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La moyenne des alcoolémies est peu élevée à 0,4 mg/l d'air expiré soit un équivalent de 0,8g/l de sang, ce qui est trop, pour pouvoir conduire puisque le seuil légal est à 0,5g/l.

Cette moyenne semble peu élevée ou en tout cas, elle est plus basse que ce que nous avions supposé. Nous nous attendions à ce que la quasi-totalité des passagers du bus soient alcoolisés dont un grand nombre en ivresse importante.

Il faut noter que cette mesure n'a pas pu être réalisée chez un tiers des usagers du bus par défaut de matériel. L'alcoolémie a été mesurée chez 268 personnes. Le taux d'abstention étant important, il existe un risque que la moyenne mesurée ne reflète pas la réalité.

Par ailleurs le fait qu'un grand nombre de personnes, peu ou non alcoolisées, soient venues par sécurité, simplement vérifier qu'elles peuvent prendre le volant en toute quiétude ou se reposer (classées dans les catégories « repos » ou « mesure d'alcoolémie ») fait baisser la moyenne du taux d'alcoolémie.

Plus que la moyenne, il nous semblait pertinent de mesurer la médiane de l'alcoolémie des passagers. La médiane est la valeur qui partage une distribution en deux parties égales [48]. La médiane divise en deux le panel des alcoolémies. Elle a été calculée car moins sensible aux valeurs extrêmes. Nous constatons qu'elle est de 0,77g/l et donc sensiblement équivalente à la moyenne. Une analyse plus précise par distribution nous montre que 90 personnes sont sous le seuil légal de 0,5 g/l de sang, 93 entre 0,5 et 1g/l et 75 au dessus. Nous noterons que 10 personnes ont plus de 2g/l de sang et présentent un risque majeur de complications.

4.2.2.3 Les caractéristiques socio-démographiques

4.2.2.3.1

L'âge

Il est nécessaire de qualifier le public avant de décider de la mise en place de moyens de prévention [51].

Pour cibler la population à atteindre par la mission Somm'enBus, les jeunes de 15 à 25 ans, nous nous sommes appuyés sur de nombreuses études, notamment celle de L'ARS qui analyse régulièrement, entre autres, le bien-être [49] et les conduites addictives [50] chez les jeunes de 15 à 25 ans.

L'âge moyen des individus recensés est de 22,5 ans et correspond bien au public ciblé. Nous comptons seulement huit usagers de plus de quarante ans. Bien que ces utilisateurs ne soient pas dans la population ciblée, il était difficile de ne pas les prendre en charge. Compte tenu de leur faible nombre, cette prise en charge n'a pas généré de problèmes particuliers.

Si la proportion d'adultes matures venait à augmenter, il faudrait réviser notre position.

4.2.2.3.2

Le sexe

Le ratio de 3,25 est bien plus important que celui retrouvé dans les différentes autres études réalisées au niveau national, qui est 1,4 pour les alcoolisations ponctuelles importantes [21]. Nous aurions pu imaginer retrouver cette moyenne dans le dispositif Somm'enBus.

De fait, force est de constater qu'il attire donc bien plus les garçons que les filles qui en ont probablement également besoin.

En effet, la population féminine fragilisée, voire désinhibée lors des absorptions substantielles d'alcool prend un risque important à errer ou attendre seule dans la rue.

Une des craintes exprimées par des jeunes filles met en évidence la peur de rentrer dans le bus, ne sachant pas quelle est l'ambiance et quel type de personnes elles vont trouver à l'intérieur.

Il y a donc encore ici un effort de communication à faire. Une enquête auprès des filles permettrait de préciser les raisons de leur absence relative au sein du dispositif. Cela permettrait de l'adapter afin de le rendre accueillant et sécurisant pour le sexe féminin.

Les garçons qui constituent une population plus à risque [13] semblent plus réceptifs à l'aide qui leur est proposée.

4.2.2.3.3

L'activité

On retrouve une majorité d'étudiants (49%) et un grand nombre de jeunes actifs (38%). La part des sans emploi est plus modeste avec 6% alors que les lycéens représentent moins de 4%.

Ces données sont en adéquation avec ce que nous attendions et démontrent que l'action concerne une population socialement intégrée puisque plus de 90% des personnes fréquentant le bus exercent un métier ou sont en scolarité.

Nous détaillerons dans le chapitre suivant les différences qui existent entre les sites Victoire, Bassins à Flot et Paludate.

4.2.2.3.4

Le mode d'hébergement

Il apparaît que 83% des personnes interrogées habitent seules et 16% chez leurs parents. Le pourcentage de jeunes déclarant habiter chez leur parents semble sur-évalué. Beaucoup de jeunes notent vivre chez leurs parents assez loin de Bordeaux et sont étudiants. Or un grand nombre de ces domiciles familiaux se situent loin des facultés ou grandes écoles. Nous pouvons imaginer que tous ne font pas un long trajet tous les jours pour étudier et qu'une partie d'entre eux a en fait un pied à terre sur la communauté urbaine de Bordeaux. Les chambres étudiantes ne sont par exemple peut être pas considérées par tous les jeunes comme un domicile. De plus, beaucoup rentrent le week-end dans leur foyer parental qu'ils peuvent donc estimer être leur adresse de domiciliation.

Beaucoup peuvent également n'être que de passage sur Bordeaux dans un but festif.

Il aurait fallu préciser pour que la question soit plus facilement interprétable, si les jeunes avaient un pied à terre pour les études ou habitaient à l'année sur le lieu déclaré. C'est une précision fondamentale pour la réflexion sur l'emplacement du bus selon les périodes de l'année car il est en effet probable qu'une grosse partie de la population étudiante quitte la ville pendant les vacances scolaires, raison pour laquelle la mission est interrompue l'été.

Une des craintes des instigateurs du projet était de voir un afflux de sans domicile fixe dans les lits du bus qui aurait généré une fuite du public jeune et une condamnation de la mission. L'autre ambition de cette question était de quantifier ce phénomène. L'enquête ne fait ressortir qu'une seule personne déclarant un « autre » mode d'hébergement.

Nous pouvons cependant craindre que les personnes marginales n'aient pas répondu à cette question.

Dans la période d'essai du concept en 2013, un SDF a été autorisé à bénéficier du dispositif et l'animateur a constaté que les jeunes ont refusé de rentrer dans le bus en déplorant l'odeur qui y régnait.

Les SDF qui se présentent au Somm'enBus sont donc réorientés vers d'autres dispositifs adaptés.

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