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Tirer parti de la contribution de la Zone de libre-échange continentale africaine à

exportations en Afrique

1.4 Tirer parti de la contribution de la Zone de libre-échange continentale africaine à

De même, le potentiel de diversification des produits chimiques organiques (SH  29) et inorganiques (SH 28) peut favoriser la constitution d’une chaîne de valeur pharmaceutique régionale (African Continental Free Trade Area Secretariat and United Nations Development Programme, 2021). Il est important de diversifier les sources d’approvisionnement en intrants afin d’éviter d’être trop dépendant de quelques fournisseurs. Si la libéralisation des tarifs douaniers dans le cadre de l’Accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine favorise l’accès aux divers ingrédients nécessaires à la production de vaccins, on escompte que certains intrants tels que le chlorure de sodium seront exclus des offres tarifaires. Les machines et équipements nécessaires à la fabrication des vaccins bénéficieront également de la libéralisation des droits de douane, et nombre de ces intrants sont également utilisés dans la production d’autres vaccins.

Pour ouvrir ces débouchés et tirer parti du marché régional à des fins de diversification, il est essentiel de connaître et d’éliminer les sources de tensions dans le commerce bilatéral, telles que les difficultés à se conformer aux exigences réglementaires, le manque d’informations sur le marché et de contacts commerciaux ou le désalignement des prix ou de la qualité avec la demande. La communication d’informations sur le marché peut accroître les liens entre l’offre et la demande et libérer un potentiel commercial inexploité en Afrique. Par exemple, la Banque asiatique de développement a entrepris de cartographier les chaînes d’approvisionnement afin de recenser les sources de vaccins et d’autres biens essentiels. L’outil de cartographie a aidé les entreprises à explorer de nouveaux débouchés et à diversifier leur approvisionnement (Asian Development Bank, 2021).

1.4 Tirer parti de la contribution de la Zone de

diversification géographique. En outre, les petits pays ont des difficultés structurelles à se diversifier en raison de l’étroitesse de leur marché intérieur, mais l’intégration régionale dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine offrira un marché plus vaste et peut stimuler la diversification des exportations. La CNUCED (UNCTAD, 2021d) a évalué le potentiel d’exportation inexploité du commerce régional à 21,9 milliards de dollars, en se basant sur les produits que chaque pays exporte déjà.

La Zone de libre-échange continentale africaine devrait  : promouvoir la diversification des exportations en élargissant l’accès aux marchés  ; fournir un cadre pour des politiques coordonnées et harmonisées en matière d’investissement, de concurrence et de droits de propriété intellectuelle  ; contribuer à une logistique plus efficace en investissant dans les infrastructures douanières et les infrastructures de transport  ; favoriser l’émancipation économique des femmes et des jeunes  ; et soutenir une production régionale coordonnée.

L’accès aux marchés des intrants intermédiaires, des services et des produits Les pays sont convenus de supprimer les droits de douane sur 90 % des marchandises, de libéraliser progressivement le commerce des services et d’éliminer d’autres obstacles non tarifaires (African Continental Free Trade Area Secretariat, 2022). En 2019, le taux de droit intra-africain moyen simple s’établissait à 5,25  %  ; les droits de douane les plus élevés frappaient les textiles et l’habillement ainsi que les produits alimentaires transformés, et les plus bas les produits minéraux. Il reste une marge de libéralisation considérable dans le domaine des droits de douane, surtout entre les pays africains qui ne sont pas membres de la même communauté économique régionale. La libéralisation des droits de douane pourrait ouvrir des débouchés commerciaux supplémentaires équivalent à 9,2 milliards (UNCTAD, 2021d). La mise en place du mécanisme en ligne de signalement des obstacles non tarifaires, de divers sous-comités sur les obstacles non tarifaires et les mesures non tarifaires, ainsi que d’un mécanisme efficace de règlement des différends, suscite l’espoir d’une réduction des obstacles non tarifaires.

Des politiques coordonnées et harmonisées en matière d’investissement, de concurrence et de droits de propriété intellectuelle

Si les investissements sont orientés vers des secteurs qui offrent des possibilités de diversification, réduisant ainsi la dépendance à l’égard des produits de base, ils peuvent être un moteur important de la diversification des exportations. Le protocole sur les investissements relatif à la Zone de libre-échange continentale africaine portera sur tous les aspects de la prise de décisions, à savoir la facilitation, la promotion et la protection de l’investissement international. Il devrait en outre contenir des dispositions

innovantes sur les obligations des investisseurs et sur le droit des pays d’accueil africains de réglementer dans l’intérêt public. Si les débouchés, le niveau d’intégration et l’environnement commercial des pays d’accueil continueront de guider les choix des investisseurs (Trade Law Centre, 2021), le protocole conjoint sur les investissements, qui devrait faciliter les investissements intracontinentaux, s’attaquera aux cadres réglementaires d’investissement qui se chevauchent et sont parfois contradictoires au sein des communautés économiques régionales. Il doit y avoir des engagements juridiquement contraignants en matière d’investissement, notamment en matière de protection de l’environnement, de protection des consommateurs, de protection du travail et de respect des normes d’information financière (Trade Law Centre, 2021). De telles dispositions sont particulièrement pertinentes dans les secteurs de l’exploitation minière et des combustibles, qui peuvent être sources d’impacts environnementaux et sociaux négatifs sans qu’il y ait de compensation adéquate.

Compte tenu des obstacles à l’entrée et à la survie sur les marchés qui ont été examinés, une approche commune de la politique de concurrence est nécessaire pour que les consommateurs et les PME soient protégés contre les pratiques anticoncurrentielles des grandes entreprises à l’échelle du continent sans que l’efficacité des opérations commerciales ou la disponibilité de produits abordables soient compromises.

La Zone de libre-échange continentale africaine offre la possibilité d’utiliser les flexibilités prévues dans l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce à l’échelle du continent. Elle pourrait également servir à renforcer la capacité de l’Afrique, en tant que bloc, à garantir que ces flexibilités sont pleinement utilisées pour permettre la production locale et l’accès aux médicaments essentiels (South Centre, 2021).

En outre, le protocole sur les droits de propriété intellectuelle relatif à la Zone de libre-échange continentale africaine gomme les divergences et les chevauchements de la réglementation régionale en matière de droits de propriété intellectuelle, et les deux organisations africaines de propriété intellectuelle, à savoir l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle et l’Organisation régionale africaine de la propriété industrielle, peuvent être mobilisées pour mettre en place un régime continental solide (Trade Law Centre, 2019).

Les infrastructures de l’information, des douanes et des transports

Une plus grande coopération économique peut être mise à profit dans la Zone de libre-échange continentale africaine pour remédier aux goulets d’étranglement

en matière d’infrastructures grâce à la mise en place conjointe d’infrastructures transfrontalières dans le cadre du Plan d’action pour le renforcement du commerce intra-africain. En outre, les cinq instruments opérationnels de la Zone de libre-échange continentale africaine − élimination des obstacles non tarifaires, forum de négociation tarifaire en ligne, harmonisation des règles d’origine, système panafricain de paiement et de règlement et Observatoire africain du commerce − devraient permettre de libérer le potentiel commercial entre les pays.

L’émancipation économique des femmes et des jeunes

L’égalité des sexes a un impact positif sur la diversification des exportations (Belasen and Angiello, 2018 ; Nguyen, 2021). La Zone de libre-échange continentale africaine et son protocole sur les femmes et les jeunes peuvent faire augmenter la part de marché des femmes, des jeunes et des entreprises locales en réduisant les coûts du commerce transfrontalier. Selon la CNUCED (UNCTAD, 2021d), les femmes entrepreneurs et les entreprises appartenant à des femmes sont largement sous-représentées et risquent de ne pas profiter des débouchés offerts par la Zone de libre-échange continentale africaine si elles ne renforcent pas leur position économique. Les programmes et les politiques qui ciblent les femmes et les jeunes doivent garantir l’accès aux moyens de financement et aux produits financiers, aux intrants, à la technologie et au savoir-faire, et éliminer la discrimination et la violence fondées sur le genre (UNCTAD, 2021d ; United Nations Entity for Gender Equality and the Empowerment of Women, 2021).

Une production régionale coordonnée

Les politiques commerciales et les politiques industrielles sont étroitement liées. Par conséquent, la coopération régionale en matière de politique industrielle est nécessaire pour tirer parti des avantages partagés que procure la Zone de libre-échange continentale africaine. Il est essentiel de veiller à ce que les politiques industrielles ne favorisent pas les mêmes produits provenant de différents pays dans un système d’intégration régionale.

Sinon, comme le note Odijie (Odijie, 2019), des pays voisins se retrouveront avec des listes excluant les mêmes produits, ce qui affaiblira la politique industrielle de chacun d’entre eux. L’auteur donne l’exemple de l’Afrique de l’Ouest, où le Nigéria a choisi le ciment comme produit sensible en raison de sa politique industrielle, ce qui a incité ses voisins régionaux que sont le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Sierra Leone et le Togo à cibler eux aussi la production de ciment dans leur politique industrielle.

Le Plan d’action pour le développement industriel accéléré de l’Afrique, ainsi que les stratégies d’industrialisation régionales, pourraient servir de fondement à une stratégie d’industrialisation continentale coordonnée. Par exemple, la stratégie d’industrialisation

de la Communauté d’Afrique de l’Est, adoptée en 2011, se concentre sur les sous-secteurs suivants  : agroalimentaire, agrochimie, transformation des minéraux, produits pharmaceutiques, pétrochimie et biocombustibles. De même, la stratégie d’industrialisation et la feuille de route (2015-2063) de la Communauté de développement de l’Afrique australe ont donné la priorité à six secteurs : l’agroalimentaire, la valorisation des minéraux, les produits pharmaceutiques, les biens de consommation, les biens d’équipement et les services (UNCTAD, 2021e). La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest a lancé la politique industrielle commune ouest-africaine en 2010 (Economic Commission for Africa, 2015). L’exemple de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est et de son programme de coopération industrielle (encadré 8) explique comment la mise en commun des ressources et le partage des connaissances peuvent contribuer à la création de chaînes de valeur régionales et à la diversification, par exemple dans les secteurs de l’électronique et de l’automobile, tout en illustrant les obstacles tels que l’absence d’industrialisation généralisée et de développement des PME.

Les efforts nationaux visant à promouvoir certains secteurs devraient être harmonisés et se compléter afin de soutenir la mise en œuvre d’une politique industrielle régionale.

Ce qui est davantage du domaine du réalisable et peut être encouragé par la Zone de libre-échange continentale africaine, c’est une division négociée du travail dans laquelle sont attribués des droits de production qui permettent de mettre au point certains produits et de les exporter sur le marché régional. Au départ, un forum du développement industriel pourrait jouer le rôle d’une plateforme de collaboration destinée à trouver des solutions aux problèmes de l’Afrique en matière de développement industriel.

Encadré 8

Expérience de la stratégie d’industrialisation de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est

Des politiques industrielles coordonnées au niveau régional peuvent stimuler le développement et la diversification des chaînes de valeur régionales. La crise financière asiatique de 1997 a conduit à mettre davantage l’accent sur les réseaux de production régionaux pour attirer les investissements et réduire l’exposition aux chocs extérieurs. Le premier projet de développement industriel de l’Association (1976), qui visait à encourager les entreprises à former des coentreprises, a eu un succès limité en raison de différends politiques entre les membres et des contraintes institutionnelles pesant sur la mise en œuvre au niveau national. En 1981, le dispositif de complémentarité industrielle de l’Association, ensuite rebaptisé dispositif de complémentarité intramarques, prévoyait la répartition