• Aucun résultat trouvé

Notre problématique générale s’intéresse au rôle du SI et les significations de ses pratiques pour différents acteurs de l’organisation. Le but étant de révéler comment l’imbrication de l’agence sociale et de l’agence matérielle contribue aux trois fonctions du SI dans les organisations tout en s’utilisant la sociomatérialité comme grille de lecture. En conséquence, nous analyserons comment les acteurs d’une organisation interagissent avec les SI mis en œuvre et comment ceux-ci s’imbriquent avec l’organisation afin de faire apparaitre, faire disparaitre ou bien accentuer les trois fonctions de contrôle, coordination et pilotage dans l’organisation.

Question de recherche

Comment s’imbriquent le matériel et le social dans l’organisation pour contribuer aux trois fonctions du SI : pilotage, contrôle, coordination ?

Pour répondre à notre question de recherche et effectuer notre étude, nous avons déterminé quatre propositions de recherche qui sont ensuite testées empiriquement.

1ère proposition de recherche

Les propriétés structurelles d’une organisation nécessitent une configuration singulière du SI.

2ème proposition de recherche

Les trois fonctions du SI déterminent le design des organisations et ses évolutions possibles.

3ème proposition de recherche

Les propriétés de la matérialité d’un SI agissent sur les pratiques des acteurs et sur leurs perceptions des fonctions contrôle, coordination et pilotage dans l’organisation.

4ème proposition de recherche

L’aspect de performativité renforce les fonctions de contrôle, pilotage et coordination du SI dans une organisation, en agissant sur les pratiques organisationnelles.

111

Partie III : Design de la recherche - cadre épistémologique et

méthodologique

En sciences de gestion, de nombreux cadres de référence structurent et légitiment le processus de recherche. Nous apporterons dans cette partie des réponses aux questions relatives à la constitution de connaissances : la question ontologique ; la question épistémologique ; et la question méthodologique. Perret et Séville (2003, p.13) affirment qu’il est nécessaire de positionner sa recherche puisque « tout travail de recherche repose sur une certaine vision du monde, utilise une méthodologie, propose des résultats visant à prédire, prescrire, comprendre ou expliquer ». Cette troisième partie a donc pour but de démontrer la cohérence entre la posture épistémologique et le choix méthodologique adopté pour répondre à notre question de recherche. Aussi, il convient de se pencher, dans un premier temps sur des questions d’ordre épistémologique pour passer, par la suite, à l’explication de notre choix d’une démarche méthodologique exploratoire assortie par un dispositif empirique qualitatif.

Le schéma suivant énonce les deux sous-parties de cette partie :

Figure 27. Organisation de la Partie III – Design de la recherche 1.1 Positionnement épistémologique de la thèse

1.1.1 Rapport à la réalité et principaux paradigmes

La question ontologique s’interroge sur la nature de la réalité à connaitre (Allard-Poesi et Perret,

2014). Elle questionne la relation du chercheur à l’égard de la réalité de l’être. Selon Perret et Séville (2003), le positionnement ontologique du chercheur influence la nature et la portée de la connaissance produite et ses réponses épistémologiques et méthodologiques. Les sciences de gestion faisant partie des sciences sociales, nous utilisons le terme d’ontologie sociale. Si l’ontologie est l’étude de l’être en tant qu’être, l’ontologie sociale est l’étude de la société en tant

Partie III : Design de la recherche - cadre épistémologique et méthodologique 1.1 Positionnement épistémologique de la thèse 1.2 Approche exploratoire servie par une

112

qu’être. L’ontologie sociale s’intéresse à l’essence de la société et tente de répondre à la question « Qu’est-ce que la société ? ». Deux réponses à la question de l’ontologie sociale sont usuellement distinguées dans la recherche en sciences sociales (Perret et Séville, 2003 ; Mbengue, 2001 ; Archer, 1995) : une réponse objective supposant l’existence d’un monde réel ; et une réponse subjective assumant l’existence d’un monde construit. Les grands paradigmes scientifiques des sciences de gestion sont ainsi partagés entre les tenants d’une approche objective de la réalité – l’ontologie réaliste, et les tenants d’une vision subjective de celle-ci – l’ontologie relativiste (Monod, 2002, Galliers, 1992).

Dans ce travail, nous souhaitons nous rapprocher des pratiques quotidiennes des organisations afin de proposer une lecture de l’imbrication du matériel et du social en considérant le SI comme objet de recherche. Par conséquent, nous n’adhérons pas à l’idée de l’existence d’un monde objectif que nous pourrons aborder en toute neutralité pour en extraire des explications rationnelles. Nous adoptons un positionnement relativiste où la réalité dépend du contexte dans lequel elle s’observe (les formes de vie, de culture ou de société) ainsi que des schémas conceptuels et des cadres théoriques dans lesquels s’inscrit le chercheur (Jansen et Peshkin, 1992).

La question épistémologique désigne la relation entre le chercheur et l’objet de sa recherche. Le

chercheur est-il objectif ou subjectif face à son objet de recherche ? comme indiqué par Guba et Lincoln (1994), la réponse apportée à cette question est contingente à la réponse ontologique. En effet, si une réalité objective existe, le chercheur l’abordera en toute neutralité afin de la décrire, de la comprendre et de l’expliquer telle qu’elle est. A l’inverse, si la réalité est construite, alors le chercheur n’est plus neutre par rapport à son objet d’étude puisqu’il fait partie des forces de construction. Dans un cas le chercheur doit se sortir de toute considération environnementale et morale. Dans l’autre, ces considérations sont pleinement assumées et reconnues.

Etant donné que nous ne croyons pas à l’existence d’une réalité objective, nous avons choisi d’abandonner l’ambition de la théorie traditionnelle d’une relation objective au terrain et la production de savoirs tout aussi objectifs caractérisés par l’établissement de lois stables et généralisables. Cette approche, directement inspirée de l’épistémologie positiviste dans une ontologie réaliste, considère que les connaissances produites sont à la fois objectives, absolues et ne dépendent pas d’un contexte déterminé car elles témoignent d’une réalité indépendante de l’action des acteurs, en particulier celle du chercheur (Perret et Séville, 2003 ; Hirschheim, Klein et Lyytinen, 1995 ; Lakoff et Johnson, 1980 ; Burell et Morgan, 1979). La science propose des

113

théories « essentiellement holistes, sans référence aucune aux motivations humaines » (Archer, 1995, p.5) et des lois ou régularités qui régissent le comportement de l’univers (Le Moigne, 1999, 2006). L’action et les interactions individuelles n’ont pas de prises sur le fonctionnement du social ce qui justifie l’établissement de lois générales, invariables et immuables expliquant les faits sociaux (Perret et Séville, 2003). Toutefois, la production de savoirs scientifiques objectifs et généralisables implique le respect de quatre critères de scientificité : le critère de validité interne ; le critère de validité externe ; la fiabilité de la recherche ; et l’objectivité du chercheur (Denzin et Lincoln, 1994).

En accord avec notre réponse ontologique ancrée dans le relativisme, nous considérons que le monde étudié ne peut être appréhendé indépendamment de l’esprit et de la conscience de l’observateur (Perret et Séville, 2003). La réalité devient alors subjective, relative, construite socialement et dépendante des acteurs qui la constituent, du chercheur qui l’étudie et des valeurs qui y sont engagées (Guba et Lincoln, 1994). Toute réalité n’est que locale et spécifique et il n’existe pas de lois générales au fonctionnement de la société. Au-delà de la typologie de positionnements proposée par Guba et Lincoln (1994), notre projet de recherche semble s’inscrire dans un courant de réalisme critique qui fait suite aux travaux de Bashkar à la fin des années 80.

Posture positiviste Posture constructiviste

Posture interprétativiste Principe Quel que soit le

chercheur et grâce à des lois, le chercheur obtiendra toujours le même résultat

Lorsque le chercheur étudie l’objet, il y a un impact sur cet objet. Il y a des interactions avec l’objet étudié

Le chercheur a une histoire, des

convictions et une grille d’interprétation qui vont influencer les résultats

Date

d’apparition

XIXème siècle Années 1940 Années 1960

Auteurs Perret et Séville, 2003 ; Hirschheim, Klein et Lyytinen, 1995 ; Lakoff et Johnson, 1980 ; Burell et Morgan, 1979 Perret et Séville, 2003 ; Wacheux, 1996 Perret et Séville, 2003 ; Avison et Myers, 2002 ; Walsham, 1993

Tableau 14. Les trois grandes postures épistémologiques

114

1.1.2 Ontologie et épistémologie de la recherche

Dans les sciences de gestion, on considère souvent que deux ou trois paradigmes épistémologiques s’opposent, entre lesquels il faut choisir : le positivisme d’une part, le constructivisme et l’interprétativisme de l’autre (Dumez, 2010). L’interprétativisme étant souvent présenté comme une variante du constructivisme (Perret et Séville, 1999).

Si le constructivisme abandonne l’idée même de la possibilité d’accès à l’essence du réel – certains allant jusqu’à nier l’existence de la réalité (Wacheux, 1996 ; Perret et Séville, 2003), la question de la dépendance de toute réalité aux considérations individuelles de celui qui l’étudie se pose pour les auteurs les moins radicaux. La réalité est « plurielle et plastique » (Pluralist and plastic) (Schwandt, 1994) : plurielle puisqu’elle s’exprime dans une grande quantité de symboles et de systèmes de langage ; plastique dans le sens où elle est formée pour être adaptée aux actions des acteurs humains. Une réalité n’est pas plus vraie qu’une autre mais elle est simplement construite différemment, aussi bien dans les valeurs mises en jeu que dans la complexité étudiée. Le chercheur s’assume clairement comme partie prenante à la construction de la réalité et des relations mises en évidence. Guba et Lincoln (1994) soulignent à ce propos que la distinction entre ontologie et épistémologie n’a plus lieu d’être dans ce paradigme, les deux étant intimement liés. Pour Dumez (2010), l’idée du constructivisme est que les faits étudiés sont construits par les interprétations du chercheur et des acteurs, et que d’autres chercheurs et d’autres acteurs auraient pu les construire différemment. En ce sens, tout est donc subjectif ou du moins contingent à un groupe social.

L’interprétativisme est une alternative relativiste au constructivisme. Il a été développé en totale

opposition au positivisme. Son objectif est la compréhension des phénomènes touchant les organisations à partir de la signification que lui attribuent les individus (Perret et Séville, 2003). L’approche interprétative se focalise sur les acteurs et leur interprétation d’un phénomène. Dans cette perspective l’important « n’est pas la découverte de lois. C’est de se pourvoir de moyens conceptuels qui permettent d’analyser ce que connaissent les acteurs à propos de ce pourquoi ils font ce qu’ils font ou quand les acteurs ne sont pas conscients qu’ils connaissent » (Giddens, 1987, p.27).

L’interprétativisme ne se place pas dans une posture explicative (Herman, 1988). Au contraire du positivisme, pour qui explication et compréhension d’un phénomène sont confondues (Pourtois et Desmet, 1988), l’interprétativisme considère cette distinction comme un élément central. Les

115

chercheurs ne peuvent accéder à la réalité qu’au travers des constructions sociales comme le langage, la conscience ou les significations (Avison et Myers, 2002). Dans le contexte des SI, les méthodes interprétatives cherchent selon Walsham (1993, p.4-5) à « produire une compréhension du contexte des SI, ainsi que le processus par lequel le SI influence et est influencé par le contexte ». Le SI est un ensemble de relations sociales « destinées à créer, échanger et interpréter des significations » (Hirschheim, et al., 1995, p.13). Ces interprétations et significations sont partagées, maintenues et renforcées autour des SI, au fil des interactions des acteurs organisationnels impliqués dans son développement (Leclerc, 2008).

Le Réalisme Critique se pose en alternative aux paradigmes épistémologiques (post-)positivistes, interprétativistes et constructivistes selon Guba et Lincoln ou pragmatique (Wynn & Williams, 2012 ; Sayer, 2000 ; Walliman, 2011 ; Avenier, 2011 ; Avenier & Gavard-Perret, 2012). C’est un courant de pensée philosophique et épistémologique qui fait suite aux travaux de Roy Bashkar à la fin des années 80. Le concept fondamental proposé par ce penseur est l’indépendance du monde et des réflexions que nous avons de lui.

Bien que reconnaissant l’existence d’une réalité indépendante de l’observation et des descriptions, le réalisme critique se différencie du réalisme en considérant que la connaissance que l’on a de cette réalité n’est qu’une parmi d’autres. Il y a donc bien une pluralité des visions de la réalité pour les réalistes critiques. Dans cette approche, trois niveaux du réel se superposent :

- Le réel (parfois qualifié de « profond ») inaccessible directement qui contient les mécanismes générés par les structures des entités et leurs relations (acteurs humains, objets physiques, logiciels, etc.). Ramuz (2011, p.223) mentionne « par exemple, l’eau, de par sa nature, a le pouvoir de bouillir, de geler ou encore a le pouvoir de fournir du travail ». - Le réel actualisé (l’actuel ou factuel) qui intègre les évènements émergents et contingents

(ou du moins spécifiques au contexte géo-historique) provenant des mécanismes actifs dans le domaine du réel (notion de conditions causales non régulières puisque le monde social ne peut pas être dans un quelconque système expérimental « fermé »). Dufour (2013, p.56) précise que ce sont là les « relations entre les acteurs observables et non observables qui sous-tendant l’empirie ».

- Le réel empirique qui contient les évènements accessibles par nos sens et donc potentiellement mesurables (Lépinard, 2012). L’empirique recouvre tout ce qui est observable. Selon Vancaelemont (2016, p.153) « Il s’agit de l’ensemble de ce qui est

116

susceptible de produire des informations, de fournir des données (notamment par observation mais aussi par tout moyen de collecte). C’est le seul niveau qui est in-fine connu du chercheur auquel les deux premiers niveaux peuvent très largement échapper ».

Notre posture ontologique et épistémologique

Si nous considérons que la réalité est essentiellement objective, stable et mesurable, le projet de connaissance se basera naturellement sur une démarche objective du chercheur, c’est-à-dire sur une posture positiviste.

Dans notre cas, nous ne concevons par la possibilité d’une objectivité du chercheur. Selon notre vision, toute approche est subjective même si le chercheur développe sa propre vision en se détachant relativement de ses sources. La vocation de la recherche est alors plus compréhensible : il s’agit de mettre à jour, de découvrir et de comprendre les phénomènes auxquels, en tant que chercheurs, nous sommes en mesure d’assister. Quant à la nature de la réalité, même si elle existe, nous considérons que tout ce que l’on connaît d’elle est subjectif.

Nous rejoignons la perception de Vancaelemont (2016) qui considère que selon l’objet de l’étude, il peut y avoir :

- Autant de réalités que de représentations subjectives de la réalité, en particulier pour les objets sociaux, mobiles, intangibles. Cette vision ne suppose pas l’existence d’une réalité unique qui sous-tend toutes les visions.

- Une réalité unique mais qui reste impossible à appréhender de manière unique du fait de la subjectivité des chercheurs, en particulier pour des objets de recherche matériels, relativement statiques et tangibles.

Avec un objet de recherche interrogeant la matérialité des SI et des pratiques des acteurs dans un contexte de groupe international, nous nous trouvons réellement à la croisée des chemins de ces deux conceptions ontologiques. Or, les théories ayant fait écho à nos observations et analyses se rangent sous la bannière du réalisme critique. Il nous semble donc que la présente recherche est à compter dans les rangs du réalisme critique qui est tout à fait compatible avec les travaux de Leonardi (2011, 2013) et avec une perspective de Sociomatérialité faible (Mutch, 2013).

Notre position épistémologique est donc le réalisme critique car nous nous positionnons dans une perspective compréhensive de la réalité qui consiste à mettre en évidence des clés de compréhension des phénomènes étudiés en nous intéressant aux mécanismes d’émergence de cette

117

réalité. Concrètement, il s’agit de la compréhension de la contribution de l’imbrication des structures matérielles et des structures sociales aux fonctions du SI dans l’organisation. Il s’agit dans notre cas d’expliquer et de comprendre comment un SI peut offrir des possibilités matérielles et constituer une composante fondamentale dans un contexte social pour façonner et être façonné par l’organisation.

Se concentrant sur la recherche de moyens ou de modèles pour mettre au premier plan des pratiques quotidiennes de travail, la sociomatérialité faible, appliquée dans une approche de réalisme critique, permet d'élargir la connaissance dans les domaines de pilotage, de coordination et de contrôle dans les organisations et de montrer une image claire à travers la matérialité du SI, elle sert également d’une grille de lecture et de compréhension des formes organisationnelles et d’évolution de l’imbrication qu’existe entre le social et le matériel dans une organisation. En effet, en explorant les concepts de sociomatérialité et de l'imbrication, il est important de souligner que ces deux concepts font partie des études en cours qui sont axées sur la théorisation de la relationnalité et de la performativité. Compte tenu de leurs origines dans des domaines autres que les SI et des études des organisations, ces concepts ont besoin de plus de développement pour qu’ils puissent soutenir la recherche dans notre domaine. Cette exploration qui s’inscrit dans une posture de réalisme critique est utile pour traiter la problématique de recherche et analyser les propositions présentées auparavant.

Il convient de compléter notre réponse aux questions ontologiques et épistémologiques, par une réponse à la question méthodologique.

1.2 Approche exploratoire servie par une méthodologie qualitative

Après avoir répondu aux questions ontologiques et épistémologiques, nous nous tournons à présent à la question méthodologique en précisant notre méthode d’approche de la réalité sociale étudiée, autrement dit « comment je cherche ? » (Charreire Petit et Durieux, 2007). Notre réponse est contrainte et dépend logiquement des deux premières (Guba et Lincoln, 1994). Nous déclinons la présentation de notre positionnement méthodologique en précisant le type de raisonnement adopté, puis la méthode de recherche utilisée.

1.2.1 Choix d’une approche déductive

La méthodologie de recherche est l’ensemble des « démarches générales structurées qui permettent d’étudier un thème de recherche. Ainsi, les méthodologies établissent la façon dont on

118

va analyser, découvrir, décrypter un phénomène » (Hlady-Rispal, 2002, p.26). Il existe deux grands processus de construction des connaissances, l’exploration et le test (Charreire Petit et Durieux, 2007) L’exploration incite le chercheur à la découverte de résultats théoriques novateurs, alors que le test cherche à mettre à l’épreuve la réalité d’un objet théorique. Ces deux logiques répondent à deux types de raisonnement, l’induction et la déduction.

La volonté de faire émerger du terrain des éléments nous permettant de discuter les SI dans les organisations en mobilisant la sociomatérialité faible comme cadre théorique, inscrit notre recherche dans une démarche exploratoire. Cette démarche a pour but tout d’abord de comprendre et d’analyser en profondeur l’interaction du SI avec les processus sociaux au sein des organisations où des facteurs organisationnels façonnent l'utilisation de ces systèmes. Ensuite, elle permettra d’analyser les implications de ces systèmes dans les organisations ; à travers leurs nombreux rôles et pratiques organisationnelles.

D’après Evrard, Pras et Roux (2000, p.23), « L’étude exploratoire est utile dans deux contextes : l’exploration d’un problème vague afin de déterminer un certain nombre de propositions plus précises, d’hypothèses spécifiques ; et la compréhension d’un phénomène et son analyse en profondeur, avec toutes ses subtilités, ce que ne permettrait pas forcément une étude plus formalisée ». Ceci rejoint d’ailleurs les propos de Caumont (1998, p.36) lorsqu’il précise que l’objectif d’une recherche exploratoire consiste : « d’abord de mettre en évidence et ensuite de permettre de comprendre en profondeur, et de manière assez détaillée, une situation, un comportement, un système d’opinions, etc., qui sont mal connus au moment où le problème est posé ».

A l’instar de ces deux extraits, nous pouvons constater, de prime abord, que la visée exploratoire et la compréhension d’un phénomène complexe ne sont d’ailleurs pas dissociables. Comme nous avons eu l’occasion de le préciser dans le paragraphe qui traite de la clarification du positionnement épistémologique de notre thèse, le caractère complexe du phénomène de l’imbrication des structures matérielles et des structures sociales dans les organisations renvoyait à plusieurs aspects en même temps : aspects organisationnel et structurel, aspect social, aspect interactionnel et aspect technologique. Complexe, car ladite imbrication dépend des fonctions de la performativité, de la matérialité du SI et des pratiques des hommes face à la technologie.