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D’après l’analyse quantitative, on constate que la population autistique ne se situe pas dans la pathologie en ce qui concerne la compréhension morphosyntaxique du langage. Seulement 2 enfants sur 18 se situent au score pathologique. Cependant, la moitié de la population se situe en dessous de la moyenne ce qui montre de réels problèmes de compréhension à l’échelle de notre population témoin. Lorsque l’on sépare la population des sujets atteints du Syndrome d’Asperger de la population des sujets atteints d’Autisme de Haut Niveau, on constate que les autistes de Haut Niveau se situent presque tous en dessous de la moyenne. La population des sujets atteints du Syndrome d’Asperger est elle en revanche majoritairement à la moyenne ou au dessus. En se basant sur notre échantillon, on peut conclure à une faiblesse de compréhension chez les autistes de Haut Niveau et à des difficultés isolées de la compréhension morphosyntaxique du langage chez les sujets atteints du Syndrome d’Asperger.

D’après les graphiques, on constate que la courbe de progression de la compréhension morphosyntaxique de la population Tout Venant et des sujets atteints du Syndrome d’Asperger suivent globalement la même allure. On constate cependant une chute de la courbe au niveau du bloc T qui traite des propositions relatives. Sur le reste de la courbe, les sujets atteints du Syndrome d’Asperger sont majoritairement au-dessus de la courbe de la population Tout Venant.

En revanche, la courbe de progression de la compréhension morphosyntaxique de la population Tout Venant et des autistes de Haut Niveau ne suivent pas la même allure. Les premiers blocs sont en « dents de scie » et alternent entre réussites et échecs. A partir de la moitié du test, les deux courbes de progression suivent la même trajectoire mais la courbe des autistes de Haut Niveau est très en-dessous de la courbe de la population Tout Venant.

Ces graphiques suggèrent donc l’hypothèse de difficultés présentes à plusieurs degrés de compréhension formelle et de façon récurrente dans divers items chez les

autistes de Haut Niveau. Ces graphiques suggèrent en revanche, des difficultés plus isolées, concernant peu d’items et ne se retrouvant pas chez tous les sujets atteints du Syndrome d’Asperger.

Au vu des résultats de notre étude, les phrases simples semblent être un concept acquis par les sujets atteints d’autisme sans déficience intellectuelle, ce qui amène l’idée d’une compréhension particulière des sujets autistes. En effet si déficit il y a, il ne s’exprime que sur des points précis de la langue contrairement à la population Tout Venant chez qui on relève des difficultés plus ou moins grandes à tous les niveaux.

Les diagrammes circulaires présentant le nombre de réponses similaires des sujets autistes aux réponses les plus données par la population témoin nous suggèrent l’idée d’une compréhension particulière de la part des sujets atteints du Syndrome d’Asperger alors que celle des autistes de Haut Niveau serait majoritairement la même que celle de la population témoin.

Il convient de souligner également la différence de compréhension entre les sujets atteints du Syndrome d’Asperger et les autistes de Haut Niveau : les diagrammes circulaires présentent cette divergence en montrant que la compréhension des autistes de Haut Niveau semble comparable à celle de la population témoin tandis que la compréhension des sujets atteints du Syndrome d’Asperger semble révéler des particularités.

D’après l’analyse qualitative des items échoués par notre population, on peut émettre l’hypothèse d’une compréhension particulière du langage chez cette population. Lorsqu’on interagit avec les autistes sans déficience, nous sommes susceptibles de penser qu’ils ne présentent pas de trouble de la compréhension. Cette impression pourrait s’expliquer par une compréhension lexicale et parcellaire qui permet à l’enfant autiste une prise d’indices suffisante pour répondre à des consignes simples. Cependant, cette compréhension incomplète ne permet pas une compréhension fine du langage ce qui est gênant dans les échanges avec autrui. De plus d’après l’analyse qualitative on relève également un déficit de la perception spatiale. Ce déficit pose des problèmes de représentation des objets les uns par rapport aux autres mais on

peut également imaginer qu’il pose des problèmes de représentation des mots les uns par rapport aux autres.

Au cours de ce mémoire, nous n’avons pas évalué les cas sur leur compréhension lexicale et pragmatique. Or, ces trois types de compréhension sont étroitement liés. Il est évident qu’un déficit de la compréhension lexicale empêche toute compréhension morphosyntaxique. On constate également, que les items de l’ECOSSE, mêlent souvent de façon indissociable la compréhension pragmatique et la compréhension morphosyntaxique. Nous retrouvons ce type de problème dans beaucoup de tests du langage formel car il est très difficile de traiter la compréhension formelle séparément de la compréhension pragmatique. Par exemple, dans l’item U34 « le garçon ne voit pas le monsieur bien qu’il porte des lunettes », il y’a une nécessité de comprendre que le verbe « porter » possède un autre sens que « porter dans ses mains ». Il est alors très difficile de savoir s’il s’agit d’un problème de compréhension morphosyntaxique ou d’un problème de compréhension pragmatique. Si l’on combine tous nos résultats on peut émettre l’hypothèse d’une compréhension similaire mais retardée chez les autistes de Haut Niveau par rapport à la population Tout Venant. En revanche, les sujets atteints du Syndrome d’Asperger auraient une bonne compréhension globale du langage complexe, avec cependant certaines faiblesses principalement dans la compréhension des propositions relatives qui diffèrent de celles rencontrées chez la population Tout Venant.