Comme nous l’avons exploitée dans ce travail, l’insuffisance cardiaque est une maladie avec un fort taux de prévalence, dont nombreux de nos articles ne manquent pas de l’énoncer (Rodríguez-Gázquez et al., 2012; T.-C. Wang et al., 2016). En outre, trois études (Chang et al., 2016; Karimi & Clark, 2016; Sezgin et al., 2017) exposent que les symptômes de l’IC sont nombreux, complexes et impactent fréquemment plusieurs dimensions, dont la qualité de vie. Ainsi, de par leurs conséquences et leurs caractères évolutifs, les symptômes, tout comme la maladie, induisent des affections multidimensionnelles chez l’individu et incitent à une gestion globale. Cette nécessité de gestion est une notion rapportée et traduite par l’ensemble de nos articles sous l’appellation d’autosoin. L’autosoin est donc le socle de nos 69 15 articles et constitue un axe central. Cette notion est apparue, sous différentes composantes et terminologie. Buck et al. (2018) mentionne que « les interventions d'autosoin de l’IC améliorant les connaissances et les habiletés de gestion nécessaires chez les patients atteints par cette affection chronique et progressive, sont préconisées dans les recommandations cliniques et largement mises en œuvre dans les soins d’IC. » [Traduction libre] (Yancy et al., (2013) ; Ponikowski et al., (2016) cité par Buck et al., (2018)). De plus, les articles de Leventhal et al., (2011) et de Spaling et al., (2015), rapportent l’usage central des guidelines sur l’autosoin. Par conséquent, les articles analysés visent cette notion qui comprend diverses attributions. Soit, certains agissent directement sur l’autosoin (Köberich et al., 2015; Rodríguez-Gázquez et al., 2012) soit ils emploient l’autosoin comme tremplin afin de viser indirectement des résultats tels que la qualité de vie (Chang et al., 2016; Park et al., 2017) ou le taux de réhospitalisation (Sezgin et al., 2017). De ces lectures, nous pouvons catégoriser les résultats des articles au travers de leurs similitudes et différences en cinq axes. Premièrement, certaines études optent pour des programmes éducationnels en soins infirmiers visant à l’amélioration générale de l’autosoin. Dans les articles de Köberich et al., (2015), Rodríguez-Gázquez et al., (2012) et Sezgin et al., (2017), l’un des objectifs est d’évaluer l’autosoin au travers d’un programme éducatif dont les résultats ont démontré une amélioration significative. De plus, l’article de Mussi et al., (2013), appuie ce résultat, en 70 ajoutant une augmentation significative de l’adhésion aux traitements et de la connaissance des patients au sujet de la maladie. Au contraire, les résultats de l’intervention PATCH (Young et al., 2016), ne démontrent aucune augmentation quant aux connaissances des patients, bien qu’ils relèvent une augmentation de l’adhérence à l’autosoin. La revue systématique de Spaling et al., (2015) fait le constat d’un manque général de connaissances et de compréhension des patients au sujet de leur pathologie, des traitements et des symptômes ainsi que des surveillances y relatives. D’un autre point de vue, une revue systématique de Buck et al., (2018) met en évidence la nécessité d’améliorer les interventions dyadiques, renvoyant à la relation soignant-soigné, afin d’augmenter l’adhérence à l’autosoin. Par ailleurs, l’étude de Karimi & Clark, (2016) a également porté son attention sur la relation au patient, en s’axant sur les valeurs personnelles du soignant et du patient en concluant que ces dernières affectent les comportements lors de la gestion de la maladie. Deuxièmement, deux articles emploient un carnet de symptômes, comme moyen facilitant l’autosoin, afin d’améliorer la gestion de l’IC. Dans les études de Park et al., (2017) et de White et al., (2010), les carnets employés sont prévus comme outils de surveillance journalière du poids et d’autres symptômes. La première associe la diminution du taux de mortalité à l’usage de ce carnet, tandis que la seconde a démontré que les patients, ayant reçu une séance d’éducation thérapeutique, avaient une meilleure adhérence à 71 l’utilisation de ce support. En revanche, cette adhérence n’a pas favorisé la recherche d’aide auprès de soignants lors d’exacerbation de symptômes. Troisièmement, plusieurs études mettent l’accent sur la qualité de vie au travers d’un programme éducationnel en soins infirmiers. Trois articles (Andryukhin et al., 2010; Sezgin et al., 2017; T.-C. Wang et al., 2016) prouvent que la qualité de vie se trouve significativement améliorée suite à leur intervention, contrairement à une autre étude (Köberich et al., 2015) dont les résultats ne peuvent corroborer cette amélioration. Un autre article s’est également intéressé, à la qualité de vie dont les résultats ne peuvent être significatifs en raison d’un échantillon restreint (Leventhal et al., 2011). Quatrièmement, la visée de l’impact psychologique (détresse, anxiété et dépression) est mise en évidence au travers de trois articles. L’étude de (Andryukhin et al., 2010) stipule, comme résultats secondaires, que le niveau d’anxiété s’en trouve diminué. Chang et al., (2016), en employant les échelles de l’anxiété et de la dépression, n’obtiennent pas les résultats attendus concernant ces deux variables. Seulement, le groupe d’intervention a reçu un soutien affectif (familial et professionnel) favorisant une diminution de la détresse psychologique. L’étude de Bekelman et al., (2016) fait également référence à une échelle des symptômes, couplée à des questionnaires évaluant la dépression et l’anxiété dans le but d’améliorer l’état de santé des patients, nonobstant l’absence de résultats. 72 D’autres travaux se sont centrés sur le taux de réhospitalisation dont les résultats sont nuancés. Tout d’abord, Sezgin et al., (2017) ont constaté une diminution du taux de réhospitalisation à 3 mois, et non à 6 mois, tout comme Andryukhin et al., (2010). De plus, les recherches d’autres auteurs ne démontrent aucun changement significatif (Leventhal et al., 2011; Park et al., 2017). Contrairement aux attentes, l’étude de Young et al., (2016) révèle un taux de réadmission plus important pour le groupe d’intervention à 30 jours, sans changement notable jusqu’à 180 jours. 5.3 Développement des résultats en lien avec la question de Dans le document Chez les patients atteints d’insuffisance cardiaque chronique, la gestion des symptômes enseignée par un-e infirmier-ère a-t-elle un impact sur l’acceptation de la maladie ? (Page 78-82)