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Synthèse de l’analyse multicritère

7. ANALYSE MULTICRITÈRE

7.14. Synthèse de l’analyse multicritère

Les impacts des trois scénarios sur les douze critères sont résumés dans le tableau 7.14. L’impact global pour chacun des scénarios y est également présenté. Ces impacts globaux sont estimés à partir d’une compilation de chacun des impacts sur les douze critères avec une pondération équivalente pour chacun des critères. Une synthèse de l’analyse multicritère pour chacun des scénarios est présentée aux sections suivantes. Le tableau 7.14 est inséré à la suite de cette synthèse.

7.14.1 Scénario A

Globalement, selon l’analyse multicritère, dans un contexte de cotation énergétique, il est estimé que le scénario A génère un bilan d’impacts positifs modérés. D’un côté, continuer à opérer le programme Rénoclimat dans son format actuellement en vigueur évite d’investir des ressources humaines et financières supplémentaires, de modifier la législation et de gérer une mise en œuvre complexe. Par contre, de l’autre côté, ce scénario empêche de développer le plein potentiel de la cotation énergétique. Avec une moyenne annuelle d’environ 13 405 habitations cotées et 8 795 habitations rénovées, soit

Scénario A Scénario B Scénario C

Rénoclimat Hors transactions immobilières

SCE mode volontaire Transactions immobilières

SCE mode réglementaire Transactions immobilières 12. Augmentation du confort, de la santé et de

la qualité de construction

Commentaires : - En lien avec le nombre d'habitations rénovées dans le secteur des habitations existantes plus le nombre d'habitations neuves supplémentaires qui respecteraient les EMPE suite à l’implantation d’un SCE.

environ respectivement 0,6 % et 0,4 % du parc résidentiel, la transformation du marché s’opère à un rythme lent et diminue les possibilités d’exploiter tous les avantages des SCE. De plus, puisque ce scénario n’inclut pas de mécanismes d’affichage spécifique pour faire reconnaître la performance énergétique des habitations mises en vente, ce scénario empêche les occupants de comparer efficacement les habitations entre elles. Par conséquent, ce scénario est limité quant à l’intégration de la valeur énergétique des habitations parmi les autres critères lors du processus d’achat, moment qui est qualifié de stratégique pour influencer positivement les propriétaires. Enfin, ce scénario passe à côté d’un fort potentiel de rénovations écoénergétiques, puisque les rapports de recommandations de travaux écoénergétiques ne sont pas offerts spécifiquement lors de la revente des habitations.

7.14.2 Scénario B

Ensuite, pour le scénario B, l’analyse multicritère a permis de faire ressortir que les très rares et faibles impacts positifs ne font pas le poids face aux ressources requises pour le mettre en œuvre. En somme, ce scénario nécessite un effort de développement et de mise en œuvre pratiquement aussi élevé que pour le scénario C, mais récolte de très minces bénéfices. Ainsi, avec un très faible nombre d’habitations cotées, soit moins de 0,1 % du parc immobilier, plusieurs bénéfices sont non exploités. Tout d’abord, il est estimé que la caractérisation du parc immobilier est très limitée. Ainsi, l’un des principaux atouts d’un SCE, soit de procéder à un suivi du rendement énergétique du parc, ne peut pas être effectué. De plus, très peu de propriétaires peuvent profiter des conseils liés à la performance énergétique des habitations ou accéder aux divers leviers financiers, deux barrières importantes qui empêchent de passer à l’action. Ensuite, des 1 566 habitations cotées annuellement, la majorité sont des habitations performantes qui possèdent un potentiel de rénovation écoénergétique limité. Ainsi, il est estimé que pratiquement aucune habitation n’est rénovée dans le secteur existant et que l’influence du SCE demeure très minime pour hausser le taux de conformité des EMPE en vigueur pour les nouvelles constructions. Par conséquent, pour ce scénario, il est estimé que les économies d’énergie, les gains en émissions de GES, les retombées économiques, l’augmentation du confort et de la santé du propriétaire, ainsi que l’augmentation de la qualité de construction de l’habitation, sont pratiquement nuls. De plus, en raison du trop faible bassin d’habitations cotées, ce scénario ne permet pas aux acheteurs d’intégrer la valeur de l’efficacité énergétique dans le marché de la revente. Les expériences internationales expliquent que le très faible taux de participation dans un SCE en mode volontaire est principalement dû à l’absence de comparables, mais aussi, à la crainte que la cote énergétique de leur habitation soit mal comprise. La résistance des agences immobilières est aussi un facteur qui diminue le taux de participation. Tel que mentionné à la section 7.2.2, les nombreuses

analyses internationales incluant l'UE, le Japon, les États-Unis, l’Australie et la Colombie-Britannique, soulèvent la problématique du cycle perpétuel de faible participation. En résumé, la faible connaissance du système et le nombre restreint d’habitations cotées engendrent une faible participation, et à l’inverse, la faible participation cause une faible connaissance du système et un nombre restreint d’habitations cotées. Ainsi, c’est seulement l’adoption d’un SCE réglementaire soutenu par le gouvernement qui permet de briser ce cycle improductif (Beckstead et al., 2012; Cohen et al., 2013; Sunikka, 2005).

7.14.3 Scénario C

Finalement, le scénario C se démarque positivement comparativement aux deux autres scénarios. Tout d’abord, contrairement au scénario B qui tend à coter seulement les habitations performantes, ce scénario permet d’identifier aussi les habitations qui ont un rendement énergétique moins élevé. Ensuite, en plus d’augmenter le nombre d’habitations rénovées dans le secteur existant par rapport au scénario A, il est estimé que ce scénario permet également de renforcir le respect des EMPE réglementaires pour les habitations neuves en vigueur. Ainsi, il est estimé que le nombre d’habitations cotées dans le scénario C, est environ six fois plus élevé que celui du scénario A, le nombre d’habitations rénovées, deux fois plus élevé, les économies d’énergie, 3,5 fois plus élevées, les gains en GES, deux fois plus élevés, et le nombre d’emplois créés, de 2,4 à 2,7 fois plus élevé. De plus, la création d’emplois dans le marché de la rénovation permet de compenser le déclin du secteur de la construction neuve et favorise l’émergence d’emplois locaux (Dunsky et al., 2009; SCHL, 2015). Ensuite, avec un nombre plus important d’habitations cotées, ce scénario permet d’optimiser la caractérisation du parc immobilier, de mieux faire reconnaître la valeur énergétique des habitations lors de la revente, de favoriser l’accessibilité des conseils liés à la performance énergétique des habitations et des divers leviers financiers. Même si certaines de ces valeurs comportent une part d’incertitude, il est quand même possible de confirmer que ce scénario est celui qui génère les bénéfices sociaux et environnementaux les plus importants. Toutefois, il constitue également le scénario le plus coûteux et ardu à mettre en œuvre, d’autant plus qu’il implique de modifier la législation. Aussi, dans le cas où il est prévu de financer les évaluations énergétiques, il faut prévoir un budget administratif encore plus important. Sinon, ce sont les propriétaires qui doivent en assumer les coûts risquant de créer de l’opposition dans ce groupe. De plus, il importe de rappeler que pour profiter des bénéfices estimés, des ressources importantes doivent être investies afin de respecter les onze facteurs clés de réussite présentés au cinquième chapitre. Le potentiel d’un SCE réglementaire peut être déployé seulement si ces conditions sont réunies pour s’assurer de la fiabilité du système, et par conséquent, pour assurer l’acceptabilité du public (Anagnostopoulos et al., 2014).

Tableau 7.14 Synthèse de l’analyse multicritère pour les trois scénarios

Scénario B Scénario C SCE mode volontaire

Transactions immobilières

SCE mode réglementaire Transactions immobilières 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10.

11. Accès à divers leviers financiers pour les rénovations écoénergétiques

12. Augmentation du confort, de la santé et de la qualité de construction

IMPACT GLOBAL

Scénario A Rénoclimat Hors transactions immobilières

Caractérisation du parc immobilier Suivi du rendement énergétique du parc Priorisation des besoins

Établissement des cibles énergétiques

Accès à l’information pour le propriétaire Accès aux recommandations de travaux Accès à l'information concernant la performance énergétique des habitations Coûts pour l'administrateur

Niveau d'effort de travaux législatifs

Niveau de complexité de mise en œuvre Gestion multidisciplinaire à plusieurs niveaux de pallier gouvernemental Maillage avec plusieurs parties prenantes Résistance des agences immobilières Exige haute fiabilité des CPE

Reconnaissance de la valeur énergétique des habitations lors de la revente Retombées économiques Création d'emplois locaux

Stimulation du secteur de la rénovation Ajout d'experts en efficacité énergétique Taux de participation

Nombre d'habitations cotées

Économies d'énergie

Augmentation de la sécurité énergétique Diminution de la facture énergétique des ménages et des abandons de créance Diminution des émissions de GES

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