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Synthèse

Dans le document Paternité au sein d'une maternité (Page 71-74)

Tout au long de cette analyse, j'ai tenté de répondre à ma question de recherche élaborée en début de travail:

Selon le personnel soignant d'un service de maternité, quelle place occupe le père dans la prise en charge globale du nouveau-né et comment est-il intégré à ces soins?

Mes objectifs de recherche étaient les suivants.

ƒ Identifier et décrire les éléments et le déroulement d'une prise en charge globale de la triade mère - enfant - père dans un service de maternité.

ƒ Découvrir et examiner par des entretiens dirigés auprès d'infirmières et d'infirmières sages-femmes les différentes stratégies mises en place dans le but d'intégrer le père aux soins à prodiguer au nouveau-né.

6.1.1. Prise en charge globale de la triade mère - enfant - père:

Les éléments que j'ai pu ressortir de mon analyse en ce qui concerne la prise en charge globale de la triade mère - enfant - père sont les suivants:

Selon une majorité de soignantes, l'intégration des pères dans les soins à l'enfant est bénéfique pour toute la famille mais, selon elles, l'organisation générale des soins ne permet pas une intégration optimale de ces derniers dans les soins à l'enfant.

Pourtant, toutes estiment qu'un remaniement de l'organisation (effectuer l'enseignement du bain le soir, etc.) serait difficile et futile. Est-ce une peur du changement ou plutôt la peur de perdre le pouvoir qu'exercent les femmes sur les hommes en ce qui concerne l'accès aux soins? Les soignantes craignent peut-être que l'enfant soit tout autant l'enfant du père que l'enfant de la mère, si ceux-ci se met à prodiguer des soins à l'enfant, car ces soins appartiennent encore aux femmes.

Notre culture exige beaucoup du père, on lui demande d'être présent durant la grossesse, lors de l'accouchement, pour couper le cordon ombilical et faire le premier bain. Mais, dans la période du post-natal, il est passablement relégué au second plan, notamment à cause de la mise en route de l'allaitement.

De plus, il n'existe pas de charte ni de conception générale des soins dans laquelle figurerait le père. Pour certaines soignantes, elles ont le libre choix de l'intégrer ou non dans les soins.

Par contre, les pères bénéficient d'horaires libres de visite, mais seulement la moitié des soignantes estiment que ces derniers en profitent. En ce qui concerne les autres,

cela dépend de facteurs extérieurs tels que le travail que ce dernier exerce, l'éloignement géographique, etc. Il est vrai que les situations sont si différentes les unes des autres qu'il ne serait par représentatif de vouloir en faire une généralité.

Cinq professionnelles estiment donner d'avantage de responsabilités à la mère plutôt qu'au père en ce qui concerne les soins à l'enfant en raison de la présence permanente de la femme dans le service. Mais dans la situation où les deux parents sont présents, une seule estime donner autant de responsabilités aux deux parents, deux autres estiment donner tout de même plus de responsabilités à la mère et les deux autres s'adressent plus volontiers au père pour que lui-même puisse apprendre. Le père a en effet le droit de tendre vers une autonomie avec son enfant autant que la mère. Par conséquent, le rôle professionnel consiste à permettre au père l'accès à ces soins mais également à adopter une attitude qui le pousse à se sentir concerné au même titre que la mère.

Les pères ont des attentes puisque toutes les professionnelles affirment recevoir des demandes spontanées de ces derniers pour prendre part aux soins tels que le change ou le bain. Une majorité estime qu'ils ne sont ni gênés ni mal à l'aise de revendiquer cette place. Et une majorité de ces dernières n'a jamais ressenti de la frustration chez certains pères en raison d'un manque d'implication dans les soins au nouveau-né. Par contre, deux autres estiment qu'il n'est pas rare de voir des pères embarrassés, voire même frustrés. C'est peut-être auprès de cette minorité que le rôle de la soignante devient primordial. En effet, ce sont ces pères qui ont besoin d'être introduits, intégrés dans les soins, afin qu’ils ne se relèguent pas eux-mêmes au second plan et puissent ainsi établir des liens d'attachement propices à une bonne relation père - enfant.

6.1.2. Stratégies mises en place par les soignantes afin d'intégrer le père:

Tout au long de cette recherche, nous avons pu nous rendre compte que c'est principalement sur le support des soins aux corps (change et bain) qu'une intégration des pères est possible dans un tel service. Les soins affectifs font partie intégrante des gestes de soins prodigués à l'enfant et c'est grâce à eux que des liens d'attachement vont pouvoir se créer entre le parent et son enfant. Ces liens sont primordiaux, car ils permettent à un enfant de se développer dans les meilleures conditions.

Toutes les professionnelles disent proposer spontanément au père d'être actif dans les soins à l'enfant. En effet, faire participer le père permet à la famille de se mettre en place. Le père va alors prendre une place au sein de la dyade mère - enfant et permettre à la mère de partager son enfant. Le fait de prodiguer des soins à son enfant permet au père de réaliser concrètement son processus de parentalisation, et de se rendre compte de sa réelle importance. Grâce à ces liens d'attachement, que l'enfant établit avec les personnes qui s'occupent de lui, il pourra se développer à tous les niveaux: social, physique, estime de soi, affectif, cognitif. De plus, un enfant a besoin de mettre derrière le mot père trois notions: un père géniteur, un père qui s'occupe de lui au quotidien et un père symbolique. Le père représente également une ressource pour la nouvelle maman car chacun d'eux se complète mutuellement.

Une majorité de soignantes encouragent les parents à découvrir le nouveau-né. Ceci est important dans la mesure où les parents se familiarisent avec les signaux que leur envoie l'enfant et peuvent ainsi développer des liens d'attachement de type sécure, offrant à l'enfant des conditions idéales à un bon développement. La soignante peut pousser les parents à découvrir leur nouveau-né et ainsi soulever les compétences et vulnérabilités de chacun. Car chaque enfant a une individualité propre, il peut avoir une vulnérabilité sensorielle qui perturbera la qualité des interactions entre lui et son parent. Dans une situation de ce type, il est donc du rôle de la professionnelle de mettre l'accent sur les qualités et compétences du bébé ainsi que de repérer les manques afin de les expliquer aux parents.

Un élément important qui permet d'évaluer l'intégration des pères à la vie à la maternité, est selon moi, le fait d'évaluer la relation père - enfant au même titre que la relation mère - enfant qu'une majorité de soignantes affirme prendre en compte systématiquement. Mais parmi les réponses des professionnelles, une seule m'a affirmé qu'elle prenait systématiquement en compte la relation père - enfant. Les autres la soulèvent seulement dans le cas d'un problème ou d'une absence du père.

Mais selon moi, la qualité d'une relation s'évalue avec des critères de qualité et non de temps de présence.

6.1.3. Pour aller plus loin

A partir de ces résultats, il serait pertinent d'approfondir cette recherche en s'intéressant de plus près à ce que veulent vraiment ces nouveaux pères. Quelles sont leurs réelles demandes et attentes du séjour en maternité de leur compagne et de leur enfant? Nous pouvons certainement penser que les attentes seront multiples et propres à chacun, mais c'est le lot de tout questionnement en sciences humaines, rien n'est généralisable mais tout peut être nuancé.

Plus globalement, il serait logique de s'interroger sur les attentes du couple car, finalement, il n'est pas possible de dissocier la mère et le père dans la situation où les deux parents sont présents.

6.1.4. Propositions

Deux actions me paissent importantes à réaliser si l'on veut tendre vers une amélioration de la prise en compte du père dans un service de maternité.

En premier lieu, une sensibilisation du personnel soignant concernant l'importance de l'intégration des pères lors des premiers jours de vie de l'enfant me paraît essentielle. La création d'une charte par le personnel soignant pourrait être idéale pour initier un tel processus.

Ensuite, un aménagement différent des horaires permettant la participation des pères aux différents soins au corps est nécessaire, malgré les inconvénients qu'une telle réorganisation peut occasionner.

Dans le document Paternité au sein d'une maternité (Page 71-74)

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