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CHAPITRE IV : DISCUSSION

12. Discussion

12.1 Synthèse des résultats

La présente étude avait pour objectif principal de comparer les profils psychophysiologiques de patients présentant un syndrome de Gilles de la Tourette ou un trouble des tics chroniques (n = 17) avec un groupe témoin sans trouble neurologique ou psychiatrique (n = 17). À cet effet, nous avons choisi d’analyser le schéma de l’activité musculaire à l’aide de l’électromyographie de surface reflétant le niveau de tension musculaire exercé par un ensemble de groupe de muscles sollicités lors de leur contraction. Plus précisément, nous avons étudié les capacités à réguler efficacement le niveau d’activation et d’inhibition de la tension musculaire lors d’une tâche de compatibilité stimulus-réponse. Dans un deuxième objectif, nous avons également étudié l’impact d’une thérapie cognitivo-comportementale et psychophysiologique sur la régulation de la tension musculaire, sur les tics persistants ainsi que sur les symptômes associés chez ces mêmes patients. Au niveau du troisième objectif, nous avons tenté d’étudier si la capacité des participants du groupe clinique à moduler leur niveau de tension musculaire avant la thérapie CoPs peut prédire la réduction de leurs tics moteurs à la suite de cette thérapie. Jusqu’à ce jour, dans le cadre de l’étude du SGT et du TTC, les capacités à moduler la tension musculaire constitueraient l’une des prémisses hypothétiques de la génération et du maintien des tics chroniques chez ces patients. Nous avons ainsi tenté de combler certaines lacunes qui existaient dans la recension sur le syndrome de Gilles de la Tourette et les troubles des tics chroniques afin de permettre d’établir une meilleure compréhension de la composante de la tension musculaire.

Notre première hypothèse prévoyait des anomalies au niveau de la régulation de la tension musculaire lors de l’émission de la réponse motrice volontaire, particulièrement en lien avec la condition incompatible de la tâche CSR. Les résultats indiquent qu’il y aurait une tendance non significative d’un schéma de suractivation musculaire lors des conditions incompatibles chez les patients du groupe clinique en comparaison des participants du groupe contrôle, reflétant ainsi une anomalie à réguler adéquatement le niveau de tension musculaire en réaction à une incompatibilité stimulus-réponse.

Notre deuxième hypothèse prédisait également des anomalies dans le schéma d’activation musculaire chez le groupe clinique, particulièrement au niveau de la capacité à inhiber adéquatement l’activation musculaire controlatérale à la réponse motrice donnée. Tel qu’anticipé, cette anomalie fut constatée chez les deux groupes à l’étude. Toutefois, nous avons observé que le groupe clinique avait significativement une plus grande activation musculaire controlatérale à la réponse motrice donnée en comparaison avec le groupe contrôle, reflétant les anomalies de régulation d’inhibition dans le schéma d’activité musculaire chez le groupe clinique.

Notre troisième hypothèse prévoyait qu’à la suite de la thérapie CoPs, les anomalies observées dans le schéma d’activation musculaire chez les participants du groupe clinique soient normalisées. Toutefois, nous n’avons observé aucune amélioration significative chez ces participants au niveau de la régulation de cette activation musculaire lors de la condition Incompatible supposant que la thérapie ne permet pas de modifier l’anomalie dans le schéma d’activité musculaire chez ce groupe clinique dans cette condition. Par ailleurs, à la suite de la thérapie CoPs, nous n’avons observé aucune amélioration significative chez les participants du groupe clinique au niveau de cette anomalie à inhiber adéquatement l’activité musculaire controlatérale à la réponse motrice donnée lors de la Réponse de type Erreur. Ces résultats supposent que la thérapie CoPs ne permet également pas de modifier le schéma d’activité musculaire chez le groupe atteint d’un syndrome de Gilles de la Tourette ou un trouble des tics chroniques au niveau des réponses de type Erreur. Néanmoins, nos résultats montrent que les différences d’activation de la tension musculaire sont plus importantes avant qu’après la thérapie chez les participants du groupe clinique en comparaison des participants du groupe contrôle sans thérapie (Figure 11). À cet effet, il est possible d’observer que le groupe clinique rejoint le groupe contrôle à la suite de la thérapie indiquant que la thérapie pourrait avoir un effet renforçateur sur le schéma d’activation-inhibition de la tension musculaire leur permettant de réguler plus efficacement leur tension musculaire en général.

La quatrième hypothèse du présent mémoire prédisait une amélioration des symptômes associés aux troubles des tics à la suite de la thérapie CoPs, ce qui fut effectivement confirmé. Tel qu’anticipé, nous avons observé une diminution de la sévérité des tics persistants chez les

patients, mais également une diminution des symptômes anxiodépressifs, des compulsions et des obsessions et ceux en lien avec l’hyperactivité et l’inattention. Étant donné que la thérapie CoPs, offerte dans le cadre de la présente étude, cible très peu les symptômes liés à l’impulsivité, aucune amélioration n’a été constatée, ce qui confirme notre hypothèse de départ.

Finalement, en ce qui a trait à notre cinquième et dernière hypothèse, il était attendu que les participants du groupe clinique qui sont en mesure de mieux moduler leur tension musculaire en début de thérapie, spécifiquement lors des conditions incompatibles, sont ceux qui présenteront une amélioration plus importante de leurs tics moteurs à la suite du traitement, ce qui fut confirmé. À cet effet, nos résultats suggèrent que les participants, qui ont un meilleur contrôle de leur schéma d’activation-inhibition musculaire, sont ceux qui répondent le mieux à la thérapie CoPs, indiquant une plus grande diminution de la sévérité des tics.

12.2 Profil des schémas d’activation et d’inhibition musculaire