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Télémédecine et téléréhabilitation :

Anatomopathologie selon la classification de l'OMS

VII. Quelles sont les perspectives d’avenir ?

2. Télémédecine et téléréhabilitation :

2.1. Télémédecine

Comme la santé, la télémédecine relève d’un périmètre défini par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) :

« Telemedicine is the delivery of health care services, where distance is a critical factor, by all health care professionals using information and communication technologies for the exchange of valid information for diagnosis, treatment and prevention of disease and injuries, research and evaluation, and for the continuing education of health care providers, all in the interests of advancing the health of individuals and their communities » (OMS, 1997).

La télémédecine est donc une pratique médicale réalisée à distance par des professionnels médicaux. Inscrite dans le système de santé, la télémédecine se borne à l’espace du soin. Cependant, cette notion est à différencier du Telehealth et e-health. LeTelehealth est donc un terme générique pour définir toute utilisation de technologies du numérique dans le domaine de la santé. Au sens de l’OMS, la télémédecine et la

e-santé sont des sous-ensembles de la télésanté mais ne sont en aucun cas des synonymes. La e-santé (e-health) renvoie à l’ensemble du contenu numérique en libre accès lié à la santé et facilitant sa diffusion que ce soit dans la sphère médicale ou domestique. La télémédecine renvoie à la prise en charge clinique. Chaque terme revêt donc un caractère singulier.

La télémédecine en tant que pratique de la médecine à distance, via les technologies de l’information et de la communication, est plébiscitée par les organisations de coopération internationale que sont l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) et l’OCDE ( Organisation de coopération et de développement économique). Ces organisations y voient un moyen d’améliorer l’efficience et la performance des systèmes de santé de leurs pays membres. Selon l’OMS, la télémédecine en tant que pratique de la médecine à distance via les technologies de l’information et de la communication (TIC) doit permettre d’améliorer la performance des systèmes de soins en favorisant l’équité, l’éfficacité et l’accessibilité des systèmes de santé (OMS, 2012) [277].

Celle ci est utilisée depuis de très nombreuses années en neurochirurgie. L’accès sécurisé par Internet et l’augmentation des débits par Wifi, offre aujourd’hui une efficience accrue. Elle permet d’éviter des transferts inutiles, pour la plupart médicalisés, d’orienter le patient vers le

plateau technique le plus approprié et disponible dans le cadre du SIOS ( Schéma interrégional d’organisation sanitaire) de neurochirurgie, d’assurer pour nos confrères urgentistes et réanimateurs une permanence des avis, y compris en cas d’aggravation neurologique, une économie des moyens humains médicaux et financiers, en évitant les transferts médicalisés coûteux, inutiles dans 80% des cas.

La télémédecine apporte des avantages certains ; son utilisation est encore sous- dimensionnée. Elle permet, de plus, une formation « continue » au fil des avis, un travail en équipe. Sa rémunération, son périmètre juridique en terme de responsabilité médicale sont des points majeurs sur lesquels il faudrait se focaliser afin que son utilisation progresse. Sa généralisation dans le cadre des SIOS de neurochirurgie permettrait notamment de créer un réseau « national » de neurochirurgie [278].

La chirurgie éveillée, étant une pratique pluridisciplinaire avant tout, pourrait profiter de façon incommensurable des avancées de ce prodigieux moyen de communication dans l’avenir par la réalisation de mapping cérébral sous contrôle à distance par des experts, ou encore par la formation d’équipe à distance…

2.2. Téléimagerie

La téléimagerie est l’échange et le partage entre professionnels de santé, d’examens d’imagerie médicale et de données cliniques ou biologiques permettant le diagnostic de la maladie. Elle répond à un besoin croissant des professionnels de santé prenant en charge un même patient d’accéder à ses données d’imagerie médicale, dans un contexte de simplification du parcours de soins de ce dernier. Sur le plan strictement réglementaire, la téléimagerie relève de la téléexpertise [279] (Figure 23).

Figure 23: Procédure de téléimagerie

Elle repose sur des technologies largement diffusées s’articulant essentiellement autour de deux outils : le premier permettant le partage des images statiques (scanner/IRM par exemple) ou dynamiques (dans le cadre de la cartographie cérébrale peropératoire) entre deux ou plusieurs sites ; le second permettant l’organisation des professionnels de santé autour d’un

workflow donné. L’ensemble de l’architecture technique devrait répondre aux contraintes de sécurité, d’archivage et de sauvegarde des données [280].

Elle permet de pallier à divers besoins tels que l’inégale répartition géographique de l’expertise en imagerie médicale, l’optimisation de la prise en charge des patients relevant de soins d’urgence et/ou de filières spécialisées ( neurochirurgie, oncologie ), l’optimisation des collaborations médicales nécessaires à l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies thérapeutiques complexes et adaptées à toutes sortes de pathologies, l’amélioration de la recherche clinique, la formation médicale initiale et continue ainsi que l’amélioration de la pratique professionnelle [281, 282].

Par ailleurs, elle présente de nombreux avantages. D’un point de vue clinique, elle permet l’amélioration du diagnostic par l’accès aux examens antérieurs et la diminution des examens redondants. D’un point de vue économique, elle favorise la diminution du transfert des patients dans le cas des urgences, l’optimisation des gardes et astreintes au sein d’une communauté hospitalière territoriale. D’un point de vue organisationnel, la téléimagerie permet de répondre aux problèmes posés par la non-disponibilité d’expert d’imagerie médicale, plus particulièrement dans les cas de permanence de soins [283] et d’accéder à une expertise distante dans le cas des diagnostics complexes.

Tous ces avantages contribueraient à l’essor de la chirurgie éveillée de façon exponentielle et permettraient d’élargir l’horizon de ses recours.

2.3. Téléréhabilitation

Les déficits en mémoire de travail sont communs dans le cadre des gliomes, notamment ceux de bas grade. Ces derniers persistent des fois malgré une opération en chirurgie éveillée et perturbent ainsi le fonctionnement dans la vie quotidienne. Une équipe française explore en 2013 les apports d’une prise en charge rééducative via internet de patients opérés d’une tumeur en condition éveillée. Les patients ont bénéficié de 25 séances de rééducation de la mémoire de travail par internet sur une durée de cinq semaines. Une amélioration des capacités en mémoire de travail a été objectivé chez les patients, tant aux tâches entraînées qu’aux tests neuropsychologiques, ainsi qu’une légère amélioration de la vitesse de réaction et de dénomination. Une meilleure compréhension orale et écrite a été constatée, et une perception plus positive de l’humeur et de la communication ont été perçus.

La téléréhabilitation constituerait donc une solution souple pour améliorer rapidement les déficits chez des patients encore en activité et dont les séquelles résistent à une séance de rééducation classique hebdomadaire [284].