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La théorie des résidences alternatives, une théorie à enrichir et développer pour prendre corps ou évoluer

6LOHWUDYDLOSKRWRJUDSKLTXHDYDLW©W©DERXWLSDUXQSURWRFROHGHSULVHVGHYXHULJRXUHX[LODXUDLWSXVXIʕUHHQ tant qu’outil et substrat d’observations, évitant ainsi l’emploi de tableaux peu didactiques voire rigides dont le contenu aurait pu être retranscrit dans le travail de description. D’autre part, le regret d’un corpus limité demeure et la question VHSRVHFHWUDYDLOQHGHYUDLWLOSDVVHSRXUVXLYUHDʕQGȏHQULFKLUOHFRUSXVGȏDXWUHVU©VLGHQFHVWRXWHQSRUWDQWXQUHJDUG DWWHQWLI Oȏ©YROXWLRQMXULGLTXHTXLVHSURʕOHHWHQREVHUYDQWODPXOWLSOLFDWLRQSUHVVHQWLHGHVLWXDWLRQVGȏKDELWDWVDOWHUQDWLIV dans le temps. En ce sens, l’enquête sur les résidences alternatives, appliquée à un corpus plus fourni, pourrait-il se VXIʕUHGXWUDYDLOSKRWRJUDSKLTXH"&DUHVWLOHQYLVDJHDEOHGȏDSSOLTXHUODP©WKRGHFRXSODQWSKRWRJUDSKLHVWH[WHVHWSODQV habités à un corpus plus étendu, considérant le temps de relevé graphique? D’ailleurs, essentiellement par manque de temps, nous regrettons le manque de certains documents (quelques photographies, l’expérience d’une nuit passée dans chaque habitat et/ou observations in situ de l’habiter sur une journée, explicitations des habitants sur certains aspects de leur habitat), mais s’ils auraient étayés l’analyse leur absence ne contredit pas pour autant le constat global. Quant aux entretiens, même s’ils constituent le substrat qui a conditionné ce mémoire, ils ont été mené essentiellement autour de la temporalité de la résidence, dans l’idée de réversibilité recherchée à l’origine; des entretiens supplémentaires pourraient détailler certains aspects techniques et usagers. Il y a également un élément qui aurait pu être développé davantage, quoique relevant d’une problématique connexe: la comparaison à l’habitat pavillonnaire ordinaire considéré comme «économique», utilisée ici uniquement comme de base de comparaison surfacique.

Le langage est un rapport au monde et la précision du vocabulaire est la base de la philosophie, Nietzshe ayant dit que «toute philosophie est une philologie», c’est-à-dire que toute philosophie est une étude du langage. La méthode de description consistant à nommer précisément les phénomènes observés en ce sens permet d’adopter une position objective face à des objets inédits, au sens de jamais étudiés architecturalement parlant auparavant. Au-delà de l’idée que le langage est une représentation du monde, il conditionne la compréhension d’une pensée. Ce mémoire s’est DWWDFK© ODSU©FLVLRQGXYRFDEXODLUHDʕQGHFODULʕHUXQHVLWXDWLRQTXLSDUDLVVDLWFRQIXVH XQHQRQLQLWL©HHWFHWUDYDLO lexical se précisera assurément, anticipant l’évolution probable de l’expression résidences alternatives. Pour répondre à la question de s’il y est parvenu, nous laissons au lecteur se faire sa propre opinion.

1. Qui peut être vu.

La pertinence de la distinction entre les résidences du corpus et les habitats légers, mobiles et éphémères VHPEOHUHODWLYHFDUVLODSU©FLVLRQGHU©VLGHQFHVHPEOHFODULʕHUHWFDGUHUGHVVLWXDWLRQVGȏKDELWDWTXLUHO¨YHGȏXQDXWUH paradigme que celles présentées dans les lectures, en revanche l’adjectif léger paraît inadapté à l’ensemble du corpus: la yourte et la kerterre disposent des critères techniques et idéologiques y correspondant, ce qui n’est pas le cas du ]RPHHWGHODS©QLFKHFHTXLQRXVDUHGLULJ©YHUVOȏDGMHFWLIDOWHUQDWLIGRQWODG©ʕQLWLRQHVWDXVVLSHUP©DEOHTXHOHVRQW les résidences qui peuvent s’y rattacher. En effet, ces résidences sont singulières dans leur différence tout en ayant des caractéristiques communes, ce qui nous fait dire que la diversité du corpus est son essence sans être son principal attrait. L’appellation «résidences alternatives» reste toutefois ouverte à d’éventuels retours et évolutions car elle ne saurait, telle qu’elle est présentée ici, être ou devenir une théorie quelconque puisque pour fonder une théorie, il faut la démontrer VFLHQWLʕTXHPHQWLPSOLTXDQWXQFRUSXVSOXVIRXUQLSRXU©SURXYHUODGLWHWK©RULH

&RQFHUQDQW OȏKDELWHU VS©FLʕTXH OȏDQDO\VH GH YRFDEXODLUH HW SKRWRJUDSKLTXH D SHUPLV GH IDLUH ©PHUJHU GHV notions et des espaces appartenant au paysage domestique contemporain, au sens où les résidences du corpus correspondent aux maisons ordinaires. Toutefois, de nombreux dispositifs sortent du cadre de l’ordinaire: la perméabilité à l’environnement impliquant un mode de vie qui compose avec, une relation que nous retrouvons dans la citation d’Anatole France «nous vivons trop dans les livres et pas assez dans la nature» –une citation avec laquelle on peut faire un parallèle avec la distinction entre le penser et l’habiter d’ailleurs. Ce mode de vie et d’habiter implique une immersion sensorielle et spatiale dans un site choisi, dans l’idée d’une harmonie entre l’habitat et le milieu dans lequel il s’insère, YHUEHVLJQLʕDQWl\WURXYHUVDSODFHHQWDQWTXHSDUWLHLQW©JUDQWH{2UODQRWLRQGHSD\VDJHHVWIRQG©HVXUOȏLG©HGȏXQLW© comme ensemble hétérogène harmonieux. L’auto-construction est une tendance qui remet en cause le processus de fabrication de l’habitat contemporain non dans le sens où les résidents militent contre la société mais dans l’envie de construire leur propre maison, volonté ne coïncidant pas dans le mode de production de l’habitat actuel, et montrant par là-même une alternative au système instauré. La sobriété du mode de vie alternatif montre une économie de moyens SUL[©FRQRPLTXHGHODPDLVRQFR»W©QHUJ©WLTXHU©GXLWSDUXQIDLEOHEHVRLQHQPDWL¨UHSUHPL¨UHHWXQHHIʕFDFLW©GDQV le principe constructif et architectural qui réduit les besoins de chauffage) pour des effets manifestes1: l’effectivité d’une

résidence qui interroge son impact environnemental, dont résulte une sobriété de vie et d’habiter.

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131/199 3. Qui est en opposition avec les habitudes reçues; dont la singularité attire l’attention. Ce terme n’a pas été sélectionné comme pouvant TXDOLʕHU OHV U©VLGHQFHV GX corpus puisque comme atypique l’étymologie du mot lui-même prend position sur l’objet considéré, posé comme

différent de.

hygiéniste, les logements sociaux des travailleurs2. À travers l’idée de logements pour tous –une idée respectable dans

le principe de donner un toit à tout un chacun– l’État est devenu le plus grand producteur de logements de la nation (à travers les services d’aménagement des collectivités). Or ces logements, qui vont du logement social aux produits d’accession à la propriété en milieu péri-urbain, sont pensés comme respectant des normes d’hygiène, de sécurité et surtout d’espace (hauteur sous plafond, surfaces minimum et maximum (logement social)): ces critères sont considérés et calculés comme un seuil acceptable à partir duquel un logement n’est plus précaire. Seulement peut-on réduire un habitat à un question de surface? Les notions d’hygiène sont louables mais les résidences alternatives du corpus de ce mémoire montrent aussi des habitats sains tout en restant plus économes et économiques (qualité de l’air sans ventilation mécanique, luminosité intérieure satisfaisante et qualitative). Les critères de sécurité, eux, sont issus de la prévention contre des dispositifs architecturaux qui pourraient mettre en danger les résidents (garde-corps) et ce, même si les habitations ne relèvent pas du même règlement que les ERP. Là aussi, les résidences alternatives ne montrent pas de mise en danger des résidents. Objectivement, les résidences alternatives offrent une possibilité d’habiter autrement que les législateurs et les élus ont tendance à regarder avec défiance, ce scepticisme envers les initiatives personnelles seraient-elles issues du 18e, à partir duquel l’État a pris en charge la question du logement, considérant ses actions et les produits réalisés comme mieux adaptés à la population que ce que celle-ci avait construit jusque-là? Les faits restent toutefois: les résidences alternatives sont une possibilité d’habiter aujourd’hui, une possibilité économique, économe et confortable, qui ne sont pas promues car considérées comme excentriques3.

4XDQW DX VXMHW GH OD WHPSRUDOLW© DX VHUYLFH GȏXQH U©ʖH[LRQ XUEDQLVWLTXH SU©JQDQW GDQV OȏLQWURGXFWLRQ VL OHV habitats légers peuvent prétendre à un argumentaire en faveur de la réversibilité, les résidences alternatives, dans leur ensemble, ne semblent pas être une réponse de ce point de vue. En revanche, elles sont pertinente du point GHYXHGHODWHPSRUDOLW©DXVHUYLFHGȏXQHU©ʖH[LRQHQYLURQQHPHQWDOHOHVU©VLGHQFHVDOWHUQDWLYHVVRQWGHVVROXWLRQV pérennes en terme d’impact environnemental du fait de leur sobriété. D’ailleurs, la question du confort a soulevé un JOLVVHPHQW GH G©ʕQLWLRQ YHUV GHV TXDOLʕFDWLRQV PDW©ULHOOHV SOXW´W TXH SV\FKRORJLTXHV WRXMRXUV OL©HV   OD SURYLGHQFH étatique survenue au 18e: une maison désignée confortable aujourd’hui est une maison disposant d’un espace chambre avec un lit, un espace salle d’eau avec une douche et un lavabo et un espace de cuisine avec un évier, des plaques de cuisson et une machine à laver le linge avec une ou deux fenêtres pour la lumière. Ceci constitue les critères de confort contemporains minimum pour un occidental. Qu’en est-il des considérations psychologiques? Réduites par manque de PR\HQVʕQDQFLHUVFDUWRXWXQFKDFXQVHUHSU©VHQWHOȏKDELWDWLG©DOTXLGHYLHQWOȏREMHFWLIGȏXQHYLHREMHFWLI©WDQWV\QRQ\PH LFLDYHFʕQDQFHPHQWGRQWOHVDVSLUDWLRQVVRQWVRXYHQWUHYXHV ODEDLVVHSDUPDQTXHGHʕQDQFHPHQW2UOHVU©VLGHQFHV DOWHUQDWLYHVSURSRVHQWDXVVLODSRVVLELOLW©GȏXQHPDLVRQ SUL[G©ʕDQWWRXWHFRQFXUUHQFHFHODQHVLJQLʕDQWHQULHQTXȏLO faut promouvoir ces habitats comme des logements économiques car avant d’être économiques ils sont économes et résulte d’une véritable philosophie de vie.

Si nous ne nous attendons pas à persuader quiconque d’une vérité au sujet des habitats légers et/ou des résidences alternatives, nous espérons avoir permis de porter un regard nouveau, voire de reconsidérer certains avis sur ces objets architecturaux qui sont regardés avec amusement et ne sont pas considérés comme de l’Architecture alors qu’il \DGHOȏLQWHOOLJHQFHGDQVFHVKDELWDWLRQV6ȏLOSDUD®WHIIHFWLYHPHQWGLIʕFLOHVGDQVOHFRQWH[WHHWODPHQWDOLW©RFFLGHQWDOH contemporains, que le mode de vie des résidences alternatives se généralise, elles restent fondées sur une sobriété, évitant les compromis écologiques actuels entre des moyens démesurés pour un confort qui pourrait être considéré FRPPHVXSHUʖXHWGHVHIIHWVPLWLJ©VYLV YLVGHOȏHQYLURQQHPHQW,OQHVȏDJLWSDVGHGLUHFRPPHQWKDELWHUPDLVGH UHFRQVLG©UHUQRWUHPRGHGHYLHHWQRVJHVWHVTXRWLGLHQV XQH©FKHOOHJOREDOHDʕQGHQRXVUHVSRQVDELOLVHUVXUOHIDLWTXH OȏDFWLYLW©KXPDLQHHVWHQWUDLQGHG©WUXLUHODSODQ¨WH&HWWHDIʕUPDWLRQQȏHVWPDOKHXUHXVHPHQWSDVXQHGUDPDWLVDWLRQHQ vue d’appuyer un point de vue, mais est fondée sur des faits: l’activité humaine produit des gaz à effet de serre qui ajoutés à la déforestation engendre des réactions en chaîne conduisant à la destruction de la couche d’ozone, le réchauffement FOLPDWLTXHHWF&HWWHU©DOLW©GRLWIDLUHHQYLVDJHUGHVVROXWLRQVHWGHVH[S©ULPHQWDWLRQVDXWRXUGHOȏKDELWDWDʕQGȏHQU©GXLUH l’impact environnemental. Or dans l’idée d’expérimentation, l’étude de ce corpus a fait réaliser que la fabrication de OȏKDELWDWDFWXHOJDJQHUDLW HQFRXUDJHUOHVLQLWLDWLYHVSULY©HVGHVKDELWDQWV/HFRQʖLWRSSRVDQWO©JLVODWHXUVDYHFOHV arguments de l’hygiène et de la sécurité, et résidents, avec les arguments de sobriété et de respect environnemental, SRXUUDLWªWUHDSDLV©SDUGHV©WXGHVDUFKLWHFWXUDOHVGHVU©VLGHQFHVDOWHUQDWLYHVWHOOHVTXHG©ʕQLHVLFLHWSHXWªWUHHVWFH en cela que les architectes seraient susceptibles d’intervenir, sans parler d’avocat de la défense, il s’agirait d’instaurer un dialogue entre ces deux parties, le processus de fabrication des résidences alternatives s’en trouveraient formalisées, ce qui à la fois les présenteraient avantageusement aux législateurs mais en contrepartie pourrait engendrer de nouvelles contraintes...

Ce mémoire se conclue sur une (dernière) frustration, celle de ne pouvoir développer un volet «projet architectural» en vue de mettre ces recherches à l’épreuve d’un projet d’habitation; peut-être ce volet fera-t-il l’objet du PFE de l’année qui s’annonce avec en questionnement parallèle les architectes doivent-ils investir le domaine des résidences alternatives et plus généralement des habitats légers ? Car, vous l’aurez compris, ces résidences ont enthousiasmé l’auteur de ce mémoire qui vous laisse sur la citation d’Aldo Rossi «LOHVWLPSRUWDQWGȏLOOXPLQHUOHVʕOVTXLFRQGXLVHQWGHOȏLPDJLQDLUH OD

réalité et l’une et l’autre à la liberté».

2. À OD ʕQ GX H HW début 19e, un glissement linguistique s’opère des RXYULHUV DX[ WUDYDLOOHXUV DʕQ de sortir des expressions et des architectures de type «logement ouvrier». L’ouvrier est assimilé au travail d’usine, à la saleté et désigne des individus issus de couches populaires. Tandis que le travailleur désigne aussi des individus salariés issus de la couche moyenne, dans l’espoir GHGLYHUVLʕHUODSRSXODWLRQGHV logements sociaux, dans l’idée de mixité sociale.

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