2.2 D´ efinition formelle des IG
2.2.2 Syst` eme de polarit´ es
N
1=M
N
iN
i+1pour 1≤i < n
N
n=M
0Notons≺≺
+la clˆoture transitive
6de la relation≺≺.
2.2.2 Syst`eme de polarit´es
D´efinition du syst`eme de polarit´es
Les IG, telles qu’elles ont ´et´e implant´ees, utilisent un syst`eme de polarit´es qui a ´et´e d´efini
dans le but de mod´eliser la sensibilit´e des langues naturelles aux ressources. L’ensemble des
polarit´es estP ={=,→,←,↔}, parmi lesquellesN ={=,↔}est le sous-ensemble des polarit´es
neutres :
– inerte (not´ee =) : un trait avec une polarit´e inerte n’est pas consid´er´e comme une
res-source, il se comporte comme un trait non polaris´e et ne peut ˆetre combin´e qu’avec d’autres
traits inertes ;
– positive(not´ee→) : un trait avec une polarit´e positive marque une ressource disponible ;
– n´egative(not´ee←) : un trait avec une polarit´e n´egative marque une ressource requise ;
– virtuelle(not´ee∼) : un trait avec une polarit´e virtuelle est non satur´e : il attend d’interagir
avec un autre trait non inerte et non virtuel ; les polarit´es virtuelles servent `a exprimer des
contraintes sur le contexte dans lequel une DAP peut apparaˆıtre ;
6. La contrainte sur la pr´ec´edence large 2.1.2, page 28, implique que la r´eflexivit´e n’est pas une propri´et´e
pertinente pour la clˆoture transitive de la relation≺≺.
– neutralis´ee (not´ee↔) : un trait avec une polarit´e neutralis´ee est satur´e ; ce trait ne peut
pas ˆetre compos´e avec un trait inerte, positif, n´egatif ou neutralis´e.
La composition des polarit´es est d´efinie par le tableau 2.4, o`u ⊥ marque l’impossibilit´e de
composition de polarit´es.
⊕ = ∼ ← → ↔ ⊥
= = ⊥ ⊥ ⊥ ⊥ ⊥
∼ ⊥ ∼ ← → ↔ ⊥
← ⊥ ← ⊥ ↔ ⊥ ⊥
→ ⊥ → ↔ ⊥ ⊥ ⊥
↔ ⊥ ↔ ⊥ ⊥ ⊥ ⊥
⊥ ⊥ ⊥ ⊥ ⊥ ⊥ ⊥
Figure2.4 – Syst`eme de polarit´es des IG
Multi-ensembles de polarit´es ´equilibr´es
`
A partir de cette d´efinition, il est facile de v´erifier qu’un multi-ensembleM de polarit´es est
´
equilibr´e si et seulement si le r´esultat de sa composition est soit inerte, soit satur´e, c’est-`a-dire :
– L
Mvaut =, ce qui signifie que le multi-ensemble ne contient que des polarit´es inertes et
qu’il en contient au moins une ;
– ou LM vaut ↔, ce qui signifie que le multi-ensemble contient soit une unique polarit´e
positive et une unique polarit´e n´egative, soit une unique polarit´e neutralis´ee.
Le tableau 2.5 r´ecapitule les diff´erentes configurations qui permettent d’obtenir un
multi-ensemble ´equilibr´e.
#
=#
→#
←#
↔#
∼L
n≥1 0 0 0 0 =
0 1 1 0 n≥0 ↔
0 0 0 1 n≥0 ↔
Figure2.5 – Configurations de multi-ensembles de polarit´es ´equilibr´es en IG
La premi`ere ligne du tableau 2.5correspond au cas o`u le r´esultat de la composition des
pola-rit´es du multi-ensemble est la polarit´e inerte. Ce r´esultat ne peut ˆetre obtenu qu’en composant
un multi-ensemble de polarit´es qui contient au moins une polarit´e inerte =, et aucune autre
polarit´e.
Les deuxi`eme et troisi`eme lignes correspondent aux deux fa¸cons d’obtenir une polarit´e
sa-tur´ee : soit la polarit´e satur´ee est produite par composition d’une polarit´e positive et d’une
polarit´e n´egative, soit la polarit´e satur´ee appartient au multi-ensemble de d´epart. La deuxi`eme
ligne d´ecrit les multi-ensembles qui contiennent exactement une polarit´e positive et une polarit´e
n´egative, aucune polarit´e inerte, aucune polarit´e satur´ee, et un nombre quelconque de polarit´es
virtuelles. La troisi`eme ligne d´ecrit les multi-ensembles qui contiennent exactement une polarit´e
2.2. D´efinition formelle des IG 31
satur´ee, aucune polarit´e inerte, aucune polarit´e positive, aucune polarit´e n´egative, et un nombre
indiff´erent de polarit´es virtuelles.
Sous-syst`emes de polarit´es
L’analyse des configurations de multi-ensembles ´equilibr´es r´ev`ele que le syst`eme de polarit´es
des IG peut ˆetre d´ecoup´e en deux sous-ensembles absolument ind´ependants P
1={=} et P
2=
{∼,←,→,↔}, dont chacun a sa propre polarit´e neutre : N
1={=} et N
2={↔}.
Les algorithmes d’analyse et de filtrage des ´etiquetages grammaticaux qui ont ´et´e d´evelopp´es
pour les IG, et que nous verrons dans la suite de ce manuscrit, exploitent le syst`eme de polarit´es
que nous venons de pr´esenter.
2.2.3 Description d’arbre polaris´ee
Nous d´efinissons ici ce qu’est une description d’arbre polaris´ee (DAP). Sommairement, une
DAP est un graphe, c’est-`a-dire un ensemble de nœuds et de relations sur ces nœuds.
Trait polaris´e et structure de traits polaris´ee
Alors que dans les arbres syntaxiques, les traits sont d´efinis comme des couples nom-valeur,
dans les DAP, les valeurs de traits peuvent ˆetre sous-sp´ecifi´ees (par une disjonction de valeurs
atomiques) et une polarit´e est attach´ee `a chaque trait. Les traits sont construits sur une signature
de traits augment´ee de syst`emes de polarit´es : pour chaque nom de trait f ∈ F, en plus de
l’ensembleA
fdes valeurs atomiques, nous consid´erons un syst`eme de polarit´esP
f.
D´efinition 2.2.5 (Trait polaris´e). Un trait polaris´eest d´efini par un triplet compos´e de :
– un nom de traitf pris dansF,
– une polarit´e pprise dans P
f,
– une valeur de trait qui est une disjonction de valeurs atomiques prises dans A
f.
Notations Une valeur de trait est ´ecrite comme une liste de valeurs atomiques s´epar´ees par le
symbolepipe (not´e |). Le point d’interrogation (?) d´enote la disjonction de toutes les valeurs
deA
f. Un trait polaris´e est ´ecrit comme la concat´enation de ces trois composants. Par exemple,
cat → np|ppetfunct ←?sont des traits polaris´es.
Il est ´egalement possible de donner des contraintes suppl´ementaires sur les valeurs de traits
en utilisant des cor´ef´erences.
D´efinition 2.2.6 (Cor´ef´erence). Unecor´ef´erence est un entier appel´e index(not´e [i]).
Par exemple, funct ← [4]obj|subjattrest un trait cor´ef´erenc´e. La port´ee de ces cor´ef´
e-rences est la DAP : une valeur de trait peut ˆetre partag´ee entre deux nœuds d’une mˆeme DAP et
elle est d´efinie modulo renommage des indices. Lorsque nous consid´erons l’union disjointe d’un
multi-ensemble de DAP ´el´ementaires, nous supposons que les indices sont locaux `a chaque DAP
´
el´ementaire du multi-ensemble. Dans la pratique, de telles unions disjointes peuvent requ´erir un
renommage.
Trait filtrant et structure de traits filtrante
Les traits filtrants sont utilis´es pour repr´esenter des contraintes sur les relations de
domina-tion.
D´efinition 2.2.7 (Trait filtrant). Un trait filtrant est un trait polaris´e avec une polarit´e
virtuelle (∼) ou inerte (=) et sans cor´ef´erence.
Les traits filtrants ont pour but de contraindre les valeurs possibles de certains traits. C’est
la raison pour laquelle seules les polarit´es qui sont des ´el´ements neutres de l’op´eration de
com-position de polarit´es, ∼et =, sont autoris´ees dans les traits filtrants
7.
D´efinition 2.2.8 (Structure de traits filtrante). Une structure de traits filtrante est un
ensemble de traits filtrants qui ont des noms diff´erents.
D´efinition 2.2.9 (Compatibilit´e avec une structure de traits filtrante). Une structure de traits
φ est compatible avec une structure de traits filtrante ψ si, pour tout nom de trait f d´efini
dansψ avec la valeur v,φcontient le trait f avec une valeur incluse dans la disjonctionv.
Le tableau ci-dessous compare les trois types de traits que nous avons d´efinis jusqu’ici.
Trait Trait polaris´e Trait filtrant
Emplacement nœuds des arbres
syn-taxiques nœuds des DAPs
relations de domination
dans les DAPs
Polarit´e non oui (toutes) = ou ∼
Valeur atomique disjonction disjonction
Cor´ef´erences non oui non
Description de nœud
Unedescription de nœudest constitu´ee d’une structure de traits polaris´ee et, ´
eventuelle-ment, d’un type de nœud.
Les types de nœuds expriment des contraintes sur la forme phonologique des nœuds dans le
mod`ele. Il y a trois types de nœuds :
– ancre(w), avec w une chaˆıne de caract`eres non vide : l’image de la description de nœud
par la fonction d’interpr´etation doit ˆetre un nœud feuille de forme phonologique w;
7. Une alternative serait de d´efinir les traits filtrants comme des traits non polaris´es, identiques `a ceux qui
sont utilis´es dans les arbres syntaxiques.
2.2. D´efinition formelle des IG 33
– vide : l’image de la description de nœud doit avoir une forme phonologique vide ; les
descriptions de nœuds vides et les nœuds vides sont dessin´es sur fond blanc ;
– non vide: l’image de la description de nœud doit avoir une forme phonologique non vide.
Description d’arbre polaris´ee
Une description d’arbre polaris´ee (DAP) est d´efinie par un ensemble de descriptions de nœuds
et un ensemble de relations sur ces nœuds. Nous consid´erons quatre types de relations entre les
nœuds d’une DAP :
Domination imm´ediate La relationM > N contraint l’image de M `a ˆetre le nœud p`ere de
l’image de N. Cette relation peut ˆetre pr´ecis´ee, en imposant la contrainte suppl´ementaire
que l’image de N soit le fils le plus `a gauche (resp. le plus `a droite) de l’image de M,
ce qui est not´e M > •N (resp. M > N•). L’arit´e de l’ensemble des fils d’un nœud peut
´
egalement ˆetre pr´ecis´ee :M >{N
1, N
2, . . . , N
k}impose que l’image de M dans le mod`ele
ait exactement k fils qui soient les images des N
i. Cette contrainte d’arit´e n’impose pas
d’ordre sur les kfils de M.
Domination M >
∗N contraint l’image deN `a faire partie du sous-arbre enracin´e `a l’image de
M. Cette relation de domination peut porter une contrainte suppl´ementaire sur les nœuds
du chemin entre M et N dans le mod`ele : M >
∗ψN, o`u ψ est une structure de traits
filtrante, impose que l’image de N soit dans le sous-arbre enracin´e `a l’image de M et que
tous les nœuds du chemin entre les deux images contiennent une structure de traits qui
soit compatible avec ψ.
Pr´ec´edence imm´ediate M ≺ N contraint les images de M et N `a ˆetre des nœuds fils du
mˆeme nœud dans le mod`ele, l’image deM devant ˆetre le fr`ere gauche imm´ediat de l’image
de N.
Pr´ec´edence M ≺
+N contraint les images de M etN `a ˆetre des nœuds fils du mˆeme nœud
dans le mod`ele, l’image de M devant pr´ec´eder l’image de N dans l’arbre ordonn´e ; cette
pr´ec´edence est stricte et les deux images doivent donc ˆetre distinctes.
Alors que dans les arbres syntaxiques, la relation
∗est la clˆoture transitive et r´eflexive
de la relation et la relation ≺≺
+la clˆoture transitive de la relation ≺≺, dans les DAP, les
relations>
∗et≺
+ne sont pas les clˆotures des relations> et≺. Les quatre relations des DAP
sont distinctes.
L’union disjointe `
M d’un multiensemble M de DAP est d´efinie comme l’union
dis-jointe de l’ensemble des nœuds et relations, avec renommage des cor´ef´erences si n´ecessaire. Par
d´efinition,`Mest une DAP.
Dans le document
Étiquetage grammatical symbolique et interface syntaxe-sémantique des formalismes grammaticaux lexicalisés polarisés
(Page 44-48)