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5. Services : orientations

5.1 Entretiens

5.1.2 Synthèse

Le tableau 12 : Synopsis des entretiens présente de façon synthétique les éléments essentiels pour comprendre l’état actuel des services pour la GDR à l’UNIGE, UNIL et EPFL, et le positionnement de ces institutions, à travers les développements en cours ou au stade de projets.

Pour bien comprendre les particularités de chaque institution, une synthèse textuelle de chaque entretien figure ici, à titre de complément, suivie d’un paragraphe qui reprend certains avis partagés par les interlocuteurs des trois institutions.

5.1.2.1 Université de Genève

L’UNIGE se targue d’une position très forte pour les projets en lien avec la GDR : d’une part, elle a pris la direction du projet national DLCM (Pierre-Yves Bürgi en est à la tête et Eliane Blumer à la coordination), et d’autre part, elle est cheffe de projet pour le track 3 « Publication et Préservation » de ce même DLCM. L’objectif principal, pour l’UNIGE, est de transformer son archive ouverte (AoU) en une infrastructure pour la préservation à long terme par un OAIS ; elle devrait devenir, dans le même temps, également un registre de données.

A l’heure actuelle, il n’y a pas d’infrastructure spécifique mise à disposition des chercheurs pour la gestion de leurs données. Il y a un besoin de solutions de stockage pendant la durée de la recherche ; des serveurs sont parfois installés par des équipes de chercheurs elles-mêmes, mais qui finissent inévitablement par rencontrer des problèmes de maintenance (back-up, mise en réseau, migration, sécurisation, etc.).

D’après nos interlocuteurs, les chercheurs sont intéressés par des solutions de gestion et stockage à court et moyen terme, mais pas à long terme, les données perdant de leur attrait une fois les résultats publiés. La réutilisation des données n’est pas une pratique perçue d’un bon œil : les chercheurs préfèrent récolter leurs propres données, pour des raisons de fiabilité, et sont réticents à partager les leurs. C’est là, d’après nos interlocuteurs, que pourrait résider l’intérêt d’offrir un répertoire de données fiables au niveau national –à travers le DLCM–, si la collaboration interinstitutionnelle s’effectue correctement. Néanmoins, la possibilité que ce projet ne voie jamais le jour est réelle, puisque son intérêt est surtout prononcé pour les sciences humaines et sociales (les sciences dures ayant leurs propres bases et répertoires de données depuis longtemps). L’absence d’instance nationale qui finance et coordonne le développement de pratiques liées à la recherche –le FNS n’ayant pas ces prérogatives– est un autre point faible.

Pour Jean-Blaise Claivaz, un service de consulting digne de ce nom n’aurait de sens que dans une optique interinstitutionnelle, en étant rattaché au projet e-Science coordination team (eSCT) (CUS-P2 2015c) par exemple. Néanmoins, il s’avère que la centralisation de ce type de service est improbable, la tension entre collaboration et compétition poussant les institutions à vouloir développer leurs propres services.

La volonté claire de la Division de l’information scientifique (DIS) de faire de la GDR une des missions des bibliothèques n’est donc pas une exception, et un scénario de « consulting » adéquat à l’échelle de l’UNIGE pourrait être, selon nos interlocuteurs, un guichet de questions-réponses sur les grands thèmes abordés à travers le DLCM.

5.1.2.2 Université de Lausanne

L’Université de Lausanne a ceci de particulier que c’est le Service de ressources informationnelles et archives (UNIRIS) qui a pris en main les projets liés à la GDR, et non la bibliothèque19. Pour l’instant, en raison d’un changement de direction qui surviendra l’été prochain, seule la partie des projets portant jusqu’à l’été 2016 a été validée ; UNIRIS a bon espoir que la future directrice, elle-même issue de la faculté de biologie et médecine et donc déjà sensibilisée à la thématique de la GDR, s’engage plus loin (validation de la suite des projets et création d’un poste fixe de coordination). Une allusion à la GDR, à titre prospectif, figure néanmoins déjà dans la politique de gouvernance informationnelle de l’UNIL, ratifiée par la direction en 2014. Les projets en cours (année académique 2015-2016) sont la constitution d’un réseau d’experts –qui seront, à terme, tenus d’élaborer une politique institutionnelle20– ; la création d’un site web institutionnel qui redirige vers des ressources-clés et propose un certain nombre de documents (bonnes pratiques, checklists, modes d’emploi, etc.) et l’organisation d’un évènement de sensibilisation des chercheurs qui aura lieu au printemps 2016.

UNIRIS a comme objectif principal à court et moyen terme le « développement d’une véritable culture de la gestion des données de recherche au sein de toute la communauté de l’UNIL » (UNIRIS 2015) pour asseoir les bases nécessaires et préparer la communauté des chercheurs à gérer leurs données avant même les possibles retombées du DLCM. A la question de savoir quelles sont les attentes vis-à-vis des outputs du DLCM, nos interlocuteurs répondent n’avoir pas attendu pour lancer leurs propres projets, les chercheurs de l’UNIL étant déjà en attente de solutions à l’heure actuelle21. Le travail de sensibilisation est également le moyen de fomenter le terreau qui sera propice pour bénéficier des aboutissements du DLCM. Une réserve est toutefois exprimée, à savoir si le « fédéralisme trouvera son public », les chercheurs étant plus naturellement enclins à se tourner vers de l’aide locale et institutionnelle.

19

En effet, la BCUL n’est pas à proprement parler un service de l’UNIL, et n’est pas engagée dans la gestion des données de recherche.

20

Les services envisagés pour le deuxième round (si les ressources nécessaires leur sont accordées) sont la formation des chercheurs ainsi qu’un service renvoyant à des expertises diverses pour répondre à leurs questionnements.

UNIRIS exprime également le souhait de pouvoir offrir une solution pour la gestion des données tout au long de leur cycle de vie, un outil que les chercheurs prennent en main pour stocker, annoter, modifier, travailler sur leurs données. Cet outil s’approcherait du cahier de laboratoire pour la phase active, et permettrait ensuite un archivage facilité en s’appuyant sur un système compatible avec les standards OAIS.

5.1.2.3 Ecole polytechnique fédérale de Lausanne

Les quatre personnes de la bibliothèque qui nous ont reçues composent l’équipe à l’œuvre pour la GDR à l’EPFL. Les services se développent sur cinq axes principaux : DMP (lancé en février 2015), Policies & Guidelines, Workflows, Métadonnées & Standards, Publication des données et Préservation des données. En parallèle et de façon transversale, ont lieu diverses formations : pour chercheurs et professeurs de l’EPFL, formation continue pour le groupe Research Data (RD) et les collaborateurs du service Information scientifique et bibliothèques (SISB), formations externes. Un séminaire de formation pour les doctorants doit également voir le jour prochainement. Le service DMP est un service d’accompagnement personnalisé des chercheurs pour la gestion de leurs données. Il fonctionne par la collaboration de la bibliothèque, le Research Office (ReO), et le service IT (VPSI). Le Research Office relaie une liste des projets qui doivent soumettre un DMP au groupe RD qui prend alors contact avec les équipes concernées, ou, à l’inverse, les chercheurs viennent d’eux-mêmes demander des informations ou de l’aide. Le groupe RD rencontre alors les chercheurs, accompagné d’un bibliothécaire de liaison et d’un référent du service informatique. Trois types d’approches pour ce service existent, car il est selon les besoins service d’information, service de consultation ponctuelle, ou service sur la durée avec suivi. Jusqu’ici, 28 projets d’Horizon 2020 ont bénéficié de l’aide au DMP.

Les axes de services en développement cités ci-dessus viendront compléter et nourrir ce système d’accompagnement personnalisé. Concrètement, une charte de principes devrait d’abord voir le jour, puis des guidelines (l’EPFL a ainsi pris les rênes du track 1 du DLCM, dont les guidelines sont un des livrables). Un pôle d’expertise et de ressources pour les questions liées à la publication des données est en construction : recueil d’information et listing des exigences des bailleurs de fonds, conditions des éditeurs, développement d’expertises, notamment pour les questions juridiques (licences, accès, diffusion…). Il s’agit là d’un élargissement des compétences des services déjà existants d’aide à la publication de la bibliothèque. Des conseils pour garantir l’interopérabilité des données, pour la construction de schémas de métadonnées sont aussi prévus, de même que la construction de workflows en collaboration avec les chercheurs, afin de permettre la reproductibilité de la recherche. Le volet concernant les guidelines pour la préservation à long terme doit être pris en charge par un collaborateur qui devrait commencer début 2016 et est lié au track 3 du DLCM.

A la question de savoir quels outils et infrastructures sont proposés actuellement pour la GDR à l’EPFL, Jan Krause cite Reproducible Research22 et IPython23, pour lesquels des formations aux collaborateurs sont également disponibles.

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