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Partie I. Paramètres biomécaniques de la marche pour l’évaluation des fonctions

3.5. Synthèse des résultats

(2017) pour des sujets non amputés (1,1 ± 0,2 Nm/kg) et pour les utilisateurs du C-leg™ (1,6 ± 0,5 N.m/kg). Cependant, les résultats présentés montrent des valeurs légèrement plus importantes, alors que les dimensions de l’escalier ainsi que les angles de flexion maximale de genou sont similaires dans les deux études. La vitesse de marche peut influencer le moment, mais n’a pas été rapportée par Lura et al. (2017). La durée de la phase oscillante par contre a été rapportée et est un paramètre lié à la vitesse de marche. Celle-ci est plus courte avec 0,44 ± 0,04 s dans le groupe SA contre 0,51 ± 0,11 s pour le groupe de contrôle de Lura et al. (2017) ce qui peut expliquer la légère différence observée.

Pour le groupe Proto, on observe une réduction du moment externe exercé sur le genou controlatéral (1,76 ± 0,19 N.m/kg) ainsi qu’une augmentation de la flexion maximale du genou controlatéral (89 ± 4° par rapport aux 86 ± 5° trouvés dans le groupe TF) rapprochant les valeurs de celles observées dans le groupe SA. Cette normalisation des paramètres est due à la restitution de la stratégie de descente d’escalier des sujets non amputés permise par une dorsiflexion de cheville plus importante. On observe une vitesse de marche plus faible dans ce groupe que dans les deux autres. Cette réduction peut s’expliquer par le réglage de la résistance à la flexion du genou. En effet, cette résistance impose la durée de la phase d’appui prothétique et donc la durée du cycle de marche dans le cas d’une marche symétrique.

On observe une tendance à la réduction de la charge sur le membre controlatéral par rapport aux personnes équipées de genoux prothétiques à microprocesseur conventionnels. La restauration de la stratégie de descente d’escalier des personnes non amputées permet donc de retrouver un moment appliqué au niveau du genou controlatéral plus proche de celui des personnes non amputées. Une augmentation du moment exercé au genou controlatéral est considérée comme étant un facteur favorisant de l’arthrose de genou. Or le risque pour cette population est bien supérieur à la population non amputée (Struyf et al. 2009). Cette diminution du moment intersegmentaire exercé sur le genou controlatéral pourrait diminuer ce risque pour la population des sujets amputés au-dessus du genou équipés du SPCM.

3.5. Synthèse des résultats

Cette étude a permis de quantifier plusieurs paramètres fonctionnels de la marche pour évaluer l’apport du SPCM dans les différentes situations de la vie courante par rapport à un appareillage composé d’un genou à microprocesseur et d’un pied à restitution d’énergie. En effet, le SPCM autorise une augmentation de la mobilité de la cheville en phase d’appui ce qui permet d’apporter de la stabilité à l’utilisateur. Le temps de pied à plat a été choisi pour quantifier l’apport d’une telle mobilité de cheville à plat, en pente et en descente d’escalier. Les résultats sur un faible nombre de sujets indiquent que ce paramètre pourrait être utile pour montrer l’apport des fonctions de la prothèse de genou-cheville pour la locomotion en situation de vie courante à plus large échelle. En descente d’escalier, l’impact des fonctions du SPCM a aussi été étudié en quantifiant le moment intersegmentaire au niveau du genou

Boris Dauriac Partie I.3.5 - Synthèse des résultats

pour descendre, une tendance à la réduction de ce paramètre a été observée. Cette réduction pourrait conduire à une réduction du risque d’arthrose de genou, important dans cette population. Enfin, en phase oscillante, la synergie entre le genou et la cheville du SPCM permet une dorsiflexion de cheville en phase oscillante. Pour traduire l’apport d’une telle fonctionnalité, le minimum toe clearance a été mesuré à plat et en pente. Ce paramètre fonctionnel est représentatif du risque de trébuchement. Une augmentation de ce paramètre a été observée dans toutes les situations, ce qui devrait diminuer le risque de chute. Le temps d’adaptation accordé étant relativement court (une journée) et le retour proprioceptif faible pour cette population, les sujets n’ont pas forcément diminués leurs compensations. Cette augmentation de la distance indique aussi qu’une diminution des compensations est possible sans augmenter le risque de chute. Une autre étude avec un temps d’adaptation plus long doit être réalisée pour vérifier si une diminution des compensations peut être observé, particulièrement dans les situations contraignantes comme la montée de pente.

Les limites de ces travaux sont essentiellement liées au temps très court d’adaptation des utilisateurs, ainsi qu’à la comparaison d’un groupe de sujet indépendant du groupe d’utilisateurs du SPCM. Une collecte de données de plus grande ampleur pourrait être réalisée en allouant plus de temps à l’utilisateur pour s’adapter aux nouvelles fonctionnalités du SPCM et en comparant les résultats avec l’appareillage usuel du sujet à ceux obtenus avec le SPCM. De plus, ces travaux de thèse se sont concentrés sur des paramètres de la marche mais la mobilité de cheville pourrait aussi être bénéfique pour les transferts assis-debout. Une étude spécifique pourrait aussi être mise en place pour évaluer l’apport d’une telle mobilité par rapport à l’appareillage actuellement disponible.

Cette partie a permis d’évaluer la prothèse SPCM dans différentes situations de la vie courante et en laboratoire. Cependant, cette mesure ne permet pas de connaitre l’utilisation réelle de l’appareillage en vie réelle. De plus, certaines adaptations pourraient être améliorées par une meilleure estimation de l’espace dans lequel la prothèse est utilisée. La seconde partie de ce manuscrit sera focalisée sur la quantification de l’activité des personnes utilisatrices de SPCM dans leur vie de tous les jours à l’aide des capteurs de la prothèse. Les travaux de cette partie sont destinés à une amélioration de la prochaine version du SPCM.

Boris Dauriac Partie II - Caractérisation de la locomotion et reconnaissance de situation à partir capteurs embarqués de la prothèse genou-cheville