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Thèmes transversaux

Carte 3.3 : Localisation Des Institutions De La Communauté Germanophone À Eupen

1.2.2 Thèmes transversaux

A côté des cinq thématiques abordées, l’EMR s’est fixée des objectifs dans quatre thèmes transversaux. Ils sont définis comme tel car ils doivent être développés en parallèle des thèmes clés et constituer une ligne directrice pour chaque projet.

1.2.2.1 Mobilité et infrastructure

L’EMR vise à développer les infrastructures de transport eurégionales et à permettre à ses habitants de se déplacer facilement au sein de son territoire. Pour permettre le développement de ses thèmes clés, il semble évident qu’une infrastructure efficace soit nécessaire. Ainsi, en partenariat avec AVV13, la compagnie des transports de la région d’Aix-la-Chapelle (BRF, 2018), l’EMR a mis en place un ticket eurégional permettant à son utilisateur d’emprunter l’ensemble des réseaux ferroviaires et routiers du territoire de l’EMR, indépendamment du pays dans lequel il a acheté ce ticket. On estime que 18 000 à 20 000 tickets eurégionaux sont vendus chaque année.

Un partenariat avec les chemins de fer belges a également permis d’appliquer le tarif national jusqu’aux gares de Maastricht et d’Aix-la-Chapelle. Mais les différentes compagnies de transport nationales manquent de coordination et la gestion des horaires afin de trouver des correspondances est encore à améliorer. En ce qui concerne la logistique, les équipements disponibles sont très efficaces mais doivent encore être harmonisés car ils sont trop orientés vers le contexte national.

1.2.2.2. Développement durable

Le développement durable est considéré comme un thème transversal et global. Ainsi l’EMR soutient cette thématique dans toutes les décisions politiques, qu’elles concernent l’économie, le transport, l’énergie ou le tourisme.

Les actions de l’EMR en terme de développement durable sont matérialisées par le Parc des Trois Pays situé à la frontière de la Belgique, de l’Allemagne et des Pays-Bas. Sous la responsabilité d’Anja Brüll – également personne de contact pour cette thématique – le parc s’est développé depuis 2001, grâce à la collaboration des différents partenaires, en un paysage naturel où la biodiversité et le respect de l’environnement sont les objectifs majeurs. Les principales thématiques du Parc sont en lien avec l’ensemble du territoire de l’EMR et concernent le développement des infrastructures vertes, l’amélioration de la qualité de l’eau et le rôle des paysages naturels pour l’économie et la santé.

1.2.2.3. Analyse territoriale

L’analyse territoriale permet à l’EMR de bénéficier d’une expertise scientifique sur les caractéristiques de son territoire et sur l’impact de la coopération transfrontalière sur ses citoyens. C’est pourquoi elle travaille en collaboration avec des instituts spécialisés dans ce

domaine. On peut citer notamment l’Euregional Information Service (EIS) qui collecte des données concernant l’EMR dans les domaines de la santé, de la mobilité, de l’économie, du tourisme, et de la géographie. L’Eurégio a également noué un partenariat avec l’Institute for Transnational and Euregional cross border coopération and Mobility (ITEM) de Maastricht. Cet institut de recherche scientifique réalise des études sur les effets de la coopération transfrontalière au niveau des citoyens et sensibilise les pouvoirs politiques aux effets d’une telle coopération. C’est par exemple l’ITEM qui a initié la possibilité pour l’EMR de devenir un GECT en réalisant une étude en 2009 sur les avantages que ce statut lui apporterait (Entretien avec Martin Unfried, 2019).

1.2.2.4. Défense des intérêts communs et marketing régional

Dans le but de défendre les intérêts communs à toutes les régions membres de l’EMR, cette dernière souhaite avancer dans la coopération avec les organisations apparentées présentes sur le territoire. Il peut s’agir d’associations communales, comme les villes MAHHL (Maastricht, Aix-la-Chapelle, Hasselt, Heerlen, Liège) et l’AG Charlemagne (comprenant la Communauté germanophone, la région d’Aix-la-Chapelle et le sud du Limbourg néerlandais), pour lesquelles une coopération est souhaitable dans le sens où beaucoup de projets similaires sont réalisés par ces entités.

L’EMR souhaite également poursuivre la coopération avec des institutions supra-nationales, comme l’Association des Régions Frontalières d’Europe, le Comité des Régions et la Mission Opérationnelle Transfrontalière pour pouvoir échanger les meilleures pratiques et résoudre les problèmes communs aux organismes transfrontaliers.

1.3 Eléments de réflexion

Le politicien belge Karl-Keinz Lambertz distingue trois générations de coopération transfrontalière dans son livre « Von Eupen nach Europa » (2018, p. 48). La première se déclare lorsque les frontières nationales s’effacent et que des projets transfrontaliers apparaissent - comme par exemple aux frontières orientales de l’UE en 2004 lorsque 10 Etats l’ont rejoint : ces projets sont en général de moindre importance, comme la construction d’infrastructures transnationales, mais posent les basent de la coopération transfrontalière. Lorsque les frontières ont disparu, la mobilité augmente. Mais cette mobilité est fragilisée par les lois et cultures qui diffèrent d’un Etat à l’autre. La seconde génération des organismes transfrontaliers prend en compte ces différences et adapte les projets mis en place selon les législations en vigueur. Cette génération est la plus difficile à franchir mais elle permet d’améliorer de façon durable la mobilité et la coopération transfrontalière.

Enfin la troisième génération apparait lorsque les échanges se font de manière régulière et intensive. Ainsi la mise en place de projets ne se fait plus au cas par cas mais une norme transfrontalière est établie ; il parait alors évident que si un projet est monté, il doit respecter aussi les normes des régions voisines. C’est à cette génération qu’appartient l’EMR. On pourrait ajouter une quatrième génération qui correspondrait à la transformation des organismes transfrontaliers en véritables régions européennes, mais cette étape n’est pas souhaitable car elle causerait de nombreux problèmes à l’échelle des Etats.

L’EMR se définit comme tel : « L’Euregio Meuse-Rhin se comprend comme plateforme regroupant les acteurs-clés, comme médiateur pour promouvoir la cohésion économique, sociale et territoriale, sans pour autant tenter de remplacer les autorités compétentes existantes. » (Euregio Meuse-Rhin, 2019). Finalement, l’idée que les eurorégions remplaceront à terme les régions nationales relève du fantasme, autant du côté des europhiles – rêvant des Etats-Unis d’Europe – que des eurosceptiques, qui se servent de cette idée pour prévenir des dangers de l’UE. Mais concrètement cette idée de supprimer les frontières nationales n’apparait dans aucun point de l’EMR.

L’objectif de l’Eurégio Meuse-Rhin se cantonne à promouvoir la coopération transfrontalière et à pallier les obstacles introduits par les frontières nationales. Mais il est difficile d’évaluer si ces objectifs sont réalisés, si la structure est efficace en somme, car bien qu’on dispose de données absolues il n’est pas évident de les analyser. Par exemple, le nombre de personnes ayant été enregistrées dans un PIF est de 6000 en 2017 : faut-il comparer ces chiffres avec le nombre de travailleurs transfrontaliers ? Ou avec le nombre de travailleurs ? Est-ce que la création de ces PIF est une cause ou une conséquence de l’augmentation de ce nombre ? De plus, il est difficile d’établir un classement des eurorégions car leur fonctionnement est très différent. L’Euregio Maas-Rhein Nord par exemple est un organisme de coopération dirigé par deux communes et par leur maire. La Grande Région compte quant à elle le Grand- Duché du Luxembourg, soit un acteur agissant à l’échelle nationale (Entretien avec Martin Umfried, 16.04.19), et peut agir dans tous les domaines dans lesquels l’Etat est compétent. Certaines structures de coopération sont axées sur l’économie, d’autres sur la culture etc. mais aucune norme n’est définie comme ligne directrice pour promouvoir la coopération. Finalement, l’analyse de l’efficacité de l’EMR se contente d’étudier les projets transfrontaliers sur son territoire et de juger s’ils sont utiles ou non.

2. Contenu de ma mission

Mon stage s’est déroulé pendant 4 mois au bureau de l’Eurégio Meuse-Rhin, situé au premier étage de la 42 Gospertstraße à Eupen. L’équipe est composée d’une dizaine de membres mais les représentants des régions partenaires ne sont pas présents tous les jours. Ainsi la plupart du temps nous étions quatre à cinq au bureau. Etant donné qu’il n’y a pas autant de postes de travail que d’employés, je travaillais là où il y avait de la place. L’équipe est composée de flamands, de néerlandais, de belges germanophones et d’allemands. La communication générale se fait en allemand, mais puisque tous parlent au moins deux langues eurégionales, les discussions informelles se font aussi en néerlandais et en français. Pour ma part, j’ai parlé français et allemand en fonction de mes interlocuteurs, mais mon maitre de stage m’a toujours parlé en français pour être sûr que je comprenne les tâches qui m’étaient confiées.

Les frais de déplacements étant remboursés par l’organisme, j’ai décidé de vivre à Liège. Il s’agit de la seule grande ville francophone de l’EMR et elle est reliée à Eupen par une ligne directe de train. Je faisais donc un trajet quotidien entre mon kot – le nom donné aux colocations étudiantes en Belgique – et le bureau.

Au cours de ce stage, plusieurs missions m’ont été confiées. Afin de les décrire au mieux, je propose la méthodologie suivante : dans un premier temps je présenterai les tâches les plus importantes avec leur contexte, le déroulement des missions et les enjeux qui leur sont associés, puis j’expliquerai plus brièvement les autres activités que j’ai effectuées, comme les réunions ou les conférences auxquelles j’ai participé. Enfin, une seconde partie sera consacrée au bilan de ce stage et aux compétences qu’il m’a apporté par rapport au domaine de la géopolitique.

2.1 Présentation des missions

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