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CHAPITRE IV : DISCUSSION

12. Discussion

12.3 L’effet de la thérapie CoPs sur les schémas d’activation et d’inhibition musculaire

En ce qui a trait à l’effet de la thérapie CoPs sur le renforcement de la régulation de la tension musculaire, nous n’avons observé aucun résultat significatif au niveau de la mesure de l’aire sous la courbe. Toutefois, étant donné que la moyenne est grandement influencée par la variabilité intrasujet des participants, nous avons utilisé la mesure de la médiane pour étudier l’effet de la thérapie CoPs sur la régulation de la tension musculaire plutôt que l’aire sous la courbe. Par conséquent, nos résultats montrent que les différences d’activation entre le groupe clinique et le groupe contrôle sont largement réduites chez les participants du groupe clinique et tendent significativement à rejoindre les participants du groupe contrôle.

Avant d’introduire les résultats, il est important de mentionner quels sont les effets des thérapies cognitivo-comportementales sur le fonctionnement cérébral et psychophysiologique sur les patients suivant ce type de thérapie. De manière générale, il a été montré que les thérapies cognitivo-comportementales pouvaient induire des changements au niveau cortical chez des patients atteints d’un trouble obsessionnel compulsif (Morgieve et al., 2014). Ces auteurs ont observé une réduction de l’activité du cortex cingulaire antérieur et du cortex orbitofrontal gauche qui était également corrélée à la diminution des symptômes chez ces patients. Par ailleurs, l’étude réalisée par Olatunji et al. (2013) ont étudié l’activité du système limbique et le succès à la thérapie cognitivo-comportementale chez des patients aux prises avec un TOC. Durant une tâche d’exposition à des indices de menace où les participants étaient confrontés à des stimuli pouvant engendrer des obsessions, les auteurs de cette étude ont montré que le succès du traitement pouvait être prédit par un recrutement élevé de l’activité des régions limbiques. De plus, ils ont également montré qu’une activation excessive du cortex préfrontal dorsolatéral impliquée dans le contrôle cognitif lors de cette même tâche était corrélée à une moins bonne réponse à la thérapie. Évidemment, les thérapies cognitivo-comportementales peuvent également induire des modifications du fonctionnement cortical chez d’autres troubles psychiatriques tels que chez des patients atteints d’un trouble de phobie (Linden, 2006) ou encore chez des personnes souffrant de dépression (Yoshimura et al., 2014). En ce qui a trait à l’effet psychophysiologique des thérapies cognitivo-comportementales chez les patients

présentant un trouble de tics chroniques, l’étude de Lavoie et al. (2011) a montré que la thérapie permet d’induire une normalisation de l’activité électrocorticale au niveau des processus moteurs reliée à l’inhibition des réponses motrices automatiques. D’ailleurs, l’étude de Morand- Beaulieu et al. (2015) a également observé une normalisation de l’activité cérébrale reliée à la préparation et l’exécution des mouvements. Étant donné que la thérapie cognitivo- comportementale permet d’induire des modifications du fonctionnement cérébral au niveau des régions motrices et des régions frontales chez des patients atteints de troubles psychiatriques, la thérapie cognitivo-comportementale devrait également avoir un effet sur le niveau de régulation musculaire chez ces patients.

À cet effet, nos résultats indiquent qu’avant la thérapie, les patients atteints d’un trouble des tics présenteraient une altération au niveau de leur schéma d’activation-inhibition musculaire reflétant une anomalie à réguler efficacement leur niveau de tension musculaire lors d’une tâche d’inhibition CSR. Particulièrement, nous avons observé que ces patients avaient tendance à activer simultanément et de manière plus importante le bras controlatéral de la réponse motrice que le groupe contrôle suggérant une suractivation du corps et des anomalies à inhiber efficacement cette tension musculaire controlatérale. Nos résultats montrent une modification de leur schéma d’activation-inhibition musculaire qui tend significativement à rejoindre les participants du groupe contrôle (Figure 9). Nous remarquons un effet d’interaction significative Thérapie par Groupe par Condition par Main par Activation. Avant la thérapie, nous observons de grandes différences chez le groupe clinique entre l’activation Correcte et Erreur, et ce, autant pour la main Droite que pour la main Gauche et autant pour la condition Compatible que pour la condition Incompatible. Toutefois, ces différences sont moindres chez les participants du groupe contrôle suggérant que les patients présentent une altération à moduler efficacement leur tension musculaire. À la suite de la thérapie, nous observons que ces différences d’activation sont largement réduites chez les participants du groupe clinique et tendent significativement à rejoindre les participants du groupe contrôle. Conséquemment, nous proposons que la thérapie CoPs pourrait avoir un effet renforçateur sur le schéma d’activation- inhibition de la tension musculaire chez les patients du groupe clinique leur permettant d’avoir un meilleur contrôle sur leur tension musculaire et d’être en mesure de mieux réguler leur activation lors de la tâche d’inhibition CSR. De manière générale, la thérapie CoPs est

conceptualisée de manière à prévenir l’émergence des tics par l’entremise d’une restructuration du comportement et par une rééducation cognitive en lien avec la planification de l’action (Lavoie, Leclerc, Thibault, & O’Connor, 2012 ; O’Connor, 2005). Elle intègre particulièrement dans son plan d’intervention la composante de rééducation motrice permettant d’améliorer l’utilisation de la motricité en termes d’un gain en souplesse et en contrôle musculaire. En d’autres mots, la thérapie permet d’apprendre à distinguer les différents niveaux de tension dans les muscles par l’entremise d’exercices par étape de contractions et de relâchements des muscles leur permettant d’acquérir un meilleur contrôle et une meilleure régulation de la contraction de leurs muscles. Ainsi, nos résultats sont en lien avec les prémisses de cette thérapie du fait que le traitement CoPs induit un changement au niveau de la régulation de la tension musculaire permettant de renforcer le schéma d’activation-inhibition de ces patients.

12.4 Profil sociodémographique et clinique et l’efficacité de la