• Aucun résultat trouvé

Systèmes à paramètre

Dans le document Équations Différentielles Ordinaires (Page 60-69)

SoitΛun ouvert deR. On considère une applicationf :I×U×Λ→RN que l’on supposera continue et localement Lipschitzienne par rapport au couple(x, λ)∈U×Λ,

c’est à dire pour tout(t0, x0, λ0)∈ I×U ×Λ, il existe un voisinageV(t0,x00)de (t0, x0, λ0)dansI×U ×Λet une constanteC0tel que

kf(t, x, λ1)−f(t, y, λ2)k?6C0 kx−yk?+|λ1−λ2| pour tous(t, x, λ1),(t, y, λ2)∈V(t0,x00).

Etant donnéx∈ U, Le but de cette section est l’étude de la dépendance supplé-mentaire par rapport àλde la solution maximale du problème de Cauchy à paramètre

(u0 =f(t, u, λ)

u(t0) =x . (4.15)

Pour chaque(x, λ)∈ U ×Λ, (4.15) admet une unique solution maximale que nous noteronsϕt0(·, x, λ). On noteraImaxt0 (x, λ)son intervalle maximal d’existence.

Les résultats suivants sont directement obtenus de la section précédante. Commen-çons par un résultat de continuité.

Théorème 4.7. Soit

DΛt0 := [

(x,λ)∈U×Λ

Imaxt0 (x, λ)× {(x, λ)}.

L’ensembleDtΛ0 est un ouvert deI×U ×Λ, et l’applicationϕt0 : DΛt0 → RN est localement Lipschitzienne.

Démonstration. On va se ramener au Théorème 4.5 de la façon suivante. On notey= (x, λ)∈ RN+1, et on définitF = (F1, . . . , FN, FN+1) : I×U ×Λ → RN+1 par (F1, . . . , FN)(t, y) := f(t, x, λ) etFN+1(t, y) := 0, si bien queF est continue et localement Lipschitzienne par rapport ày sur l’ouvertU ×Λ deRN+1. Poury = (x, λ)∈U ×Λ, on considère le problème de Cauchy

(v0=F(t, v)

v(t0) =y . (4.16)

Si l’on écritv= (u, vN+1)avecu= (v1, . . . , vN), ce système s’écrit









u0 =f(t, u, vN+1) v0N+1= 0

u(t0) =x vN+1(t0) =λ

.

On remarque alors quevest la solution maximale de (4.16) si et seulement sivN+1est constante égale àλetuest la solution maximale de (4.15).

En particulier, si l’on noteΦt0 = (Φt10, . . . ,ΦtN0tN0+1)le flot local de (4.16) à l’instantt0, alors d’après le Corollaire4.3 et le Théorème 4.5 :

1)DΛt0 est le domaine deΦt0, et il s’agit donc d’un ouvert deI×U ×Λ; 2)Φt0est localement Lipschitzienne par rapport à(x, λ);

3)ΦtN+10 (t, x, λ) =λpour tout(t, x, λ)∈ DtΛ0, et la fonction(t, x, λ)∈Imaxt0 (x, λ)7→

t10, . . . ,ΦtN0)(t, x, λ)est la solution maximale de (4.15).

En conséquence,ϕt0 = (Φt10, . . . ,ΦtN0), et doncϕt0 est localement Lipschitzienne

surDtΛ0.

En ce qui concerne la différentiabilité par rapport au paramètreλ, nous avons le résultat suivant.

Théorème 4.8. Supposons quef soit différentiable par rapport xet dérivable par rapport à λsurI ×U ×Λ, et que ses différentielles par rapport àxetλ, notées Dxf :I×U ×Λ→L(RN)et∂λf :I×U ×Λ→RN, soient continues. Alorsϕt0 est de classeC1surDtΛ0. De plus,

(i) la dérivée deϕt0par rapport àλ, notée∂λϕt0 :DΛt0 →RN, est dérivable par rapport àtet sa dérivée, notée∂t(∂λϕt0) :DΛt0 →RN, est continue ;

(ii) la dérivée deϕt0 par rapport àt, notée∂tϕt0 :Dt0 →RN, est dérivable par rapport àλet sa dérivée, notée∂λ(∂tϕt0) :DtΛ0→RN, est continue ;

(iii) ∂t(∂λϕt0) =∂λ(∂tϕt0);

(iv) la dérivée∂λϕt0vérifie pour tout(t, x, λ)∈ DtΛ0,

tλϕt0(t, x, λ)

=Dxf t, ϕt0(t, x, λ), λ

λϕt0(t, x, λ)

+∂λf t, ϕt0(t, x, λ), λ , et∂λϕt0(t0, x, λ) = 0pour tout(x, λ)∈U ×Λ.

Démonstration. On reprend la démonstration du Théorème 4.7. Puisquef est diffé-rentiable par rapportxet dérivable par rapport àλsurI×U ×Λ, et que ses différen-tielles par rapport àxetλsont continues, l’applicationFest différentiable par rapport y = (x, λ)surI×U ×ΛetDyF :I×U ×Λ→L(RN+1)est continue. On peut donc appliquer le Théorème 4.6. On obtient alors queΦt0 = (ϕt0tN+10 )est de classe C1surDtΛ0, ainsi que (i), (ii), et (iii). De plus, dans l’ouvertDtΛ0on a

t(∂λϕt0) =

N+1

X

j=1

∂f

∂yj

(t,Φt0)∂λΦtj0

=

N

X

j=1

∂f

∂xj

(t, ϕt0, λ)∂λϕtj0 +∂λf(t, ϕt0, λ)∂λΦtN0+1

=Dxf(t, ϕt0, λ)∂λϕt0 +∂λf(t, ϕt0, λ),

et on a utilisé le fait que ∂λΦtN0+1 = 1 puisque ΦtN0+1(t, x, λ) = λ. Finallement, puisque ϕt0(t0, x, λ) = xpour tout (x, λ) ∈ U ×Λ, on obtient directement que

λϕt0(t0,·,·) = 0.

4.3 Problèmes

Exercice14. On considère un système différentielu0=f(t, u)oùf :I×U →RNest une application donnée continue et localement Lipschitzienne par rapport àx. Montrer que si l’ouvert U est connexe alors le domaineDt0 du flot est également connexe (indication :on pourra utiliser le fait que tout ouvert connexe deRN est connexe par arcs).

Exercice15. PourN = 1etI=R, on considère le flotϕ0en0de l’équation différen-tielle scalaire

u0=au2+bu+c (4.17)

oùa, b, c∈Rsont des paramètres donnés aveca6= 0.

1) Déterminer explicitementϕ0(t, x)et son domaineD0dans les cas suivants : (i)a= 1etb=c= 0;

(ii)a= 1,b= 0etc= 1; (iii)a= 1,b= 0etc=−1;

2) Dans la cas général, montrer que siuest une solution de (4.17), alors on peut déter-minerα, β, γ∈Ravecγ >0tels que la fonctionv(t) =αu(γt) +βsoit solution de l’équation dans un des cas(i),(ii)ou(iii)ci-dessus.

3) On fixea = 1etb = 0, et on noteϕ0(t, x, c)le flot de (4.17) à paramètrec ∈R. Calculer∂cϕ0(t, x,0).

Chapitre 5

Systèmes autonomes et stabilité de points stationnaires

Nous allons considérer dans ce chapitre des systèmes différentiels ordinaires non linéaires où la non linéaritéfest indépendante det. On se donne pour tout ce chapitre un ouvertU deRN, et une applicationf :U →RN que l’on supposera de classeC1 pour simplifier la présentation. Une telle applicationf est appeléechamp de vecteurs surU.

Nous allons donc étudier le système

u0 =f(u). (5.1)

Nous commencerons par quelques définitions et propriétés “classiques" de ce système, puis nous nous intéresserons à la stabilité des solutions constantes appelées points sta-tionnaires.

5.1 Champs de vecteurs

Définition 5.1. Le champ de vecteursf est ditcompletsi toutes les solutions maxi-males de (5.1) sont globales (c’est à dire définies sur toutR).

Définition 5.2. On appellecourbe intégraledu champ de vecteursf toute courbe de U de la forme{u(t) :t∈Imax}oùuest une solution maximale de (5.1) etImaxest son intervalle maximale d’existence. Siuest une solution globale, on dit que la courbe intégrale est globale.

Lemme 5.3. Deux courbes intégrales distinctes defne s’intersectent pas.

Démonstration. On procède par contradiction en se donnant deux courbes intégrales distinctesC1etC2telles queC1∩ C2 6=∅. On considère alorsu1etu2deux solutions maximales de (5.1),I1, I2⊂Rleur intervalle maximal d’existence respectif, telles que pouri= 1,2,

Ci :={ui(t) :t∈Ii}.

Puisque C1∩ C2 6= ∅, il existe t1 ∈ I1 ett2 ∈ I2 tels queu1(t1) = u2(t2). Pour t ∈ J := −(t2−t1) +I2, on posev(t) := u2(t+t2−t1), si bien quev est une solution maximale de (5.1), et bien surC2 = {v(t) : t ∈ J}. Mais puisquev(t1) = u2(t2) = u1(t1), la Proposition 3.13 nous dit quev = u1, et donc queC2 = C1,

contradiction.

Rappelons pour la suite qu’une applicationE : U → Rde classe C1 est une intégrale première de (5.1) si

h∇E(x), f(x)i= 0 ∀x∈U

(voir Définition 3.21). On dit également queEest une intégrale première du champ de vecteursf. La proposition suivante est une conséquence directe de la démonstration du Théorème 3.22.

Proposition 5.4. Toute intégrale première def est constante le long des courbes inté-grales.

Rappelons également le résultat d’existence globale du Théorème 3.22.

Proposition 5.5. Sifadmet une intégrale premièreE:U →Rtelle que l’ensemble {x∈U :E(x) =M}

soit compact pour toutM ∈R, alorsfest complet.

Définition 5.6. On appelleflot du champ de vecteursfle flot localϕ0en0du système (5.1). On le note

ϕt(x) :=ϕ0(t, x), et on désigne parD⊂R×U son domaine (au lieu deD0).

Remarque32. On remarque que siϕt0 est le flot local ent0de (5.1), alorsϕt0(t,·) = ϕ0(t−t0,·). C’est la raison pour laquelle il suffit de considérer le cast0= 0.

Lemme 5.7. Pourt∈R, soit

Ut:={x∈U : (t, x)∈D}. L’ensembleUtest un ouvert deU.

Démonstration. En effet, étant donnét ∈ R, si l’on noteΨt : U → R×U l’ap-plication définie parΨt(x) = (t, x), alorsΨtest continue et on aUt= Ψ−1t (D). La

conclusion est alors due au fait queU soit ouvert.

Remarque33. Puisqueϕ0(x) =x, nous avonsU0=U.

Dans toute la suite, pour x ∈ U, nous noterons Imax(x) l’intervalle maximal d’existence de la solutionϕt(x).

Lemme 5.8. Soitx∈U. Pour toutt0∈Imax(x), on a

Imaxt0(x)) =−t0+Imax(x), (5.2) et

ϕt ϕt0(x)

t+t0(x) ∀t∈ −t0+Imax(x). (5.3) En particulier, pour toutt0∈Imax(x),

ϕ−t0 ϕt0(x)

0(x) =x .

Démonstration. Étape 1.La fonctionu(t) =ϕt ϕt0(x))est la solution maximale de (5.1) vérifiantu(0) =ϕt0(x)et son intervalle maximale d’existence estImaxt0(x)).

Or la fonctionv(t) =ϕt+t0(x), définie pourt∈ −t0+Imax(x), est maximale (sinon la fonctiont∈Imax(x)7→ϕt(x)ne serait pas maximale, ce qui contredit la définition même deϕt(x)), et elle vérifiev(0) =ϕt0(x). D’après la Proposition 3.13, nous avons u=v, ce qui montre (5.2) et (5.3).

Étape 2.Puisque0∈Imax(x), nous avons−t0∈ −t0+Imax(x) =Imaxt0(x)), on peut appliquer (5.3) avect=−t0ce qui donne le résultat voulu.

Théorème 5.9. Si le champ de vecteursf est de classeC1, alors

(i) pour toutt0∈R, l’applicationϕt0est unC1-difféomorphisme deUt0surU−t0

d’inverseϕ−t0; (ii)ϕ0=idU ;

(iii) pour toust1, t0∈R, on aϕt1+t0t1◦ϕt0 sur l’ouvertϕ−1t0 (Ut1); Démonstration. (i). Soientt0 ∈ Retx, y ∈ Ut0. Supposons queϕt0(x) = ϕt0(y).

Siudésigne la solution maximale de (5.1) vérifiantu(0) =x, etvdésigne la solution maximale de (5.1) vérifiantv(0) =y, nous avonsu(t0) =v(t0)et doncu=vd’après la Proposition 3.13. En particulier,u(0) =v(0), c’est à direx=y. L’applicationϕt0 est donc injective.

D’après le Lemme 5.8,−t0 ∈ Imaxt0(x))doncϕt0(x) ∈ U−t0. Ceci montre queϕt0(Ut0) ⊂ U−t0. Or si z ∈ U−t0 alors−t0 ∈ Imax(z)etϕt0−t0(z)) = z d’après le Lemme 5.8, et doncz ∈ ϕt0(Ut0), d’oùϕt0(Ut0) = U−t0. L’application ϕt0 réalise donc une bijection deUt0 surU−t0. D’après le Lemme 5.8 nous avons de plusϕ−t0t0(x)) =xpour toutx∈Ut0, donc l’application inverse deϕt0est donnée parϕ−t0.

Finallement, d’après le Théorème 4.6, pour toutt ∈ R, l’application ϕt est de classeC1sur son domaine de définitionUt. L’applicationϕt0est donc de classeC1, et puisque son inverse est donnée parϕ−t0, son inverse est également de classeC1. L’applicationϕt0 réalise donc unC1-difféomorphisme deUt0surU−t0.

(ii).Par définition deϕt, nous avonsϕ0(x) =x.

(iii).Soitz∈ϕ−1t

0 (Ut1). Alorsz∈Ut0etϕt0(z)∈Ut1, c’est à dire quet0∈Imax(z) ett1∈Imaxt0(z)) =−t0+Imax(z)d’après le Lemme 5.8. En utilisant (5.3), nous

obtenonsϕt1+t0(z) =ϕt1t0(z)).

Dans le corollaire suivant, nous notonsDiff1(U)l’ensemble des difféomorphismes deU surU classeC1.

Corollaire 5.10. Si le champ de vecteurf est complet et de classeC1, alors ϕt ∈ Diff1(U)pour toutt∈R. De plus, le sous-ensemble{ϕt: t∈R}muni de la loi de composition◦est ungroupe commutatif.

Remarque34. D’après le corollaire ci-dessus, si le champ de vecteursf est complet et de classe C1, l’applicationt ∈ R → ϕt ∈ Diff1(U)est un homomorphisme du groupe (additif)RdansDiff1(U). On dit que c’est ungroupe à un paramètre.

La structure algébrique de l’ensemble {ϕt}t∈R lorsque f est complet motive la définition suivante.

Définition 5.11. Soitx∈U. On appelleorbitedex, que l’on noteOrb(x), la courbe intégrale def passant parx, c’est à dire l’ensemble

Orb(x) :={ϕt(x) :t∈Imax}.

Proposition 5.12. L’ensemble

EOrb:={C⊂U :C= Orb(x)pour unx∈U} (5.4) des orbites du champ de vecteursf réalise une partition de l’ouvertU, c’est à dire que

U = [

C∈EOrb

C

avec une union deux à deux disjointe.

Définition 5.13. On appelleportrait de phasesdu champ de vecteursf, où du système différentiel (5.1), la partition (5.4) deU en orbites.

Définition 5.14. On appellepoint stationnaireoupoint fixe oupoint d’équilibreun pointx∈U dont l’orbite est réduite au singleton{x}. On dit également quexest un point singulierdu champ de vecteursf.

Proposition 5.15. L’orbite d’un pointx∈U est réduite au singleton{x}si et seule-ment sif(x) = 0. Si ce n’est pas le cas et qu’il existes0, t0∈Imax(x)tels ques06=t0

etϕt0(x) =ϕs0(x), alorsImax(x) =R, la fonctiont∈R→ϕt(x)est périodique, et l’orbite dexest une courbe fermée simple.

Terminons cette section par quelques définitions d’orbites “classiques".

Définition 5.16. On appellecycleune orbite fermée.

Définition 5.17. (i)On appelleorbite hétéroclineune courbe intégrale globale{ϕt(x) : t∈R}reliant deux points fixes distincts ent= +∞ett=−∞.

(ii)On appelleorbite homocline une courbe intégrale globale{ϕt(x) : t ∈ R} reliant un même point fixe ent= +∞ett=−∞.

Dans le document Équations Différentielles Ordinaires (Page 60-69)

Documents relatifs