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Audition Association du Collectif interassociatif autour de la naissance Madame Chantal Ducroux-Schouwey

8 mars 2012

Madame Chantal DUCROUX-SCHOUWEY représente le Collectif interassociatif autour de la naissance (CIANE).

Créé en 2005, le Collectif interassociatif autour de la naissance (CIANE) est un collectif d'associations agréé pour la représentation des usagers dans le système de santé. Il est financé par les adhérents et non par des subventions de l’État.

Le CIANE est présent au niveau national comme au niveau régional dans différentes instances comme la Commission nationale de la naissance, la Haute Autorité de Santé, la Fédération française des réseaux de santé périnatale.

Le CIANE est informé de la pratique des échographies commerciales sans visée médicale. Ces pratiques font l’objet d’une publicité importante et certains opérateurs commerciaux ont présenté leurs services lors de grand salons comme Salon Baby.

Les échographies non médicales dites « ludiques » ou bien « de confort » ou de « plaisir » ou même « affectives » répondent à ce besoin avec une écoute, un respect et une bienveillance. Un certain nombre de femmes (et de conjoints) ont besoin, sont dans la demande d’un accompagnement personnalisé non médical et vont le chercher là où il se trouve. On peut vraiment penser que s’il était proposé un accompagnement non médical (comme Doula, etc.) l'échographie ludique n'aurait peut-être pas autant de succès.

Retour d’expérience de femmes vis-à-vis de la visualisation du fœtus en général

Des retours d’expérience, en direct, ou la lecture de témoignages sur Internet font ressortir que les femmes / parents traversent des expériences diverses lors de la visualisation de leur fœtus. Pour beaucoup, qu’il s’agisse d’échographies avec ou sans visée médicale, cette expérience est vécue comme positive, « sympathique », voire « magique ». Ces témoignages sont nuancés par le récit d’expériences négatives. Ainsi, une femme déclare « n’avoir pas reconnu son bébé à la naissance » (son apparence était différente des images échographiques anténatales). Une autre culpabilise d’avoir « trouvé son bébé moche » sur les images d’échographies 3D. Une parturiente déclare « avoir été prise par surprise » lors du passage de l’échographie 2D à l’échographie 3D.

La multiplicité et la variabilité des témoignages indiquent que les effets d’une visualisation échographique du fœtus, surtout en 3D, peuvent être multiples. Il faut tenir compte de leur caractère imprévisible.

Concernant le suivi médical de la grossesse, le CIANE observe que certaines femmes sont en

« forte demande d’échographie » (une par mois), sans doute dans le besoin de se trouver rassurées. Il est donc possible que la consommation d’échographies médicales soit aussi un enjeu pour la réflexion sur ce dossier concernant les échographies non médicales.

Certains obstétriciens pratiquent des échographies mensuelles chez la même femme, alors qu’il n’existe pas de pathologie et que la femme n’est pas dans cette demande.

En effet, parallèlement à une forte demande d’échographie en contexte médical, on observe l’existence d’une demande d’utilisation de l’échographie fœtale comme prestation non médicale, de confort et de bien-être, de façon personnalisée, conviviale et sur un autre plan que celui de l’examen de dépistage. Cette demande ne peut être méconnue. Cette demande s’est banalisée et fait l’objet de discussions répandues.

Confusions induites par les messages des opérateurs commerciaux d’échographie non médicale

Les femmes, pour autant que l’on puisse en juger par les témoignages accessibles, ne font pas de confusion entre échographie à visée médicale et à visée non médicale. Il n’en reste pas moins que persistent des manques d’information. Beaucoup de femmes pensent que les échographies médicales sont obligatoires et un certain nombre méconnaissent le fait que les échographies médicales de dépistage ont pour but de rechercher d’éventuelles malformations.

Des informations contradictoires circulent sur Internet. Elles sont notamment émises par les sites d’opérateurs commerciaux d’échographies « souvenirs ». Le CIANE est très critique vis-à-vis de la communication des prestataires d’échographies non commerciales, car tout y est fait pour donner une apparence de réassurance de type médical ou scientifique, tout en revendiquant clairement le caractère non médical des échographies proposées.

Ces prestataires jouent sur plusieurs niveaux pouvant séduire ou rassurer : l’ambiance relaxante du contexte, des effets pseudo-professionnels (effet « blouse blanche ») et de d’accueil compréhensif par des pairs (en présentant par exemple l’opératrice comme une ancienne infirmière, mère de quatre enfants). Ces centres d'échographie jouent sur ce tableau de lieu calme, agréable, reposant, avec une personne à leur écoute pour prendre le temps ; la famille peut être là, les enfants, le conjoint, etc. Ce n’est pas tant l’échographie ludique que recherchent les parents, mais bien un moment tranquille, serein pendant lequel ils se posent.

Ces prestataires présentent des informations techniques, mais non vérifiables ou des arguments non réellement techniques. Par exemple, ils arguent du fait que les appareils sont les mêmes et les expositions moindres que celles des échographies fœtales médicales. Sur certains sites, les informations données par les instances officielles (AFSSAPS, Académie de médecine) sont même critiquées.

D’autres sources d’information viennent amplifier la confusion sur les messages émis, par exemple ceux de personnes se présentant comme ingénieur ou scientifique et donnant un point de vue personnel sur la dangerosité ou l’innocuité des ultrasons pendant la grossesse.

L’information cohérente est aujourd’hui un enjeu majeur pour les femmes et les couples

L'absence d'information cohérente ne permet pas aux usagers d’effectuer un choix éclairé concernant les échographies à visée non médicale. Il faudrait préciser les possibles effets nocifs des ultrasons avec des références d’études si elles existent ou, le cas échéant, rappeler le principe de précaution. La communauté des professionnels de santé devrait communiquer plus clairement à ce sujet.

Cette information cohérente devrait être systématique, obligatoire et diffusée en milieu médical comme non médical. Ces informations pourraient être véhiculées par différents canaux, comme le site AMELI, les forums de discussions, le carnet de maternité, etc.

La pratique des échographies non médicales : questions qui doivent être clarifiées Outre l’enjeu de l’information sur les risques potentiellement liés aux ultrasons (qui se pose de la même façon pour les échographies médicales et non médicales), plusieurs questions se posent.

Faut-il exiger que les femmes qui choisissent de pratiquer une échographie souvenir aient une consultation médicale préalable pour confirmer l’absence de problème chez le fœtus ? Quelle formation faudrait-il donner aux opérateurs d’échographie non médicale ? Ce qui est dit au cours des échographies non médicales, qui peuvent constituer des appréciations sur le déroulement de la grossesse, a un impact évident. Que devrait dire ou ne pas dire l’opérateur non médical ?

Conclusion

Il apparaît difficile d’interdire les échographies commerciales, mais un cadre réglementaire de cette pratique devrait être élaboré. Ceci est d’autant plus important qu’une réelle demande existe de la part des femmes et des couples. Cette demande est fortement liée à la possibilité de disposer d’un moment calme, convivial, en présence de la famille.