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3.4 T´ el´ ediagnostic de MP

4.1.2 Tˆ aches vocales

Le premier travail a ´et´e de choisir les tˆaches vocales les plus pertinentes `a faire faire aux sujets afin de mettre le plus possible en valeur les diff´erences vocales entre les sujets sains et

Figure 4.1 – Base de donn´ees, utilis´ee pour l’analyse, des sujets enregistr´es en condition de laboratoire, avec le microphone professionnel et le microphone interne de l’ordinateur.

les sujets Parkinsoniens ou pr´e-Parkinsoniens. A cette fin j’ai fait un ´etat de l’art [Jeancolas et al., 2016] sur l’analyse de la voix dans la maladie de Parkinson que j’ai pr´esent´e lors d’une conf´erence. La voyelle soutenue /a/ semble suffire `a elle seule pour d´etecter la maladie de Parkin- son `a un stade relativement avanc´e (elle a ´et´e beaucoup utilis´ee dans ce cadre). Cependant pour les stades d´ebutants, d’autres types de tˆaches semblent plus pertinents. Le Tableau 2.2 regroupe les tˆaches les plus pertinentes d’apr`es la litt´erature dans la d´etection pr´ecoce de Parkinson et les param`etres acoustiques discriminants associ´es. Cet ´etat de l’art m’a permis de s´electionner un ensemble de tˆaches `a proposer aux participants :

• Voyelle soutenue : maintenir le son /a/ le plus longtemps possible en un seul souffle.

Cette tˆache met en ´evidence les probl`emes de phonation (changement de timbre, et diffi- cult´e `a maintenir une hauteur (F0) et une intensit´e constantes). On a choisi la voyelle /a/ car des ´etudes ont montr´e qu’elle permettait un meilleur taux de d´etection de la maladie de Parkinson que les autres voyelles [Orozco-Arroyave et al., 2014a].

• Glissando : prononcer le son /a/ `a la mani`ere d’une sir`ene (du grave `a l’aigu puis re-

descente vers le grave). Nous avons s´electionn´e cette tˆache, introduite tr`es r´ecemment dans des ´etudes de d´etection de Parkinson [Orozco-Arroyave et al., 2014a] pour tester les difficult´es de continuit´e du mouvement et d’amplitude du spectre vocal.

• Diadococin´esie (DDK) : r´ep´etitions rapides de syllabes en un seul souffle ( /pa/, /pou/,

/kou/, /poupa/, /pakou/, /pataka/, /badaga/, /patikou/, /pabikou/, /padikou/). Ces r´ep´etitions rapides font apparaˆıtre les probl`emes d’articulation qui ont surtout lieu pen- dant la prononciation de consonnes occlusives (cf. section 2.3.2). Les voyelles choisies entre ces consonnes sont celles qui forment le triangle vocalique.

• Monologue : raconter sa journ´ee pendant une minute. Cette tˆache permet d’´etudier

la diminution de la prosodie et les probl`emes d’articulations (de consonnes comme de voyelles). Cette tˆache permet ´egalement d’avoir un jeu de donn´ees texte-ind´ependant.

• Lectures : un petit texte, un dialogue et 2 phrases courtes (1 question et 1 exclamation)

`

a lire. La lecture permet d’´etudier les difficult´es de prosodie et d’articulation mais sans variation due au contenu linguistique. Le texte contient tous les phon`emes de la langue fran¸caise. Le dialogue et les phrases courtes sont `a valeur ´emotionnelle de fa¸con `a impli- quer une prosodie prononc´ee. Ci-dessous l’ensemble des phrases et textes que les sujets ont eu `a lire :

- texte :

“Au loin un gosse trouve, dans la belle nuit complice, une merveilleuse et fraˆıche jeune campagne. Il n’a pas plus de dix ans et semble venir de tr`es loin. Comment il en est arriv´e l`a, ¸ca l’histoire ne le dit pas.”

- dialogue :

— Tu as eu des nouvelles de Ludivine r´ecemment ? Elle ne r´epond plus `a mes messages depuis quelques temps.

— Je l’ai aper¸cue par hasard au parc hier. Tu ne devineras JAMAIS ce qu’elle faisait ! — Vas-y raconte !

— Elle courait autour du stade `a CLOCHE-PIED et avec un BANDEAU sur les yeux ! — Ha la la ! Comment c’est possible de ne pas avoir peur du ridicule `a ce point ? — `A mon avis elle aime juste bien se faire remarquer.

- phrases courtes :

- Tu as appris la nouvelle ? - C’est pas possible !

• R´ep´etitions de phrases courtes : 2 questions et 2 exclamations `a r´ep´eter. Nous avons ajout´e cette tˆache pour comparer les probl`emes de prosodie et de r´ep´etition lors de la lecture et lors d’une r´ep´etition. Une des deux questions et une des deux exclamations sont les mˆemes que celles de la lecture. Dans le but que la prononciation de ces phrases lors de la tˆache de lecture ne soit pas influenc´ee par l’´ecoute de ces mˆemes phrases lors de la tˆache de r´ep´etition, notre algorithme fait apparaˆıtre les 2 phrases communes d’abord dans la tˆache de lecture. Les r´ep´etitions de phrases courtes sont d’autant plus impor- tantes pour l’´etude t´el´ephonique que nous n’y proposons pas de tˆache de lecture pour des raisons pratiques. Ci-dessous les textes des phrases que les sujets ont eu `a r´ep´eter : - “Tu as appris la nouvelle ?”

- “C’est pas possible !”

- “Tu sais ce qu’il est devenu ?” - “Il n’aurait jamais dˆu faire ¸ca !”

• Rythme : R´ep´eter lentement les syllabes /pa/, /kou/ et /pa kou/ en essayant de res- pecter le rythme de l’exemple (soit une syllabe par seconde) et ce pendant 30s. L’utilit´e de cette tˆache est qu’elle met en valeur la difficult´e qu’ont les sujets Parkinsoniens de maintenir un rythme constant [Skodda et al., 2013].

• Silence : Un silence de 5s est enregistr´e, pendant lequel on demande au sujet de respirer normalement. Cet enregistrement permet de capturer le bruit de fond.

Toutes ces tˆaches ont ´et´e faites une fois par session sauf la r´ep´etition rapide de /pataka/, la r´ep´etition lente de /pa kou/, la voyelle soutenue et le glissando qui ont ´et´e effectu´ees 2 fois.

A raison de 6 min d’enregistrements en moyenne par sujet, la quantit´e de donn´ees paroles totale disponibles pour l’analyse de cette base de donn´ees est d’environ 25 heures (11.5 h de MP, 4.5 h de iRBD et 9 h de sains). Le d´etail de la quantit´e de parole par type de tˆache est pr´esent´e Figure 4.2.