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4 Analyse

4.3 Synthèse de l’analyse et influence des représentations

Toute cette analyse me permet de retenir et de ressortir des éléments principaux. Les thèmes que j’ai abordés apportent une vision des représentations, du comportement, des besoins qu’ont les enfants face à l’alimentation et de l’influence qu’exerce sur eux le groupe primaire et secondaire. Ces différents éléments me permettent de cibler là où je peux développer des compétences infirmières.

Je ne peux pas affirmer que tous ces éléments soient valables pour tous les enfants car j’en ai rencontré une petite partie. De plus, il y a l’environnement, la culture et les valeurs dans lesquelles ils vivent qui exercent un part d’influence. Mais ces différents éléments suscitent des pistes de réflexions et certaines constations sont identiques chez les quatre enfants. De ce fait, je pense qu’elles sont pertinentes.

Par rapport au concept de représentation, il ressort que les enfants les ont construites à travers la socialisation primaire et secondaire et à travers des expériences vécues. Elles véhiculent des images mentales qu’ils ont intégrées dans leur mode de pensée. Et elles leur permettent d’avoir certains comportements de santé qui sont différents selon l’influence du

milieu dans lequel ils se trouvent. La représentation qu’ils se font de se nourrir de façon inadéquate pourrait amener au concept de l’obésité et de ses conséquences. A-t-elle une influence sur le comportement alimentaire des enfants ? Ou est-elle quelque peu influencée par les adultes ? Sont-ils vraiment conscients de ce que cela implique ? Je pense qu’ils ne sont pas tout à fait conscients de cela et qu’ils ne se sentent pas forcément concernés par ce qui pourraient arriver. En effet, l’enfant « ne comprend pas ce qu’est la maladie et ce qu’elle va signifier dans sa vie ; il doit apprendre à insérer son expérience dans un réseau d’explication et de règles sociales ». (Herzlich, 1969, p.13). D’ailleurs, cette petite partie de la population a également des ressources au niveau de l’entourage (la famille et l’APEMS) et je tiens à préciser que certains comportements alimentaires ne signifient pas forcément qu’ils seront un jour en surpoids. En référence à Piaget (1946), entre six et neuf ans environ un enfant n’a pas conscience des mobiles qui lui font répondre « oui » ou « non » à nos questions. Cette conscience et cette capacité de justification apparaissent entre neuf et douze ans, mais à l’état encore rudimentaire. Elle est donc entrain de se développer et c’est pour cette raison que je m’interrogeais sur la conscience qu’ils pouvaient avoir. Puisqu’elle est en développement, je pense que c’est un âge idéal pour les amener à cela et essayer de mettre des interventions en place. Ceci afin de les accompagner petit à petit à cette conscience. Toujours selon Piaget (1946), c’est à partir de 11-12 ans que l’enfant comprend tout ce qu’on lui dit.

D’autres part, les représentations comprennent des conflits réels entre la pensée de l’enfant et celle de son entourage. En effet, le langage adulte est souvent pour l’enfant une réalité

« opaque » et sa pensée doit s’adapter à cette réalité. Ainsi quand l’enfant se construit une image, il l’a peut-être déformée afin de se l’assimiler selon sa propre structure mentale. En effet, il se l’ai alors appropriée selon sa réalité et c’est pourquoi elle lui appartient.

Ces quatre enfants se sont également construits une image et une idée de l’infirmière qui, à mon avis, exerce une influence sur eux. C’est-à-dire qu’ils ne vont peut-être pas la considérer comme une partenaire face à leur comportement de santé à l’école. En fait, ils ont de la difficulté à lui attribuer un autre rôle que celui de soignante.

Les représentations sont une ressource pour « mieux comprendre la façon dont l’individu construit la réalité sociale et s’y oriente ». (Herzlich, 1969, p.23). Et elles ont des composantes intellectuelles, affectives et comportementales. Je dirais qu’elles ont une influence sur leur comportement alimentaire mais que cela dépend de l’environnement. Ces comportements peuvent alors devenir des facteurs néfastes sur leur santé. Lorsque les enfants sont dans un contexte hors maison, les notions de plaisir et d’envie prennent le dessus. Alors que s’ils ont un cadre qu’il soit parental ou que se soit celui de l’APEMS, les comportements sont tout à fait adéquats.

Pourquoi alors l’école n’exerce pas cette fonction de cadre sur les enfants ? S’y sentent-ils plus libres qu’à l’APEMS par exemple ? Cela devrait-il être le rôle de l’infirmière, puisqu’elle a très peu d’influence à l’école ? Je suppose que les enseignants se préoccupent peu des comportements de santé car ils ont d’autres objectifs à leur travail. Selon Ammann (2006),

« les enseignants ont plusieurs objectifs à atteindre : amener les élèves à la réussite scolaire, développer leurs compétences sociales et générales, enseigner tout en éduquant ».

(p.33). Cependant, je ne pense pas qu’en promotion de la santé, il faut exercer un cadre sur les enfants. Cela serait en quelque sorte contraire à ce concept qui prône la participation, le bien-être ou le renforcement de la capacité d’agir. Procéder ainsi supposerait que l’on revienne aux anciennes approches précédents le concept de promotion de la santé, dont le processus était du « nous à vous12 ». Je pense qu’un cadre irait à l’encontre de ce processus du « vous à nous », selon le regard de ce récent concept. Il faut également qu’il y ait une

12Les trois anciennes approche précédents la promotion de la santé sont de l’éducation pour la santé : - normative transmissive : nous savons et vous le disons

- normative négociée : nous savons et nous acceptons d’en discuter

- normative participative : nous savons et nous vous aidant à savoir. (Définition tirée de Boegli, 2005, en ligne).

certaine motivation et un certain plaisir pour rendre la population actrice de sa santé, ce qui n’est à mon avis pas le cas si l’on impose un cadre.

D’autre part, les acteurs de l’école s’accordent effectivement à dire que « la transmission des savoirs alimentaires et l’acquisition de valeurs et de comportements dans ce domaine sont d’abord du ressort de la famille ». (Projet de l’ODES, 2007). Ce n’est donc pas à l’école et aux professionnels de « cadrer » les enfants face à cela. Le repas représente le cadre d’apprentissage des comportements alimentaires et des goûts. Il est le lieu de relation sociale entre les personnes et l’occasion d’une expérience différente. Cependant, comme développé en problématique, ce moment en famille devient moins souvent fréquent. Une structure telle qu’un APEMS prend en quelque sorte le relais des parents.

De plus, une notion à ne pas oublier est que manger reste un plaisir. Comment les concilier ensemble ? Pour Burnier (2005), le repas est synonyme de plaisir. Je développerais cet aspect en conclusion.

Pour synthétiser, les enfants ont différents milieux dans lesquels ils évoluent (famille, APEMS, école). Ils ont construit au fil du temps des représentations individuelles et sociales, dont le milieu à une part d’influence dessus. En effet, à l’école et avec les camarades de classes, ces dernières ne semblent pas avoir d’influence sur eux. Par contre, elles ont en une lorsqu’ils sont dans le milieu familial qui détermine certains comportements (par exemple, l’eau est la boisson principale de chacun car elle est désaltérante et ne contient pas ou peu de sucres).

Les représentations qu’ils ont de certains aliments sont parfois faussées par ce que leur dit la publicité (exemple du KINDER®). Ceci pourrait devenir dangereux et amener à des comportements néfastes. De plus, ils ont certaines représentations moins développées au niveau intellectuel et parfois erronées. Je pense à celles sur le rôle des différents composants des aliments (par exemple le sucre). Cela pourrait également avoir des conséquences sur le comportement alimentaire. Tous ces facteurs sont à considérer dans notre rôle professionnel pour pouvoir agir dessus au besoin.

Ces différents éléments me permettent d’élaborer des pistes de réflexion et des perspectives professionnelles. Mon intention, à travers les représentations des enfants, est de construire et de développer des compétences infirmières en lien avec le référentiel des 9 compétences de la formation d’infirmiers-ères HES.

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