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MATERIELS ET METHODES

B- Analyse globale des réponses :

1- Taux durée et nature des réponses

La figure 20 et le tableau VIII résument les l‟analyses des réponses sur la population totale de l‟étude (indépendamment de la ligne du traitement), notons un taux de réponses objectives de l‟ordre de 37,8% soit 14 patients dont 2 ayant montré une réponse complète (5,4%), 12 patients (32,4%) n‟ont montré que des réponses partielles. 17 patients (46%) sont décédés au cours de cette étude à cause d‟une progression tumorale, et 5 patients (13,2%) ont été perdus de vue. Le reste des patients (3%) est en cours de traitement.

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Figure 20 : Taux des réponses

Tableau VIII : Analyse de l’efficacité (n=37)

Paramètres Bevacizumab

+ CMT standard Survie (mois)

Médiane (intervalle) 22 (2-54) Temps de progression (mois)

Médiane (intervalle) 9 (2-36)

Taux de réponse (38%)

Total des réponses RC RP Perdus de vue En cours 2 (5,4%) 12 (32,4%) 5 (13,5) 1 (2,7%) Durée des réponses (mois)

Médiane (intervalle) 4 (1-36)

Abréviations : RC, Réponse complète ; RP, Réponse partielle

L‟analyse Kaplan-Meier de la survie globale et des TTP a montré que la médiane de survie était de 22 mois avec une médiane de durée de réponse de

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4 mois. La médiane de progression était de 9 mois pour 31 patients évaluables, 2 patients ont une réponse complète maintenue jusqu'à la fin de la période de cette étude. (Voir figure 21, et tableau IX).

Figure 21 : Analyse Kaplan-Meier montrant les courbes de survie

globale et du temps de progression.

Notons les médianes des DDS et du TTP égales à 22 et 9 respectivement

2- DDS et TTP en fonction des facteurs de risque :

Une analyse globale de la DDS et du TTP en rapport avec les différentes caractéristiques des patients est résumée dans les tableaux IX et X.

Nous relatons ici les facteurs de risque ayant une relevance significative par rapport au traitement.

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2.1- L’âge

La figure 22 montre que les patients âgés de moins de 64 ans semblent avoir un bénéfice en survie par rapport aux patients ayant plus de 64ans (24

vs 9mois ; p=0,025). Au contraire, le TTP n‟est pas influencé par l‟âge

(Tableau X).

Figure 22 : Médianes des DDS en fonction de l‟âge au cours du traitement du CCRm

par BVZ associé à une chimiothérapie standard.

2.2- Le nombre de cures

Les patients ayant bénéficié 6 cures ou plus de BVZ semblent avoir un bénéfice en survie par rapport aux patients ayant reçu moins de 6 cures (36

vs 16 mois ; p=0,0005) (figure 23). L‟analyse statistique pour ce paramètre

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Figure 23 : Médianes des DDS en fonction de du nombre de cures au cours du

traitement du CCRm par BVZ associé à une chimiothérapie standard.

2.3- Thérapies antérieures

Les patients ayants bénéficié d‟une thérapie antérieure telle qu‟une chirurgie de la tumeur et une chimiothérapie adjuvante ont une médiane de survie prolongée (médiane = 35 mois) par rapport à ceux n‟ayant pas reçu de thérapie adjuvante de la tumeur initiale avant l‟installation des métastases (médiane=12 mois) (p=0,003). Le TTP semble aussi influencé par ce paramètre (17 vs 4 ; p=0,006) (figure 24).

Dans le même ordre de comparaison la figure 23 montre que les patients ayant subit une chimiothérapie palliative pour les métastases ont

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bénéficié d‟une DDS prolongée (médiane = 36 mois) que les patients n‟ayant pas reçu de traitement antérieur au BVZ pour le CCRm (médiane=18 mois) (p=0,0072). Le TTP est également influencé par la prise de chimiothérapie palliative (15 vs 6 ; p=0,002) (figure 24).

Figure 24 : DDS et des TTP en fonction des thérapies antérieures au BVZ.

2.4- Stades du cancer :

La DDS et le TTP semblent également corréler avec le stade de la tumeur, ainsi les malades qui se sont présentés initialement avec un CCR Stades II et III présente une DDS et un TTP prolongés par rapport aux

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malades qui se sont présentés avec un stade IV du cancer (p=0,016 ; p=0,00665 respectivement) (voire figure 25)

Figure 25 : Médianes des DDS et TTP en fonction des stades du cancer.

Les comparaisons des médianes de survie et des TTP selon les autres caractéristiques des patients n‟étaient pas significative (voire tableaux IX et X ci-après).

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Tableau IX : Durée de survie en rapport avec les différents facteurs de risque

Facteurs de risque de base Total

(n=33)

Médiane (intervalle) (mois)

P (Test de Student) Tous les patients

Féminin Masculin 17 16 24 (3 à 54) 21 (2 à 45) 0,479 Age, années < 64 ≥ 64 30 3 24 (2 à 54) 9 (3 à 22) 0,025 Localisation de la tumeur Colon Rectum 22 11 24 (3 à 54) 18,5 (2 à 53) 0,179 1ére thérapie adj CMT

Oui Non 16 17 35 (5 à 54) 17 (2 à 45) 0,0055

1ére thérapie adj chirg Oui Non 11 22 26 (5 à 54) 12 (2 à 36) 0,009 Thérapie adj (CMT+CHIR)

Aucune Thérapie adj

14 11 35 (5 à 54) 12 (1 à 36) 0,0023 ECOG, PS Femmes 0 ≥ 1 Hommes 0 ≥ 1 Total 0 ≥ 1 4 13 5 11 9 24 14,5 (8 à 24) 24 (3 à 54) 20 (16 à 45) 22 (2 à 45) 20 (8 à 46) 24 (2 à 54) 0,11 0,214 0,388 Sites métastatiques Foie Autres sites 25 8 22 (2 à 54) 22 (3 à 48) 0,472 Type histologique

ADK peu différencié (APD) ADK moy. Différencié (AMD) ADK bien différencié (ABD)

11 5 17 22 (2 à 36) 9 (2 à 53) 36 (3 à 54) APD vs AMD 0,346 ABD vs AMD 0,138 APD vs ABD 0,115 Nbre de cures ≤5 ≥ 6 19 14 16 (9 à 36) 36 (12 à 54) 0,0005 Stade du cancer II III IV 2 12 19 41 (34 à 48) 24 (8 à 54) 17 (2 à 45) 0,016 (IV vs II et III) Dose du Bevacizumab 5 mg/Kg/15j 7,5 mg/Kg/21j 21 12 24 (4 à 53) 19,5 (2 à 54) 0,36

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Tableau X : Temps de progression en rapport avec les différents facteurs de risque

Facteurs de risque de base Total

(n=33)

Médiane (mois)

P (Test de Student) Tous les patients

Féminin Masculin 17 16 12 (3 à 30) 7,5 (2 à 36) 0,448 Age, années < 64 ≥ 64 30 3 9 (2 à 36) 6 (3 à 18) 0,255 Localisation de la tumeur Colon Rectum 22 11 9 (2 à 36) 6 (2 à 30) 0,152 1ére thérapie adj CMT

Oui Non 16 17 15 (2 à 30) 6 (2 à 36) 0,002

1ére thérapie adj chirg Oui Non 11 22 12 (2 à 36) 4 (3 à 30) 0,021 Thérapie adj CMT+CHIR

Aucune Thérapie adj

14 11 15 (3 à 36) 4 (2 à 30) 0,006 ECOG, PS Femmes 0 ≥ 1 Hommes 0 ≥ 1 Total 0 ≥ 1 4 13 5 11 9 24 8,5 (3 à 17) 12 (3 à 30) 9 (2 à 12) 6 (2 à 36) 9 (4 à 17) 7,5 (3 à 36) 0,26 0,18 0,123 Sites métastatiques Foie Autres sites 25 8 9 (2 à 36) 9 (3 à 24) 0,412 Type histologique

ADK peu différencié (APD) ADK moy. Différencié (AMD) ADK bien différencié (ABD)

11 5 17 6 (3 à 18) 6 (2 à 24) 9 (2 à 36) APD vs AMD 0,378 ABD vs AMD 0,285 APD vs ABD 0,335 Nbre de cures ≤5 ≥ 6 19 14 6 (3 à 36) 9 (2 à 30) 0,339 Stade du cancer II III IV 2 12 19 21,5 (12 à 31) 15,5 (2 à 36) 6 (2 à 36) 0,0065 (IV vs II et III) Dose du Bevacizumab 5 mg/Kg/15j 7,5 mg/Kg/21j 21 12 9 (3 à 36) 7,5 (2 à 31) 0,208 Note : Les probabilités sont calculées par test de Student

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Le cancer colorectal représente 15 à 20% de tous les cancers diagnostiqués. Il est au premier rang de tous les cancers tous sexes confondus (Bouvier, Manfredi et al. 2002; Faivre, Bouvier et al. 2002; Hill, O'Connell et al. 2006). Il occupe le second rang en termes de fréquence chez la femme (après le cancer du sein) et le troisième rang chez l‟homme (après le cancer du poumon et de la prostate) (Boyle, Vainio et al. 2005).

L‟incidence du CCR est de 34000 nouveaux cas par an en Europe ; en vingt ans cette incidence a augmenté de 40% (données francim 1995). Elle augmente exponentiellement avec l‟âge (Bouvier, Manfredi et al. 2002). Au Maroc, selon le registre de l‟Institut national d‟oncologie de Rabat, le CCR représente 11,5% de la totalité des cancers (ALHilali 2005).

Les métastases surviennent dans 40 à 60% des cas des CCR, 25% des métastases sont synchrones à la tumeur initiale et 25% sont métachrones et surviendront dans les 5 années qui suivent (FFCD 2002; Boyle, Vainio et al. 2005).

Le CCR est un cancer du sujet âgé, près de 85% des cas surviennent après 65 ans. Il a une légère prédominance masculine avec un sexe ratio voisin de 1,5 (Boyle, Vainio et al. 2005) (Ballinger and Anggiansah 2007).

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Le travail rapporté est une étude prospective phase II évaluant l‟efficacité et le profil de tolérance du BVZ dans le CCRm. C‟est la première étude marocaine dans son genre, elle inclut 37 malades porteurs d‟un CCRm.

Nous ne disposons au Maroc d‟aucune étude épidémiologique concernant le CCR. Néanmoins, nos résultats concordent avec les données épidémiologiques internationales ; ils montrent un rapport H /F voisin de 1,1. L‟âge médian étant de 54 ans avec des extrêmes de 26 et 70 ans.

Le cancer du colon et du rectum sont actuellement regroupés en une seule entité, dénommée cancer colorectal, selon la nouvelle définition des sociétés savantes (FFCD, FNCLCC, RPC, GERCOR) (Adenis 1998; FFCD 2002; Conroy 2004; GERCOR 2005). La localisation au niveau du colon est la plus fréquente (72%) par rapport au rectum (28%) (CIRC 2002). Dans notre étude, 67% des malades présentaient un cancer du colon et 33% un cancer du rectum.

Le foie est le site métastatique de prédilection dans le CCR, il représenterait le tiers des localisations secondaires selon les données de la Mayo clinic en 2008. Pour notre étude, les métastases hépatiques représentaient 75% des localisations secondaires.

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Le traitement du CCR est multidisciplinaire, incluant la chirurgie carcinologique, la chimiothérapie (adjuvante, palliative ou en concomitant avec la radiothérapie dans les localisations rectales) et la radiothérapie pour les cancers du rectum. Dans la maladie métastatique, la chimiothérapie palliative constitue l‟arme thérapeutique majeure. La chirurgie est également de plus en plus pratiquée, en association à la chimiothérapie, en présence de métastases hépatiques et/ou pulmonaires opérables.

L‟arsenal thérapeutique médical dans le CCRm a connu de grands progrès et s‟est considérablement élargi. La chimiothérapie du CCRm, durant la dernière décennie, s‟est basée sur le 5-fluorouracile (5FU) puis le 5FU en association à l‟acide folinique. Dans les années 2000, plusieurs essais avaient testés de nouvelles drogues en association avec le 5FU, en les comparant au 5FU seul et avaient prouvé leur supériorité en termes de DDS et de temps médian jusqu‟à progression, telles que l‟oxaliplatine et l‟irinotecan. L‟essai Saltz et Douillard a démontré la supériorité de l‟irinotecan au 5FU/LV (Saltz, Douillard et al. 2001), celui de Gramond a objectivé l‟efficacité de l‟oxaliplatine par rapport au 5FU/LV (Ducreux, Gil-Delgado et al. 1998) ; ces études avaient confirmés la supériorité des

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protocoles FOLFOX et FOLFIRI au 5FU/LV, ils sont devenus le standard du traitement du CCRm.

L‟addition de l‟immunothérapie, en particuliers les anticorps monoclonaux aux protocoles de chimiothérapie conventionnelle, a permis à son tour de prolonger la survie des patients atteints d‟un CCRm (Los, Roodhart et al. 2007).

106 Le profil de tolérance :

L‟introduction du BVZ dans les schémas thérapeutiques a révélé un nouveau spectre d‟effets indésirables. Ces derniers peuvent être expliqués par la diminution du VEGF circulant, mais certains effets restent inexpliqués (Los, Roodhart et al. 2007).

L‟association BVZ+IFL a été bien tolérée selon Hurwitz et al : une HTA de grade 3-4 a été observée chez 11% des malades mais elle était facilement corrigée par un traitement antihypertenseur conventionnel. La perforation gastro-intestinale a été observée chez 1,5% des patients. Il n‟y avait pas d‟autre toxicité liée à l‟adjonction du BVZ (Oken, Creech et al. 1982; Saltz, Cox et al. 2000; Therasse, Arbuck et al. 2000; Kabbinavar, Hurwitz et al. 2003; Yang, Haworth et al. 2003; Goldberg, Sargent et al. 2004; Hurwitz, Fehrenbacher et al. 2004).

D‟autres essais ont permis d‟établir plus précisément le profil de toxicité du BVZ tels que l‟essai BEAT, BRITE et TREE (Los, Roodhart et al. 2007).

L‟étude BEAT avait évalué le profil de sécurité du BVZ en association à plusieurs protocoles de chimiothérapie à base de 5FU. Il a été administré à la dose de 5mg/kg/15J pour les protocoles à base de 5FU et

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7,5mg/kg/21J pour les protocoles à base de capécitabine. Un suivi de 8,7 mois avait mis en évidence des effets indésirables spécifiques au BVZ chez 9% de patients : 1,2% avaient présentés une perforation gastro-intestinale, 1,3% des complications hémorragiques et 0,7% des complications thromboemboliques (Berry SR 2006).

L‟étude BRiTE, plus large, avait évalué le profil de tolérance du BVZ chez 1968 patients, les résultats à 3 ans avaient montré que 12% des malades avaient présenté des effets indésirables spécifiques au BVZ. Les résultats étaient similaires à ceux de l‟étude BEAT : 1,7% de perforations gastro-intestinales, 1,2% de complications hémorragiques et 2,1% de complications thromboemboliques (Kozloff M 2006).

L‟étude TREE avait montré que l‟addition du BVZ était responsable d‟une HTA grade 3-4, d‟un retard de cicatrisation ainsi que de quelques perforations gastro-intestinales (Hochster, Hart et al. 2008).

Toutes ces études avaient permis de conclure que le BVZ était bien toléré chez la plupart des malades et ne provoquait pas de surtoxicité de la chimiothérapie. Néanmoins certains effets indésirables nécessitent une prise en charge spécifique (Los, Roodhart et al. 2007).

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Ainsi un nouveau spectre d‟effets indésirables a été établi, les différentes toxicités du BVZ sont les suivantes :

L’hypertension artérielle : effet indésirable le plus souvent rapporté. Rarement majeure, l‟HTA ne nécessite l‟arrêt du traitement que dans un petit nombre de cas (Bengrine-Lefèvre 2008). Le pourcentage d‟HTA de grade 3-4 varie selon les études : 11% d‟après Hurwitz (Hurwitz, Fehrenbacher et al. 2004). Dans notre étude, l‟HTA est survenue dans 12% des cas.

L‟HTA survient le plus souvent chez les sujets âgés ou déjà hypertendus. Son contrôle est obtenu le plus souvent à l‟aide d‟un traitement antihypertenseur (Bengrine-Lefèvre 2008). Dans notre étude, toutes les HTA ont été corrigées par un antihypertenseur.

La toxicité rénale : la survenue d‟une protéinurie (PU) a été décrite avec le BVZ. Elle peut être faible, détectée aux bandelettes urinaires ou profonde pouvant arriver jusqu‟au syndrome néphrotique (Bengrine-Lefèvre 2008) (Voire annexes).

Hurwitz et al avait rapporté 26,5% de cas de PU(Hurwitz, Fehrenbacher et al. 2004). Dans notre étude, 15% des malades avaient présenté une PU grade 2-3.

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En effet, la survenue d‟une PU n‟est pas spécifique au BVZ puisqu‟elle est observée aussi en cas de chimiothérapie seule (Bengrine-Lefèvre 2008).

Dans notre travail, on a relevé un cas d‟insuffisance rénale terminale au stade de dialyse chez une patiente sous BVZ, hélas une ponction biopsie rénale n‟a pas été faite pour déterminer son origine et sa relation avec le BVZ. Toutefois, l‟apparition d‟un syndrome néphrotique impose un arrêt définitif du traitement (Bengrine-Lefèvre 2008).

Les complications hémorragiques : les événements hémorragiques sévères chez les patients recevant du BVZ sont rares. Ils sont associés à la tumeur dans 1 à 3% des cas. Le BVZ doit être utilisé avec prudence chez les patients dont la tumeur primitive n‟a pas pu être réséquée. Les saignements cutanéo-muqueux sont fréquemment notés dans les essais cliniques, ils varient entre 20 à 40% des cas. Les épistaxis, les saignements gingivaux ou vaginaux sont les plus souvent observés (Bengrine-Lefèvre 2008).

Les recommandations de prudence sont l‟arrêt du BVZ 4 à 6 semaines avant chaque acte chirurgical programmé (Scappaticci, Fehrenbacher et al. 2005). Dans notre travail, 9% des malades avaient présenté des complications

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hémorragiques faites essentiellement de gingivorragies et d‟épistaxis avec 1 cas d‟hématurie.

La thrombose, les perforations digestives et le retard de cicatrisation : sont des complications très rares rencontrées dans moins de 1% des cas, dans la plupart des études cliniques (Hambleton JNWF 2004; Bengrine-Lefèvre 2008). Durant notre étude, aucune de ces complications n‟a été observée.

Effets secondaires mineurs : de par son appartenance à la classe des anticorps monoclonaux, les premières injections de BVZ peuvent être associées à des réactions allergiques le plus souvent minimes à modérées. Le BVZ étant associé à la chimiothérapie en particulier le 5FU et l‟irinotecan, il est parfois difficile de rapporter les effets indésirables strictement liés à cette molécule en cas de toxicité digestive à type de diarrhée ou cutanée (Bengrine-Lefèvre 2008). Cependant, les taux d‟effets indésirables apparaissent augmentés par cette association (Eskens and Verweij 2006). L‟asthénie, est parmi les signes fréquents, 18% de nos malades l‟ont présenté. Les troubles digestifs viennent en 2ème place tels que les nausées, vomissements, diarrhée ou constipation… 15% de nos malades ont présentés des troubles digestifs.

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D’autres effets encore plus rares ont été rapportés dans la littérature tels que l‟infarctus splénique (Malka, Van den Eynde et al. 2006), la perforation de la cloison nasale (Fakih and Lombardo 2006; Traina, Norton et al. 2006) ou la leuco encéphalopathie postérieure réversible (Glusker, Recht et al. 2006; Ozcan, Wong et al. 2006) que nous n‟avons pas rencontré durant notre étude.

Le profil d’efficacité :

Bevacizumab en première ligne métastatique :

La première étude clinique qui avait démontré l‟efficacité d‟un anti-angiogénique dans le traitement du CCRm a été publiée par Hurwitz (Hurwitz 2004). Elle avait montré que l‟addition du BVZ à la chimiothérapie standard apportait une amélioration statistiquement significative en termes de survie chez les malades porteurs d‟un CCRm. 813 patients porteurs d‟un CCRm non préalablement traités ont été randomisés en 2 groupes recevant IFL+placebo (groupe1) versus IFL+BVZ à la dose de 5mg/kg/15J (groupe2). La médiane de survie était de 20,3 mois pour le groupe 2 et 15,6 mois pour le groupe 1(p<0.001). Le temps médian jusqu‟à progression (TTP) était de 10,6 mois pour le groupe 2 versus 6,2 mois pour le groupe 1 (p<0,001). Le taux de réponse était de 44,8% versus 34,8%(p=0,004). Cet

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essai avait permis l‟obtention de l‟autorisation de mise sur le marché du BVZ en première ligne métastatique dans le CCR, en association au 5FU et irinotecan. La seule critique pouvant être adressée à cet essai était le choix du protocole de chimiothérapie, puisque L‟IFL est actuellement abandonné dans la majorité des centres au profit du FOLFIRI, à cause de son profil de toxicité. Néanmoins, plusieurs études ont par la suite confirmé le bénéfice de l‟association du BVZ à la chimiothérapie conventionnelle, quelque soit le protocole choisi (Hurwitz 2004).

Une étude phase III a comparé l‟efficacité et la tolérance du FOLFIRI à d‟autres protocoles à base d‟irinotecan en association au BVZ en première ligne métastatique (mIFL et CapeIRI) chez 430 patients et a démontré la supériorité de l‟association FOLFIRI + BVZ en termes de taux de réponse, survie globale et temps médian jusqu‟à progression (Fuchs, Marshall et al. 2008).

L‟étude NO 169666 est une étude phase III qui avait pour objectifs d‟évaluer le bénéfice en termes de survie sans progression (SSP) de l‟adjonction de BVZ à une bithérapie par XELOX ou FOLFOX et la non infériorité du XELOX par rapport au FOLFOX4. L‟objectif principal de l‟étude a été atteint avec une augmentation significative de la SSP en cas de

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chimiothérapie +BVZ. Une analyse par sous groupe montrait cependant que cette augmentation de survie n‟était observée que dans le groupe XELOX et que la SSP n‟était pas différente entre les patients traités par FOLFOX4 ou FOLFOX4+BVZ. Les données de la survie globale montraient une tendance en faveur de l‟association chimiothérapie +BVZ (survie médiane 21,3mois versus 19,9 ; p=0,07) (Saltz, Clarke et al. 2008).

L‟étude rapportée ici nous a permis d‟évaluer le BVZ en association avec une chimiothérapie standard en première ligne chez 22 patients présentant un CCRm non préalablement traités, les résultats se rapprochaient de la littérature, la médiane de survie était de 18 mois et le TTP de 6 mois. Le taux de réponse était de 31,8%. Une analyse de nos données, dans figure suivante, par sous groupes comparant les durées de survies et TTP en fonction des protocoles de chimiothérapie associés au BVZ (FOLFIRI, XELIRI, FOLFOX, XELOX) montre un bénéfice en survie pour le FOLFIRI en comparaison avec les autres protocoles joignant Barrueco dans son étude (Fuchs, Marshall et al. 2008). Cette comparaison montre également un bénéfice en TTP pour le FOLFOX et non en SSP, ceci concorde avec l‟étude de Saltz et al (Saltz, Clarke et al. 2008).

114 Bevacizumab en deuxième ligne :

L‟étude E3200, est un essai clinique phase III mené par the Eastern Cooperative Oncology Group (Giantonio, Catalano et al. 2007). Cette étude avait randomisé 829 patients porteurs d‟un CCRm préalablement traités par

une chimiothérapie à base de 5FU ou irinotecan, pour recevoir en 2ème ligne

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association au FOLFOX4, soit du FOLFOX4 seul. La médiane de survie et le TTP étaient significativement plus longs pour le groupe recevant du BVZ en association avec FOLFOX4, le taux de réponse était également amélioré dans le bras BVZ+FOLFOX4. Pour le groupe recevant du BVZ en monothérapie, le taux de réponse n‟atteignait pas les 3% (Giantonio, Catalano et al. 2007).

Concernant l‟étude que nous rapportons, 11 patients avaient reçu une chimiothérapie première avant une 2ème ligne à base de chimiothérapie et BVZ, la médiane de survie pour ce groupe était de 36 mois, le TTP était de 9 mois ; le taux de réponse ne dépassait pas 27%. Cette discordance des résultats avec la littérature est probablement en rapport avec la taille réduite de notre échantillon.

Ainsi le BVZ a prouvé son efficacité dans le traitement du CCR à la fois en première et deuxième ligne métastatique (Giantonio, Catalano et al. 2007; Saltz, Clarke et al. 2008).

Une analyse comparative des études NO 16966 (détaillée auparavant) et l‟étude E3200 a été réalisée afin d‟évaluer la relation entre SSP et durée du traitement chez les patients traités par BVZ+chimiothérapie (Giantonio, Catalano et al. 2007). Dans ces 2 études, une amélioration significative de la

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SSP pour les patients traités par BVZ a été observée mais l‟amplitude du bénéfice semblait plus importante en 2ème ligne (HR=0,61) qu‟en 1ère ligne (HR=0,83) (Mitry 2007).

Les résultats de l‟étude rapportée ici se rapprochent des résultats de cette comparaison puisque la TTP est plus prolongé lorsque le BVZ est utilisé en 2ème ligne (9 mois versus 6 mois).

L‟étude BRiTE est une étude phase IV, cohorte de près de 2000 patients traités par chimiothérapie+ BVZ en 1ère ligne, suggère l‟intérêt de poursuivre le BVZ en cas de progression (Grothey, Sugrue et al. 2008). Pour ceci une chimiothérapie de 2ème ligne était proposée dans 65,2% des cas,

avec poursuite du BVZ dans 53,8% des cas après progression sous 1ère ligne

de traitement (Mitry 2007). En analyse multi variée, la poursuite du BVZ après la première progression et la réalisation d‟une deuxième ligne de traitement étaient indépendamment associées à une amélioration de la survie globale (Mitry 2007). Dans cet essai, les patients ne pouvaient pas reprendre

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