité étaient soit un gros serveur informatique soit à l’opposé des outils bureautiques de base (Excel…), le recours à des outils informatiques dédiés à la traçabilité n’intervenant que dans un deuxième temps après avoir atteint les limites des fonctionnalités des produits disponibles.

• L’utilisation de l’informatique en traçabilité a été lancée et s’est développée indépendam- ment des dispositifs informatiques en place dans les caves dédiés à la gestion comptabilité. • La caractéristique la plus importante est définie par la conception d’une informatique cen-

tralisée et concentrée sur une base de données, installée dans les locaux de la cave coopé- rative, autour de la quelle peuvent graviter des équipements périphériques fixes ou mobi- le comme par exemple les Pocket-pc. La conception d’une informatique centralisée a net- tement pris les devanS à la fin des années 90 même si, dix à quinze ans après, on observe un équipement individuel progressif des viticulteurs (de 20 à 50% selon les dires de res- ponsables de caves ou de vendeurs de logiciels). L’informatique centralisée domine donc le paysage professionnel viticole bien que des applications plus communicantes apparaissent également telle que l’extranet viticole que l’une des caves a installé dans son dispositif tout au moins auprès d’une minorité d’entre eux constituant le pilier ou le noyau dur des coopé- rateurs.

En tout état de cause, l’initiative de l’usage de l’outil informatique revient principalement à chacune des caves coopératives qui, pas à pas et avec prudence, a tenté de trouver dans l’adoption de l’informatique et des TIC des solutions à ses problèmes de gestion et de traite- ment d’informations multiples et variés. En effet, si l’outil informatique s’est progressivement imposé comme moyen utile et nécessaire pour rationaliser la production dans le respect des cahiers des charges et des réglements, la dimension technologique en tant que telle n’est pas

• Dans les caves, la traçabilité n’est qu’un moyen, l’objectif premier est la rationnali- sation de leurs activités qui augmente parallèlement leur pouvoir dans la chaîne, • L’informatisation est rendue nécessaire pour faciliter l’accès aux données exigées par l’aval (planification des apports, par- cellaire cartographié et numérisé, certifica- tions ISO, IFS, DD…)

• La traçabilité des activités est un outil de pilotage interne sur le fonctionnement des caves (indicateurs, tableaux de bord….)

pour autant sans réserves ni critiques. Divers points de vue atténuent sensiblement les appré- ciations positives exprimées par ailleurs :

• Les programmes eux-mêmes qui ne sont pas à l’abri de bugues, ou dont les fonctionnalités ne sont pas en adéquation avec certains besoins,

• La dispersion des logiciels spécifiques, leur hétérogénéité qui ralentissent la performance de l’ensemble informatique,

• L’inadaptation de certains logiciels de traçabilité à l’évolution de la demande des clients qui demanderait d’abord de repenser la taille des cuves parce que les clients achètent de maniè- re plus fragmentée,

• L’équipement souvent limité à un seul poste dédié aux logiciels de traçabilité et à la banque de données,

• Le rapport coût d’investissement (équipement, temps d’apprentissage….) n’est pas tou- jours reconnu comme avantageux.

Autant de raisons qui sont avancées pour justifier l’existence d’une traçabilité sur deux sup- ports : papier (classeurs, ardoises) d’un côté et support informatique (fixe ou mobile) de l’autre pour ne pas prendre le risque de perdre les données et informations sensibles voire stratégiques, limitant ainsi la généralisation de l’informatique dans les nouvelles habitudes à prendre ou les raisonnements nouveaux à adopter.

A cette incertitude liée à l’outil et à sa maîtrise elle-même, s’en ajoute une autre liée au fait que le recours à l’informatique concerne des informations ou des données qui, jusqu’à pré- sent, étaient dispersées sur plusieurs supports mais qui surtout étaient attachées à plusieurs personnes, le tout formant un système d’échanges d’informations relativement stabilisé dans lequel cependant chaque détenteur d’information bénéficiait d’une relative autonomie d’ac- tion . Dès lors que les informations rentrent dans une base de données, cela implique au minimum une communication d’ informations sur une base identique afin de rendre le sys- tème opérationnel et compréhensible pour tous les utilisateurs. En

d’autres termes la production d’informations dans cette perspective conduit à la normalisation et au formatage de l’information. Dans le même temps, cette procédure introduit la possibilité de contrôler les contenus et directement ou indirectement les auteurs. L’élaboration des bases de données revient ainsi à la construction d’un dispositif informa- tionnel dont la finalité essentielle recherchée est celle d’un partage de l’in- formation entre les acteurs concernés et d’un flux d’information fluide et fonctionnel. Dans le même temps, cette finalité n’exclue pas l’existence d’un enjeu : le contrôle d’informations et de leurs auteurs.

En conclusion de cette approche des usagés de l’informatique, trois carac- téristiques en définissent les contours principaux.

• L’informatisation se fait par étapes et par logiciels successifs mais avec une appro- priation différenciée,

• La traçabilité informatique modifie peu le rôle des techniciens mais remet en cause leur autonomie par le développement du reporting

• La traçabilité informatique intègre des saisies et des logiciels tout au long de la chaîne de production pour pouvoir répondre aux besoins de l’aval.

47Le reporting est la présentation périodique de rapports sur les activités et résultats d'une organisation, d'une unité de travail ou du res-

ponsable d'une fonction, destinée à en informer ceux chargés de les superviser en interne ou en externe, ou tout simplement concernés par ces activités ou résultats. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Reporting)

4.1 Recours aux TIC et logique de rationnalisation de l’appareil de produc-