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II) G ENERALITES SUR L ’ AUTISME

6) C ARACTERISTIQUES ASSOCIEES

6.3 T ROUBLES DU SOMMEIL

Dans 44 à 83% de la population des autistes, des troubles du sommeil sont répertoriés (Allik et

al., 2006 ; Krakowiak et al., 2008 ; Liu et al., 2006; Miano et al., 2007) et sont le plus souvent mis en lien avec un décalage des phases d’éveil-endormissement et en particulier une augmentation de la latence d’endormissement. Les insomnies seraient alors plus fréquentes chez les autistes avec des difficultés d’initiation et de maintien du sommeil (Allik et al., 2006; Godbout et al., 2000 ; Patzold et al., 1998 ; Richdale & Prior, 1995 ; Tani et al., 2003), un sentiment de peur à l’égard de la nuit et du sommeil

(Goldman et al., 2009; Krakowiak et al., 2008; Malow et al., 2006; Miano et al., 2007) et des éveils nocturnes

longs et fréquents (Giannotti et al., 2008). Un temps de sommeil plus court est également observé

chez les autistes avec un éveil plus matinal (Malow et al., 2006 ; Patzold et al., 1998 ; Richdale & Prior, 1995).

34 Les troubles du sommeil des autistes sont expliqués par de multiples facteurs dont l’étiologie

est variée : génétique, hormonale, autonomique ou environnementale (Kotagal & Broomall, 2012 ; Liu

et al., 2006).

Origines génétique et hormonale des troubles du sommeil dans l’autisme

Un lien étroit entre la génétique et les facteurs hormonaux a été proposé pour expliquer certaines anomalies du sommeil chez les autistes.

En 2008, Melke et Coll. (Melke et al., 2008) ont identifié des mutations sur un gène qui code

pour une enzyme de synthèse de la mélatonine, dont le rôle essentiel est l’induction du sommeil. Une diminution significative de l'activité de cette enzyme a été observée, entraînant par conséquent une faible concentration sanguine de mélatonine chez les autistes. L'identification de ce déficit en mélatonine pourrait expliquer en partie l'origine des troubles du sommeil liés à l’endormissement chez les autistes.

Des sécrétions basses de mélatonine sont souvent identifiées et une faible concentration de

mélatonine est retrouvée dans les urines, la salive et le sang des autistes (Kulman et al., 2000 ; Leu

et al., 2011 ; Melke et al., 2008). La production de mélatonine suit un rythme circadien avec un pic de production la nuit. Chez les autistes, la quantité de mélatonine produite la nuit est plus faible

et ne suit pas ce rythme circadien (Kulman et al., 2000; Melke et al., 2008). Les troubles du sommeil

semblent être atténués dès lors qu’un traitement en mélatonine leur est administré, avec une diminution significative de la latence d’endormissement et une capacité améliorée de maintien

du sommeil (Paavonen et al., 2003).

Origine autonomique des troubles du sommeil dans l’autisme

Le lien entre SNA et sommeil n’est plus à démontrer (Miglis, 2016). Les sujets ayant des troubles

du sommeil sont également dysautonomes, et inversement. Dans l’autisme, sont parallèlement observés des troubles apparentés à une dysautonomie et des troubles du sommeil, sans que le lien

35 entre les deux n’ait encore jamais été étudié. Il est reconnu dans la population générale que les éveils nocturnes, qui sont majoritairement les troubles du sommeil retrouvés chez les autistes, entraîneraient une activation du système nerveux sympathique pendant le sommeil lent profond

(Bonnet & Arand, 1998 ; Smith et al., 1999). Toutefois, aucun lien n’a été évoqué à ce jour avec les caractéristiques autonomiques des autistes.

Influences du comportement et de l’environnement dans les troubles du sommeil chez l’autiste

Les troubles du comportement et le faible développement cognitif des autistes pourraient être à

l’origine d’un sommeil perturbé, et inversement (American Psychiatric Association, 2000). Une durée

totale de sommeil plus courte est associée à une majoration des comportements stéréotypés et à

une altération plus importante des compétences sociales (Schreck et al., 2004). La courte durée du

sommeil entraînerait une somnolence diurne qui augmenterait les troubles comportementaux de l’enfant autiste avec une attention moindre, des difficultés d’apprentissage, des troubles de la

mémoire et des comportements hyperactifs (Goldman et al., 2009; Kotagal & Broomall, 2012; Malow et al.,

2006). Ce sommeil de moindre qualité semble influencer négativement le développement et la qualité de vie des enfants autistes, et de fait altère la vie familiale.

La prise de traitements pharmacologiques pour réduire les troubles du comportement et les comorbidités retrouvées chez les autistes, comme les troubles psychiatriques ou épileptiques,

peuvent également influencer négativement le sommeil (Giannotti et al., 2008 ; Kotagal & Broomall,

2012; Liu et al., 2006 ).

Le développement cognitif et notamment le quotient intellectuel, le degré d’autisme et l’âge

semblent avoir un impact sur le sommeil mais ces facteurs restent controversés (Hoshino et al., 1984 ;

Krakowiak et al., 2008 ; Patzold et al., 1998 ; Richdale & Prior, 1995 ; Wachob & Lorenzi, 2015).

Une seule étude, celle de Weiskop et al. en 2001, s’est intéressée à ce jour à la prise en charge des troubles du sommeil à l’aide d’outils comportementaux (routines du coucher, renforçateurs, clartés des instructions, procédures d’extinction du comportement). Il est alors

36 évoqué que l’enfant peut devenir autonome sur les étapes du coucher et que son sommeil

devient continu et de meilleure qualité avec l’instauration de ces routines (Weiskop et al., 2001).

Les interactions entre ‘sommeil et autisme’ sont complexes et multi-causales. Dans la population générale, l’influence de la pratique d’activité physique sur la qualité du sommeil

n’est plus à démontrer (Chennaoui et al., 2015). Or, il est reconnu que les enfants autistes sont

moins actifs que leurs pairs (Lang, 2010 ; Pan, 2008; Pan & Frey, 2006), la sédentarité pourrait alors

être une explication à leurs troubles du sommeil (Tatsumi et al., 2014). Cette moindre activité est

par ailleurs mise en lien dans la littérature avec des altérations motrices chez les enfants autistes

(Pan & Frey, 2006) qui rendraient la réalisation d’un geste moteur plus difficile dans cette population et de fait, les enfants autistes feraient moins d’activité physique et auraient un sommeil de moindre qualité.